Manly fairies, Origins ಠ_ಠ

~manly fairies, origins ಠ_ಠ~

«...Enchanté Ginger, he he he... »

Pourquoi il se met à ricaner comme un idiot lui ? Faut se détendre hein, pas la peine d’être aussi stressé. Bon, j’avoue, sa tête est juste hilarante, encore une fois. Un léger sourire se dessine sur mon visage alors qu’un de mes sourcils se hausse. Au final, l’expression un peu moqueuse qui s’est scotchée sur ma face est aussi explicite que si j’avais lancé un « omg comment tu tapes la honte mon gars ». C’est pas méchant, c’est juste un constat. Et puis faut pas croire que je vais toujours être méchante avec Coban hein, je crois que je l’aime bien ce mec en vrai, c’est marrant les pas doués ! (Et pis faut dire que comme ça, j’oublie un peu quel accident de la nature je peux être).

Bref. Coban et Mamie Tisane semblent tous les deux dégoulinants de compassion et de bons sentiments à mon égard suite à ma petite histoire. C’est…gênant. Devrais-je leur dire qu’au final je suis quand même contente de ne pas avoir connu mon père ? Non parce que, je le déteste parce que c’est de sa faute si des antennes et des ailes me sont poussées dessus à la puberté, mais connaissant le genre d’homme que pouvait se taper ma mère, je préfère encore éviter d’y penser. Vraiment.

« -Vous êtes trop mignons, votre rencontre ça me rappelle ma jeunesse avec Ignace... Ne bougez pas je reviens...

- Hein..?! Non mais c'est pas c'que..! »

Oups. Ça sent la fouille archéologique de souvenirs ça, c’est pas bon. Je jette un coup d’œil soucieux à Coban qui lui semble complètement paniqué.

« ...Faut qu'elle arrête, ça d'vient gênant là..! J'crois qu'elle nous a choppé pour trouver quelqu'un à qui parler mais si on fait pas quelque chose on y est encore pour ce soir..! »

Franchement, qu’elle croient que Coban et moi formions un couple, je m’en tamponne un peu le coquillart. C’est pas comme si j’avais une quelconque réputation ici ou que je comptais y revenir, alors qu’elle pense ce qu’elle veut. En revanche, rester dans cette maison abominablement fleurie à écouter un déballage incessant de grand-mère pendant des heures, je préfère éviter. Merci mais non merci.

« Bon, tu veux qu’on se tire ou bien ? je chuchote à mon compagnon d’infortune. »

Il n’a pas le temps de répondre que Mamie Tisane revient déjà avec un énorme album photo qui semble avoir été décoré avec un morceau de table (si si j’vous jure). Je garde mon calme, même si l’envie de me barrer à tire d’aile se fait de plus en plus forte. Coban lui, me fait des signes de tête, toujours aussi paniqués, mais silencieux. À croire qu’il tient à tout prix à rester poli devant Mamie Tisane. Bon, elle l’a soigné donc il a intérêt à être poli avec elle en même temps.

«  ...Lui c'est Ignace... »

La petite vieille pointe alors un doigt fripé vers une photo un peu jaunie par le temps. Sur le papier glacé se distinguait un grand type basané doté d’ailes de chauves souris. Comme Coban. Là c’est trop, cette coïncidence est trop belle pour ne pas rire.

« -Haha, mais c’est tout grand-père lui ou quoi Coban ? Vous avez la même tête !

-Tu trouves ? fait Mamie Tisane, ils ne se ressemblent pas du tout pourtant…

-Faut refaire tes lunettes Madame, moi je dis qu’ils ont trop un air de famille. »

Intriguée, les yeux de la petite vieille font un aller-retour sur le visage de Coban et celui d’Ignace avant de hausser les épaules, l’air de se dire « bah, on va mettre ça sur le compte d’Alzheimer ». (Est-ce que les fées peuvent avoir cette maladie au fait ?)
Elle commence à tourner les pages, et vu la vitesse à laquelle elle va, je sortirai d’ici quand elle sera morte. J’enclenche donc le début de l’opération de fuite.

« -Au fait, il est quelle heure ?

-Hm, je dirais aux alentours de dix-sept heures pourquoi ?

