Bon... Viens t'incrustais toi ! [Greyson C. Walker]

« Putain j'ai un d'ces mal de crâne. »

Mon regard passa de mon bras, à ma bouteille, aux draps qui couvraient mon lit en désordre.
J'avais abusé, franchement, mon lit était plein de vodka maintenant, et j'avais aucune envie de nettoyer ça. Je poussais un grognement avant de me relever péniblement en m'étirant comme un chat. D'un coup d'oeil circulaire, je pus me rendre compte que j'avais réussi à retourner dans ma chambre après ma petite soirée d'hier soir.

Comment ? Je n'en avais pas la moindre idée.

Je sauta vivement de mon lit en attrapant mes vêtements gisants sur le sol avant de les enfiler avec un peu de mal. Les trous de mes fringues avaient ils raccourci ? Nan … c'était juste moi qui avait l'esprit trop embué pour me rappeler la bonne manière de les mettre. Une fois ce problème réglé, je me dirigeais vers la porte de ma chambre et sorti dans le couloir en la claquant derrière moi.

Je passais d'un bassin et d'un petit jardin zen, a une bibliothèque décorée de sculptures de multiples plantes vertes, avant d'arriver aux escaliers de verre. Je poussais un long soupir tant la décoration pouvait paraître chaotique aux premiers abords. On s'y faisait à force… il fallait bien que l'endroit nous plaise à tous les deux après tout.

Je descendais les escaliers en essayant de pas me ramasser, mais il fallait faire un effort pour distinguer les marches transparentes, si bien que cela me prenait trois plombes pour mettre un pied devant l'autre en m'aidant de la rambarde. Merde … il était super classe, mais qu'est ce qu'il était chiant pour mon pauvre esprit endormi …

Une fois arrivé en bas, je débouchais directement sur la cuisine, as know as l'endroit le mieux ranger du studio, ce qui était plutôt étrange d'ailleurs. Je me dirigeais vers le frigo en soupirant et en tira deux pommes et un pot de pâte à tartiner avant de le refermer et d'attraper une baguette dans le panier juste à côté. A mon avis, je n'étais pas seul, et je savais pertinemment où je pouvais trouver l'autre abrutis.

« Aller, cette fois je vais le faire.  »

Ce cri du cœur me fit hocher la tête : ca ne m’étonnait même pas. Les mains pleines de nourritures, je contournais la cheminée et le grand salon pour arriver devant l'autre pièce contenant la télé écran plat … Où pouvait il se trouver, sinon devant un jeu ou derrière le bar ?
Et effectivement, la petite frimousse aux cheveux blancs qui s'agitait sur le canapé me donna raison, ce mec n'avait que ça à foutre de ses journées.

Heureusement, moi aussi.

« Wesh, bro. »

Sans attendre de réponse, je sautais par dessus le canapé et attéri à côté de lui en jetant un coup d'oeil sur l’écran. Il avait bon goût le blondinet, il était peut être frustré parce que j'avais fini ce jeu 3 fois et pas lui ? Ouais, ca devait être ça, ce petit con était du genre borné, devait être pour ça que je l'aimais bien. Mais bon, c'était mon petit frère, j'devais bien le taquiner quand même, nan ?

Je passais une mains dans ses cheveux dans le seul but de le décoiffer et lui tendit une pomme de l'autre main, si ca l'empêchait de jouer, tant mieux. De toute façon, mes yeux rouges et l'odeur d'alcool que je traînais avec moi plaideraient en ma faveur.

« C'est pas la bonne manière de le buter gros. »

Je lui attrapais la manette des mains et laissa son guerrier tanker la grosse bestiole à écailles alors que je lui fis prendre le contrôle de l'un des mages, plus efficace pour bourriner cette connerie à coup de blocs de glaces. Vous pourrez m'dire que de un, on a l'air de deux gros gamer un peu paumé et qu'on ferait mieux de trouver un taf, et que si on voulait buter des dragons on pouvait le faire sur l'île, mais : Petit un, on est des ados et on vous emmerde, petit deux, ça se voit que Dada est assez blindé pour ne pas avoir a bosser, et petit trois, j'ai jamais vu de vrai dragon ici, alors vous m'en trouvez un et on y va, sinon, on continue de se les faire in game, d'accord ?

