Le jeu du chat et de la souris

Décidément tu ne t'en sortais pas. Cette jeune femme avait du répondant et même si tu trouvais que cela changeait de ton quotidien, tu commençais à trouver cela quand même un peu trop dérangeant pour toi : n'avait elle rien d'autre à faire qu'être là à te cuisiner ? Que pouvait elle bien faire comme métier ? Policier ? Avocat ? Si c'était le cas, tu serais vraiment très mal barré mais heureusement que, pour le moment du moins, elle ne connaissait rien de ton « métier ».
La question fusa : d'après elle, tu appréciais qu'elle s'intéresse à toi de cette manière là. Tu eus un petit ricanement en répondant :

Shizoku : « Quel homme digne de ce nom n'apprécierait pas d'être face à une si jolie demoiselle ? Cependant, je dois avouer que je ne suis pas habitué à un tel comportement et j'ai bien peur de ressentir votre intérêt pour moi comme une tentative d'intrusion dans ma vie privée, mademoiselle »

En même temps, personne ne prenait jamais la peine de discuter avec toi de cette manière mais... Non, c'était faux. En fait la faute te revenait totalement puisque c'était toi qui ne prenais jamais le temps de discuter posément avec les autres puisque tu n'étais pas là pour ça la plupart du temps. Tu venais les mains vides certes, mais tu repartais aussi rapidement et avec les mains pleines d'objets qui ne t'appartenaient pas.
Puis, tu avais révélé quelque chose que tu n'aurais peut être pas dû, que tu aurais sûrement dû garder pour toi parce que la jeune femme ne tarda pas à sauter sur l'occasion pour te demander si vous aviez d'autres points communs que celui de maîtriser tout deux le feu. Haussant les épaules, tu levas la tête vers le ciel bleu nuit pour soupirer une réponse :

Shizoku : « Peut être bien que nous avons d'autres points communs mais, vu que vous semblez forte au jeu des devinettes, pourquoi ne pas essayer de trouver la réponse par vous même. Normalement les indices que je vous ai donné devraient vous mettre sur la voie, Miss Sherlock Holmes »

Tu insistais quelques instants sur ce petit surnom que tu trouvais réellement approprié pour la jeune femme avant de te rendre compte que, même si tu continuais à discuter avec elle, tu ne la connaissais pas puisque aucun de vous deux ne s'était présenté. D'ailleurs, à ce propos, il n'était pas encore question que tu dévoiles ton identité.
Puis, la demoiselle commença a te tourner autour et ton instinct animal interpréta cela comme la démarche d'un prédateur qui essaie de trouver le bon angle pour attaquer sa proie. Cependant, son interrogation était tout autre : elle te demandait si c'était parce que tu avais besoin d'argent que tu te comportais de cette manière. Cette fois ci, tu sentis ton coté démon perdre patience :

Shizoku : « Parce que cela se voit tellement que je suis pauvre ? J'ignorais que c'était à ce point marqué sur mon front ! Parce que tu penses aussi que je me comporterais autrement si j'avais plus d'argent ? Alors dans ce cas dis le moi « Miss je-sais-tout », comment je devrais me comporter ? Hein ? Dis le moi. Je serais curieux d'entendre ta réponse tiens »

Fini le jeune homme poli, courtois et respectueux d'autrui. En même temps, tu avais une origine assez instable et même si ce comportement n'apparaissait pas si souvent, tu n'étais pas à l'abri de faire une « rechute ». Une nouvelle fois, Miji était apparut aux cotés de la jeune femme et se débrouillait pour retourner dans ses bras en tirant légèrement sur sa robe.
Semblant avoir compris le message, la jeune femme le pris dans ses bras en lui posant une question comme si elle espérait que le chaton lui réponde. Malheureusement, elle n'entendis que des miaulements de la part de la petite boule de poils tandis que tu serrais tes poings toujours en flammes comme pour essayer de te calmer

Voyons, à quoi est ce que cette jeune femme jouait exactement ? Tu n'en savais rien mais la situation plaisait fortement à ta moitié démoniaque même si elle ne plaisait absolument pas à ta moitié hybride. Tu étais certes criminel mais entre un assassin et un voleur, il y avait vraiment une différence de taille et une ligne à ne pas franchir.
Cependant, tu devais avouer que la tentation te titillais depuis quelques instants puisque la jeune femme s'amusait à s'introduire dans ta vie privée et cette intrusion ne te plaisait pas du tout ! En plus elle avait le toupet de te dire de prendre plutôt cela comme une aide. Essayant de garder ton calme et ta politesse, bien qu'ils se fassent vacillants, tu répondis :

