heylana ∞ se perdre dans les coquillages, se noyer dans les nuages.

✂--- Horizon, là où ciel et mer ne font plus qu'un”

Aalana, bien que maladroite, était soigneuse. Pas autant qu'elle l'aurait voulu, mais elle l'était. Elle prenait grand soin de ce à quoi elle tenait, même si sa maladresse habituelle faisait souvent se fracasser au sol ce à quoi elle tenait justement. Les biens rares choses qui avaient échappé de ce terrible fléau était les meubles, trop gros, imposant et solide pour que sa frêle silhouette ne puisse les abîmer. Il y avait aussi ses quelques flacons en tous genres et ses livres, qu'elle prenait bien garde de ne pas abîmer, même si une chute d'un mètre cinquante ne faisait en général pas très mal à l'amas de papier qu'étaient les livres. Et enfin, il y avait ses trésors.

Dans ce que l'on pouvait désigner comme sa chambre, il y avait une étagère étrangement bien fixé au mur qui croulait sous les coquillages. Des ocarinas en réalité. Ça ne paraissait pas être grand chose, sans compter qu'Aalana n'était pas vraiment quelqu'un de...matériel. Quand bien même pouvait-elle paniquer lorsqu'elle cassait quelque chose, elle n'y accordait au fond pas vraiment d'importance. Un objet était un objet, et un objet pouvait être remplacé. Mais ces objets-là, ces coquillages, c'étaient autre chose. C'étaient ses trésors. Les objets les plus précieux et les plus importants à ses yeux. Ceux qu'elle prenait toujours avec la délicatesse la plus grande et ceux pour lesquels elle faisait plus attention à ne pas abîmer ne serait-ce que d'une rayure. C'est ce qui les avait sauvé de la destruction quasi systématique qui frappait les possessions de la jeune fille.

Jusque là.

Aalana, les mains en l'air comme si elle avait tenue jusque là quelque chose, avait le regard fixé sur le coquillage brisé à ses pieds. On se serait attendu à de la panique la plus total. Il n'en n'était rien. Son visage n'exprimait rien alors que le reste de son corps affichait le choc. Isen, la tête posée un peu plus loin, observait silencieuse. Très lentement, la moitié de fée se mit en mouvement. Ses mains s'abaissèrent tandis qu'elle s'accroupissait devant les débris de ce qui fut un ocarina. Elle saisi les deux morceaux principaux, bien que le coquillage ne se soit pas cassé en deux, tout en fixant les autres débris. Elle semblait en état de choc et sans doute l'était-elle. Elle ne semblait pas réussir à réaliser. Elle avait brisé l'une des choses qui lui tenait le plus à cœur.

La rose jeta un regard plein de larmes contenues à son affilié, comme cherchant une confirmation. Était-ce si difficile à accepter ? Cela semblait être le cas. La dragonne lui confirmation d'un grondement sourd ce qu'elle semblait incapable d'accepter. Les larmes ne coulèrent pas, comme attendu. Aalana se contenta de tout ramasser, de disparaître avec les débris dans ce que l'on aurait put assimiler à un jardin puis de revenir quelques longues minutes plus tard, les mains vides mais pleines de terre. Ses yeux étaient rouge et sans doute avait-elle pleurée. Oui pour un objet. Mais un objet cher à son cœur.

Elle se roula en boule dans un coin et n'en bougea plus. Ce ne fut que plus tard, lorsqu'elle fut agacée de ce comportement, qu'Isen agit, projetant sur la jeune fille un souffle glacée


La dragonne ne reçut qu'un regard vert humide. Puis un petit murmure plein d'espoir.


La dragonne souffla à nouveau, agacée, chassant par là même la jeune fille de la maison. La réponse était visiblement positive. Aalana s'essuya les yeux, bien que les traces de pleurs aient déjà pratiquement disparues, et se dirigea vers la mer de nuage. C'était là-bas qu'elle avait été cherché tous ses coquillages. Les premiers lui avaient été rapporté par Isen. Puis elle l'avait accompagné. Et désormais elle pouvait s'y rendre seule.

