Ce que les enfants veulent le Dragon l'offre [Ketra Karina Gania]

Encore une nouvelle journée qui commençait ! Aujourd’hui, le travail était au rendez-vous. Chose plutôt rare en été, j’avais mes trois enfants habituels à garder. J’avais donc chez moi trois petites tornades, qui, il fallait l’avouer, savaient se faire aimer ! Marina, 5 ans, bientôt 6, était la première arrivée, à 8h. Elle fut suivie de Ethan, 3 ans, à 8h15. Et le plus jeune, Louka, 6 mois, arriva en dernier à 8h45. Tout ce petit monde donnait de la vie dans la maison familiale désespérément vide depuis la fugue de Cylia. Cette maison était trop grande pour moi seule, mais c’était ici que j’avais toujours vécu et je ne comptais pas déménager ailleurs. Sans compter que ce grand espace m’avait permis d’obtenir un agrément pour 3 enfants sans trop de difficultés.

La matinée passa plutôt vite, Marina et Ethan jouaient ensemble, se chamaillant comme deux enfants, tandis que Louka, plus jeune, jouait avec divers objets pour bébé dans son parc. Il ne tenait pas encore debout, mais avait le réflexe de tourner la tête pour regarder autour de lui et d’attirer l’attention sur lui en poussant des cris de temps à autre. Le plus difficile était de s’occuper de Louka, il ne fallait jamais le laisser sans surveillance. Tantôt il fallait le stimuler, tantôt il fallait le mettre au dodo, tantôt il fallait l'asseoir dans son cosy. Il aimait bien quand son cosy se balançait d’avant en arrière. Je devais me méfier des objets qu’il dénichait, car son premier réflexe était de les mettre à sa bouche ! Marina et Ethan étaient déjà plus autonomes et surtout, ils étaient propres et savaient aller aux toilettes dès qu’ils en avaient envie. Ethan avait encore besoin d’un peu d’aide, cela faisait seulement quelques mois qu’il ne portait plus de couches. Si je devais retenir quelque chose de mon travail, c’était qu’être maman, c’était pas de la tarte ! Entre élever ses propres enfants et garder les enfants des autres, il y avait sans doute une grosse différence. J’appréciais mes petits monstres, mais je ne me voyais pas avoir mes propres enfants avant plusieurs années.

Une fois le repas de midi terminé, je mis Louka et Ethan à la sieste. Marina refusait désormais de piquer un somme l’après-midi, elle se jugeait trop grande pour ça. Il fallait donc que je trouve de quoi l’occuper sans réveiller les deux marmottes. En début d’après-midi, c’était donc en général séance de coloriage, de peinture ou d’apprentissage de la lecture à la demande de ses parents, qui souhaitaient qu’elle commence à lire quelques mots. Elle savait déjà écrire son nom et son prénom, elle était déjà bien préparée pour son entrée en classe supérieure.

Une heure plus tard, je réveillai les deux garçons. Je leur laissai le temps d’émerger, et décidai d’emmener mes trois petites tornades en promenade autour du village. Cela leur ferait du bien de pouvoir se dégourdir les jambes. Je mis de la crème solaire à tout le monde, pour éviter les coups de soleil, et un chapeau à chacun. Louka dans sa poussette surmontée d’un petit parasol, Marina et Ethan tenant chacun un côté de celle-ci, nous étions parés pour sortir. Très vite, nous sortîmes du village, profitant de la montagne qui m’était si familière. Ethan et Marina se tenaient bien, respectant la consigne que je leur avais donnée, à savoir toujours rester près de la poussette pour que je puisse les voir. Mais assez rapidement, quelque chose attira leur regard. Une forme animale argentée.

”- Un Dragon !”

S’écrièrent les deux plus grands en coeur, tout excités. Mon petit doigt me disait que ce Dragon n’était pas n’importe qui.

Aujourd’hui était une belle journée. Cet été était chaud et ensoleillé. Et comme je gardais les trois petites tornades, je me disais qu’il serait dommage de ne pas en profiter pour sortir et leur permettre de se dégourdir les jambes, après avoir pris certaines précautions pour qu’ils n’attrapent pas de coups de soleil ou d’insolation. Et la montagne était magnifique, autant en profiter pour sortir un peu du village. Tout se passait bien, Ethan et Marina restaient bien autour de la poussette de Louka, ainsi je ne les perdais pas de vue. Ces enfants savaient être sages, même s’ils faisaient des bêtises, comme tout le monde. Je devais bien admettre que j’avais une certaine fierté en les voyant se comporter d’une telle manière, j’étais leur nounou après tout.