-Si tard ?! »

Je me tape le front du plat de la main avant d’ajouter :

« Vraiment navré Mamie mais je dois me dépêcher de rentrer avant que la nuit ne tombe sinon mon logeur me fera dormir sur le paillasson ! Mais merci quand même hein ! »

Et puis en observant le visage toujours aussi paniqué de Coban, je joue les héroïnes une nouvelle fois et reprend :

« Ah, et celui-là me doit un repas, j’l’ai pas aidé gratis non plus.  Allez, au revoir M’dame ! »

J’attrape ensuite le monsieur par l’arrière de son col et le traîne jusqu’au seuil de la porte. En partant, Mamie Tisane semblait désemparée de nous voir la quitter si tôt, mais un sourire assez significatif se dessina sur son visage quand j’empoignait Coban pour partir avec lui. À tous les coups elle se dit que c’est qu’un prétexte pour aller nous « compter fleurette » tranquillement, pour reprendre une expression vieille et fleurie. Hé bah pense ce que tu veux Mamie, j’ai pas la foi de démentir quoique ce soit.
Je l'entends lancer un "profitez-en bien !" avant de claquer la porte en levant les yeux au ciel, et je nous emmène jusqu'à l'entrée du village. Il est grand temps pour moi de quitter cette jardinière ambulante. Je regarde ensuite Coban et une idée géniale germe dans mon esprit machiavélique.

« Bon, c’est la deuxième fois que je te sauve la vie alors disons que tu me dois vraiment un repas. »

Y’a pas écrit « Bon Samaritain » sur mon front non ? Sinon ça se saurait…

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« ...T'es sérieuse là? »

Coban me regarde comme la dernière des crevardes qui soit. Je ne me laisse pas démonter pour autant et hoche la tête tout en soutenant son regard avec détermination. Quand il est question de nourriture gratuite, je suis toujours sérieuse. Donc oui, je suis la dernière crevarde qui soit, faudra vous y faire les amis.
Au terme de quelques secondes de duel visuel, Coban baisse les bras et accède à ma requête.

« Okay, je l'admets, on fait comme ça... On teste un resto dans le village voisin? Celui-là est vraiment très beaucoup trop fleuri, ils vont nous servir une salade de fleurs de capucines et un steak végétal aux fleurs de courgettes avec en dessert des pétales de rose au sucre!

-Tu as fait le bon choix très cher, je lance alors qu’un grand sourire satisfait s’étire sur mon visage. Sur ce, en route mauvaise troupe ! »

Comme précédemment, je le chope par le col et l’entraîne à ma suite tandis que je nous dirige vers le village voisin le plus proche. Je précise que je le traîne, mais par compassion. Bah oui hein, j’ai bien remarqué que la pauvre petite chose boitait comme un pigeon parisien (sachez que les pigeons parisiens sont souvent amputés d’une patte, pour une raison qui m’échappe un peu il faut le dire). Donc voilà, je suis quelqu’un de sympa en vrai.

Merde, comment ça se fait que je devienne sympa ?!

Enfin bref, refermons cette parenthèse et re-concentrons nous sur la situation actuelle. Je nous ai donc amené dans un nouveau village. Tout aussi fleuri, à mon plus grand regret. Mais je ne me laisse pas abattre et file trouver le restaurant le plus proche afin d’en lire la carte. J’avais envie de viande. Un bon gros steak bien saignant. Ouais, ça serait trop bien ça. Malheureusement, le resto en question n’en faisait pas. Tous les autres du village non plus d’ailleurs. Fuck.
Qu’à cela ne tienne, j’ai encore du temps avant que la nuit ne tombe (parce que oui, si je rentre trop tard, Elliot me laisse vraiment dormir sur le paillasson. VDM.) J’essaye donc le village d’à côté. C’est la même merde.

« Mais c’est quoi ces bleds qui font pas de viande ? je grogne en shootant dans le premier caillou venu. »

C’est alors que mon regard se pose sur une bâtisse un peu louche, aux airs un peu glauques, me rappelant vaguement les bâtiments des ruelles sombres de Skyworld -en moins flippant quand même hein, c’est juste que comparé aux maisons fleuries, ça change.
De cet endroit se dégage une odeur bien familière qui en ferait s’évanouir de plaisir de nombreux carnivores. Mon odorat était sans appel : on faisait griller de la barbaque là-dedans. Guidée par mon nez (et mon estomac) je nous traîne vers le bâtiment qui s’avérait être un genre de brasserie/restaurant. J’ouvre les portes et tombe sur un autre monde.

Devant mes yeux se tenaient une demi-douzaine de personnes, des fées certes, mais bien plus imposantes et effrayantes que toutes celles croisées jusqu’alors. On se serait cru dans un de ces bars mal famés dans les films de gangsters.

Je regarde Coban avec des étoiles dans les yeux. Voilà le genre de fées que je voulait rencontrer : des fées VIRILES.