Elle ignorait si elle trouverait son bonheur aujourd'hui. Les coquillages suffisamment gros pour être transformer en instrument étaient plutôt rare. Mais elle espérait tout de même. Entre l'ocarina cassé d'aujourd'hui et celui au son faussé de la dernière fois, il était peut-être temps qu'elle en fabrique de nouveaux. Et puis chacun de ses ocarinas avait un son différent. Elle était curieuse d'en découvrir d'autres.

Elle arriva rapidement à la plage, son regard balayant l'étendue de sable à la recherche de son bonheur. Qu'elle ne trouva pas immédiatement. S'eut été trop simple. Elle marcha vers le rivage, les yeux fixés sur le sol. Elle ne voulait rien rater. Et elle arpenta le sable un moment avant de trouver son bonheur tout d'abord dans un large coquillage blanc à l'extérieur et au nacre rose à l 'intérieur. Puis dans un autre coquillage, cette fois plus fin, couleur sable veiné de noir au dehors et blanc légèrement nacré au dedans. Les deux tenaient à peine dans ses mains et son regard se perdait déjà sur un troisième, un peu plus loin, lorsqu'une voix la fit sursauter.


Elle se retourna prestement, remarquant finalement la présence d'un garçon aux cheveux blancs qu'elle connaissait. OH MON DIEU ELLE CONNAISSAIT QUELQU'UN !


Elle était aussi surprise de le voir là que lui de la voir. Ce qui n'avait rien d'étonnant en soi. Lui dormait jusque là et elle avait gardée ses yeux rivés au sol à la recherche de son bonheur. Qu'elle avait trouvé ceci dit. Elle s'avança timidement vers lui, en partie parce qu'elle ne gardait pas le souvenir d'un garçon particulièrement aimable du garçon. Ce qui était logique dans la mesure où ce garçon n'était PAS aimable. Preuve s'en suit.


Elle baissa les yeux sur ses deux trouvailles, imaginant d'ailleurs déjà comment elle allait les transformer en instrument au son mélodieux -l'un de ses rares talents manuel-, avant de relever son regard vers Fäne.


Elle replaça un peu plus correctement les deux coquillages, qui n'étaient pas aussi légers que ce qu'ils voulaient faire croire, les fourbes, avant d'adresser un sourire amical au garçon, toujours aussi curieuse.

❥ ft. Heylin

✂--- Son, variations de l'air, ondes”

Fäne la regardait comme si elle avait dit quelque chose d'étrange. Elle se demanda un instant si elle avait dit une bêtise. Elle se repassa ses mots dans sa tête mais rien ne lui sauta aux yeux. Elle avait simplement dit qu'elle avait cassé un de ses instruments et qu'elle devait en faire un autre. Oh. Il s'étonnait peut-être qu'elle puisse faire quelque chose de ses mains ? Elle ne dit rien, elle avouait elle-même que c'était plutôt inattendue...

Elle le regarda s'asseoir correctement dans le sable. Il la regardait un peu étrangement, mais sans rien de méchant -pour une fois.


Elle lui sourit en hochant la tête, serrant un peu plus ses nouveaux coquillages. Ils étaient beaux, et elle avait hâte de les percer. Elle était curieuse du son qu'ils produiraient. Un nouveau ou non ? Les variantes la fascinaient à chaque fois qu'elle jouait. Elle se retenait un peu de s'y atteler maintenant. Ça ne serait pas vraiment poli n'est-ce pas ?

Ses yeux captèrent des mouvements devant elle. Elle le regarda prendre une sorte de petite valise à la forme plutôt étrange et inhabituel. Elle s'interrogea un instant. Ça lui disait quelque chose, mais pas moyen de mettre le doigt dessus. Il en enleva le sable avant de se relever. Et là, elle se rendit véritablement compte qu'elle était petite et que lui il était grand. Genre, beaucoup plus qu'elle. Et ça lui faisait presque étrange de relever autant la tête. Mais elle n'y fit pas plus attention et lui sourit.


