two women and one boy × ft. matthew&haylei

Two women and one boy Haylei x Matthew x Abygaëlle

Haylei était venue squatter.
Encore.
Remarque, c'était devenu une habitude depuis qu'on avait eu le droit de quitter la maison, Louka et moi. À nos yeux, Haylei vivait avec nous... même s'il lui arrivait de débarquer au beau milieu de la nuit, elle vivait avec nous. Alors aujourd'hui, pour pas changer, ma ravissante petite soeur avait sonné à la porte de l'appartement que je partageais actuellement avec mon frère jumeau et notre colocataire que nous avions retrouvée échouée à la mer. Ma vie était une succession d'événements bizarres, mais que voulez-vous, on est F-H ou on ne l'est pas... Pour tout vous dire, je me serais bien passé de la présence de ma jeune sœur aujourd'hui, étant donné que j'avais une toile particulièrement importante à rendre pour le lendemain. Dire que je me retrouvais à peindre à cause d'un maudit pari perdu contre mon crétin de frère.

« Maaaaaaaaaatt'...J'm'ennuiiiiie... »
« Qu'est ce que tu veux que j'te dise ? »

J'avais lâché ça dans un soupir, en ignorant si elle m'avait entendu. Probablement pas, car je voyais à l'allure de ses pieds fraîchement vernis qui dépassaient du sofa et qui gigotaient avec une lassitude proche du désespoir. Cette vision me fit esquisser un sourire, mais je reportai mon attention sur la toile posée sur mes jambes appuyées sur la table basse du salon - ouais, je pose les toiles sur mes genoux... les conservateurs trouvent ça blasphémique. Pour une fois que nous étions seuls tous les deux, j'avais préféré m'installer dans la pièce à vivre plutôt que de m'isoler dans l'atelier. Même si j'avais l'air de me contreficher de ce que faisait ma petite sœur, ça n'était pas le cas, mais je me gardai bien de lui montrer... après tout je n'étais pas le genre à montrer mon affection envers les gens. J'étais loin d'être aussi expressif que ma petite sœur par exemple. Cette dernière me fourra son téléphone sous le nez, m'arrachant un grognement exaspéré alors qu'elle me rappelait les origines de la vidéo qu'elle me montrait.

« Ah ouais, c'est le mec qui c'était pris deux balles dans l'cul non ? »

Un petit rire m'échappa en me remémorant cette fameuse journée où nous étions sortis tous les... cinq. À cette époque, Louka et moi-même partagions encore le même corps, mais ça c'était avant. Même la famille avait réussi à s'habituer à ce changement brutal, suite à une expérience on ne peut plus douloureuse que nous avions dû exécuter seul, mon frangin et moi. La voix d'Haylei résonna dans la pièce, agrémentée d'exclamations et d'éclats de rire auxquels je me joignis, un peu discret par mon travail tout de même. Écouter ma sœur raconter une anecdote me permettait de me rappeler en détail de ce qu'il s'était passé à cet instant, rendant le moment plus mémorable encore.

Quand elle eut fini, je replongeai dans mes affaires, et miss Haylei se leva pour trafiquer je-ne-sais-trop-quoi avec son flacon de vernis. Elle devait vraiment s'ennuyer, mais disons que ça n'était pas ma priorité dans l'immédiat compte tenu de ce que j'étais déjà en train de faire avant qu'elle ne débarque subitement. Je sentis ses bras s'enrouler autour de mon cou et sa tête se poser sur mon épaule. Ce genre de contact était à nos yeux tout à fait naturels dans la mesure où nous étions frères et sœurs... la repousser serait totalement débile et injustifié. Mais ces gestes étaient devenus naturels au fil du temps, comme une bise ou une poignée de main. Je continuai de dessiner sans faire attention à elle, jusqu'au moment où elle me proposa de sortir. Avec sa voix cristalline qui faisait toujours craquer papa. J'observai la toile quasiment finie qui reposait sur mes jambes, et la lançai finalement sur la table basse qui se trouvait à un mètre à peine.

