Malentendu [feat Maxime]

Le temps était clair et frais, les rues vidées de leur atmosphère de vacance et la foule un peu moins dense depuis la reprise des cours, ou même du travail pour certains. Lanson faisait partit des rare chanceux qui avaient un peu de temps devant eux, malgré le fait qu'il ait désormais un nouveau travail plus que prenant, et comptait bien en profiter pour régler certaines affaires importante, ou encore finir les dernières courses indispensable. Il avait déjà le strict nécessaires, mais certaines parties auxiliaires manquaient encore, et il comptait bien y remédier. Aujourd'hui encore, il était de sortie, dans l'espoir de trouver les dernières pièces en question.

Malheureusement, la chance ne semblait pas être avec lui, et après plusieurs faux espoirs il avait toujours les mains vides, et plus vraiment d'idée de où chercher. Résignait, le jeune mage décida qu'il était temps de rentrer chez lui, traîner ne semblant guère servir à quoi que ce soit. C'était un jour sans, voilà tout. Prenant par de petites ruelles pour aller plus vite, perdu dans ses pensées et son imaginaire, il ne fit pas tout de suite attention à la scène qui se déroulait un peu plus loin. Il fallut un cri pour lui faire relever la tête, à temps pour voir une silhouette rousse, de dos, bousculer plusieurs personnes sans aucune délicatesse, grommelant suffisamment fort pour qu'il puisse entendre un « Je hais les gosses » peu amical.

C'était le genre de personne qu'il n'aimait pas, vraiment. Bon, à vrai dire, c'est le genre de personne que peu de monde aime, il faut bien se l'avouer. Mais il est tout de même bon de le souligner, car Lanson se fiche généralement de ses congénères, bon ou mauvais, pourvus qu'ils restent à distance. Là il en était autrement, car c'est le genre d'attitude que son père savait si bien avoir, et il détestait plus que tout son père et ses attitudes.

Accélérant le pas, il finit par sortir de la petite rue, tournant le regard vers l'endroit où sa moto l'attendait, sagement garée … Et où l'inconnue de tout à l'heure se tenait aussi, penchée sur l'engin. Surpris et méfiant, le jeune homme s'approcha encore, accostant la rousse d'un simple "Hé" qui ne donna suite à rien. Car dès qu'elle l'entendit, elle tourna vers lui son regard, avec un sourire signifiant clairement qu'elle avait une mauvaise attention derrière la tête. Une seconde et un mouvement du poignée plus tard, elle s'était mise à courir, et il lui emboîtait le pas, essayant de la rattraper.

Pourtant, il ne lui fallut pas longtemps pour se faire distancer, et en tournant à un coin de rue, il du s'arrêter et se rendre à l'évidence : Nulle chevelure rousse en vue, il l'avait perdu.
Furieux, les poumons en feux et son visage en tête, il retourna vers sa moto, avec une seule envie, rentrer chez lui et prier pour que cette journée se termine vite. Un rapide coup d’œil ne lui permis pas de voir la moindre éraflure sur la peinture métallique, et il espéra un instant que rien ne clochait. Il enfourcha l'engin, mit la clef, la tourna et … rien. Il réessaya une fois, deux fois, … A la huitième il était claire que cette moto ne démarrerai pas, et qu'il n'allait pas pouvoir rentrer chez lui tout de suite.

Passablement énervé, et certainement pas d'humeur à pousser l'engin sur des kilomètres, il fit une rapide recherche via son téléphone pour trouver l'adresse d'un mécano suffisamment proche de sa position. Chance ou non, il finit par tomber sur une adresse dans les quartiers résidentiels. Ce n'était pas la rue d'à coté, mais c'était toujours mieux qui de se traîner la moto jusqu'au prochain garage, qui était véritablement beaucoup plus loin.
Encore pas vraiment remis de sa course, il se mit en route, direction une adresse inconnu, poussant le véhicule qui heureusement ne semblait pas avoir de roue crevée et se laissait faire relativement facilement.

L'adresse le guida jusqu'à un jolie quartier, et plus particulièrement jusqu'à une frêle maison violette. Il s'arrêta là, légèrement prit de doute. Est-ce vraiment le bon endroit ?

(c) LADY PATPAT

Il vérifiait encore une fois l'adresse, doutant d'être vraiment arrivé à destination, jusqu'à ce qu'une voix lui fasse relever la tête.