Et alors que nous sortions tout juste du village, les enfants aperçurent avant moi un dragon argenté, ce qui les excita fortement. Ils avaient les yeux pétillants et lâchèrent immédiatement la poussette pour s’approcher du dragon et toucher ses écailles. Même Louka s’y mettait, il souriait et agitait ses pieds et ses mains en poussant de petits cris joyeux. Ce dragon n’était pas n’importe qui, il était reconnaissable entre milles. Majestueux, avec son éclat argenté, il s’agissait de Ketra. Cette transformation imposait le respect. Chez moi, elle éveillait de la curiosité tout autant qu’une certaine forme de crainte, même si je savais que tant que je n’avais rien à me reprocher, elle ne se servirait pas de cette forme contre moi.

"Bonjour les enfants. Et bonjour Zélia.

- Bonjour Ketra. Ça faisait longtemps que je n’avais plus vu ta forme Dragon ! Les enfants, dites bonjour.

- Bonjour Dragon !”

Marina et Ethan étaient émerveillés et ils faisaient le tour de Ketra, inspectant sa queue et ses ailes au passage. Ils se parlaient dans un langage bien à eux, entrecoupant leur dialogue de “waouh!” ou “trop beau!” très évocateurs. Ethan le téméraire fut le premier à essayer d’escalader pour monter sur le dos de Ketra. Aussitôt, je lâchai la poussette -en y mettant les freins au cas où- pour récupérer Ethan.

”- Ethan, voyons, ne monte pas sur le dragon sans lui demander d’abord. Ce n’est pas poli, excuse-toi.

- Pa’don, mais je peux monter sur toi, gros dragon ?”

Les enfants étaient si spontanés, je ne doutais pas que Ketra le comprenne. Pouvait-elle avoir des enfants naturellement, vu son statut d’immortelle ? Je me posais trop de questions, ce n’était pas vraiment le moment. D’abord, il fallait trouver comment canaliser l’énergie des enfants. Ethan sautillait sur place, dans l’espoir de pouvoir enfin grimper sur le dos de la bête mythique. Et après Ethan, ce fut Marina qui posa sa question en désignant les ailes de Ketra :

”- Nanou, tu crois que le dragon peut voler très haut avec ses grandes ailes ?

- Pourquoi tu ne lui poses pas directement la question, Marina ? Le dragon s’appelle Ketra, les enfants. Vous la connaissez sûrement, elle vient du village, comme nous. C’est une fée qui a la particularité de se transformer en dragon d’argent.”

Marina ne se fit pas prier et demanda directement à l’immortelle transformée jusqu’où elle pouvait voler. Ketra n’allait pas repartir de sitôt avec la curiosité des enfants ! Je m’adressai à elle, avec le sourire, amusée de la situation et pensant bien que mon amie n’était nullement ennuyée par les deux tornades :

”- On dirait bien que tu es coincée avec nous, Ketra ! Les enfants t’adorent et ils ne vont pas te lâcher ! Mais avoue, tu l’as fait un petit peu exprès, non ?”

Mon amie ne détestait pas les enfants, sinon je ne pense pas qu’elle se serait transformée en les voyant. C’était plutôt une bonne surprise pour eux, ça stimulait leur imagination et ils auraient de quoi raconter à leurs parents ce soir. Quelque part, la curiosité de mes petits monstres me permettrait peut-être d’en apprendre plus sur les dragons ! Mais ils n'allaient sûrement pas s'arrêter à de simples questions, j'en étais certaine.

Cette balade s’annonçait plus amusante que prévu pour les petits chérubins. Et encore, heureusement que Louka ne parlait ni ne marchait encore, sinon gérer l’excitation des trois enfants serait mission impossible ! Ketra se prêtait au jeu, laissant les enfants lui tourner autour, toucher ses écailles, l’observer sous toutes les coutures. Ethan était le plus passionné, il adorait les histoires de dragons et de chevaliers. Mais Marina n’était pas en reste, bien que sa principale curiosité était les ailes de Ketra.

Après avoir reçu l’aval de mon amie, Ethan se lança donc enfin dans l’escalade et alla immédiatement sur son dos. On l’entendait jouer, il avait l’air de s’inventer sa propre histoire dans laquelle il était le chevalier chevauchant le dragon. J’éclatai de rire face à tant d’enthousiasme, les enfants avaient le don de me donner foi en l’humanité. Ils étaient purs et innocents, tout l’inverse de ce que devenaient certains adultes. Ils étaient l’avenir du Sanctuaire. C’était la nouvelle génération qui serait amenée à peupler l’île. J’espérais qu’ils resteraient toujours aussi purs, que la vie ne les amènerait pas à changer cette façon d’être.

