qu'on lui coupe la tête ! × léopold

Il faisait déjà chaud pour l’heure. J’avais décidé de prendre l’air quelques temps auparavant, espérant alors qu’il ferait un temps parfait pour sortir se balader non loin d’ici et j’avais alors choisi de te longer les immenses arbres qui constituaient un énorme bois donnant je-ne-sais-trop-où. Alors que je marchais, je me rappelais de mon arrivée. Je m’étais réveillé après avoir été happé par un halo lumineux, en plein dans Chloris, qui était la deuxième ville de l’île mais je l’appris plus tard, mais ayant l’habitude d’être dans des lieux inconnus, je m’étais vite adapté et avais trouvé un lieu où vivre dans la journée. Il me restait d’ailleurs encore énormément d’argent, malgré que l’habitation achetée soit un magnifique manoir en bord de rivière. A croire que mon père avait prévu que je ne me verrais pas habiter dans une petite maison ridicule. En arrivant, j’avais tout de même réussi à me disputer avec ma liée car je lui répétais que c’était bien elle qui m’avait proposé d’avancer, pour finalement arriver ici, dans cet endroit étrange plein de monstres en tout genre, comme des femmes-renardes ou des démons. Des vrais démons, vous savez, ceux avec leurs petites ailes noirs et leur sourire sarcastique. C’était à frissonner de dégoût, mais je ne suis peut-être pas bien placé pour jugé.

J’étais parti du manoir vers 5 heures du matin, ne supportant plus de rester cloitré chez  moi, en mettant bien sûr de côté les quelques nuits où je sortais pour aller charmer les plus belles créatures de l’île. Je n’avais même pas eu le temps – ou l’envie – de visiter les nombreux recoins de celle-ci. J’avais un peu marché dans la forêt mais manqué de m’y perdre, et je m’étais alors interdit d’y retourner. J’étais aussi allé acheter des babioles inutiles quelques semaines auparavant, comme pour essayer de donner un sens à mes journées… et je m’étais alors ennuyé à mourir et j’avais même hésité à mordre certaines marchandes, mais étais finalement rentré chez moi avec l’impression d’avoir à nouveau perdu mon temps, ce qui était probablement le cas d’ailleurs…

Puisque j’habitais en bordure de forêt, je m’étais dit qu’il serait plus simple de longer celle-ci et de voir où cela me mènerait. Je n’avais d’ailleurs encore jamais pris ce chemin, mais j’avais le pressentiment qu’il se passerait quelque chose si je faisais comme cela et pas autrement, et puis je n’avais rien à perdre de toute façon. Pourtant, après une heure à marcher – plutôt lentement, je l’avoue – je me rendais compte que ça n’avait servi à rien. J’avais juste pu apprendre que la forêt était vraiment large, et que la plaine l’était tout autant. Il faisait de plus en plus chaud, et je m’étonnais de ne pas avoir du m’allonger depuis le temps que je marchais à découvert sous les rayons du soleil, redoutant que ma peau ne brûle à tel point la chaleur était dense et affreuse pour n’importe qui d’autre de ma ‘race’ je présume. Au final, je décidai de m’appuyer contre un arbre et d’attendre que les choses se passent, mais un bruit attira mon attention, dans mon dos. Immédiatement, je tournai la tête vers la source du bruit et… souris en voyant le spectacle défilant devant mon regard.

Pour vous résumer la scène… Une fille aux cheveux bleus et une sorte de moutons courraient après un homme qui, apparemment, aurait voulu plus que tout déguerpir loin d’ici. Mais c’était trop tard pour lui. Rien ne sert de courir, il faut partir à point, n’est-ce pas ? Bien que ceci soit amusant voire un peu effrayant car il n’était pas coutumier de voir de pareilles actes sur Terre, je me dis assez rapidement que je n’avais aucunement le droit de me mêler de cela. De plus, je ne voulais rien avoir à faire avec des gens de ce rang et je serais bien parti moi aussi si j’avais été en mesure de bouger, mais le soleil m’empêchait en grandes parties de me déplacer aussi rapidement qu’à l’habitude. Je choisis donc de rester à ma place, regardant les feuilles se soulever suite à une petite brise, en attendant d’être enfin tranquille.

Bien sûr, Dieu riant de moi depuis un moment déjà, je ne pus qu’être surpris lorsqu’une lame vint se poser sur ma gorge, et que l’arbre derrière moi vacilla avant de se coucher sur le côté, coupé net.

« Que fais-tu là ? »

Il ne me fallut pas une seconde pour comprendre que c’était à nouveau la jeune femme aux cheveux bleus qui se présentait devant moi… bleus… encore une teinture stupide pour une fille stupide. Je sais, vous pourriez vous dire que les miens étaient rouges, mais ils étaient naturels. Bien évidemment, il n’y avait qu’une façon de se sortir d’une situation pareille. Je posai alors ma main sur le plat de l’épée, me décalai et, d’un coup sec, la subtilisai à cette folle et la plantai dans le sol. Puis, délicatement, je prenais sa main dans la mienne et, tout en lui faisant une révérence, baisai celle-ci.

« Je me suis égaré, mais je viens de retrouver ma lumière. Pourrais-je vous retourner la question ? Que fais une aussi charmante demoiselle toute seule à cette heure-ci ? »

Je gardai tout de même un œil sur elle, d’autant plus que Naïa – que j’avais presque oublié tant elle se faisait discrète – attendait patiemment dans ma manche, au cas où elle devrait mordre cette énergumène. Bien sûr, ne voulant pas passer pour un ennemi, je repris l’épée et lui tendis, comme le chevalier servant pour lequel je me fais passer.

« C’est une bien belle arme, presque aussi belle que sa propriétaire. Vous devriez faire attention avec celle-ci : Cela me peinerait d’apprendre qu’une dame de votre magnificence ait laissé couler ne serait-ce qu’une goutte de sang. »