▬ Vous cherchez un garage j’imagine ? Je peux y jeter un coup d’œil si vous le souhaitez

Il ne l'avait pas remarqué avant qu'elle ne se manifeste, une jeune femme, devant la maison, qui venait vers lui avec un sympathique sourire commercial … Et un visage on-ne-peut-plus familier.
Et pour cause, c'était la même personne que celle qui avait de toute évidence saboté sa moto un peu plus tôt, à ceci près que son expression avait perdu ce petit air démoniaque. Il aurait pu en douter si la chevelure couleur flamme qui encadrait son visage n'avait pas été si atypique.
Instantanément, sans même faire un effort pour le cacher, l'expression du mage s'assombrit.
Loin de sembler le reconnaître, à moins qu'elle ne le fasse exprès, elle continua sur sa lancé en désignant l'engin d'un mouvement de tête.

Ça ne m’a pas l’air bien grave…

Bien sur que ça ne lui avait pas l'air grave, elle savait exactement ce qui clochait. Inutile de faire semblant. Même s'il fallait avouer qu'elle jouait très bien la comédie. Il était dur de croire qu'elle était vraiment la fille qu'il avait vu un peu plus tôt, le contraste était assez frappant, surtout au niveau de son attitude. C'était vraiment faire beaucoup d'effort pour paraître être quelqu'un d'autre.

D'ailleurs, pourquoi faisait-elle celle qui ne savait rien ? C'était suspect, louche, bizarre. Elle devait se douter qu'il la reconnaissait, surtout après leur face à face. Elle devait avoir une idée derrière la tête c'était sur, ou alors c'était la personne la plus faux cul du monde. Dans les deux cas, il ne pouvait pas se permettre de lui faire confiance, même si cela voulait dire pousser son véhicule quelques kilomètres de plus.

"Nan ça ira. "

Il avait répliqué d'un ton plutôt sec, sans sourire, loin de ses manière habituelles. Mais pourquoi faire des effort pour ce genre de personnes ? Il ne l'appréciait pas, et il allait clairement lui faire savoir.
Et puis, accepter qu'elle l'aide et la payer pour qu'elle répare ce qu'elle avait fait, et puis quoi encore ? Bon, ok, la laisser réparer quelque chose qu'elle avait elle même casser pouvait paraître normal, mais il n'avait pas confiance en elle, pas du tout. Trop imprévisible. Et si sa moto lui explosait à la figure la prochaine fois ? Non, il n'allait pas prendre le risque. Tenant toujours son véhicule, il lui jeta un regard dédaigneux avant d'ajouter :

"Je n'ai pas besoin de l'aide d'une fille telle que toi"

(c) LADY PATPAT

▬ Je te demande pardon ?


Elle se tournait maintenant vers lui avec une expression à la fois outrée et incrédule sur le visage. Oh pitié, pas besoin de faire aller la blague aussi loin, sérieusement. Comme si il allait se mettre soudainement à croire qu'elle n'y était pour rien, aussi crédible soit sa mascarade. Il avait passé une relativement mauvaise journée et il n'était sûrement pas d'humeur à jouer à ça. Elle pouvait bien lui faire les yeux qu'elle voulait, il était trop énervé pour réfléchir à sa position, et cela n'allait faire qu'empirer au fur et à mesure de la conversation.  


▬ Une fille comme moi, sérieusement ? Tu pourrais préciser ?


Croissant les bras dans une attitude totalement fermée, elle semblait attendre des explications. Si elle voulait jouer, et bien allons-y, il n'était plus à ça près.
Naturellement, sans y faire attention, il adopta un posture semblable, bras croisés et appuyé contre l'engin. En temps normal il y aurait fait attention, mais pour le moment il était surtout focalisé sur son expression, et sur ce sentiment refoulé depuis des années de vouloir s'exprimer. C'était pas forcément sa faute, mais elle allait devoir subir toutes les personnes avant elle à qui il avait voulut dire les quatre vérités sur leur attitude sans le pouvoir.


▬ Je ne crois pas que l’on se connaisse alors je me demande vraiment de quel droit tu te permets de dire ce genre de choses.


Si Karren avait était là, la demoiselle aurait sans doute passé un très mauvais quart d'heure. Mais pour une fois, il allait pouvoir exprimer le fond de sa pensée sans avoir à surveiller sa liée trop protectrice. Et s'en était presque jouissif.


"J'ai suffisamment connu de gens comme toi pour savoir à quoi m'attendre, merci bien"


Il continua sur sa lancée bien décider à aller jusqu'au bout.


