And you hope in vain that everything has a meaning ∞ Alice

And you hope in vain that everything
has a meaning

Alice & Aria

Les apparences étaient changeantes : un rien pouvait les influencer. C'était justement le fait qu'elles soient si faciles à influencer qui les rendaient trompeuses. Il suffisait qu'on rencontre quelqu'un au mauvais endroit et au mauvais moment pour que cette personne nous fasse mauvaise impression, pour autant nous pouvons découvrir par la suite que notre premier ressenti avait été trompeur et finir par devenir amis avec. Les apparences variaient même selon l'heure. Durant la journée les ombres s'aplatissent contre les murs, ne devenant qu'un avec ceux-ci pour mieux se faire oublier ; mais durant les heures de règne de la Lune, tandis que cet astre brille faiblement en reflétant la lumière du Soleil, elles envahissent tout l'espace. Sous le couvert de la nuit les jeux d'ombres espiègles peuvent rendre méconnaissable même ce qui nous est le plus familier, donner un aspect démoniaque même au plus pur des anges, tâcher de reliefs inexistants les surfaces les plus lisses. Les ténèbres avaient cette capacité fascinante, celle de se jouer de nous, d'en appeler à notre imagination en donnant à ce qui nous entourait un aspect bien plus menaçant. Elles transformaient les endroits les plus mal éclairés en repères de mauvaises intentions, nous rendaient atrocement conscients de nos arrières lorsqu'on marchait seul dans une petite rue. Bref, elles appuyaient sur la peur de l'inconnu présente en chacun de nous en déformant ce qui nous entourait.

Étant une vampire, Aria pouvait vivre aussi bien le jour que la nuit mais avait tout de même une préférence pour cette dernière. Cependant, cela ne l'empêchait pas de trouver la lumière plus rassurante que l'obscurité. Étant d'un naturel relativement paranoïaque, durant la nuit, elle avait tendance à trouver le moindre bruit suspect et à guetter le moindre mouvement pour pouvoir y réagir. Comme s'il lui fallait absolument être à l’affût, sinon on allait profiter de son inattention et l'agresser. Comme si le monde était perfide et n'attendait que la moindre ouverture pour frapper au hasard l'un des inconscients ayant osé tenter une balade nocturne. Quelque part, la demoiselle cherchait le mal en se disant qu'ainsi il ne la prendrait pas par surprise, se méfiant ainsi de tout. Si ce n'était pas exagéré de s'imaginer que tout ce qui nous entoure est malveillant ? Oh, la réalité n'était pas douce certes, mais autant le dire : elle avait tendance à se l'imaginer encore plus rude et injuste qu'elle ne pouvait l'être. Si elle s'écoutait, elle resterait toujours en sécurité – et encore, si un tel endroit existait à ses yeux. À part le manoir Aschrown et celui de Zeno, il n'y en avait sans doute aucun. Et encore, dans le manoir de Zeno où elle était pourtant presque chez elle, la vampire trouvait le moyen d'être parfois tendue, parce qu'il arrivait qu'elle repense à ce jour où on lui avait appris ce qu'avait vécu sa mère en projetant de le lui faire vivre à son tour.

Pourtant, ce soir-là, Aria avait décidé de s'aventurer dehors alors que l'heure était très tardive. Souvent elle le faisait sur un coup de tête, parce qu'une envie subite se balader au clair de lune la prenait, mais là elle avait d'autres raisons : les invités qui avaient envahi le manoir vers 21 heures. Ils étaient nombreux, bavards et bourges.  Trois excellentes raisons pour les fuir, selon elle. Eril lui tomberait sans doute dessus quand elle rentrerait, mais pour l'un comme pour l'autre c'était devenu une habitude : une fois sur quatre, la bretteuse s'éclipse après avoir parlé à quelques personnes ou ne se pointait carrément pas à la soirée, prétextant un quelconque malaise. Seuls quelques proches la connaissaient assez pour savoir qu'elle souffrait seulement d’asociabilité, ceux qui ne comptaient pas dans cet entourage mais étaient régulièrement conviés devaient la croire fragile ou timide. Bah, qu'ils s'imaginent ce qu'ils veulent, la sang-pur s'en moquait bien du moment qu'elle n'avait pas à passer toute une soirée au milieu de ces hypocrites, à sourire comme une pimbêche inutile. Le pire, c'était quand on lui parlait d'éventuelles fiançailles : épouser un homme qu'elle n'était pas sûre d'aimer et en qui elle n'avait aucune confiance ? Jamais de la vie. Là-dessus, notre Ashcrown était tenace. Fort heureusement, Eril ne comptait pas la forcer à se fiancer, même si c'était dans l'intérêt de la famille. De tout façon, ils n'avaient pas vraiment besoin de ce genre d'arrangement pour s'enrichir.

