Shining song [pv Aurora]

Des yeux interrogatifs se posaient sur elles. Certains passant s'arrêtaient même, par curiosité. Elise était fébrile, elle tremblait d'excitation, comme après avoir bu une bouteille entière de soda à elle seule. Une flèche d'angoisse passa un instant dans son estomac. Et si elle se trompait, qu'elle ratait un accord, qu'elle oubliait les paroles ? Non, impossible. Elles avaient trop travaillé. Depuis des mois, depuis presque le jour de leur rencontre, quand cette folle idée leur était venue, pour ensuite en laisser voir une autre, et encore une autre, jusqu'à aujourd'hui. Elle n'allait pas rater, parce qu'elle était sûr d'elle, sûr de leurs répétitions, de ses soirées à battre la mesure avec les écouteurs vissés sur les oreilles. Elle se savait prête. Elle prie une grande inspiration, avant de tourner la tête vers la partenaire.

« Prête ? »

…

Si Elise était là aujourd'hui, c'était grâce à elle. Elle, c'est Aurora. Aurora, c'est une demoiselle aussi blonde qu'Elise, avec le même sourire, les même remarque stupide, et la même joie de vivre. C'est aussi une grande amie, presque une sœur, sur qui elle peut compter et qui ne la laisse pas tomber - dans tout les sens dans terme concernant Elise, puisqu'elle a la fâcheuse manie de se rétamer toutes les cinq minutes, et qu'elle ne sait toujours pas atterrir correctement - . Et plus que tout, Aurora, c'est sa partenaire musicale, ce qui représente beaucoup pour la jeune hybride. Parce que la musique, c'est tout pour elle, et que trouver quelqu'un qui partage la même passion, et accepte de jouer avec vous avec la même énergie, c'est quelque chose de formidable.

D'ailleurs, la première fois qu'elle l'avait entendu jouer, Elise était entrain d'essayer la transformation partielle, soit le fait de se retrouver juste avec deux ailes dans le dos. Bref, c'était pas gagné. Elle était sur les toits, essayant de se concentrer, quand elle avait entendu de la musique. Sa musique. Alors elle avait écouté, et quand la blonde, alors totalement inconnue avait arrêté, elle c'était penché pour voir, et forcément, elle avait chuté. Heureusement pour elle, ses deux ailes se sont finalement décidés à sortir, et Aurora a donc pu faire connaissance avec une Elise … la tête en bas. Elle avait souri, l'avait complimenté, et en voulant se redresser, avait perdu ses ailes et finit au sol. Mais qu'importait ?

Il n'avait pas fallut longtemps pour qu'elles se mettent à jouer ensemble, à chanter ensemble et à rire ensemble. Le résultat était plutôt pas mal d'ailleurs. Alors, elles avaient essayé plus dur. Pourquoi pas un vrai groupe. Bon, à deux, c'est pas gagné, mais il suffisait d'un fond enregistré, et elles pouvaient jouer. Et puis un jour, elles avaient eut une folle idée : Et si elles jouaient en publique ? Pourquoi pas après tout, elles jouaient bien, et elles n'avaient pas à garder ça pour elles.

C'est pourquoi elles se trouvaient aujourd'hui sur la place Athéna, entourées d'une petite foule de gens passant tranquillement, chacune portant une partie du matériel. Pour l'instant, elles avaient juste tout posé au sol, il fallait juste se décidé, installer, brancher et surtout … Chanter.

…

« Prête ? »

Cette question, elle était à la fois pour Aurora et pour elle. Elle avait remis ses vêtements préféré, ceux de son arrivé sur l'île. Ce n'était pas la première fois qu'elle chantait devant autant de monde et, elle l'espérait, certainement pas la dernière. En attendant la réponse de sa camarade, elle se pencha, et sortit de son étui le magnifique instrument, pratiquement neuf, avant de passer la sangle par dessus sa tête avec un grand sourire. Oui, c'était sûr. Elle était prête !

- Oui, on y va.

Sa voix était aussi tendue que la mienne. A la fois tendue et fébrile. Je la vis serrer plus fort encore ses baguettes, tout comme je me retenais fermement au manche de ma guitare, tel un naufragé agrippant sa bouée pour ne pas sombrer. On avait décider de profiter du talent d'Aurora, pour jouer une batterie à quatre bras, et chanter en duo. Un sacré tour de coordination, qui avait demandé du temps pour être maîtrisé. Ma blonde amie m'avait largement impressionné sur ce coup là, surtout que au début, j'avais moi même du mal à enchaîner le chat et les accords rapides de guitare, donc je ne comprenais pas du tout comment elle arrivait à maîtriser autant de choses à la fois.

