[~♣Pv Carter♣~] Le démon et le vampire.

Le soleil montrait enfin le bout de son nez. Fidèle à moi-même, je m’étais réfugié un haut d’un arbre au bord d’une petite clairière pour me réveiller en douceur avec le soleil. Quoi que non, je n’avais en fait pas envie de me réveiller. Un peu flemmard je vous l’accorde, mais je me sentais beaucoup trop fatiguer pour faire quoi que ce soit. Cette nuit-là, je n’avais fait que bouger dans tous les sens afin de chercher un endroit où Alyson ne serait pas tenté d’aller. Et comme le soleil n’allait pas tarder à apparaître, je m’étais dirigé en hauteur pour passer inaperçu entre les feuillages épais de l’été. Cette fois-ci j’espérai bien ne pas tomber sur Edwidge, elle qui avait pour habitude de jaillir une fois que j’ai foulé la forêt des pieds, j’avais envie de rester seul. J’avais tendance à être légèrement à cran ces derniers jours. Il ne fallait pas venir se plaindre si je faisais cramer quelqu’un. Risque et périls celui qui viendrait me réveiller. Je suis assoupi. À peine ai-je eu le temps de fermer les paupières que déjà, je me sens hanter par le visage de l’ange. Je la revois ôter mon masque sans vergogne et rester figer ainsi plusieurs instants. Malheureusement pour moi, je n’ai pas réagi immédiatement. Je n’avais plus qu’à croiser les doigts pour qu’elle ne m’ait pas reconnu ou que ses souvenirs n’aient pas ressurgi.
Bercé par un rêve qui se forme, quelque chose me réveil : comme si quelqu’un s’amusait à fendre l’air. Je lève une paupière et regarde autour de moi pour voir d’où cela peut bien provenir et j’aperçois à quelques mètres quelqu’un maniant une épée noire. Je referme l’œil et me reconcentre dans mon rêve mi de côté. Mais décidément, l’homme avait décidé de lui faire chier sans s’en rendre compte ! Non seulement il s’était dirigé non loin de l’arbre où je me trouvais, mais en plus il me fit part de son repas. Vampire, hein ? Curieux, je mis mes jambes dans le vide pour mieux l’observer d’un air blasé. Il venait de retirer la vie à un animal d’une façon bestiale et il l’enterrait ? Bizarre comme gars. A sa place, j’aurais laissé pourrir la carcasse de l’animal dans l’herbe, histoire que celle-ci profite aux autres animaux sauvages peuplant la forêt qui se réveil.

Il ne semble pas m’avoir vu, il repart vers son épée et s’assoit. Je me mets à rigoler. C’est plus fort que moi, il me fait bien marrer. « Depuis quand les vampires enterrent leurs victimes ? » Je mis pied à terre sans aucune difficulté malgré la hauteur où je me trouvais. Rien de bien extraordinaire néanmoins, je ne tentais pas de me donner en spectacle. Ce n’était pas dans mon habitude de le faire de toute façon. « Deviennent-ils sensibles ? Que c’est pitoyable » avais-je déclaré tout en m’approchant de lui d’un pas lent, mais déterminé. C’était ma façon à moi de lui dire bonjour et d’engager une conversation avec cet être qui me semblait bien décevant. J’arrive finalement à sa hauteur et je me plante devant lui qui est resté assis. Mon regard hautain le toise de long en large « Tu ne m’as pas l’air des plus effrayants. » . Il me faisait presque pitié, assit comme ça, au milieu du soleil qui l’affaiblissait physiquement.

Les enterrer pour que ça pourrisse plus vite ? Qu’est-ce qu’il ne fallait pas entendre sérieusement ! Quel mec pitoyable, qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire la charogne pourrisse plus vite ? Pour que ça pue moins ? Si tel était le cas, il n’avait qu’à se barrer d’ici, c’était plus rapide ! C’était un rituel humain, pas pour les animaux ! Le corps qui se désintègre dans la masse est alors dégradé par les consommateurs primaires alors qu’il aurait très bien pu nourrir les plus faibles animaux de la forêt comme les bébés. Attends, depuis quand je me souciais des êtres inférieurs moi ?? Quel idiot je fais parfois, je me ressaisis cependant vite et m’avance vers lui pour le toiser. Des présentations ? Je n’en avais rien à foutre qu’il s’appelle Paul, Jack, Jean, ou même Naoki. Nom avec une consonance japonaise. Rien à foutre, je n’allais pas lui donner mon blase alors que l’on ne se verrait plus jamais, il pouvait aller se faire voir « Appelle-moi le Chat Noir » avais-je simplement répondu. Un surnom que j’avais gagné grâce à mon masque qui était accroché à la ceinture de mon pantalon, prêt à être utilisé. Je le suis du regard et comme je me l’aurais imaginé, le vampire alla se caler contre un arbre et se laissa glisser comme une merde le long jusqu’à ce que ses fesses touchent le sol sans un bruit. Je m’approche un peu et le surplombe de cette manière. Petit ou pas, je n’étais pas quelqu’un de gentil et je ne pesais jamais mes mots.