Bref, après avoir salué tous les invités, fait quelques courbettes et avoir passé un moment dans la salle de réception, Stella avait décidé qu'elle avait besoin d'air frais. Mais pas qu'un peu, un grand bol rempli à ras-bord, et loin de cet événement mondain. Alors elle était retournée dans sa chambre, s'était changée pour enfiler des vêtements plus simples, saisit sa cape puis fila en demandant à une employée de la couvrir.
Au début, l'immortelle aux cheveux clairs avait déambulé dans les rues de Skyworld. Elle observait ce qui l'entourait en gardant sa capuche rabattue. Il devait être près de minuit quand elle passa près d'un parc et se dirigea vers celui-ci sans vraiment y réfléchir.
L'endroit était naturellement désert, à cette heure-ci. On entendait tout juste le bruissement des branches d'arbres, que le vent agitait en soufflant, ainsi que quelques signes d'agitation dans la verdure, preuve que quelques animaux vivaient dans ce parc ou y étaient de passage, mais ne dormaient pas. La jeune femme crut entendre au loin des éclats de rire bruyants d'hommes, mais n'y prêta pas attention. En revanche, lorsqu'elle vit plus loin une toute jeune demoiselle elle aussi en train de marcher lentement dans l'allée, notre héritière la regarda pendant quelques secondes. La jeune blonde lui faisait dos, mais n'avait pas l'air d'avoir plus de dix-huit ans. Après sur cette île les apparences pouvaient être trompeuses, elle-même avait environ dix fois l'âge qu'elle avait en apparence.

Aria décida cependant de ne pas l'interpeller. Elle se contenta de conserver son rythme. À ce moment, quelque chose attira son attention au sol : il s'agissait d'un bracelet qu'elle ramassa. Son regard se porta à nouveau vers l'inconnue qui continuait sa route et elle remarqua un bracelet similaire à son poignet. C'était sans doute le sien. La vampire accéléra donc le pas pour la rattraper et, quand elle ne fut plus très loin, l'interpella.

-Excusez-moi ! Elle marcha jusqu'à rejoindre la jeune fille, puis lui tendit le bracelet. Ceci est à vous ? Je viens de le trouver par terre. Après que l'inconnue ait récupéré son bien, Aria marqua une pause d'hésitation avant de demander. Pardonnez mon indiscrétion, mais que fait une aussi jeune femme dehors à cette heure-ci ?

Qu'est-ce que cela pouvait bien lui faire, au fond ? Mais Aria était tout de même inquiète. Un peu. Et pour une fois, elle laissait s'exprimer ses bons côtés.

And you hope in vain that everything
has a meaning

Alice & Aria

Rien qu'à voir une jeune fille se promener seule dans un parc désert en plein milieu de la nuit, on pouvait se douter que quelque chose n'allait pas. Après tout même si l'île céleste n'était pas un repère de criminels, il valait quand même mieux ne pas sortir à certaines heures. Vous savez, celles où des gens pas très honnêtes sont justement de sortie. Ils profitent du fait que la nuit offre une plus grande marge d'action puisque la plupart des gens dorment, notamment les membres des forces de l'ordre et les commerçants. Leurs ennemis naturels, les premiers parce que leur but était de les mettre derrière des barreaux, les seconds parce que certains étaient violents et qu'ils les haïssaient. Oui car bien souvent dans cette population nocturne on retrouvait des voleurs, des tagueurs et des casseurs, qui ne savaient en général pas se faire bien voir des boutiquiers (on se demande pourquoi tiens). Mais ce n'était pas tout : il y avait aussi des drogués, des drogueurs, des hommes capables de faire subir le pire des sorts à une femme, des soûlants, des saoulés... Quoi que, souvent, ces deux dernières catégories ne faisaient qu'une. C'est que l'alcool avait tendance à rendre les gens terriblement lourds, non seulement ils ne savaient plus articuler correctement mais en plus ils devenaient soit trop insistants, soit colériques, soit ils se transformaient en madeleine.