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« -Gin... T'es un génie.

-T’as mis le temps pour t’en rendre compte, je réponds en adressant un sourire goguenard à mon camarade ailé. »

Plus ça va, plus j’l’aime bien le petit Coban. C’est la seconde personne après Orion qui me fait cet effet là, et je dois dire que même si je tiens à ma réputation d’asocial de première -être asocial vous évite bien souvent d’avoir à supporter des gens pète-couilles, m’voyez ?- j’avoue que c’est plutôt agréable de pouvoir traîner avec d’autres gens sans que ça parte en cacahuète. Parce qu’avec Elliot qui me fait chier non-stop, Abiel qui a bien a bien faillit de me tuer plusieurs fois en une journée et l’autre idiot au panda roux qui m’a prise pour un garde-manger, je vois pas bien où caser le côté agréable et sympathique. Surtout qu’il me semble que nous sommes plus ou moins sur la même longueur d’onde, notamment sur la nécessité d’un repas bourré aux protéines après notre petite escapade chez Mémé Tisane.

Nous prenons place. L’établissement étant relativement étroit, toutes les tables sont assez proches les unes des autres. De ce fait, Coban et moi sommes installés un peu beaucoup près des occupants des tables voisines. Faciès peu avenants, gros biscotos saillants et vestes en cuir tanné font légion autour de nous, et je fais vraiment tache avec mon pull bleu pastel à tête de koala. Coban avise nos voisins également et finit par se baisser vers moi pour me demander :

« Dis... Tu crois que je tiens d'un de ces types? »

Je le regarde en plissant les yeux afin d’évaluer la probabilité de lien sanguin entre le garçon et les autres clients. N’ayant aucune idée à la fin de mon analyse, je sors la première réponse qui me vient.

« J’en sais rien mais si c’est le cas t’as du bol, parce que mes ancêtres perso, c’étaient sûrement de grosses tapettes. »

Ouais parce qu’être une fée des POMMES, c’est pas un truc dont on peut se vanter selon moi.
Une serveuse aux formes trop voluptueuses pour être vraies s’approche finalement prendre notre commande. Je suis peut-être une crevarde qui fait tout pour manger gratuitement, mais par compassion pour le futur amputé du pied, je fais attention à ne pas prendre un plat trop coûteux. Vient ensuite le moment où la jeune femme nous demande nos boissons. J’en profite pour m’octroyer un petit plaisir que je n’ai pas eu l’opportunité d’avoir depuis un bon bout de temps.

« J’prendrais un Whisky avec ça. J’ai le droit j’ai dix-huit ans, je précise en la voyant ouvrir la bouche pour répliquer. »

Ok, j’ai mentit. ‘Fin bon, me donner dix-huit ans au lieu de dix-sept, c’pas le crime du siècle. En revanche, personne ne fait de commentaire sur mon physique de fillette. À croire que nous sommes vraiment tombés dans un bar de voyous qui laissent même boire les enfants. J’vais pas m’en plaindre ceci dit, ça m’arrange bien c’te affaire. La serveuse hausse les épaules en affichant une moue franchement blasée, finit de prendre notre commande et s’en retourne vers les cuisines en roulant du cul. À côté de moi, un des gars mentionnés plus haut commence à ricaner grassement.

« J’sais pas si c’est du courage ou de l’inconscience mais t’as des burnes pour commander de la gnôle, fait-il en me jetant un regard hilare, c’est pas d’la boisson de gamine qu’on sert ici. »

Je ne me laisse pas démonter et le regarde d’un air de défi.

« -J’te parie que je peux boire plus que toi mon vieux.

-Nah, j’fais pas de paris aussi inégaux, j’suis trop respectable pour ça.

-Dis plutôt que t’as les jetons.

-Me cherche pas gamine ou je vais accepter le pari et tu vas devoir raquer.

-Le perdant paye la consommation de l’autre, j’insiste en tendant une main confiante. »

Il me fixe un instant l’air de se demander si je suis sérieuse. Mon regard semble lui donner une confirmation.

« Pari tenu gamine, fait-il en me serrant la main d’une poigne de fer. »

Le pauvre gars qui ne se fie qu’aux apparences va vite s’apercevoir que je tiens drôlement bien l’alcool pour une gamine. Faut croire qu’avoir une mère hippie qui vous séquestre à la maison mais vous laisse boire (ou fumer) avec elle et sa bande de rastas décomplexés, ça donne une sacrée résistance à tout genre de boisson.
Confiante, je fais un clin d’œil discret à Coban. Que la fête commence. Nous sommes sur la terre de nos ancêtres non ? Fêtons ça dignement !