« T'es vraiment soûlante quand tu veux... »

À vrai dire, je me faisais autant chier qu'elle, à dessiner quelque chose qui ne m'emballait pas le moins du monde. L'abstrait était trop... abstrait. Ce qui était flou à mes yeux n'était pas de l'art, raison pour laquelle les tableaux issus de faits réels m'inspiraient bien plus. Mais pas assez pour me persuader que l'art pourra un jour faire tourner le monde comme essaye de me faire comprendre mon paternel. Je m'accordai dix minutes pour prendre une douche en vitesse et m'habiller le plus simplement du monde, pour rejoindre finalement ma sœur qui patientait sur le pas de la porte. Haylei avait beau être assez grande dans son genre, elle ne me dépassait pas encore même avec ses talons - encore heureux - et on pouvait ainsi d'attribuer le mérite de ressembler à des mannequins en défilé lorsque nous passions dans la rue. Par galanterie, je la laissai passer devant chaque fois que nous nous retrouvions face à une porte, et c'est sans compter sur une discussion active que nous traversions une bonne partie du centre-ville. Se retrouver dans des situations de silence total avec Haylei à ses côtés était tout bonnement impossible.

Depuis qu'elle est petite, Haylei sait pertinemment qu'elle plaît aux gens. C'est de famille, mais une fois que l'on s'en rend compte, il est facile de tirer ce profit à notre avantage. Elle... j'ai l'impression qu'elle plait juste pour plaire. En tant que grand-frère, il était vrai que j'avais eu beaucoup de mal à accepter l'idée que les hommes se mettent à la regarder avec la même tête de pervers sans cervelle, et la voir se pavaner comme elle le faisait m'avait amené à l'engueuler à plusieurs reprises depuis ces quelques dernières années. Bien sûr qu'elle ne pouvait pas s'en empêcher, mais moi non plus. Loin d'avoir des attitudes de petit ami jaloux, c'était plutôt celles d'un grand-frère (trop) protecteur. Mettez vous un peu à ma place et essayez de comprendre ce que je peux ressentir au moment où je croise ces regards qui louchent aux endroits où il ne faudrait pas.

En attendant, j'avais bien envie de faire comprendre à tous ces individus hystériques qui nous voyaient passer que ce n'était pas parce qu'un homme et une femme marchaient côte à côte qu'ils étaient forcément un couple. Les remarques du genre "ils vont bien ensemble", ça va un moment... sauf quand la fille avec qui ils se faisaient des fantasme s'avérait être votre sœur cadette. Un hurlement me parvint du bout de la rue, coupant court à la conversation sans autre forme de procès. Haylei et moi nous stoppâmes dans un même mouvement, surpris par une exclamation aussi insolite que jamais je n'aurais cru pouvoir entendre un jour. Je la regardai de haut en bas en constatant la flagrante non-proportionnalité de son corps compte tenu de l'immensité de ses jambes. Deux espèces de bâtons d'encens, un peu maigres d'après mon avis personnel. Histoire de casser vos idées faites les filles : la plupart des mecs préfèrent les femmes bien en chair que les anorexiques calquant sur les mannequins que l'on trouve en train de défiler sur les podiums lors de la fashion week annuelle.

Cette demoiselle trop mince au niveau de la taille semblait connaître ma frangine, mais à en juger par la réaction de cette dernière, je doutais que ce fut réciproque. Je restai muet face à la scène et regardai l'autre gamine - en dessous de l'âge de ma sœur, les gens sont des gamins à mes yeux - s'exciter à propos de "créas" ou je ne sais quoi. J'avais entendu que ma petite sœur commençait à exposer dans ses magasins, mais j'ignorais qu'elle s'était déjà fait un nom du côté des adolescentes. Remarques avec la génération d'aujourd'hui, je n'étais même pas surpris que les adolescentes soient attirées par des créations aussi peu habillées que l'étaient celles d'Haylei. Pas qu'elles soient vulgaires, juste que le tissu manquait un peu à certains endroits. À en juger par la tête de la demoiselle, je doutais qu'elle puisse être l'une des connaissances de ma soeur car elle avaient beau avoir un petit air de ressemblance dans l'attitude, ça s'arrêtait là.

« On est en pleine rue, Miss, j'ai pas de création sous la main, pour une fois que cette robe-là n'est pas de moi...Et tu es? »
« Pas quelqu'un d'intéressant. Viens on s'en va. »

Pas que mon bras commençait à m'être douloureux, mais je tenais à le garder en vie, s'il vous plaît. Toutefois, je laissai à ma cadette le choix de si nous devions partir ou pas. Après tout ça n'était pas comme si un homme venait de lui sauter dessus dans la rue, auquel cas je ne me serais pas gêné pour lui mettre un coup de pied là où je pense. Cela ne m'empêcha pas de lui attraper le bras pour la tirer vers moi, puisque c'était sans doute la meilleure chose à faire compte tenu de l'appel à l'aide muet qu'elle me lançait à travers ses ongles parfaitement manucurés. Je baissai un regard sans expression particulière sur la demoiselle qui, à mon humble avis, devrait arrêter de se donner un genre "fofolle" si elle voulait survivre dans ce milieu.