Lorsque Marina posa la question de savoir jusqu’où elle pouvait voler, Ketra lui répondit après réflexion :

"Je suis capable de voler si haut que je peux atteindre au-delà de ce que peut atteindre les nuages."

La petite fut impressionnée à en juger par son “whaouh” sorti du coeur. Elle interpella Ethan, lui répétant ce que Ketra lui avait dit. Elle rejoignit son camarade sur le dos du dragon et lui fit de grands gestes pour décrire la hauteur qu’un dragon atteignait en vol. Aussitôt Ethan se mit à imaginer la scène. J’étais sûre que mon amie avait fait exprès de leur montrer sa forme Dragon d’argent, ce qu’elle me confirma :

”Je dirais même que c'est complètement volontaire de ma part. J'aime bien voir les enfants émerveillés par ma forme et je suis certaine qu'ils veulent bien une petite promenade à dos de Dragon Argent. N'est-ce pas les enfants?"

Ce que Ketra avait proposé là provoqua chez les enfants de grands cris d’excitation :

”- On va voler ? Ketra, tu vas nous faire voler tout là-haut dans le ciel ? Youpi !

- Nanou, on va voler dans les nuages ! Ouais !”

Louka poussa un petit cri strident en battant l’air de ses pieds, comme pour rappeler qu’il était là. Je le détachai de sa poussette et le pris dans mes bras, l’approchant de Ketra pour qu’il puisse aussi toucher les écailles. Il apposa ses petites mains sur les écailles argentées, babillant en même temps. Je réfléchis à la proposition de mon amie. Les enfants sauraient-ils se tenir une fois dans les airs ? Sauraient-ils rester suffisamment sages pour qu’il ne leur arrive aucun accident ? Je m’adressai d’abord aux enfants :

”- Les enfants, vous savez, il faudra que vous soyez sages et que vous respectiez ce que Ketra vous dit. Il ne faudra pas bouger ou vous agiter dans tous les sens, sinon vous allez tomber. Et on remercie Ketra de nous faire voir le ciel, car vous ne ferez pas ça tous les jours !

- Ouiii nanou, merci Ketra le dragon !

Chantèrent les deux enfants en coeur. Et ils repartirent dans leur discussion, s’imaginant par avance le voyage dans les airs. Je m’adressai alors à mon amie, pour être sûre de deux trois choses :

”- Ça te dérange si je monte et que j’emmène Louka avec nous ? Au niveau du poids que tu peux transporter, ça ira ? Il vaut mieux que je sois là pour surveiller Ethan et Marina, au cas où ils s’amusent à faire n’importe quoi. Avec leur excitation, je me demande s’ils vont rester calmes.”

D’ailleurs, Ethan était debout sur le dos de Ketra et s’agitait. Je le rappelai à l’ordre, lui expliquant que nous n’irions pas dans les airs s’il ne restait pas assis. Il se rassit aussitôt. Marina, qui s’impatientait, prit la parole :

”- Bon, nanou, on t’attend, viens ! On y va maintenant !”

Oh mais quelle caractère cette petite ! Impatiente, pressée, elle ne tenait plus et avait hâte de décoller. J’attendis l’accord de mon amie avant de m’installer et rappelai une dernière fois aux enfants de se tenir tranquille. J’avais hâte de voir le monde d’en haut, mais priais pour que tout se passe bien avec mes petites tornades. Je serrai bien Louka contre moi et demandai à Marina de tenir Ethan. Voyons voir comment allait se passer ce vol !

Et l’aventure commençait. Nous y étions, tous installés sur le dos de Ketra dans sa forme Dragon d’argent. Cette proposition était une surprise, que les enfants appréciaient beaucoup. À cet âge-là, on ne pense qu’à l’aventure et la découverte. Je les enviais quelque part, ils avaient une forme d’insouciance et de naïveté qui manquait cruellement chez les adultes. Ceci dit, chaque nouvelle génération apportait l’espoir d’un monde meilleur. Peut-être que la prochaine génération connaîtrait la paix ? C’était à nous de nous battre pour ça.