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Coban doit en être aux trois quarts de sa Piña Colada tandis que je vide mon cinquième shot de vodka d’un seul trait. La chaleur commence à me monter à la tête, et le rouge aux joues (enfin, plus que d’habitude vu que mes joues sont TOUJOURS roses). Néanmoins, je suis (presque) aussi lucide qu’au début de cette battle d’alcool. Je dis bien presque, puisque je suis debout sur la table, histoire de faire approximativement la même taille que mon adversaire, que je chancelle un peu et que je provoque le dit adversaire avec toute la grâce de quelqu’un qui en a un petit coup dans l’aile.

« Fais pas genre le vieux, t’as rien dans le pantalon ça se voit, je ricane entre deux légers hoquets. »

Il faut savoir qu’autour de nous, les autres ont commencé à parier. Bien évidemment, ils pensent tous que je ne suis qu’une pauvre petite fée qui se la pète, alors ils ont tous parié contre moi. Mal leur en a pris. Car en vérité, je suis bien moins saoule que je n’en ai l’air. Et ouep. Comme dans le film « Mon nom est Personne », je fait semblant d’être ronde comme une queue de pelle afin de pouvoir faire augmenter la cagnotte et tout rafler au dernier moment. C’est que y’en a là dedans hein ? Et entre mon talent d’actrice exceptionnel et ma ténacité face à l’alcool, je peux vous assurez que c’est un sacré paquet de pognon que je vais avoir à la clé.
Au bout d’un moment, je vois mon adversaire virer blanc comme un linge. Il lève une main en signe d’abdication et file aux toilettes pour vider son estomac et son amour-propre dans la cuvette des toilettes.
J’ai gagné, évidemment. Pour la peine, je me prends un huitième shot, celui de la victoire.

J’affiche ensuite le sourire le plus narquois qu’il m’ait jamais été donné d’afficher et j’empoche mon argent en le retirant avec élégance des mains des parieurs dont les mâchoires se sont décrochées depuis ma victoire.

Je resaute sur ma table et me tourne vers la populace en les saluant de la révérence la plus sassy qui soit.

« Mes chers amis, ce fut un véritable plaisir de faire affaire avec vous ! »

Puis je paye notre repas à Coban et moi -je n’oublie toujours pas que c’est lui qui m’invite donc je lui quémanderai mon dû à la sortie des villages féeriques. Je m’apprête donc à sortir de l’établissement, Coban sur les talons, quand j’entends une grosse voix tonner depuis le fond de la pièce.

« -Rattrapez moi cette petite garce ! gueule mon ex-adversaire, apparemment mauvais joueur.

-Hé vas te faire, c’est moi qu’ai gagné je te signale ! Je réponds en accompagnant mes propos d’un beau doigt d’honneur. »

Commence alors une vraie baston générale. On se croirait dans un de ces films de pirates où tout le monde se fout sur la tronche au moindre conflit entre deux mecs randoms. J’adore voir des abrutis se taper dessus, mais peu encline à me prendre un coup au passage, j’attrape vite la main de Coban pour nous traîner hors du restau avant d’être happés par ce tourbillon de violence.

« Vite cours ! »

Entre l’alcool, l’euphorie d’avoir gagné tant de blé et le sentiment grisant que j’ai ressenti en me disant que c’était moi qui avait déclenché cette baston (non mais c’est un rêve qui se réalise là) je commence à partir dans un fou rire magistral alors que nous sommes toujours en train de courir à travers les villages des fées. Et je ne reprend mon souffle qu’au moment où nous nous arrêtons devant le panneau où j’ai ramassé rencontré Coban plus tôt dans la journée.
Exsangue, je m’affale au sol avec finesse et inspire un grand coup.

« Je suis trop FORTE ! » je m’exclame en m’allongeant dans l’herbe.

Bon peut-être que je suis plus bourrée que je ne voudrait le faire croire en vérité. Tant pis.
Je lève les yeux au ciel. Mine de rien, il commence à faire nuit, je suis pas sûre qu’Elliot me laisse rentrer si tard. Au pire, je casse une fenêtre pour rentrer ou je vais faire une pyjama party chez les Firewind. J’en connais une qui ne sera peut-être pas contente de me voir, mais bon, entre Vénus et moi, c’est une guerre froide, silencieuse et qui se résume à nous snober l’une l’autre, donc honnêtement JE M’EN FICHE.