Shizoku : « Comme ça Miss Sherlock Holmes voudrait jouer les bons samaritains ? Quelle intention louable, mademoiselle. Cependant, j'aimerais bien vous poser une question : comment pouvez vous être aussi certaine que j'ai besoin d'aide ? Ai je l'air aussi malheureux que cela ? Pourtant, ne venez vous pas vous même de me qualifier de « craquant » ? Dois je alors interpréter que les hommes que vous trouvez « craquants » sont, pour vous, des hommes malheureux ? »

Peut être était ce un peu trop tiré par les cheveux, peut être avais tu dis tout ce baratin pour, finalement, ne pas dire grand chose. En fait, la raison pouvait être que tu voulais embrouiller la jeune femme pour ne pas subir encore ses interrogations qui te dévoilaient de trop. Garçon solitaire, tu voulais garder cette grande part de mystère qui était en toi.
Cependant, tu semblais être tombé sur une adversaire assez coriace qui ne semblait pas vouloir lâcher l'affaire. Heureusement, tu eus quelques instants de répits involontaires grâce à Miji qui avait élu domicile dans les bras de la jeune femme et qui, lui non plus, ne semblait pas vouloir la lâcher. Enfin en même temps,avoir un chaton dans les bras n'était pas une corvée.
Comme ça elle aurait préféré que tu lui dévoile tout plutôt que de jouer aux devinettes. Cette remarque te fis sourire alors que tu répondais :

Shizoku : « Voyons, quel intérêt pourrais je avoir à tout vous dévoiler de suite, chère demoiselle ? Je suis navré mais j'aime conserver un peu de mystère en moi et puis, pour être honnête avec vous, je trouve cette situation amusante. Rassurez vous cependant : si vous ne trouvez vraiment pas, je vous promet de tout vous dire mais promettez moi avant de faire un effort de recherche »

Mon ton se fit plus doux, voire un peu plus tendre même, jusqu'à ce que la jeune femme ne mette le doigt là où il ne fallait pas. D'habitude ta nature démoniaque n'apparaissait que lorsque tu buvais de trop mais là... C'était la goutte d'eau qui avait fait débordé le vase, pour ne pas avoir à parler d'alcool.
Cependant, tu étais loin de prévoir la réaction de la jeune femme. En effet, celle ci, même si elle paraissait surprise au premier abord, au lieu de fuir, s'approcha de toi pour prendre tes mains toujours enflammées et les poser au niveau de son cœur. La tuer ? Pour ton coté démoniaque c'était une évidence : bien sûr que tu allais la tuer. Après tout cette femme en savait de trop sur toi et ça pouvait être dangereux. Ton sourire se fit d'ailleurs mauvais en ayant une telle pensée, dévoilant tes petites crocs.
Soudain, une aura démoniaque jaillit tout autour de toi formant un espèce de cocon protecteur sauf qu'une partie de toi rejetait en bloc cette protection. Cependant, ta colère était telle que tu avais bien du mal à te maîtriser. Heureusement, il y avait Miji. Semblant se désintéresser de la jeune femme, il sauta par terre et miaula de telle façon que l'aura démoniaque tout autour de toi diminua même si elle restait toujours là :

Shizoku : « Te tuer ? En es tu vraiment certaine ? Parce que, même si tu penses me connaître, sache que moi non plus je ne suis pas celui que je paraît... »

Menaces ? Oui ou non. Maintenant c'était à la jeune femme de trouver comment réagir à ton étrange comportement

Tu sentais que tu perdais réellement les pédales. Ta longue réplique, la jeune femme ne l'avait pas compris et te répondais même que ce que tu disais n'avais aucun sens. En même temps, quand on était pas réellement soi même c'était un peu normal non ? Enfin bon, d'un coté c'était sûrement ce que tu voulais puisque tu l'avais fait.
Quoi qu'il en soit, tu ne répondis pas à cette remarque, observant d'ailleurs que la jeune femme n'avait également pas prit la peine de répondre à la tienne lorsque tu lui avais demandé de faire un effort de recherche en ce qui concernait la découverte de ta réelle identité. D'ailleurs, elle avait raison de ne faire aucun effort puisque tu lui donna le prochain indice malgré toi.
Pris d'une soudaine colère, ton aura démoniaque ne tarda pas à faire surface, derrière toi, comme si elle voulait te protéger de quelque chose. Tu ricanas et tes crocs sortirent légèrement de ta bouche tandis que tes paumes en flammes se tendaient vers le cou de la jeune femme dans l'intention première de lui briser la nuque mais heureusement que Miji avait poussé un miaulement.
D'accord, cela n'enleva pas, totalement, la rage qui couvait en toi mais au moins cela eut le don de te calmer légèrement alors que la demoiselle te disais qu'elle ne voulait pas aggraver les choses. À partir de ce moment là, tu commenças à afficher un sourire terrifiant, ne contrôlant plus beaucoup ta partie démoniaque jusqu'à ce que tu entende un drôle de bruit venant de la jeune femme : serait elle entrain de chanter ? Apparemment oui.
Intrigué, tu la regardas sans trop comprendre ce qu'il se passait mais la douceur de la musique te calmas doucement. Lentement mais sûrement tu repris ton état normal, l'aura de flammes vertes finissant par disparaître te laissant légèrement épuisé si bien que ton corps se plia en avant et que tu fus obligé de plier le genou pour ne pas t'écrouler totalement sur le sol.
T'accordant quelques instants de pose, tu te redressas ensuite légèrement puis prit la parole :