Marina et Ethan étaient installés le plus à l’avant. La fillette tenait par la taille le garçonnet, comme je lui avais demandé. Elle était prête à obéir à tous les ordres tant qu’on décollait, elle était impatiente. C’était d’ailleurs elle qui nous avait fait presser le pas au lieu de discuter. J’étais installée juste derrière eux, tenant fermement le jeune Louka contre moi. Ketra m’avait assuré qu’elle pouvait supporter tout notre poids. Sous cette forme, elle était impressionnante. Moi-même j’avais bien envie de découvrir le monde d’en haut. Tout devait paraître tellement paisible, tellement différent.

"Accrochez-vous, les enfants, je n'ai pas envie d'assister à une chute libre!"

Et elle se mit à battre des ailes. C’était le moment le plus terrifiant en quelques sortes, celui qui procurait des chatouilles dans le ventre et où on retenait son souffle. Nous prenions de l’altitude, montrant ainsi aux enfants quelle hauteur l’on pouvait atteindre en vol. Et finalement, nous nous stabilisions à une certaine hauteur. Les enfants poussaient des cris d’émerveillement, montrant leur excitation. Pour ma part, je ne criais pas mais je n’en pensais pas moins. La vue était à couper le souffle. On ne savait plus où donner de la tête tellement il y avait de choses à voir. Marina prit la parole en première, désignant le village des fées tout en bas :

”- Nanou, regarde ! C’est ma maison ! Elle est toute petite !

- Elle est grande la forêt ! Comme la montagne !

- Vous avez vu comme c’est impressionnant ? Qu’est-ce que vous en pensez, c’est joli ? Ça te plait à toi aussi, hein Louka ?

- Oh oui, trop joli !”

Au moins, il était certain que la balade plaisait aux enfants. Même Louka semblait vouloir dire quelque chose, mais il était encore trop jeune et ne faisait que bafouiller parfois quelques “papa” ou des sons similaires. Cette fois-ci, il babillait et agitait ses petits bras, le sourire aux lèvres, son petit bout de langue ressorti. Prendre ainsi de la hauteur était apaisant. Tout semblait moins important. En tout cas, c’était ce que moi je ressentais en tant qu’adulte. Voir le monde sous nos pieds, si petit, faisait réfléchir à notre propre condition. Nous n’étions au final que bien peu de choses dans l’immensité de l’univers. Je m’adressai à Ketra à ce propos :

”- Qu’est-ce que tu ressens quand tu voles, Ketra ? Ça ne te fait pas réfléchir ? C’est si beau, si calme !”

Marina et Ethan se tenaient bien pour l’instant. Cependant, ils avaient tendance à gigoter même s’ils restaient assis. Je les rappelai à l’ordre, leur répétant de faire attention à ne pas trop bouger pour éviter les chutes. Ils essayaient de contenir leur excitation, leurs yeux pétillaient et ils n’arrêtaient pas de désigner tout ce qu’ils reconnaissaient. Marina pointa du doigt ce que je pensais être Chloris au loin, en demandant :

”- C’est quoi là-bas ?

- Ce doit être la ville de Chloris, non ? D’ailleurs, où nous emmènes-tu, Ketra ? Tu nous fais visiter ?”

Demandais-je, curieuse. J’appréciais moi-aussi le moment, comme les enfants. Marina n’était encore jamais allée à Chloris, d’où sa question. C’était tellement éloigné de nous, je n’étais même pas sûre moi-même que c’était ça. Pour l’instant, nous planions au-dessus de nos montagnes natales, mais qui sait, peut-être allions-nous avoir le temps de survoler une grande partie de l’île. Ethan rejoignit un peu mes pensées en s’adressant à mon amie :

”- Dis Ketra Dragon, tu sais voler très vite ?”

Voilà une bonne question. Je me doutais bien qu’avec des passagers, elle n’irait jamais jusqu’à sa vitesse maximale dans tous les cas, pour éviter les accidents.

Nous volons à dos de dragon au-dessus des nuages. Dit comme ça, on pourrait nous croire fous, ou alors en plein rêve, mais non, c’était bien la réalité ! Dans un monde où la magie est la norme, il ne faut pas s’étonner de ce genre de situation. Le Sanctuaire était le refuge de toutes les créatures magiques. Il n’y avait que sur Terre, parmi les Humains, où cette expérience semblerait surréaliste. Les Humains ne croyaient pas en nos Dieux, ni même en la magie. Leur monde devait être bien triste. Cependant, ils avaient quand même besoin de notre aide pour éradiquer les sans-coeurs qui les menaçaient, et qu’ils ne voyaient même pas. C’était à cause de ça que j’avais perdu ma mère. Elle avait donné sa vie pour en sauver d’autres.