Je regarde le panneau de tout à l’heure. De pensées en pensées, je me met à me demander ce qui avait bien pu amener Coban ici ce matin. Je me redresse et lui lance donc :

« Hé, Coban ? Tu me dois toujours de l’argent tu sais ? »

Puis j’enchaîne.

« Keske t’es venu foutre aux villages féeriques en réalité ? Parce que j’ai comme l’impression que t’as pas tout dis chez Mémé Tisane… »

Voilà, Ginger la reine des pieds dans le plats, c’est moi.

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Oups, j’crois j’ai merdé en posant cette question. Suffit de voir la tête de Coban pour deviner qu’il va commencer à me déballer son histoire. Crotte.
C’est comme ça que j’aurais réagit si j’étais sobre. Seulement voilà, je ne le suis pas. Et il semblerait que lorsque j’ai un petit coup dans l’aile, je deviens moins indifférente, moins insensible, moins sociopathe…

…Moins moi quoi. Saletés de boissons alcoolisées trop bonnes.

Coban s’allonge à côté de moi -no comment sur le câlin qu’il vient de me faire. Juste, no comment ok ?- et commence à me déballer sa petite histoire. Petite histoire pas très cool quand même. Perdre toute sa famille de vue pendant près de six ans, ça craint. Enfin je suppose que ça craint, moi mes parents, j’ai tout fait pour les fuir, et maintenant que j’en suis débarrassée, je n’éprouve ni regrets ni tristesse.
M’enfin, je pense quand même que c’est pas cool de perdre sa famille comme ça. Et puis, c’est facile de le déduire vu que Coban se met à chialer comme une fillette. J’dirais bien qu’il pleure comme un vrai gars, genre les larmes qui roulent silencieusement sur les joues et tout, mais pour moi, pleurer c’est un truc de bébé, voilà. Et encore, la seule fillette que je connais, quand elle se met à pleurer, le monde lui appartient. D’ailleurs faut que Wendy m’apprenne à faire ça la prochaine fois que je la vois…

‘Fin bref, Coban pleure et je suis bourrée. Résultat : je me fous de sa gueule. Je l’aurais quand même fait si j’avais été sobre d’ailleurs. En réalité, je suis bien moins cinglante que dans mon état normal. Là, je me contente de ricaner bêtement alors qu’il se relève et qu’il fait genre de regarder ailleurs pour ne pas croiser mon regard.

« - J'vais rentrer j'crois, j'suis mort, conclut-il.

-Héé mais non, j’veux mon fric, je râle. »

N’écoutant que mon avarice -et mon idiotie de poivrote- je me relève également et me jette sur le dos de Coban bloquant ses ailes contre mes jambes au passage. C’est un truc que j’ai jamais fait, de sauter sur le dos de quelqu’un comme ça, alors je recommence à rigoler parce que c’est plutôt marrant en vrai, surtout quand l’autre s’y attend pas. Je cale ensuite mon bras droit contre son cou afin de m’assurer une prise et commence à lui frotter le crâne avec mon poing gauche.

« Mais arrêtes de chialer comme ça petite lopette, je marmonne, j’peux t’aider à les retrouver tes vieux moi ! »

Oui. Moi, Ginger Rëd Topaz, je viens de proposer mon aide à quelqu’un que je ne connait que depuis quelques heures. Vous pouvez vous remettre de votre infarctus. Mais bon, Coban est plutôt sympa et je suis pas ultra lucide non plus (on le saura !) donc ma réaction s’avère relativement compréhensible tout compte fait.

« Le gars avec qui je vis, je m’explique, toujours perchée sur son dos, en plus d’être un connard d’ange gay, misogyne et manipulateur, il travaille aussi comme informateur et connait pleeeeein de trucs sur l’île. Ch’uis sûre que je pourrais le convaincre de t’aider. M’enfin ça sera chiant de demander un service à ce salaud donc je le fais que si t’as une contrepartie assez intéressante… »

Quelle garce matérialiste je peux faire parfois. C’est un de mes rares talents à vrai dire…
Je me met à réfléchir à voix haute :

« Voyooooons…déjà tu me rends le fric que tu me dois, c’pas négociable….quoi d’auuutre… »

Et enfin, l’idée du siècle. Un large sourire -pas sadique du tout- s’inscrit sur mon visage, traçant une grande ligne allant de mon oreille droite à celle de gauche.

« Et si t’as rien, well….on peut toujours envisager un paiement sur le long terme… l’esclavage tu connais ? »