On pris toutes les deux une grande inspiration, puis j'attendis le premier coup de percussion, qui devait marquer le début de la mélodie. C'était à elle d'engager. Très vite après, je commençais également, battant ma propre mesure du pied, enchaînant les accords maintes fois répétés. Tout aller bien. Tout aller très bien ! Je me laissais entraîner dans la musique que je connaissais maintenant par cœur, les notes venaient naturellement, mes doigts connaissaient la mélodie, ils savaient ce qu'ils devaient faire. Et puis, au milieu des notes folles qui s’emparaient de nous, la voix de ma camarade s'éleva, forte et claire, douce et énergique. La chanson. Le duo.

C'était à elle de faire le premier couplet, je ne l'accompagnait que pour quelques cœur avant d'entamer le refrain avec elle. Ensuite, ça serait l'inverse. Aucune ne chantait plus que l'autre, on l'avait décidé ainsi. Et puis, tout se passait bien. Tout se passait parfaitement bien. Je me souvenais encore des premiers essaies. Une catastrophe. Pas le bon rythme, problèmes de coordination, de chant, d'oublies, de saut de partition, une horreur ! Il nous avait fallut plusieurs séances de répètes avant d'arriver à quelque chose d'écoutable. Ça avait était rageant. Et drôle. Surtout drôle en fait. Et puis, quand on en avait trop marre de répéter en boucle, et qu'on commençait même à avoir mal – ça muscle drôlement mine de rien – il suffisait d'une pose goûter ! Chacune son tour, on apportait le sucré, et l'autre les boissons. Jus, soda, truc innommables. Gâteaux, bonbons, cookies, crêpes. On avait mis la salle dans un état impensable. Mais ça en valait la peine !

Parce qu'au final, on était là, on jouait, on chantait, et surtout … On le faisait super bien ! Bon, bien sûr, on faisait encore quelques erreur. Une accord un temps trop tard, un cymbale un chouille trop tôt. Mais pour une oreille non entraînait, il n'y paraissait rien.
Venait la partie sans mélodie, où l'on pouvait s'éclater avec nos instruments, à nous laisser aller, plus vite, plus fort, plus complexe. Je souriait. J'adore jouer le « solo » à deux. Et puis le refrain revient, fort, clair, après un silence formidablement maîtrisé. Il y a pas à tortiller, un jour, on sera pro !

Et puis ça reprends, la musique se resserre, elle marque sa fin, les notes éclatent comme le final d'un feu d'artifice, et l'on se remet à respirer normalement, reprenant doucement notre souffle. J'ai les jambes faibles et fortes à la fois, les joues en feu, l'esprit qui pétille et le sentiment que, ça y est, on l'a fait ! Alors je salue. Parce que, en tant qu'artiste, et en tant que fille qui aime en rajouter des tartines, j'adore la mise en scène, et saluer. Et ce n'est qu'au premier applaudissement que je me rend compte de la petite foule qui s'est formé autour de nous.

Je me retourne vers Aurora, avec une tête d'ahurie heureuse :

« … On l'a fait ! C'était trop COOL ! »

Est-ce le sol ? Oui, je crois bien. Coucou le sol ! Ça faisait longtemps ! Ouais, je sais, j'aurai du revenir il y a bien longtemps, mais la chose m'agrippant actuellement m'en a souvent empêché. Ce n'est que partie remise, ne tant fait pas ! Nous aurons d'autres occasion de nous revoir. Pour le moment, je cherche surtout mon cerveau, tu ne l'aurais pas vu par hasard ? Ouais, je sais, il se fait souvent la mal en ce moment, faudra que j'en discute avec lui. Mais je crois que, sous le choc, il a oublié de s'accrocher, et qu'il est resté à 'endroit où je me tenais, avant que Aurora ne me saute dessus de joie, en sachant pertinemment que mon équilibre légendaire nous ferait finir au sol toute les deux. Bon, mine de rien, elle a quand même pensé à amortir, preuve qu'elle a compris le truc depuis le temps. Et puis elle s'était mise à rire. Beaucoup. Et moi aussi. Et on était deux petites boules blondes, accrochées l'un à l'autre, par terre, à coté d'un tas d'instruments et de gens qui nous fixaient sans avoir encore exactement tout compris, et on riait, on riait encore et encore. Parce que c'était drôle, parce que c'était fait, et parce que voilà !
Et au milieu des éclats de rire, elle a réussit à faire une phrase cohérente que j'ai même réussit à entendre et comprendre malgré mon cerveau qui n'était toujours pas rentrée à la maison (le salopiot !)

