bad at love { a s t r i d

Elle sort à peine du travail. La journée l'a épuisée, la journée était longue. Elle adresse un mouvement de main à son assistant et le laisse verrouiller le bureau. Elle marche à travers les rues du petit village elfique situé sur dans un coin de la forêt ; encore quelque chose qui avait crée des tensions entre la race des habitants et celle de ceux de l'autre côté, les fées, sur la montagne. Pourquoi pas chez nous? Pourquoi eux ils ont toujours tous les bâtiments importants? On veut pas du gouvernement des elfes. Elle secoue la tête, passe sa main sur son front. Elle en a marre de ces conflits.
Elle a besoin de se changer les idées, ce soir. Elle a besoin de prendre l'air, de s'évader, de s'échapper.
Et elle sait où aller, elle sait qui rejoindre.

Elle se met alors en route, elle commence à descendre la petite pente à la sortie du hameau, commençant à s'enfoncer entre les arbres. Elle se repère facilement, elle connaît les lieux à force de prendre la même route, encore et encore ; bien qu'elle ne la prenait aussi souvent que récemment. Elle avait quelqu'un à voir maintenant, quelqu'un à retrouver, quelqu'un avec qui discuter et quelqu'un avec qui se détendre.
Elle espère qu'elle est là, elle espère qu'elle va la trouver, au milieu des arbres, sous les rayons de la clairière, elle espère voir ses cheveux voler lorsqu'elle se tournera vers elle.

Elle arrive bientôt, elle reconnaît quelques branches et quelques fouilli qu'elle a laissés pour se repérer. Elle sait qu'elle est proche.
Elle accélère le pas, elle pose un pied dans le grand cercle d'herbe.
Elle est là.

— Astrid. J'espérais te trouver ici.

Et elle s'approche, elle s'avance, proche de celle qu'elle venait de prénommer.
Elle se sent déjà mieux.

Et lorsqu'elle se retourne, elle a le coeur qui s'arrête, elle a les yeux qui vrillent et les lèvres qui s'étirent. Elle est heureuse de la retrouve, heureuse de sentir sa présence, heureuse d'être debout au milieu des cîmes.

— Bonjour, Ingvild. Comment vas-tu?
— J'ai passé meilleures journées, mais ce n'était pas si terrible, beaucoup de boulot, c'est tout.

La demie-déesse passe sa main dans ses cheveux alors qu'elle ramène un mèche derrière son oreille, quelque peu gênée, comme une de ces adolescentes trop timides de lycée ; elle se sent ridicule, stupide, mais personne ne la jugerait ici, au fond, alors pourquoi se torturer l'esprit? Elle fait quelques pas, flanche un peu. Ses pensées vagabondaient tellement qu'elle en avait presque oublié qu'elle était toujours en tenue de travail - explicitement, un tunique noire, une chemise blanche, et des talons de taille moyenne noirs également. Alors elle glisse un doigt derrière celui que l'on surnomme parfois d'Achilles et elle enlève ses chausses, les portant de la main droite.
Elle avance vers le centre du lieu, là où Astrid était placée.
Elle est proche, en face.

— Et toi, comment vas-tu?

Ce n'est rien de plus qu'une conversation banale, quelque chose d'habituel, de vu et revu.Ce n'est pas passionnant, ce n'est pas captivant ; c'est calme, doux, posé.
Paisible, agréable.
Elle s'asseoit dans l'herbe, les brins caressant doucement ses mains, et elle sourit à Astrid, innocement, comme l'invitant à la rejoindre. Au final, c'est chez elle, à l'elfe, c'était plutôt la demie-déesse qui s'invitait tout de celle - mais il n'y avait pas de telles règles entre elles.
Ici, il n'y aurait que le vents qui les dérangeraient.

— Tu m'as manquée.

Et elle lève la tête dans un soupir.

— Tu m’as manqué aussi, Ingvild. D’ailleurs, c’est pour toi.

Lorsqu'elle baisse la tête, c'est sur un bouquet de roses que que se posent ses iris. Son sourire s'illumine immédiatement et ses bras se tendent pour l'attraper en évitant les quelques épines. Elle observe la création de son amie et est remplie d'une joie indescriptible. Elle ne sait que dire, et ne cesse de fixer le bouquet. Lorsqu'elle lève la tête et se retrouve face à celle d'Astrid, elle oscille brièvement, avant de sourire de plus belle.

— Elles sont magnifiques, Astrid, je te remercie.