Tout ça pour dire qu'une demoiselle n'avait pas sa place dans cette sorte de société parallèle peu fréquentable et ferait mieux d'en rester loin, par exemple en évitant de sortir la nuit. Ce n'est pas pour rien qu'on interdisait aux tout jeunes de sortir le soir et qu'on donnait un couvre-feu aux adolescents, il fallait bien garantir un minimum leur sécurité. Souvent ils se plaignaient qu'on les faisait rentrer trop tôt ou qu'ils ne respectaient pas ce qu'on leur disait, mais en grandissant ils apprendraient que c'était pour leur bien.
Cette jeune fille devait bien avoir conscience des risques qu'elle prenait en se baladant dans le parc à cette heure-ci, non ? Elle semblait assez âgée pour cela. Alors pourquoi était-elle ici ? Qu'est-ce qui lui était passé par la tête ? Ce n'était vraiment pas prudent de faire une virée aussi tardive (même si Aria n'était pas bien placée pour parler, la différence c'était qu'elle avait deux siècles). Même si cette inconnue savait se défendre, il ne fallait pas oublier que Sanctuary of Heart était remplie d'être aux pouvoirs parfois très dangereux et prêts à en faire mauvais usage. Face à eux elle ne s'en sortirait pas indemne, si elle s'en sortait tout court. Même en ayant une chance de cocu et en faisant tout pour conserver un karma sain, il ne fallait pas se croire à l'abri de ce genre de mésaventure possiblement mortelle.

Donc Aria s'inquiétait un minimum, oui. Elle pouvait donner l'impression d'être froide, de ne se soucier que de sa personne, mais au fond elle faisait attention à ceux qui l'entouraient. Elle se retournait lorsqu'elle entendait un enfant pleurer dans la rue, s'arrêtait quand un motard tombait à la renverse parce qu'il avait mal engagé son virage et suivait les personnes âgées ou handicapées du regard. Dans tous les cas, c'était en se demandant s'ils avaient besoin d'aide. Seulement la vampire ne passait pas souvent à l'action, car il y avait toujours plus réactif ou qu'elle jugeait ne pas devoir s'en mêler. C'est justement ce qu'elle pensa lorsqu'elle vit cette adolescente. Celle-ci devait bien avoir ses raisons, alors elle se voyait mal la rattraper en disant « salut, dis-moi, tu sais que c'est dangereux de se promener ici passé une certaine heure ? ». Ce serait indiscret, or justement elle était du genre à respecter les secrets et l'intimité de tout un chacun.
C'était sans compter sur le bracelet qu'elle trouva par terre. L'héritière devina rapidement qu'il appartenait à cette demoiselle (ne serait-ce que parce qu'elle portait un bracelet similaire au poignet) et, comme toute citoyenne respectable qui se doit, accéléra le pas pour le lui restituer. Au passage, puisqu'elle allait l'aborder, elle avait une bonne excuse pour lui demander la raison de sa présence ici.