Fäne resta un moment silencieux. Il semblait perplexe -encore- et elle se demanda -encore- si elle n'avait pas -encore- dit une bêtise. Mais zut ! Elle n'avait rien dit de bizarre pourtant ! En fait le plus bizarre des deux, c'était lui. Elle, elle était normal. Sauf peut-être socialement. Et ses cheveux étaient roses. Mais les cheveux de Fäne étaient blanc donc égalité à ce niveau-là. Et là on s'éloigne du sujet en fait.

Finalement, il se réveilla de ses réflexions. Il sourit et elle se demanda si c'était rassurant ou pas. Dans sa tête, un sourire normalement c'était gentil, mais avec lui elle était plus sûr. Et puis il se baissa vers elle, lui épargnant un torticolis. Merci.


Aalana rougit violemment quand il lui rappela cette fameuse rencontre. C'était pas de sa faute, et elle s'était déjà bien excusé. Elle se mordit distraitement la lèvre inférieur, un peu coupable, un peu gênée. Elle sentait qu'elle n'aurait pas finit d'en entendre parler de cette...chute.


Elle droguait aussi les pauvres inconnus, mais ça il n'avait pas besoin de le savoir n'est-ce pas ? Ses yeux s'attardèrent sur la mini valise bizarre de tout à l'heure. Elle l'intriguait. Elle n'en n'avait jamais vu et pourtant ça lui disait quelque chose quelque part. C'était dérangeant. Elle cala ses deux coquillages dans un bras et tendit l'autre main vers l'objet de sa curiosité.

❥ ft. Heylin

✂--- Négociation”

Son regard fixait avidement la valisette du jeune homme. Qu'est-ce que c'était ? Qu'est-ce qu'il y avait dedans ? Pourquoi il avait ça ? Pleins de questions tournaient dans sa tête et elle finit par demander ce que c'était. Elle ne manqua pas le visage moqueur de Fäne et cela n'atténua nullement le rouge de son visage. Elle se sentait ridicule. Mais était-ce de sa faute si elle était curieuse de ce monde dont elle ne connaissait pratiquement rien ?

Son monde se limitait à son coin de forêt, une balade dans la montagne et une autre dans la capitale, et ce petit bout de sable. Ses connaissance de la musique se limitaient aux étranges chants qu'Isen prononçait parfois et à ses malheureux ocarinas. Ses relations se comptaient au nombre ridicule de trois. Isen, Leonore et lui. Il y avait bien sûr aussi Shenit et Shawn, mais cela faisait longtemps qu'elle ne les avait pas vu, pouvaient-ils compter ?

Aalana regarda l'étui être soulevé jusqu'à son visage et elle l'observa plus attentivement. Le garçon y tenait, même elle pouvait le voir, le dire. L'objet de sa curiosité disparu comme il était apparu, laissant un Fäne gêné l'espace d'une seconde avant que le moqueur ne revienne et qu'il se redresse, la faisant lever la tête.


Question stupide au vue du regard qu'elle lançait à la chose. Le garçon était moqueur, totalement. Aalana n'y faisait pas vraiment attention. Elle avait plus ou moins compris qu'il ne l'appréciait pas plus que ça et elle acceptait, elle faisait avec. Il ne l'avait de toute façon pas encore rejeter, pourquoi s'éloigner ? Elle couina un oui en réponse, bouffée par la curiosité mais toujours impressionnée par le jeune homme dont elle ne comprenait souvent pas les réactions.


Elle ouvrit des yeux étonné. Quelque chose en échange ? Pas que ça la gêne, mais quoi ? Elle ne savait pas trop ce qu'elle pourrait lui donner, et il ne semblait lui-même pas prêt à lui préciser. Comme s'il attendait qu'elle lui propose, mais qu'avait-elle à lui proposer ? Il semblait avoir été intéressé par ses ocarinas, mais elle ne pouvait pas être sûre de ce qu'il se passait dans sa tête. Et elle n'avait de toute façon pas l'un de ses instruments sous la main.