Elle pose les fleurs sur ses genoux, d'un geste doux mais à la fois assuré. Sa respiration est régulière et tranquille, dans la clairière où elle se sent si bien. Elle a en elle ces pensées hésitantes, ces mots qu'elle n'ose pas sortir, pas dire, ces gestes qu'elle n'ose pas faire.
Elle se tourne brièvement vers sa compagne l'elfe, sa partenaire regulière du de la fin d'après-midi. Elle a envie de lui dire tellement de choses, d'étaler tellement de conversations et d'apprendre à la connaître ; mais oserait-elle?
Elle ne sait pas.

— Comment va Tyra? Elle est là?

Tyra, c'est l'affiliée d'Astrid. C'est une louve, très gentille, qu'Ingvild aime bien approcher, caresser, prendre dans ses bras. Elle avait eu peur, la première fois ; ce n'est pas tous les jours que l'on rencontre un loup, mais Tyra est différente. Elle a la même présence que sa maîtresse : une présence appaisante, calme, maîtrisée, gentille. En tout cas, autour d'elle.
Son regard se pose une nouvelle fois sur les fleurs et elle les sent, c'est un parfum agréablement bon.

— Elles sentent très bon. Tout comme toi.

Compliment difficilement arachée d'une Ignvild qui rougit instantanément.

Son sourire s’offre aux yeux d’Ingvild ; son magnifique sourire, et ses dents blanches. Son sourire, elle l’aime tellement, il est doux, rassurant, aimant. Elle sourit en retour, sans mot dire, accord tacite.
La main de la demie-déesse est définitivement en place dans la paume de celle d’Astrid, et c’est un contact amusant, un contact qui n’avait été fait que peu auparavant. C’est un contact nouveau.

— Et toi, tu es aussi magnifique qu’elles.
— Oh. C’est gentil.

Elle se lève suite à ça, brisant le lien presque sacré entre leur corps. Ingvild la regarde, la tête suivant les mouvements de l’elfe en face d’elle qui s’avance de quelques pas.

— Souhaites-tu te balader dans la forêt avec moi ? Tu n’es jamais allée au delà de ma maison. Enfin, si tu le souhaites, seulement.
— Ce serait avec plaisir, Astrid.

Et elle se lève à son tour, rejoignant sa compagne. Elle s’avance sur l’herbe en le foulant de pas légers. Elle commence à avancer, prenant sans aucune raison les devants. Astrid connaît mieux les bois qu’elle, mais elle se sentait exploratrice.
Elle pénètre entre les arbres, s’assurant que l’elfe la suit, mais elle en est persuadée ; c’est elle qui a proposé la balade après tout.
Elle a son bouquet à la main, et de celle qui est libre elle touche parfois le tronc de certains pins autour d’elle. Cela a quelque chose de relaxant, quelque chose qui apaise.

— C’est agréable ici, tu dois t’y plaire, à y vivre, dit-elle simplement.

La compagnie d’Astrid, c’est quelque chose qu’elle ne pourrait pas décrire si l’on lui posait la question.

— Tu sais, moi, j’habite plus haut, dans les villages elfiques. Dès fois, c’est assez éprouvant, avec mes gardes, tout ça. J’arrive à m’en débarasser de temps en temps. D’ailleurs, ils ne sont pas là parce que je suis censée être chez moi, comme quoi ce n’est pas si fiable, et elle rigole comme de rien n'était, comme si ce n’était pas grave.
Elle court des risques pour elle.

— Ce serait avec plaisir, Astrid.

Tu observes ta douce et tendre se lever pour te rejoindre. Elle passe devant toi. Tu ne dis rien, tu sais très bien qu’elle ne risque pas de se perdre. Après tout, tu es avec elle. Toi qui connaît cette forêt comme ta poche. Le nombre de fois où tu t’es perdue lorsque tu étais petite, désormais, tu peux te balader tranquillement plus loin. Tu reconnais le moindre chemin de cette verdoyante forêt. Celle où tu as toujours vécu. Ta maison, celle de ta feu mère, des loups qui restent près de toi. Tu suis Ingvild, en faisant attention à ne pas la perdre de vue. Tu es quelqu’un d’assez tête en l’air lorsque tu t’enfonces dans les bois. Apparemment, elle aussi s’assure que tu es bien en train de la suivre. Tu la vois tourner le visage de temps à autre. Un doux sourire s’inscrit sur ton visage, tu as l’impression de te voir, beaucoup plus jeune, découvrant la forêt, touchant les troncs d’arbres qui t’apaisaient en faisant bien attention que ta mère ne te quitte pas des yeux.

Tu te rapproches de la douce femme pour lui prendre délicatement sa main libre. Tu sens ton coeur rater de nouveau un battement, pourtant, c’est toi qui a initié le contact. Seuls les bruits de vos pas sur l’herbe et vos respirations sont entendues par le reste. Tu es apaisée, calmée. Par habitude, tu es toujours un peu stressée lorsque tu n’es pas avec Tyra, ton affilié, celle-ci ayant décidé de rester avec sa mère pour le moment. Néanmoins, la présence d’Ingvild t’enlève tout stress possible. Tu n’es pas quelqu’un de très sociable, tu es toujours restée dans cette forêt, bien que tu aies commencé à sortir de temps en temps pour découvrir ce monde immense.