Mais avant tout, le bracelet. Lorsque la blonde le récupéra, Aria la sentit très tendue. Avait-elle peur ? Si cela se trouvait elle cherchait son bien depuis un moment ce qui l'avait mise sur les nerfs, mais dans ce cas elle aurait été plus heureuse que cela de le retrouver. Non, décidément, quelque chose titillait notre sang-pur.
M'enfin, peut-être en aurait-elle le cœur plus net : l'objet désormais rendu à sa propriétaire, elle pouvait désormais poser la question qui trottait sous son crâne.
« Je sais pas ». En voilà, une réponse des plus éloquentes. Alors quoi, elle était sujette à des crises de somnambulisme aigu ? Bah, ce serait une raison tout à fait recevable. Surtout qu'elle expliquerait le pourquoi de sa présence ici alors même qu'elle semblait craindre sa propre ombre – en général, quand était aussi craintif, on ne sortait pas seul la nuit. Mais... Une seconde, si c'était vraiment une crise de somnambulisme, elle aurait pu lui répondre plus clairement n'est-ce pas ?
Mouais, bref. La Ashcrown décida de ne pas se torturer les neurones avec cela, donc de fournir une réplique courte et non constructive, quand elle remarqua que sa vis à vis jouait nerveusement avec ses bracelets, visiblement de moins en moins rassurée. Elle préféra garder le silence, sentant qu'elle allait ajouter quelque chose.

Avec la question qui suivit, la lumière se fit un peu sur la situation. Si son interlocutrice semblait si peu à l'aise en sa présence, c'était parce qu'elle avait peur des vampires. Une peur panique, si Aria en jugeait par son regard et les légers chevrotements de sa voix. On aurait dit une enfant tétanisée à l'idée qu'un monstre ne sorte d'en-dessous de son lit pour la dévorer, mais avec quelque chose de différent. Quelque chose de tangible. La différence, c'était que si les terreurs d'un enfant n'avaient pour seuls fondement que les histoires des parents et leur imagination, elle sentait que celle de cette demoiselle lui venait de l'expérience. Après, de là à savoir ce qu'elle avait vécu, il y avait un sacré chemin que l'immortelle ne comptait pas emprunter dans l'immédiat. Tout d'abord, elle confirma l'hypothèse de la blondinette.

« … C'est exact », dit-elle enfin, après une longue pause durant laquelle elle n'avait pas quitté son interlocutrice des yeux.  « Je suis une sang-pur. Les vampires te font-ils si peur que cela ? » Non pas qu'elle pourrait l'en blâmer, beaucoup de ses semblables avaient un sale caractère mais aucun scrupule.
Là, elle fit un léger pas en avant sans émettre aucune mauvaise intention. Pourquoi faire, quand elle ne lui voulait aucun mal ?« Ne t'en fais donc pas, je ne te ferai aucun mal. Tu as ma parole. » Cela dit, elle tendit doucement la main vers cette jeune fille et continua aimablement. « Je m'appelle Aria. Et toi ? » Ce n'est qu'à ce moment qu'elle se remarqua qu'elle était passée du vous au tu, sans s'en rendre compte. Un changement qui n'avait pas vraiment d'importance en soi, il ne fit que lui traverser rapidement l'esprit.

HRp : encore pardon du retaaaard ;A; j'espère que la réponse te va éè ♥

And you hope in vain

Alice & Aria

Elle joue les durs
Ou plutôt, elle fuit.
Elle tente, s'efforce, se mine par la force du désespoir à maintenir le masque en place. En vain. Ce n'est qu'un loup, un déguisement, de surcroît bien trop petit pour dissimuler sa peur.
Elle s'en veut de cette faiblesse qui l'envahit. A peur des vampires ainsi que de cette fissure qui la fragilise, qui l'a faite prendre conscience que le courage ne suffit pas. Elle aimerait s'éloigner, mais son corps refuse de répondre ; est-ce qu'un prédateur ne lui sautera pas dessus, si elle esquisse le moindre geste ? Ironiquement la fuite rend vulnérable, les chasseurs et les proies le savent mieux que quiconque.
Et cette enfant se sentait proie.