Un animal sortit de sa poche et commença à s’approcher de moi avec une grande curiosité. Son affilié ? Ça ne m’étonnerait même pas, moi j’en avais pas et je me comportais tout aussi bien. À quoi bon cela servait d’avoir un truc vulnérable à nos côtés ? À se sentir moins seul ? La solitude ne me faisait pas peur parce que je l’avais toujours convoité, même durant mes années où je n’étais qu’un humains parmi tant d’autres. Je tends légèrement la main, paume tournée vers le ciel et je fais apparaître une petite flamme tout en observant la bête complètement loufoque. « Bizarre la bestiole. » Sans attendre et avec aucune pitié, j’envoie une flamme percuter la queue du petit rongeur qui se met à couiner sous la chaleur. « Oups. » Dis-je d’une façon où le cœur n’y était pas.

Bah dit donc, quel animal étrange. Pauvre petite chose qui crachait de l’acide avec autant de mépris. Intérieurement, je me mis à rire en voyant la détresse presque invisible de l’animal blessé. Ce n’était qu’une petite brûlure de rien du tout, il n’y avait pas de quoi fouetter un chat. Et le vampire sensible avait raison : ne jamais se frotter aux inconnus. On ne sait jamais ce qu’il pourrait se passer et moi-même j’avais été un parfait exemple d’une façon ou d’une autre bien que ce n’était pas le but premier. Juste pour m’amuser, cela passait relativement le temps mais je commençais sérieusement à m’ennuyer avec ce vieux. Je n’aimais pas les adultes, ils étaient toujours là à nous faire des remontrances à chaque fois que l’on fait quelque chose qui ne leur plaît pas, toujours là pour nous prendre de haut. Mais merde quoi ! Eux aussi ont étaient enfant dans leur vie alors pourquoi tant de mépris ? Sûrement parce qu’ils avaient été élevés ainsi et je refusais d’entrer dans leur petit manège. J’étais certes un enfant, mais pas un enfant comme les autres : j’étais aussi fort qu’eux. Psychologiquement et physiquement. J’étais autant apte qu’eux à subvenir à mes besoins sans difficulté. Je n’étais pas faible.
Je soupirais en remettant de l’ordre dans ma chevelure de jais et en observant du coin de l’œil le vieux mettre ses écouteurs avec grande lassitude. Hé oui, comparé à l’ange qui habitait chez lui –d’après ce que j’avais cru comprendre- j’étais un véritable démon. Je portais très bien ma nouvelle race et je ne pus qu’éprouver du mépris en me disant que Hadès avait failli me rendre aussi niais que cette race d’abrutis. Un ange, moi ? Et puis quoi encore ? Il ne m’avait pas si bien regardé, en fait. À mon avis, je serais très vite tombé au rang d’ange déchu s’il m’avait retenu et j’aurais été de nouveau rejeté pour ce que je serais. Ma place était auprès des démons et nul par ailleurs.

Finalement, alors que j’eus une subite envie de partir, je m’avançais vers l’arbre où se trouvait le vampire et sans aucune gêne, je pris en otage son ombre ainsi que celui de l’arbre.  À présent, il ne pouvait plus bouger d’un millimètre sauf si je me mettais à jouer le marionnettiste. Il était totalement à ma merci et j’eus un rictus amusé quelques secondes. Je repris mon calme et mains dans les poches, j’observai le vampire prisonnier des ombres. « Tu sais que c’est très mal poli d’écouter de la musique pendant que quelqu'un te parle ? » Bien que je n’avais pas envie de lui parler, je ne pouvais pas m’empêcher de lui faire un peu la leçon histoire de lui prouver que j’étais à la fois -moi-même- "adulte" et détestable. Dans un geste, je le forçais à quitter ses écouteurs et je souris de nouveau. « Brave bête. » La seule façon pour lui de se libérer était de créer de la lumière pour faire disparaître les ombres, il ne pouvait donc que me parler –ou se servir de sa bestiole- même si mon but premier n’était pas de lui faire du mal.