- Oui, on a réussis, on a bel et bien réussis !

Oui. ET C'EST TROP BIEN ! Et puis voilà ! Et puis, au milieu de nos rires, j'entends des éclats qui ne viennent pas de nous. Plus loin, pas trop, mais voilà. Et je me rappelle qu'il y a des gens autour de nous, et ils rigolent, mais ils ne se moquent pas, non ! Ils rient avec nous ! Comment je le sais ? Bah parce qu'il est revenu ! Qui ? …....... Mais vous suivez vraiment rien, hein ? Mon cerveau bien sur ! Ça y est, j'ai retrouvé les quelques facultés intellectuels que j'avais au par avant. Un bon début.

Ma blonde amie se redressa finalement, m'emportant avec elle, et me déposa un baiser sur la joue, encore au moins aussi contente que je le suis. C'était évidemment un grand succès, et on devait le célébrer comme il se devait.

Après avoir rapidement remballer le matériel (je vous passe les phases catastrophes) et réussit à arrêter de rire/sautiller/crier/chantonner/danser/et j'en passe et des meilleurs, on a finit par s'installer dans un sympathique petit salon de thé plus loin, qu'on avait déjà largement eut le loisir d'essayer, et qui nous convenait tout à fait ! (dans le sens où il y avait tout plein beaucoup de gâteaux trop trop bon et pas trop cher et que ça, c'est le bien). Une fois assise à notre table, sur des canapés plus que confortable, et la commande passé, apportée, et bien entamée – on ne rigole pas avec les parfaits aux chocolats – notre conversation finit par revenir sur son sujet initial (qu'elle avait bizarrement abandonné à un moment ou à un autre).

« Aujourd'hui, c'était un début parfait ! Qu'est ce que tu pense du parc pour la prochaine fois ? Ou une soirée chant libre peut être ? Quoi que … Il y en a par ici … ? »

Oui, c'était reparti pour un tour ….

- Le parc me semble être une bonne idée. Ça serait bien aussi mettre des affiches la bas, peut-être que des personnes nous ayant vue aujourd'hui viendrons nous revoir.

Owiii ! Ça, c'était une bonne idée ! J'étais entièrement d'accord avec elle, même si la présence d'une grosse bouchée de gâteau avec une cuillère encore accrochée au bout m'empêcher de le dire de vive voix. Du coup, je me contentais de hocher vigoureusement de la tête, levant un pouce en l'air, tout en retirant la cuillère de ma bouche pour pouvoir mâcher et éviter de m'étouffer avec mon goûter. Rigolez pas, c'est déjà arrivé, un tragique accident de semoule au lait … Quel gâchis ça avait était … Mais bref, ça n'avait rien à voir avec notre affaire, alors je ne vais pas épiloguer sur la question, pour en revenir sur le prochain concert.
Peut être devrions nous tenter quelque chose de nouveau la prochaine fois … Aujourd'hui, ce n'était qu'un essai, on pouvait faire encore mieux, s’entraîner, progresser et …. Oui, peut être proposer une autre chanson en plus, non ? La voix d'Aurora s'infiltra dans mon raisonnement, et je remarquais qu'elle aussi était entrain de réfléchir (chose plus commune chez elle que chez moi) :

- Et si on essayer de créer une nouvelle chanson pour le prochain concert.

Je crois que Bubble gum, le poisson rouge très très con que j'avais en sixième, est l'image qui correspondrait le plus à ma tête du moment. Un très court moment, je précise. Elle avait lu dans mes pensées, ou moi dans les siennes, ou peut être juste qu'on était totalement connecté … Dans tout les cas, c'est trop fort. Mais si on met ceci de côté, ça veut dire qu'elle est d'accord avec moi, donc qu'on va pouvoir s'y mettre pour de vrai, passer des aprem à répéter, continuer, avancer, peut être même réussir à aller plus loin, beaucoup plus loin … Oh, revoilà la tête de poisson rouge, mais cette fois en mode extatique – poisson rouge sous LSD, attention ! Je veux je veux je veux ! Je repris une bouchée de parfait avec encore plus d'entrain qu'avant, donc autant dire que la cuillère risque à tout moment d'être séparée en deux à force.

En face de moi, ma camarade avale son fondant avec la même énergie, tout en souriant (oui, y a des gens qui arrivent à manger ET à sourire en même temps, respectez les !) … Bon, ok, la méthode était pas encore tout à fait au point, puisqu'elle en mettait partout, mais avec de l’entraînement, ça passe ! Et puis, d'un coup, elle avait arrêté de manger pour fixer en bavant un peu mon désert à moi :

- Il est bon ton parfait ?