Je lui rendis sa manette une fois toutes les bonnes manipulations faîtes et lui tendis une pomme avant de m'allonger sur le canapé en fixant l'écran.

« On s'en fait une a deux ou on sort ? Et puis bouffe, t'es tout famélique.»

Il se prenait pour qui a boire dans un calice ? Serieux, c'est pas Dracula, faut qu'il arrête de déconner ce mec. Je déposais rageusement la manette un peu plus froide qu'auparavant et le fixais d'un air curieux. Quand il prenait sa pose de parrain de la mafia slash Nosferatu à deux balles, c'est qu'il avait un truc très intéressant à dire … ou quelque chose de particulièrement stupide.

«Il faut qu’on. Se. Mette. A. Bosser. »

HA HA HA HA HA HA HA, c'est pour ça que j'adorais ce mec, il était génial, toujours à …
Pourquoi il me regardait avec une gueule aussi sérieuse ? C'est bon, j'avais pigé la plaisanterie, il pouvait arrêter maintenant.
Nan sérieusement ca devenait lourd là.
Attendez voir, ca faisait au moins deux minutes qu'il me fixait comme ça et que je le regardais avec des yeux hilares et un sourire de con … et si il était serieux ?

Pas possible … merde quoi.

« Meeeeeeeeeeec, t'es sérieux ? »

Bon, ca me faisait chier de l'admettre, après tout j'étais un gros flemmard. Enfin plutôt LE gros flemmard, là par exemple je refuse presque de me lever pour me mettre face à lui. De toute façon si il a vraiment envie de me parler mano a mano, il a qu'a se bouger le cul, le canapé est assez grand pour deux personnes. Mais il avait tout de même raison : Il avait beau être bien blindé, on avait pas de budget illimité pour toutes nos conneries, et à notre rythme, dans quelques semaines … brr, mieux valait ne pas y penser.
Je poussais un long soupir et m'étira avant de m'installer confortablement sur le sofa. J'avais bien une idée, qui lui plaira, j'en suis sûr, mais après, étions nous capable, avions nous les capacités nécessaires pour mener ce projet à terme ?
Bah rien à foutre je le fais quand même.

« Ecoutes bro, j'ai bien un truc de prévu depuis quelques jours, mais je sais pas si ca va te plaire »

Je me relevais en poussant un grognement et, une fois debout, me dirigea vers lui, plus précisément vers le bar, et en tira une bière. Rien de tel qu'une bonne binouze pour se remettre sur pieds, d'autant plus que la surface lustrée du petit frigo m'indiqua que j'avais une tête de déterré. Bwarf, au moins je ne me promenais pas dans l'appart à poil, comme Dada en avait déjà l'habitude. De toute façon si je n'avais pas trouvé mes vêtements, je ne les aurais pas mis, et ce n'était pas un albinos complément psycho qui allait me briser les noix à ce sujet, même si le connard en question s’avérait être mon meilleur pote. Une fois la bouteille correctement vidée, je la lançais derrière moi d'un simple mouvement de poignet. Les débris de verres vinrent s'ajouter à ceux qui gisaient déjà sur le sol, à croire qu'on les collectionnait. J'avais dorénavant assez d’énergie pour exposer mon idée à mon frérot … pour une fois que j'en avais une bonne le matin :

« Si je te dis que je connais un gars qui connais un gars qui … bref. Hier j'ai joué au poker avec quelques gars et ... »

Bon, c'est la pire amorce du monde, mais passons. De toute façon il se doutait déjà que je n'avais pas passé ma soirée à apprendre la polka, autant passer directement à l'essentiel.

« L'un d'entre eux avait plus de thune, il a parier une grosse salle qui lui appartenait, ca devait être le dernier truc qui lui restait. Enfin … aucune peine quoi. »

D'un air fier de moi, je mis la main dans la poche arrière de mon jean et en sortie une clé que je balançais devant ses yeux avec un sourire béat. Pour une fois que je gagnais un truc utile aux jeux, mis à part de l'argent, ca pouvait se fêter dignement.
Enfin, autant que je finisse, sinon j'aurais beau lui indiquer que je possédais à présent un bâtiment à moi tout seul, il aurait été incapable de joindre les deux bouts et de deviner quelle idée totalement perchée avait fait son petit bonhomme de chemin dans ma tête

« On la rénove avec ta thune, et on en fait une boîte de nuit : « Le Nightingale ». Chaud ou bien ? »