Transparente, sensible, cassante. Comme une statue de verre trop affinée par son créateur. Voilà ce dont sa vis à vis avait l'air, aux yeux d'Aria. Elle craignait de s'y prendre mal, de la blesser. Pour une fois que ce n'était pas elle qui était effrayée mais une si jeune demoiselle, la sang-pur n'espérait qu'une chose : ne pas empirer la situation. Elle avait assez d'expérience dans le domaine, pour savoir que trembler à la simple idée qu'on nous effleure était un calvaire. Alice n'avait pas besoin qu'on lui en rajoute une couche, mais plutôt qu'on la rassure. Évidemment elle ne pensait pas être en mesure de lui fournir autant d'aide que cela, c'est tout juste si l'héritière se pensait capable de lui fournir un autre point de vue sur les vampires. Et avec un peu de chance, cela suffirait à ce que l'adolescente trouve le courage d'abandonner les apparences pour affronter ses peurs.
Ce n'était pas qu'une impression. Elles le savaient toutes les deux, mais la plus jeune feignait – très maladroitement – l'ignorance. La preuve : en voulant dire non de la tête, elle avait en fait dit oui par le reste de son langage corporel. Pour toute réponse notre Ashcrown se contenta d'un regard franc, démontrant ainsi être sûre de ce qu'elle avançait.

Elle espérait ne pas mettre son interlocutrice encore plus sur ses gardes, mais donner sa parole n'était pas suffisant. Alice recula par réflexe lorsqu'elle fit un pas en avant, et Aria y voyant là un signe que la jeune fille préférait s'en aller plutôt que de se laisser approcher par un vampire, se figea complètement. Elle guetta le moindre geste, tel un animal cherchant à ne pas en faire fuir un autre et attendant de voir ce que celui d'en face comptait faire. A les voir, on aurait dit qu'elles se livraient à un étrange duel.
Cela dit la demoiselle craintive se présenta malgré tout. La vampire, désireuse de tenter sa chance, lui tendit alors la main ; mais c'était encore bien tôt, et elle se résigna bien rapidement à laisser retomber. Alice, peut-être gênée de ne pas avoir saisi cette main, s'excusa en affirmant que ce n'était rien de personnel, bien que la demoiselle aux cheveux argentés n'attendait aucune explication de sa part. « Je m'en doute », répondit-elle tout simplement ; après tout ce n'est pas comme si elles se connaissaient. En outre elle n'était pas du genre à blâmer les gens parce qu'ils n'avaient pas su surmonter une appréhension, puisqu'elle-même y succombait très facilement. Et puis Alice se rattrapait déjà très bien par sa politesse.

Quoi que, la surprenante question qu'elle posa aurait pu passer pour une insulte. Allons bon, elle avait l'air d'une psychopathe ou quoi ? Aria n'était pas du genre à se jeter sur tout ce qui bougeait, au contraire. Mais au lieu de le prendre mal, elle fut simplement surprise. Assez en tout cas pour que durant une traînée de secondes, elle suive la voie du silence. Quelle réponse pourrait bien être exacte ? Est-ce que se contenter de dire la vérité suffirait ?
Finalement, sa réaction lui vint naturellement. L'épéiste fronça les sourcils – de quelques millimètres à peine – et son ton se fit moins doux. Elle allait essayer de secouer sans la brusquer cette jeune fille.

« Pourquoi, tu préférerais que je t'en fasse ? Nous pouvons toujours nous arranger. Un vampire ne dira jamais non à une gorgée de sang, si on la lui propose. » Peut-être que ce n'était pas ce qu'Alice souhaitait entendre, mais ce n'était pas faux. Refuseriez-vous d'y goûter, si on vous proposait une bouchée de votre plat favori ?
Après, ne restait plus qu'à espérer que la suite ne serait pas totalement étouffée par ces paroles. Cette prière silencieusement formulée, elle émoussa le tranchant de sa voix, en prenant un air plus professoral que moralisateur. « Mais si ta réponse est non, alors je ne te toucherai pas. Tous les vampires ne s'en prennent pas aux innocents, cela ne concerne que les bêtes sans éducation ou ceux dont la soif est trop grande. Ai-je l'air d'une affamée ou d'une sauvage qui t'attaquerait sans raison ? » Pour aider Alice à reprendre confiance, autant dans l'espèce vampirique qu'en elle-même, Aria allait commencer par les lui montrer sous un jour moins horrifique. Par chance, elle faisait partie de ceux qui n'avaient pas abandonné leur côté "humain" – leur cœur – pour devenir des monstres sanguinaires.