# Stairway to redemption. - [Pv Niji w/ Hikari]

{ William ft. Niji }

« If I could erase my mistakes, I would like to do it for you. I did it by myself, so don't blame you for letting me go, 'cause I didn't let you any choice. Please, forgive me for everything. »

Je m'écrasai au sol, me ressaisissant de justesse avant que cette chute ne s'avère fatale. Me rompre le cou n'était pas une solution, et bien qu'elle soit la plus simple, je n'avais aujourd'hui pas assez de tripes pour mettre fin à mes jours pour avoir volé un litre de sang à une demi-déesse. Je restai un moment allongé sur le sol jonché de feuilles mortes, fixant la lune d'un œil vide, le souffle lent et les paupières battantes. Mes ailes se rétractèrent d'elles-mêmes, frottant contre les gravillons et emportant dans leur course quelques bouts de terre. Malgré la douleur, je ne bronchai pas, et les laissai rentrer dans mon dos, bien que je sois allongé dessus. Rien ne m'obligeait à bouger, mais rien ne me forçait à rester. Je me remémorai avec difficulté les évènements survenus durant les deux dernières heures de mon existence. La sortie nocturne puis la morsure. Tout était passé vite, tellement que j'avais l'impression d'être en train de rêver, et que dès l'instant où j'aurais ouvert les yeux, je me retrouverais au fond de mon lit, dans ce manoir au milieu de la capitale. Mais j'avais beau essayer d'ouvrir et fermer les yeux, rien n'y fit: la réalité se trouvait bien dans cette forêt sombre.
Mes forces restantes me permirent de me redresser. Une fois sur les feuilles humides, je passai une main dans mon cou, droit sur la morsure que m'avait infligée la petite garce qui avait été la source de nos soucis ce soir. Je pouvais sentir mon coeur battre régulièrement à travers les deux minuscules trous qui refusaient de cicatriser correctement, empoisonnés par les crocs de cette maudite vampire. L'ultime scène au manoir Relyse me revint en pleine tête dès que la douleur me lança. J'avais mordu Alice comme un animal sauvage et sans conscience. À cet instant, rien d'autre m'avait importé; ma seule préoccupation avait été de me nourrir. Je serrai les dents, recherchant ces canines qui semblaient s'être rétractées suite à ma course entre les arbres. J'ignorai combien de temps j'avais passé à voler, mais pas une seule fois je ne m'étais arrêté, et pas une seule fois je n'avais pensé à faire demi-tour. Traverser Skyworld et me retrouver au milieu de la forêt avait dû me prendre un temps fou, mais je n'en avais aucune idée, et je ne voulais pas savoir. L'important avait été de m'éloigner du manoir. J'avais causé assez de trouble pour rester. Leur présence avait quelque chose de bon pour moi, mais la mienne ne leur avait attiré que des problèmes... il avait fallu que je parte, et ce soir quelque chose m'avait tendu une perche. Je pris mon visage entre mes mains et soufflai un bon coup.
▬ Putain...
En l'espace d'une morsure, j'étais passé de sang-pur à sang-mêlé. De démon par hérédité à un suceur de sang sauvage, sans attaches ni stabilité. Personne n'avait rien vu venir, jusqu'à ce que mes instincts prennent le dessus, profitant d'un instant de faiblesse pour sauter sur la première proie qui se présentait. Je repliai mes jambes sur ma poitrine et enfouis ma tête dans mes genoux, les mais accrochées à mes cheveux blonds pleins de sueur mêlée à du sang. Peu importe à qui il appartenait.
Cette histoire était invraisemblable. Un jour plus tôt, je n'étais rien d'autre qu'un adolescent en pleine crise de croissance, et voilà que je me retrouvais à fuir les seules personnes qui ne m'avaient jamais tourné le dos, peu importe les horreurs que j'avais pu dire ou faire. Les conditions avaient changé atrocement, et mes repères s'étaient envolés à la minute où je m'étais réveillé dans mon lit, le sang infecté par les gènes parasite qui s'étaient propagé comme un cancer incurable. J'avais réagi trop tard, et la guérison était impossible à ce stade là. L'envie de hurler ne manquait pas, mais personne ne devait savoir que j'étais là.
Le battement l'ailes au-dessus de moi me fit sursauter, et je levai la tête en direction de l'oiseau. Personne n'est jamais seul en forêt, et cet épisode aurait dû me passer au-dessus de la tête si seulement la lumière de la lune n'avait pas éclairé les iris vairons de l'animal.
▬ Hayden ?
C'était le corbeau affilié d'Hikari. Une bête intelligente, que j'avais pu côtoyer au même titre que l'aigle d'Alice, à peu de choses près.
▬ Tu... M'as suivi ?
L'explication était plausible. Ces animaux avaient toujours été plus prévoyants que leurs liées, j'avais pu le constater durant cette année de colocation, et aujourd'hui encore. Quelque chose dans l'expression du regard d'Hayden me mit la puce à l'oreille au sujet de toutes les questions qu'il avait à me poser.
▬ Je ne rentrerai pas au manoir.
Cette réponse devait résumer tout ce qu'il se demandait. Personne ne me ferait changer d'avis à ce sujet, j'avais causé bien trop de tort pour prétendre pouvoir revenir comme s'il avait s'agi d'un simple accident anodin. Si je n'étais pas revenu à moi ce soir, Alice serait morte, et Hikari ne me le pardonnerait jamais. Donc Roxas également.