Shizoku : « Pardonnez moi, il semblerait que je me sois laissé emporté... Je n'aurais jamais pensé que le sujet de l'argent soit autant sensible pour moi... Veuillez me pardonner mademoiselle... Ce n'était pas courtois de ma part... »

D'autant plus qu'à présent elle connaissait sûrement une partie de ton identité alors que tu t'évertuais à la cacher. Heureusement cependant, la demoiselle avait chanté ce qui avait contribué à ton calme même si tu sentais que tu n'étais pas encore totalement redevenu toi même. En effet, lorsqu'on a une moitié démoniaque, on était toujours instable.
Ne semblant repérer aucun autre danger, Miji s'approcha de toi et se frotta contre ta jambe en ronronnant de bonheur. D'ailleurs, tu te demandais bien comment ce petit animal pouvait accepter de rester auprès d'un maître aussi instable que toi mais... Même si tu avais une moitié animale, tu n'avais pas la prétention de comprendre toute leur psychologie.
Légèrement épuisé par ta perte de contrôle momentanée, tu te relevas ensuite, en regardant la jeune femme dans les yeux pour finir par soupirer :

Shizoku : « Bien. Cela va sûrement vous paraître étrange venant de ma part mais j'accepte de jouer cartes sur table avec vous à une condition : souhaitez vous vraiment connaître ma réelle identité ? »

Etrange oui, parce que tu étais entrain de baisser les bras devant la jeune femme et que, pour une fois, tu étais sincère dans tes propos

La remarque de la demoiselle était très judicieuse : pourquoi m'étais tu tellement de cœur à rester aussi distant par rapport aux autres ? Le contact avec autrui n'était il pas indispensable pour les humains ? C'était bien cela le problème : tu n'étais pas humain. D'ailleurs, la petite démonstration de tout à l'heure en était la preuve flagrante.
Non, tu étais même loin d'être un humain : tu étais un être mi Raton-Laveur, mi Démon donc il pouvait être assez normal que tu ne recherche pas la compagnie des autres. Pourquoi étais tu si distant ? Une seule réponse te vins immédiatement à l'esprit :

Shizoku : « Parce que je suis différent et que je ne souhaite pas me mêler aux autres. Après, je ne peux malheureusement pas vous en dire plus »

Tout simplement. D'ailleurs oui, que pouvais tu ajouter de plus que la vérité ? De plus, la plus pure sincérité sortait de des paroles. Tu ne pouvais pas être plus honnête même si, quelque part, cela te dérangeais : en effet, tu n'avais jamais été vraiment honnête depuis quelques temps si bien que tu te demandais si tu avais vraiment été honnête un jour.
Non, cela t'étonnais : en même temps, si tu étais quelqu'un d'honnête, tu ne serais pas ce que tu étais actuellement : un pauvre voleur qui doit jouer le rôle du parfait gentleman pour séduire tes victimes afin de les dépouiller. Un parfait manipulateur qui devait avoir un sacré cœur de pierre pour ne pas ressentir la déception et la trahison de ses victimes.
D'ailleurs, c'était à moitié vrai : d'un certain coté oui, tu avais un cœur de pierre. En même temps, les démons n'étaient pas connus pour ressentir de la compassion ou de la tendresse pour les autres. Non, dans l'imaginaire de tous, ils étaient plutôt connus pour faire régner la terreur et tu avais cette moitié là qui dormait en toi et que tu assumais pourtant, totalement.
La jeune femme semblait étonnée de t'entendre ainsi, comme si elle s'étonnait également que tu baisses aussi rapidement les bras. D'un certain coté oui, ce comportement pouvait être synonyme de faiblesse mais comme elle t'assurais qu'elle garderait ton identité secrète.... Pourtant, même en sachant cela, pouvais tu réellement lui faire confiance.
Les fois précédentes, tu n'avais jamais eu à faire ce choix puisque tu te débrouillais toujours pour prendre la poudre d'escampette quand tu trouvais ton interlocuteur trop curieux. Cependant, là, c'était comme si tu voulais faire un coup de poker. Le seul problème était que tu serais parfaitement sincère, que ce ne serait pas du bluff pour une fois.
Poussant un soupir, tu lui répondis :

