La forêt, un lieu à la fois paisible et bruyant. J'ai souvent dormi sous le couvert des arbres, les yeux perdus dans leurs feuillages qui filtraient la lumière des étoiles. J'écoutais d'un air distrait les bruits environnants. Quand il faisait chaud, les grillons et hiboux étaient de sortie. Ils jouaient une douce mélodie à la fois sauvage et incompréhensible pour le non-initié que j'ai toujours été. Ils m'évitaient le silence et la solitude, je les en remerciais muettement, sans être capable d'exprimer ma gratitude d'une façon qu'il pourraient comprendre.
En hiver, il s'agissait d'une toute autre affaire. Quand la neige recouvrait le sol, elle semblait aspirer toute forme de vie et tout son. Plongeant le monde dans une sorte de stase et de ralentissement qui m'a toujours déplu.
La neige c'est froid et humide. J'ai toujours préféré l'herbe grasse et la mousse à un sol impraticable et gelé par endroits.
Je me suis rendu dans la forêt, parce que je me demandais si elle était différente de toutes celles que j'avais pu voir. Quels arbres pouvaient bien la peupler ? Quels animaux ? Des questions banales et sans importance, mais s'il me fallait vivre sur cette île céleste, alors autant en connaitre les moindre recoins non ?
Et maintenant que j'y suis, je réalise qu'il n'y a rien d'anormal, rien que je n'ai pas déjà vu au moins une fois. Quelque part, je suis rassuré, d'autre part, je trouve ça dommage que les dieux n'aient pas eu l’excentricité de faire un bois un peu plus... magique. Mon affiliée, un petit dragon-fée aux écailles majoritairement roses voletait en tous sens en essayant d’attraper les petits insectes à sa portée. Elle paraissait bien plus à son aise que dans un appartement. Mais difficile de concilier nos deux lieux de vie en un seul, pas sûr que Sasha apprécie que je ramène des arbres et petites bestioles rampantes à la maison. Elle en rirait, elle aurait raison.
Une voix me tire de ma rêverie. Celle d'un individu de sexe masculin, peut-être un homme, je ne peux pas le savoir. Je tourne la tête dans sa direction. Il n'a pas l'air ravi. Pense-t-il que je suis en train de l'espionner ? Possible. Ce serait ennuyeux. Et démarrer une promenade forestière par une dispute avec un type parano ne me branche pas vraiment. Après quelques secondes de recherche, j'avise la silhouette. Mais pas le temps de m'en approcher ou même de répondre que, déjà on me lance quelque chose. Un pas en arrière, pas le temps de faire davantage et une lame à l'acier brillant se fiche dans un tronc, là où se trouvait ma tête, il y a quelques secondes de ça. Peu importe qui il peut être, il sait viser et ce n'est pas forcément une bonne nouvelle.
- Quel malotru ! s'enflamme Luisaile.
Je lui fais signe de baisser la voix, en oubliant qu'elle ne parle pas vraiment. Je me cache, prêt à dégainer mon épée s'il le faut. Mais avant, j'aimerai voir le visage de mon agresseur, il y a peut-être moyen de s'expliquer ?
C'est un jeune homme blond qui vient chercher la lame qui aurait pu m'ôter la vie. Si je surgis de l'ombre je vais lui faire peur et si je lui fais peur, je vais avoir des problèmes... Mais si je ne sors pas il va définitivement se dire que je suis un ennemi. Je soupire. Je m'avance, mais conserve une distance de sécurité. J'essaye de sourire, mais je crois que c'est raté :
- Je ne pense pas que ce soit la peine de s'énerver, il doit y avoir un mal-entendu. Je m’appelle Ariel, et je souhaite te présenter mes excuses si je t'ai surpris, ce n'était pas du tout mon intention.