(C) WILLOU

{ William ft. Niji }

« If I could erase my mistakes, I would like to do it for you. I did it by myself, so don't blame you for letting me go, 'cause I didn't let you any choice. Please, forgive me for everything. »

La réponse d'Hayden eut le mérite d'être clair. Quand bien même je l'aurais voulu, il ne m'aurait pas laissé rentrer pour la simple et bonne raison que dans cette maison, il devait bien être le seul à pouvoir comprendre la menace que je représentais vis à vis des autres. C'était impressionnant de voir à quel point les animaux pouvaient être supérieurs à nous; et on osait quand même les qualifier de sauvages sous prétexte que l'on construit des maisons et construisons des maisons. Pathétique, pour pas changer. La race humaine faisait pitié, et pourtant personne ne pouvait rien y faire.
Je m'étais banni de la ville, et Hayden m'accordait une chance de revenir. C'était mieux pour eux que je parte, et même si c'était une idée idiote, rien ne me paraissait plus intelligent, et j'avais le sentiment que c'était la meilleure chose à laquelle j'avais pensé depuis bien des années.
▬ Je ne veux rien te promettre.
Il était déjà parti quand ces belles paroles franchirent mes lèvres. Mes mains rejoignirent mes cheveux, et la fraîcheur de la nuit se fit soudainement sentir. L'adrénaline du moment venait de s'envoler, et maintenant que mes canines s'étaient réfractées, la douleur dans mes membres refit surface. J'étouffai un cri de douleur, de peur d'alerter les créatures qui rôdaient dans la nuit. Je levai difficilement les yeux vers la lune qui s'élevait haut dans le ciel, me faisant distinguer une terre plus proche des étoiles que je ne l'avais jamais vu auparavaont. Peut être n'était-ce pas plus mal, finalement, de rester ici et attendre qu'il se passe quelque chose. Au moins je ne nuirai à personne au milieu de cette forêt, à me laisser dépérir jusqu'à ce que je meure de fatigue. En soi, le suicide était un acte aussi courageux que lâche. Il fallait des tripes pour se donner la mort, et j'aurais beau essayer, je savais au fond de moi-même que je n'aurais jamais assez de vie pour accumuler le courage dont j'avais besoin pour m'ôter moi-même la vie. J'avais beau ne plus vouloir exister pour personne, mourir était bien trop lâche et quelque chose me disait que ce n'était pas encore mon temps. Une main passée dans mon cou me suffit à distinguer une petite bosse au niveau de ma morsure, et je grinçai des dents en sentant que la plaie s'était rouverte, sûrement suite à mon atterissage forcé.
Doucement, je me levai, forçant sur les forces qui me restaient pour demeurer debout. Voler jusqu'ici m'avait épuisé plus que je ne l'aurais pensé, d'autant plus que les dernières heures avaient été rudes. Mes jambes manquèrent de se dérober sous mon corps, mais je m'avançai entre les arbres, à la recherche de l'un de ces villages elfiques dont m'avait parlé Hayden.
Après un certain temps de marche, ma tête commença à tourner. Je ne distinguai plus bien les formes, et les couleurs dans la nuit étaient carrément inexistantes. J'eus un haut-le-coeur au moment où des bruits de pas se firent entendre, approchant en faisant craquer les feuilles mortes. À peine eus-je le temps de distinguer une forme que je m'écroulai visage contre le sol terreux, plongeant tête la première dans l'inconscient.