Son regard se baissa sur ses coquillages, grimaçant au passage, elle avait mal au cou. Les deux trouvailles reposaient tranquillement dans ses bras. Elle avait son matériel avec elle, elle emportait toujours un tas de trucs quand elle partait, utile ou non. Mais est-ce que ça l'intéresserait ? Elle crispa ses mains sur les coquillages. Elle pouvait bien essayer.


C'était une proposition timide, incertaine. Elle ne savait pas si ça lui irait, elle pouvait espérer. Est-ce que ça l'intéresserait au moins ?

❥ ft. Heylin

✂--- Des p'tits trous, des p'tits trous, toujours des p'tits trous”

Elle capta le regard intéressé de Fäne quand elle lui proposa de lui montrer comment elle fabriquait ses ocarinas et de lui en jouer un morceau. Ça la rassura, il accepterait très certainement, n'est-ce pas ? Parce qu'il n'allait pas réclamer quelque chose d'autre que ce qui l'intéressait. Il n'était pas bizarre à ce point, pas vrai ? Le temps qu'il mit avant de lui répondre instilla le doute dans sa petite tête. Non vraiment, il n'allait quand même pas lui demander autre chose, c'était pas logique. Finalement, il se pencha encore vers elle avec un sourire qu'elle ne sut si elle devait le prendre bien ou mal avant de lui donner sa réponse.


Elle retint son soupire de soulagement, bien que celui-ci était sans doute visible sur son visage, avant de hocher la tête. S'il avait dit non, elle n'aurait sut quoi lui proposer d'autre et elle n'aurait de fait pas su ce que contenait la valisette, objet de sa curiosité dévorante. Aalana alla s'asseoir dans le sable avant de déposer les deux coquillages sur le sol et de sortir de son petit sac tout son matos de fabrication.

Le premier coquillage à passer entre ses mains fut le blanc. Le plus gros des deux, large, semblable à une conque. S'armant d'une longue aiguille vissée au bout, elle entreprit de percer le sommet fin du coquillage. Doucement, millimètre par millimètre pour ne pas le fissurer. Elle soufflait régulièrement pour enlever la poussière de nacre qui s'amoncelait. Ce trou percé, elle entreprit de l'élargir dans le sens de la longueur pour lui donner la forme d'un sifflet. C'était un travail de fourmi, mais elle avait toute la patience du monde pour ses instruments Le trou élargit, elle souffla une première fois dedans. Le son qui en sortit était semblable à celui d'une corne de brume, puissant et assourdissant.

C'était un bon début. Elle polie le contour jusqu'à ce qu'il soit net. Ainsi, le trou semblait toujours avoir été là. Aalana changea ensuite d'aiguille pour s'attaquer à la coque. C'était sans doute le plus délicat. Si elle ratait, le coquillage serait foutu. Elle visualisa combien de fois elle le percerait et où se situerait les trous. Elle devait faire attention à ce qu'ils ne soient pas trop éloignés les uns des autres pour que ses doigts puissent tous les atteindre sans problème. Mais pas trop près pour que l'ensemble ne fragilise pas le coquillage plus que nécessaire. Elle plaça ses mains sur la coquille pour s'aider. Elle était large, elle pouvait bien en percer une dizaine sans crainte.

Avec l'aiguille, elle commença à percer un premier orifice sur le flanc. Un tout petit trou, dérisoire par rapport au sifflet première creusé. Et celui-ci creusé, elle en perça un second, à moins de quatre centimètres de distance, beaucoup plus gros. Elle procéda ainsi, trou après trou, jusqu'à avoir terminé. Le flan gauche, le plus étroit, comportait cinq orifices, l'autre flan, plus large, en avait sept. Douze en tout. Tous de taille différentes. La demi-fée termina l'instrument en les polissant tous avant de l'essayer. Elle souffla, faisant danser le bout de ses doigts sur le nouvel ocarina jusqu'à produire une mélodie totalement improvisée au son plutôt grave pour un tel instrument. A ce stade, elle en avait oublié la présence du garçon pourtant juste à côté d'elle.

❥ ft. Heylin