— C’est agréable ici, tu dois t’y plaire, à y vivre.

Tu hoches juste légèrement la tête avec un petit sourire, pour confirmer les dires de ta tendre Ingvild. Tu préfères largement cet endroit plutôt que la “ville”. Il y a beaucoup trop de monde, tu te sens oppressée lorsque tu t’en vas pour découvrir le monde ou bien même sortir pour acheter un aliment que tu ne trouves pas dans cette forêt. Avant, c’était ta douce et charmante mère qui y allait. Mais lorsqu’elle était tombée malade, c’est toi qui allait chercher ses médicaments - qui l’ont finalement plus tuée qu’autre chose. Tu secoues un peu la tête pour t’enlever ce mauvais passage de tes souvenirs ; tu ne veux te souvenir que du meilleur avec ta génitrice.

— Tu sais, moi, j’habite plus haut, dans les villages elfiques. Dès fois, c’est assez éprouvant, avec mes gardes, tout ça. J’arrive à m’en débarasser de temps en temps.
— Est-ce si difficile de vivre dans un village ? Je n’y vais que très rarement, lorsque j’ai besoin de quelque chose que je ne peux pas trouver ici. Enfin, je trouve qu’ils s’occupent bien de l’apparence du village. Mais, j’ai l’impression, lorsque j’y vais, que je ne suis pas aussi libre que je le suis ici.

Tu serres un peu plus la main d’Ingvild, sans pour autant lui faire mal. C’est vrai, tu as cette constante impression qu’au village, tu es beaucoup moins libre de faire ce que tu souhaites. Beaucoup de fois, les personnes se disputent pour des choses que tu trouves futiles. Le seul moment agréable que tu y trouves, c’est lorsque tu aides cette vieille femme qui est fleuriste. Parfois, elle ne peut pas du tout s’occuper des plantes qu’elle vend et elles finissent par se flétrir. Tu y vas pour l’aider, pour faire en sorte que ses plantes reprennent du poil de bête, qu’elles soient encore plus belles qu’à l’accoutumée. Bien évidemment, tu utilises ta magie pour ça.

— D’ailleurs, ils ne sont pas là parce que je suis censée être chez moi, comme quoi ce n’est pas si fiable.

Tu fais un grimace, elle risque peut-être d’avoir des problèmes si elle reste trop longtemps avec toi. Tu ne sais pas comment ça se passe chez elle, tu t’imagines forcément le pire. Tu commences à t’inquiéter pour ta chère amie.

— Tu ne risques rien à rester trop longtemps ici, avec moi ? Je n’ai pas envie qu’il t’arrive quelque chose de grave parce que tu es venue me voir...

— Tu ne risques rien à rester trop longtemps ici, avec moi ? Je n’ai pas envie qu’il t’arrive quelque chose de grave parce que tu es venue me voir…
Tout de suite, la demie-déesse se retourne.

Elle prend la deuxième main d’Astrid dans la sienne, ne brisant pas l’union de l’autre déjà forte. Elle plante son regard dans le sien ; c’est un regard qui semble un peu désolé, un peu triste.
Elle se mord la lèvre, ne sait pas trop quoi dire. Elle s’en veut. Elle ne voulait pas inquiéter sa douce elfe, elle ne voulait pas qu’elle se sente mal d’être à ses côtés alors qu’il ne s’agit que de sa faute, à elle, Ingvild.
Elle ouvre la bouche, à plusieurs reprises, essayant de trouver les mots, d’aligner une phrase censée.

— Je risque peut-être quelque chose, mais je sais me défendre, affirme-t-elle, le regard un peu plus sûr.
Elle essaie de la rassurer.

Faisant vriller ses iris autour d’elle, elle s’imprègne du lieu et de l’air pur filtré par les arbres. Les feuilles émettent un léger bruit de claquement lorsque le vent vient les chatouiller. Ses yeux reviennent chercher ceux d’Astrid, cette fois avec plus d’insistance, mais aussi de la douceur.

— Rien ne va m’arriver, Astrid, tout va bien, tant que je suis avec toi.
Un sourire.

Elle enlève sa deuxième main de celle de sa partenaire et reprend sa route, se retournant toujours pour offrir quelques sourire à Astrid.
Une fois un peu plus enfoncée, elle s’arrête.

— As-tu des endroits que tu aimerais me montrer?, demande-t-elle.