(C) WILLOU

{ William ft. Niji }

« If I could erase my mistakes, I would like to do it for you. I did it by myself, so don't blame you for letting me go, 'cause I didn't let you any choice. Please, forgive me for everything. »

Ce n'était peut-être pas plus mal de m'évanouir. Je ne vis pas ce qui m'arriva, et le fait que je me sente étrangement bien voulait peut-être dire que j'étais mort après tout. Personne ne m'avait jamais dit ce que ça faisait de mourir, et étant un démon de naissance... Je n'avais vécu qu'une fois. Non vraiment, il ne m'était jamais rien arrivé dans ma vie jusqu'à aujourd'hui. C'était pas mal, j'aurais des trucs à raconter au moins, si je survis à tout ça. Voilà que je dis n'importe quoi; à qui voulez-vous que je raconte ma vie, à ma mère peut-être ? Laissez moi rire...
Une douce lumière me brûla la rétine lorsque j'essayai d'ouvrir les yeux, et je ne sus pas s'il s'agissait de cette fameuse lumière que disent apercevoir les morts quand la Faucheuse les emmène dans l'Au-delà, ou si je n'étais tout simplement pas prêt à partir pour le royaume des Morts. J'étais allongé sur quelque chose de tendre, dont la sensation m'évoquait très fort un matelas, ce qui me força à réfléchir sur ma condition actuelle. Tout ça avait l'air bien trop confortable pour être un passage vers les Enfers, et j'osais espérer quand même qu'Hadès n'était pas inconscient au point de m'envoyer au Paradis. Je battis des paupières avec difficulté, les membres engourdis et un mal de crâne atroce. Je sentis quelqu'un m'aider à me redresser sur ce qui ressemblait à un lit, tandis qu'aucun parfum en particulier ne me parvenait aux narines. Cette sensation de "rien" était des plus étranges, mais je m'en contentai, puisqu'après tout ça n'était pas plus mal.
▬ Hé ! Salut toi ! Ça va ?... Ah, attends, je vais t'aider à te redresser. Je m'appelle N, je t'ai trouvé dans la forêt.
Dans la forêt. Pas mal de choses s'expliquaient maintenant qu'il disait ça. Une chose était sûre : j'étais encore vivant, et cet homme n'était sûrement pas la faucheuse. Il se mit dos à moi, et je pus distinguer une longue chevelure verte descendant dans son dos, avant qu'il ne se retourne vers mon pour me tendre un verre rempli d'eau. Je le fixai un moment jusqu'à ce qu'il me demande ce qui m'étais arrivé, et l'espace d'un instant j'eus du mal à m'en rappeler. En me réveillant dans ce lit en face de cet homme, je savais que ce qu'il venait de se passer n'était pas un rêve, que concrètement je m'étais fait mordre par un vampire, que j'avais fait de même avec l'un des rares mortels engendrés par Zeus et que je m'étais enfui comme un lâche. Puis je m'étais évanoui comme une tapette au milieu de la forêt en attendant de me faire dévorer par les loups.
▬ Je...
Le son de ma voix se bloqua dans ma gorge. Je relevai ensuite les yeux vers N qui me tendait toujours le verre que je pris pour en vider le contenu d'une traite, sans me demander s'il ne contenait pas quelque chose de dangereux. Il n'eut pas l'effet rafraîchissant de d'habitude, mais au moins ma gorge s'était légèrement dénouée et je pus me concentrer sur ce qu'il y avait autour de moi. L'espace ressemblait à l'intérieur d'une maison dans un style asiatique, loin de l'ancienne bâtisse de pierre que possédait les Relyse depuis des générations. Je tournai la tête avec difficulté, le cou très engourdi par ma blessure qui avait l'air d'avoir doublé de volume, et qui me faisait la même sensation qu'une anesthésie.
▬ Où est-ce qu'on est ? ... Est-ce que... Hayden... ?
Les derniers souvenirs gravés dans ma mémoire me revinrent petit à petit. Je revoyais le corbeau me dire de ne pas revenir avant de savoir me contrôler, de me réfugier dans l'un des villages qui peuplaient la forêt et surtout, promettre de rester en vie. Je m'appuyai contre la tête du lit et fermai les yeux, complètement dépassé par la situation.
▬ Il y a un vampire qui m'a... qui m'a mordu.
Je passai une main sur ma blessure qui d'un coup me faisait mal. Ce devait être psychologique, mais une douleur me lança dans le cou, et je m'enfonçai dans le matelas en lâchant unr plainte étouffée. Je levai la tête et m'arrêtai de bouger, haletant et trempé de sueur.
▬ J'ai mal, c'est atroce.
Pour la première fois de ma vie, j'avais froid. Vraiment très froid, plus que d'habitude en tout cas. Je me frottai le bras, comme si ça allait changer quelque chose, et levai le visage vers N.
▬ Où on est ?