Mais inutile de s’apitoyer sur mon sort. J’avais bien plus intéressant sous les yeux. Une vue superbe. Et aussi un climat plus agréable qu’en bas. La chaleur de l’été était étouffante, mais dans les airs, l’on sentait un petit vent rafraîchissant qui n’était pas de refus. Ketra faisait attention lorsqu’elle se déplaçait pour qu’aucun de nous ne tombe. Pour cela, on pouvait lui faire confiance, elle n’était pas de ces personnes à faire prendre des risques inconsidérés aux autres. Je pourrais passer des heures en l’air, ne serait-ce que pour “prendre de la hauteur” sur mes propres soucis.

"Il ne me suffit de pas grand chose pour me faire réfléchir, Zélia. Je peux réfléchir par rapport à n'importe quoi. Et j'aime bien ça."

Je ris légèrement. Oui, elle marquait un point, pour Ketra, inutile de s’envoler pour réfléchir, elle savait déjà très bien le faire sur la terre ferme ! Ce n’était pas un mal, elle était très réfléchie et c’était une qualité que je tentais d’imiter, sans grand succès hélas, étant d’une nature plus impatiente et plus instinctive. Il m’arrivait de passer du temps à réfléchir, mais c’était en général pendant que je m’affairais à autre chose.

Et c’est au cours de cette promenade que Marina posa la question de savoir ce qu’était l’endroit qu’elle désignait. Ketra confirma que c’était bel et bien Chloris, ville fleurie protégée par Déméter. C’était d’ailleurs la beauté des fleurs qui avait attiré le regard de Marina. Un jour, nous irions nous promener là-bas, histoire de faire passer une après-midi à mes petites tornades. Mais aujourd’hui, le vol suffisait, une expérience à la fois était amplement suffisant. Il ne fallait pas leur en montrer trop d’un seul coup, laissons leur le temps d’apprécier ce qu’ils étaient en train de faire.

”Bien sûr, mais je vais éviter de le faire. Cela vous impressionne encore plus, mais vous risquez de tomber du haut des nuages, et je n'ai pas envie d'assister à une chute libre."

Répondit mon amie à la question du jeune Ethan. Il semblait curieux d’en apprendre plus sur les Dragons, et aussitôt il continua d’ailleurs ses questions :

”- Ça doit être trop cool d’êt’e un Dragon et de voler à toute vitesse ! Et ça mange quoi un Dragon ? Tu passes la journée à voler dans le ciel ?”

Sa question me fit rire. Ketra n’était pas qu’un Dragon, elle avait une forme fée, comme nous ! Donc elle vivait comme nous. Ceci dit, je la laissais répondre d’elle-même. Ethan semblait maintenant croire qu’il avait affaire à un dragon pur et dur, ce n’était pas comme s’il avait assisté à la transformation pourtant ! Puis nous survolions désormais Chloris, Ketra descendant en altitude pour que nous puissions mieux apprécier. C’était impressionnant cette facilité à se mouvoir dans les airs, à pouvoir passer d’un endroit à un autre en un rien de temps. Et dire que nous étions à la montagne juste avant !

"Voici Chloris, la ville fleurie, protégée par Déméter. Cela change de Skyworld, n'est-ce pas?

- C’est trop joli ! Y’a plein de fleurs partout !

- Skyworld, c’est pas comme ça ! Pas du tout !”

Répondirent successivement Marina et Ethan. Je leur promis alors :

”- Un jour, si vous êtes sages, je vous emmènerai ici pour visiter. Mais aujourd’hui, on va continuer notre balade à dos de Dragon, d’accord ? Regardez là-bas, on voit même la mer de nuages, c’est joli vu comme ça, non ?

- Oui, c’est beau !

- On peut voir la terre et les humains ? Ketra, ça ressemble à quoi un humain ? C’est vrai qu’ils sont faibles ?”

- Disons simplement qu’on doit les protéger et qu’ils ne croient pas en la magie. Ketra pourra t’en dire bien plus que moi sur eux.”

Marina faisait allusion à tout ce qu’on entendait au Sanctuaire. ici, les Humains étaient considérés comme une race inférieure que l’on devait protéger. Ceci dit, j’étais curieuse de savoir si l’on pouvait apercevoir la terre. Elle devait paraître tellement minuscule de là où nous étions ! D’ici, les humains en contrebas devaient ressembler à des fourmis.