"Ça fait semblant d'être aimable, d'apprécier la conversation, et dès que plus personne ne regarde ça traite le reste du monde comme de la merde, sans se soucier de personne d'autre que de soi même. L'important c'est juste l'image dans le miroir pas vrai ? Pas besoin de faire attention aux autres quand on peut tout ramener à soi !"


Il ne parlait plus seulement d'elle, il le savait, mais les mots venaient tout seuls. Il en oubliait presque la vraie raison de cette dispute, trop concentré sur le reste.


"Alors le coté « je vois pas de quoi tu parles, je suis innocente », merci, mais j'ai déjà donné."

(c) LADY PATPAT

Si Lanson avait été dans son état normal, ou s'il c'était juste mis à réfléchir ne serai-ce qu'une minute à la situation, il aurait pu envisagé que la demoiselle en face de lui n'avait peut être rien à voir avec cette histoire. Après tout, il n'était pas impossible de croiser un sanctuarien doter d'un pouvoir de mimétisme ou de métamorphose, et s'étant trouver une passion pour emmerder les gens (chose des plus commune en fait c'est temps ci). Il aurait sans doute pu aussi écouter son pouvoir d'empathie lui souffler que la surprise de la jeune fille, un peu plus tôt, n'était pas feinte. Et même si son raisonnement n'était pas allé aussi loin, il aurait tout simplement pu se dire que cette histoire ne valait pas pareille dispute en plein milieu de la rue, qu'il lui aurait suffit de s'excuser plus ou moins sincèrement et de repartir. Après tout, il avait juste à faire réparer sa moto ailleurs, ou au pire à en racheter une autre.

Oui mais voilà, Lanson était énervé. Pas que l'Univers entier lui en ait voulut aujourd’hui, mais c'était comme ça. Et à moins que sa propre culpabilité ne lui saute à la figure, entourée de néons clignotants et autres fanfares, il avait décider de passer ses nerfs sur la demoiselle plutôt que d'admettre qu'il avait tort, ou de réfléchir à sa position (chose qu'il regretterai sûrement grandement plus tard). Alors il avait continué sur sa lancé, sans se remettre en cause, et les arguments de la demoiselle n'avait pas réussit à le faire changer d'avis. Le ton déjà particulièrement haut avait continué à monté, des cris étaient venu des deux partis, de manière plus ou moins contenus.

Au final, on aurait pu lui démontrer par A + B que cette personne n'était pas la bonne, le mal était fait. Le conflit s'était installé et nul doute qu'aucune conversation sereine ne pourrait avoir lieu entre ces deux là, du moins en dehors d'un miracle. Pour elle parce qu'il l'avait agressé sans raison (on va pas se mentir là dessus), pour l'autre parce que c'était comme ça, même après avoir reconnu sa faute, il l'oublierai peut être mais impossible de se voir en toute neutralité après une telle rencontre.

Il allait de nouveau répliquer face à la rouquine lorsque son téléphone se mit à sonner au fond de sa poche. Clairement, il aurait eu une immense envie de simplement l'ignorer, mais compte tenu des appels important qu'il attendait, il ne pouvait même pas se permettre se luxe. Passablement énervé, et sans quitter la demoiselle de l’œil, il décrocha tout de même (le respect, ou pars-tu donc?), lâchant un "Allô ?" relativement neutre compte tenu de son état d'esprit.  Néanmoins, son expression changea progressivement à mesure qu'il percevait les informations que la personne à l'autre bout de la ligne avait à lui communiquer. Délaissant la demoiselle, il se concentra sur les nouvelles fort inattendues qui lui parvenaient. Des nouvelles déroutantes, pour le moins surprenante, au sujet du travail qu'il venait juste de débuter. Et plus précisément sur l'affaire du mystérieux meurtrier dont personne n'arrivait à trouver la moindre trace. Pas même lui visiblement. Étrange. Intrigant. Intéressant. Excitant même.

Perdu loin, très loin de la dispute, son esprit se mit à dériver en direction de l'affaire, alors même que la jeune femme était toujours là, à deux pas de lui, et sûrement toujours aussi énervé. Mais le mage était déjà parti, du moins dans sa tête. Raccrochant, un air à la fois perplexe et curieux sur le visage, et avec sa capacité extraordinaire à occulter le reste du monde lorsque quelque chose le fascinait, il tourna le dos à la jeune femme, sans un mot, l'ignorant superbement et se remis à pousser son véhicule, les yeux perdu dans mille problème qu'il était incapable de résoudre.

Ce nouveau travail s'annonçait passionnant.   

(c) LADY PATPAT