(C) WILLOU

{ William ft. Niji }

« Staring at yourself in the mirror and cannot be able to recognize what you see. Checked. »

Sécurité. Village elfique. Morsure récente. Contrôle. Êtres sanguinaires.
J'hochai la tête affirmativement, il avait plutôt bien résumé la situation. Mes oreilles bourdonnaient encore, et capter le sens de ses phrases me prit plus de temps que jamais mais en gros, c'était ça. Et il me laissa un instant, que je ne vis pas passer. Le poison dans mon sang me brûlait les veines, c'était comme si chaque parcelle de mon corps menaçait de s'enflammer, quand bien même j'étais insensible à la brûlure. Plutôt paradoxal comme raisonnement. Puis l'elfe me balança une pile de vêtements que j'eus le réflexe d'agripper, tandis que la jeune fille que j'avais vue en me réveillant sortait avec un arc dans le dos. Son regard ne me rassura pas, mais elle partit bien assez rapidement pour me laisser une nouvelle fois seul avec le très grand homme qui m'avait recueilli.
▬ Je... d'accord. Merci, je vais me débrouiller.
Il n'y avait pas grand chose à dire. Je n'allais non plus dire oui à ce qu'il venait de me proposer. Je restai un moment sur le cul, c'est pas tous les jours qu'on vous propose de l'aide pour prendre sa douche. Je me levai avec peine, et alors que je traînai mon corps devenu étrangement lourd à porter, la voix de N retentit à nouveau.
▬ Hé dis moi, tu as faim ?
▬ Non, pas pour l'instant.
J'avais trop mal aux dents pour songer à vouloir manger. Et puis j'avais arraché le cou d'Alice avant de partir, ça avait sûrement coupé mon envie de manger à nouveau.
▬ William... Van Drake.
J'avais réussi à buter sur la question de base. En prononçant mon nom, j'avais l'impression qu'il était faux. Et pourtant, c'était bien comme ça que je m'appelais. Je grimpai les escaliers et traversai le couloir en jetant un coup d'oeil curieux dans chaque pièce, jusqu'à enfin tomber sur la salle de bain. En déversant sur moi l'eau bouillante, je me rendis compte que malgré la désagréable sensation que m'avait procurée le poison de la morsure, elle n'avait fait que refroidir mes muscles qui s'étaient tous raidis et qui commençaient à peine à se détendre. Je restai suffisamment longtemps pour ne plus etre capable de rien sentir et après avoir enfilé ce que m'avait prêté N, je décidai enfin de faire face au miroir. Tout ce qui restait de moi étaient mes cheveux blonds. Mon teint avait pris une affolante teinte blafarde et il y avait quelque chose de changé sur mon visage. Je ne mis que très peu de temps à me rendre compte que mes yeux bleus avaient laissé place à deux pupilles rouges, les mêmes que j'avais chaque fois que la colère m'emportait. Ces yeux du démon, lequel avait complètement bouffé l'autre partie de moi-même à partir du moment où j'étais devenu un vampire.