Shizoku : « Bien. Comme je ne veux pas vous faire l'affront de ne pas respecter ma parole, je vais arrêter ce stupide jeu de devinettes et jouer carte sur table avec vous. Qui suis je ? La petite démonstration de tout à l'heure vous à montrer une partie de ce que je suis. Je suis donc un Démon oui et cette moitié fait partie de moi. Cependant, d'un autre coté... Quand je vous ai dis que nous avions plusieurs points communs, nous en avons deux, plus exactement et je pense qu'une deuxième démonstration sera plus parlante qu'une explication orale »

Et cette démonstration la était volontaire. Tu te reculas légèrement et tu souris à la demoiselle même si elle pouvait déceler une pointe de tristesse. Tu fermas ensuite les yeux et soudain de la fumée verte fit son apparition, un peu comme l'aura qui t'avais entouré sauf que celle ci n'avait rien de démoniaque.
La concentration de fumée dura quelques secondes autour de toi puis, quand elle disparu complètement, ce n'était plus un « homme » qui se tenait devant la jeune femme mais plutôt un Raton-Laveur vert avec un chapeau sur la tête – animal sommes toutes très original – qui fut tout de suite « prit en chasse » par Miji qui semblait heureux d'avoir retrouvé son « compagnon de jeu ». Il te poursuivit donc tandis que tu essayais de t'échapper en poussant de petits couinements aigus

Le problème sous cette forme était que tu étais un camarade de jeu pour Miji et le chaton ne se priva pas pour te poursuivre, te filant sans doute la peur de ta vie puisque tu n'étais plus habitué à cette forme. D'ailleurs, cela dû également surprendre la jeune femme : après tout ce n'était pas banal de croiser un démon enragé capable de se transformer en une créature sommes toutes beaucoup plus inoffensive.
Heureusement cependant, la jeune femme eut la présence d'esprit de savoir comment occuper ton chaton en le prenant dans ses bras parce que tu commençais à fatiguer. La langue pendante d'avoir autant couru, cela témoignait de ta course effrénée même si ce n'était pas méchant : après tout, pour Miji il s'agissait plus d'un jeu qu'autre chose.
D'ailleurs, le chaton était déjà entrain de jouer avec la boucle d'oreille de la demoiselle pendant que celle ci te posais une autre question. En effet, elle te demandais ton nom et ce que tu faisais dans la vie. Autant que pour l'argent, ce sujet était également sensible pour toi. Poussant un petit couinement, tu décidas de reprendre forme humaine dans une volute de fumée verte :

Shizoku : « Mon nom et ce que je fais exactement dans la vie ? Je suis réellement navré mais je regrette. Je ne pourrais malheureusement pas répondre à ce genre de questions puisque je n'ai pas pour principe, d'étaler sur ma vie privée, surtout devant une parfaite inconnue aussi ravissante soit elle »

La petite pique qui allait bien là où il fallait pensais tu. Pourtant, tu ne voulais absolument pas lui répondre puisque tu ne voulais pas qu'elle connaisse toute la vérité sur toi. Déjà qu'elle connaissait tes deux origines à présents... Tu n'allais pas non plus tout lui mâcher le boulot quand même ! Et puis tu avais également saisi le petit sourire qu'elle t'avais fais alors que tu étais encore sous ta forme de Raton-Laveur.
Tu te demandais bien ce que voulait signifier ce petit sourire narquois. La jeune femme avait elle quelque chose en tête ? Tu n'étais pas spécialiste du comportement humain mais quelque chose te disais qu'elle ne te regardais pas avec une totale innocence. D'ailleurs, tu ne pouvais t'empêcher de lui poser la question, en toute curiosité :

Shizoku : « Bien que je ne vous pose pas la question sur votre nom et votre profession il y a bien une question qui me viens à l'esprit. Je pourrais me tromper mais j'ai l'impression que vous attendez quelque chose de moi, est ce vrai ? »

Parce qu'avec la force des choses, tu étais devenu une sorte d'analyste et, souvent, le regard disait des choses que les paroles ne disaient pas. Cette pensée fit augmenter ta curiosité d'un cran. D'ailleurs, si cela se trouvais, tu terminerais par égaler la jeune femme niveau questions. En même temps ce serait injuste qu'elle ai le monopole des questions intrusives