Two women and one boy Haylei x Matthew x Abygaëlle

Je la toisai de haut en bas, pour m'arrêter sur l'ours qui se tenait à ses côtés. Un vrai ours hein, pas comme Seraph, qui était un panda roux. Vous comprenez pas ? Alors faites le rapport : panda = ours, non ? ... Alors pourquoi, expliquez-moi, cet animal avait-il une putain de tête de renard ? Pourquoi ? Enfin, ça n'était pas la question du jour. Haylei me tirait vers elle dans l'idée que nous pourrions nous en aller en mode discret... j'aurais approuvé son idée en temps normal, mais vu la façon dont elle avait accosté ma sœur, j'étais persuadé qu'elle ne nous laisserait pas filer de si tôt. Tiens, voilà qu'elle se présente...

« Qu'est ce que j'disais... soupirais-je en baissant la tête.

Si j'étais aussi exaspérant, c'était sans doute dû au fait qu'Abygaëlle me forçait à transgresser l'un de mes mes principes de base, à savoir "ne jamais traîner avec des filles plus jeunes que ma soeur" or cette nana était assurément moins vieille qu'Haylei... et merci, mais les gamines c'est pas mon kiff mais plutôt celui de Niji. Haylei leva la tête vers moi, et je baissai la mienne vers elle, l'air de dire "c'est comme tu veux" même si sincèrement j'aurais préféré qu'on passe notre chemin. Mais je m'adaptais toujours à Haylei, du moment qu'elle ne commençait pas à faire du charme à tous ceux qui passaient. Non mais attendez, personne n'a envie que sa soeur de dix-huit ans passe pour une catin, c'est normal. Surtout que j'ai encore l'impression qu'elle a quinze ans cette gamine...

L'accès est pas interdit au mineurs ?

Même si je savais pertinemment que non, ça ne coûtait rien de lui demander des fois qu'elle pense que oui et qu'elle décide de passer son chemin. Nous n'étions plus au centre-villes; plus personne ne respectait les règles une fois passé la sombre allée qui servait de passerelles entre les deux milieux sociaux. Je m'étonnai alors de la réaction d'Haylei. D'habitude elle n'était pas aussi tendre avec ces filles qui croyaient pouvoir dominer le monde avec leurs longues jambes et leurs beaux yeux. Soit c'était parce qu'elle était de bonne humeur, soit c'était parce que cette idiote de Kaori n'était pas là pour l'encourager à rejoindre le côté obscur de la force. Quoiqu'il en soit, elle préféra boycotter son admiratrice et s'intéresser à mon cas. Je sortis mon téléphone pour vérifier l'heure - oh, 17 messages non lus - et le rangeai aussitôt.

19h45. J'ai un truc à rendre mais à cause d'une certaine salade je vais devoir bosser dessus jusqu'à pas d'heure et me ramener en cours avec une tête de zombie... »

Face à cet air plein d'innocence, il fallait bien trouver quelque chose à répliquer. Parfois j'arrivais à la faire culpabiliser, parfois un peu moins... mais ses réactions avaient toujours le don de me faire rire, ce qui n'était pas donné à tout le monde. Et puis ça n'était pas comme si cette histoire de toile abstraite m'intéressait réellement... si je continuais à prendre des cours c'était seulement par respect pour ma mère. Et puis vis-à-vis du pouvoir que je possédais il fallait impérativement que je sache dessiner un minimum - niveau largement atteint cela dit - pour que ce don soit opérationnel. Enfin bref, tout ça pour dire que ces cours j'en avais rien à cirer. Elle recommença à parler, et je lui tirai la joue pour la faire taire.

T'as pas fini de poser des questions toi ?

Je la lâchai et passai un bras par-dessus ses épaules - mine de rien elle n'était pas si petite que ça Haylei, plus que moi mais quand même - avant de légèrement me laisser tomber sur elle, l'écrasant sous une petite partie de mon poids.

« Louka râle toujours après moi - je pouvais bien parler - alors une fois de plus ou de moins va pas changer ma vie. »

En poussant la porte avec Haylei sous le bras, je jetai un coup d'oeil vers Abygaëlle qui semblait nous suivre, déterminée à passer la soirée en notre compagnie comme si nous étions ses amis. Le nom des Harrington était connu, certes, mais pas pour moi, Haylei ou encore Louka... c'était plus les vieux qui le connaissaient, étant donné que nos parents étaient riches m'enfin, assez blablaté. Toujours était-il que je ne savais pas que les créations de ma cadette étaient aussi connues pour susciter autant d'effervescence autour d'elle. Je regardai la salle, en me rappelant la dernière fois que j'y avais mis les pieds alors que le soleil n'était pas encore couché. J'entrainai Haylei jusqu'à une table et me décidai à la lâcher quand ce ne fut plus possible de la tenir.