Cela faisait six mois que ce jour était passé, et pourtant je gardais en mémoire chaque instant comme si je l'avais vécu la veille. Chaque fois que je me trouvais devant ce miroir, j'avais cette sensation de me découvrir. Mes yeux n'étaient pas redevenus bleus, et j'avais abandonné l'idée de les voir à nouveau. Alors ils étaient devenus une part de moi-même tout simplement, et j'allais vivre avec quoiqu'il arrive. Plus tôt dans la matinée, j'avais demandé à Kaori si elle n'avait pas vu son frère, et c'est quand elle toqua à la porte - une heure plus tard - qu'elle me donna la réponse.
▬ Willou ? N est dans le jardin.
▬ Dis lui de pas bouger, j'arrive.
J'enfilai un haut et m'inspectai encore une nouvelle fois dans la glace. Ariel et son frère avaient fait parti de mon quotidien, et même si leur drôle de caractère m'avait surpris au début, j'avais fini par m'y habituer. C'étaient eux qui pendant six mois m'avaient aidé à contrôler mes pulsions, à rétracter mes canines comme je le voulais et ne plus que boire du sang animal. Il était toujours aussi infect, mais au moins mon corps le supportait, grâce à un régime forcé et l'aide de mélanges de plantes que N avait perfectionné chaque fois qu'il le pouvait. Et Ariel en tant que chasseuse avait été d'une aide précieuse quand il avait fallu que je m'habitue à traquer les bêtes. Je n'avais plus saigné d'humains depuis ma transformation, et ça, c'était un pas énorme. Le seul sang auquel j'avais eu droit était contenu dans les perfusions que ramenait parfois N quand il devait se rendre à l'hôpital... Et même si c'était ponctuel, ça ne faisait jamais de mal. Un peu comme si on donnait un peu de viande à un homnivore forcé de suivre un régime vegetarian.
C'est d'ailleurs sur cette pensé que je sortis de la salle de bain puis dévalai les escaliers en quatrième vitesse. N était rentré la veille d'un stage de trois jours à Skyworld où je refusais de remettre les pieds. Pas parce que j'avais envie d'oublier ce que j'avais vécu là-bas, mais surtout parce que je ne me sentais pas encore prêt à affronter les souvenirs qui étaient liés à la capitale. N l'avait compris et n'avait pas insisté, et voilà qu'il était revenu avec sa glacière remplie de mes petites pochettes hebdomadaires - ou presque.
[b]▬ A[/j]lors, Skyworld ? demandais-je.
En arrivant dans le jardin, je vis N assis dans l'herbre en face de Reshiram sous sa forme originale. Un énorme dragon qui tenait aisément sur leur pelouse mais qui d'ordinaire se baladait sous une forme réduite. Les relations entre humains et affiliés ne cesseraient jamais de m'étonner, pour la simple et bonne raison qu'elles n'avaient jamais aucune explication. Tenir à quelqu'un inconditionnellement sans autres raisons qu'une connexion parfaite était... Troublant.
Je m'approchai d'eux avec le même air qu'un enfant le soir de Noël. N savait très bien pourquoi j'avais demandé sa présence, puisque c'était lui qui décidait si je méritais mes pochettes de sang. Comme je l'ai dit, le régime "végétarien" à baise de sang animal devenait bien vite fade. Mais l'elfe tenait à m'aider à contrôler l'envie de toucher à quelque chose de plus goûteux, et si cela impliquait me priver de sang humain alors... Je devais me résoudre.

(C) WILLOU

{ William ft. Niji }

« People change. We all have to. »