Je souris.Parce que au début, c'était moi qui avait bavé sur son goûter la première fois. Maintenant, je crois que le score était à peu près à égalité. D'un coup d'expert de la cuillère, je lui découpe une part, pour lui tendre, avant de m'emparer, tel un ninja furtif (mais pas un nain, ça plus jamais!) d'un bout de son gâteau à elle.

« Pas mal, pas mal ! Avec un peu de chantilly, ou une petite crème anglaise, ce serait parfait ! »

Je louche vers mon gâteau presque finit, et celui de Aurora également très bien entamé. J'évalue les risques, cela en vaut-il vraiment la peine ? Puis je risquer ma vie pour ça ? Oui, définitivement oui.
D'un geste rapide, je tente un enlèvement du restant de fondant pendant qu'Aurora tourne la tête. J'y suis presque, j'ai eut l'objectif, je le sais ! Mais elle se retourne, plus vive que jamais. Le combat est perdu, je ne pourrais pas lutter, je le sais … Ma dernière option, la fuite.
Je tourne innocemment la tête dans une autre direction, l'air de rien, milite en sifflotant, le bras toujours tendu vers son assiette, mon couvert planté dans l'objet du délit. Lorsque que je m'en rend compte, il est trop tard … alors je joue le tout pour le tout :

« C'est pas ma faute ! C'est le gâteau qui m'a obligé ! »

Yep, ceci est la meilleur excuse du siècle, je confirme !

Que-Quoi ?! Ah ça non, je suis pas d'accord !
Non seulement mon excuse n'avait pas marché (étrange … comment cela se peut-il ?), mais en plus elle avait oser retourner la ruse contre moi. Pire encore ! La traîtresse, elle avait non seulement oser récupérer son gâteau presque en ma possession (oui, du coup, elle l'avait pas vraiment récupérer, mais chut !), le tout avec un sourire innocent, mais en plus … Elle m'avait voler MON gâteau ! Les deux en même temps ! Ah, la fourbe ! Voleuse, assassin, je n'en puis plus, je me meure, j'agonise …
Mais sauvez moi bon sang !
Aaarg, et en plus, elle les a avalé les deux en même temps, coupant court à toute tentative de sauvetage que j'aurai pu tenter. Je pleure. Intérieurement. Extérieurement, je me contente de me laisser tomber sur la table, mon front contre la surface froide, dépitée.

- Ce n'est pas de ma faute, mes cheveux on agis tout seul.

Même sans la voir, j'entends son sourire. Ah, vile créature, un jour, tu me le payeras ! Comment ça c'est moi la première à avoir tenter de dérober la pâtisserie ? Peut être, mais c'est celle qui a réussit qui est en tort ! Un point c'est tout !
D'un mouvement mécanique, je récupère ma cuillère que me tendait mon EX-amie, qui s'empressa de finir son gâteau, pour éviter une quelconque vengeance. Mais à quoi bon, le miens ayant été finit, je ne voyais plus pourquoi me battre. Sans une pâtisserie à défendre, à quoi servait-il de vivre ? Impossible, impensable, il ne restait plus pour moi que de mourir, déshonoré. Et non, je n'exagère pas !

- Tu veux faire quoi maintenant ?

Mourir. Ah nan, en fait, j'ai encore mieux ! Je relève la tête de ma table pour fixer Aurora, retrouvant ma joie naturelle :

« Y paraît qu'un cirque s'est installé à Sanctuary ... Tu voudrais pas qu'on aille voir où s'est ? »

ça faisait plusieurs mois déjà que j'avais entendu ça, mais le cirque bouge souvent, et je n'avais jamais eut le temps d'aller voir de quoi il avait l'air. J'en avais pourtant très envie, je n'avais pas vu de cirque depuis mes huit ans, et pourtant j'avais vraiment trouvé ça amusant ! Sauf les clown, eux, ils sont nul, mais bref ! Tiens, au fait ...

« D'ailleurs, les cirques d'ici sont-ils les mêmes que sur Terre ? »

C'est vrai quoi, on sait jamais, si ça se trouve, ici cirque égale arène de gladiateur en sang, se qui n'a rien à voir DU TOUT avec un vrai cirque ! Ah ça non ! Je finis d'une traite mon verre, avant d'appeler pour payer notre commande. Et dire que la moitié de mon salaire passe généralement dans des gâteaux … Y a pas à dire, j'ai vraiment une belle vie !