« Pas d'alcool pour toi, ou Louka m'le pardonnera pas. »

Contrairement à ce qu'elle pensait, Haylei ne tenait pas l'alcool. Elle avait dire ce qu'elle voulait, j'étais catégorique au sujet de "Haylei + Alcool = 3 000". Encore quand Louka est là, elle peut se le permettre - on est pas des bouchés du cul dans la famille - mais avec moi... ça risquait de dégénérer alors Loulou ne nous faisait pas confiance. Et il n'avait pas tort hein, même si je ne le disais jamais devant lui.

Two women and one boy Haylei x Matthew x Abygaëlle

« Vous voulez quoi ? »

On ne pourrait pas me qualifier d'habitué de la taverne - enfin presque - mais je n'avais jamais vu la tête de ce serveur, et bien que je repérai quelques têtes connues, ce fut un nouveau qui vint nous servir. Je repérai la façon dont il reluqua ma sœur, ce qui m'arracha un regard franchement pas agréable. Sans réfléchir, mon bras se posa au niveau du dos d'Haylei, calé sur le dossier du sofa. Elles commandèrent toutes les deux et je ne fis aucun commentaire sur le panaché de... de je ne sais plus son prénom. Mais bref, je n'étais pas responsable si elle faisait des conneries, car j'avais beau être majeur elle sûrement mineure, ce qu'elle faisait de ma vie n'était pas mon problème. Et puis à 16-17 ans, je n'étais pas un saint, hein.

« Une pression. »

Il nota le tout avec lassitude et pris congé, nous laissant seuls autour de la table. Je croisai une jambe sur l'autre et me désintéressai à moitié de la conversation qu'avaient ma cadette et sa fan. Je me pris un coup de cheveux dans la figure, et protestai légèrement plus pour la forme qu'autre chose. Ce ne fut pas le même serveur qui nous apporta nos boissons, mais bien une ravissante blonde aux yeux bleus... que je connaissais, forcément.

Matthew ! Ça fait un moment qu'on t'as pas vu tout seul !

Elle se pencha sur moi et me fit la bise, tandis que je passai outre le "tout seul" qui signifiait sans toute une bande de pré-adultes peu disposés à grandir - tout à fait à mon image cela dit. Elle gratifia les deux filles d'un sourires éclatant, et déposa les verres devant chacun d'entre nous, en se permettant de prendre deux gorgées dans le mien. Je la guettai avec indifférence jusqu'au moment où l'une de ses questions me sortit de mes pensées.

« Lucy et les filles t'ont vu avec une nana l'autre soir... tu nous la présente samedi prochain ? »

Je levai les yeux vers elle tout en lui prenant mon verre des mains, et haussai des sourcils l'air de dire « tu déconnes j'espère ? » ce qui lui arracha un éclat de rire peu discret. Elle fit claquer un baiser sur ma joue et retourna travailler, tandis que les deux adolescentes terminaient de parler de la raison pour laquelle la brune nous avait entraînés dans la taverne alors que nous n'étions même pas sûrs qu'elle soit réglo.

« En gros, pour toi Haylei c'est comme... une idole ? »

D'après le ton que j'employais, on aurait dit que je la prenais pour une conne. C'était pas super faux, mais je n'avais jamais eu beaucoup d'estime pour les gens plus jeunes que moi. Encore moins quand il s'agissait de filles. Et de garçons aussi. Enfin bref, tout ça pour dire que quand t'as moins de 20 ans, t'es qu'un gamin trop bête, voilà. Y'en avait qui faisaient exception, certes, mais bon... On en rencontre pas à tous les coins de rues. Et ceux-là ils prennent pas ta soeur dans leurs bras sous prétexte qu'elle fait de jolies fringues. Vous l'aurez compris, cette gamine ne volait pas bien haut à mes yeux, et rejoignait la plupart des nanas pourri-gâtées que je voyais à longueur de journées en allant en cours.

« Hay', on m'a proposé de passer un casting pour devenir mannequin. »

Lancer ça du tac au tac alors qu'Haylei était une hystérique n'était franchement pas une bonne idée... mais il fallait bien que je lui dise un jour. Seul Louka et Lorelay étaient au courant, étant donné qu'ils étaient présents lorsque j'avais reçu le courrier, mais étant donné que je n'avais encore pris aucune décision, je ne préférais pas le dire à tout le monde.