Je me sentais un peu comme un... chien à qui on donne une récompense. C'est quand Niji me lança la pochette pleine de sang que je rattrapai au vol. Bien qu'il m'ait dit de ne pas le boire "à l'arrache", je déchirai le coin avec les dents et aspirai le contenu en le regardant attentivement, puisqu'il me donnait l'impression d'avoir autre chose pour moi.
▬ Tu m'avais bien dit que ta mère était brune n'est-ce pas ?
J'opinai, des mèches blondes me tombant sur le front. Il faut vraiment que je songe à les couper, mais c'est vrai que l'idée m'était un peu passée par-dessus la tête. Je dégageai de l'ombre de la maison, et en sentant encore les picotements sur ma peau, fit un pas en arrière. Les effets de la potion que m'avait administré N depuis mon "traitement" - c'était comme ça qu'on avait décidé de l'appeler - contre les effets du soleil sur mon organisme commençaient à s'estomper. Petit à petit, on diminuait les doses; mais pour la première fois de ma vie, j'arrivais à sentir ce qu'était une brûlure. Ce qui n'était, en soi, pas normal.
▬ Pourquoi cette question ? demandais-je clignant des yeux.
Je passai une langue distraite sur le rebord de la pochette, happant la dernière goutte qui acceptait de couler. En refermant le poing, j'écrasai la pochette entre mes doigts et observai N qui faisait une observation sur la couleur de mes yeux.
▬ Je crois pas que ça va changer. Le bleu c'est fini pour moi on dirait.
L'ombre d'un sourire passa sur mon visage. C'est dommage, c'était ça qui me faisait ressembler à ma mère. Pas que j'y tienne réellement, mais à cause de mes cheveux blonds, on m'a souvent dit que je ressemblais plus à mon père qu'à ma mère, mais je crois que c'était surtout à cause de la couleur de mes cheveux. Maintenant c'est clair, j'ai ses cheveux et en plus ses yeux carmins.
▬ Nouveau look... ? lâchais-je.
Il m'attrapa par les épaules - j'ai tendance à me trouver très petit à côté de lui - et m'entraîna à l'intérieur de la maison, où Ariel se baladait en mini-short et débardeur, occupée à parler au téléphone. Elle nous suivit du regard et me fit remarquer que mes cheveux avaient beaucoup poussé. Je haussai des épaules et Niji me poussa dans la salle de bain puis m'ordonna de retirer mon haut et me pencher au-dessus de la baignoire.
▬ Tu veux me teindre les cheveux ?
Avant qu'il ne puisse me répondre, N alluma l'eau et m'écrasa le jet dans les cheveux. Je hoquetai de surprise et me laissai faire pendant que l'elfe m'expliquait en quoi consistait cette lotion. En gros, c'était une teinture qui devait tenir environ un an, et qui affectait mes gènes pour que les repousses restent de la couleur qu'il avait choisi. En remarquant les tâches ébène qui tombaient au fond de la baignoire, je devinai aisément que j'allais devenir brun. Je sentais ses doigts étaler le liquide sur les mèches blondes de la racine aux pointes, en attendant qu'il termine d'étaler sa lotion.
▬ Vous faites quoiii ?
La voix cristalline d'Ariel entrant dans la salle de bain résonna dans les murs et ses mains froides se posèrent sur mon dos nu.
▬ AH ! T'as les mains gelées ! glapis-je.
Elle ignora ma plainte et se pencha un peu plus au-dessus de moi - je le sentis car son poids s'appuya sur mon dos au même moment. Je les entendis discuter, et Niji repris le pommeau de douche pour rincer ma nouvelle chevelure. Ils continuèrent de discuter mais le bourdonnement de l'eau dans mes oreilles m'empêcha de décrypter de quoi ils discutaient. Ariel évoqua la longueur de mes cheveux et prit congé, mais son frère resta pour terminer son boulot. Quand ce fut fait, il me posa une serviette sur la tête et m'entraîna dans le salon où il me balança sur une chaise. Ariel, une paire de ciseaux en main, arriva en face de moi et me contourna.
▬ On va couper un peu ça, minauda-t-elle en enfonçant ses longs doigts dans mes cheveux.
Je grognaie et elle s'affaira, armée d'un peigne et d'une paire de tous petits ciseaux. Elle me fit baisser la tête pour s'occuper des cheveux dans ma nuque, et je pus ainsi apercevoir les petites mèches brunes qu'elle m'avair retirées. Étrangement, je m'étais attendu à les voir blondes, mais ça doit être une question d'habitude.
Ariel s'arrêta alors et fit une nouvelle fois le tour de la chaise pour voir ce que ça donnait. Un sourire aux lèvres, elle eut le temps d'observer son travail avant que le téléphone ne sonne à nouveau. Prenant congé de nous, la demoiselle m'ébouriffa les cheveux et prit la route de sa chambre.
▬ Merci... soufflais-je. À tous les deux, d'ailleurs.
Elle me fit un clin d'œil et disparut. Je me tournai vers N qui me tendait déjà un miroir, et observai longuement mon reflet. Et pour la première fois depuis que j'avais été mordu, je n'avais pas l'impression de faire face à un inconnu. Ce qui était carrément paradoxal étant donné que je n'avais jamais été aussi différent de toute ma vie. Je passai une main dans mes cheveux, encore un peu surpris de ne plus les avoir aussi longs qu'autrefois.
▬ Alors ? T'es content de ton travail ?

(C) WILLOU