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 Until we bleed || Natence

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Until we bleed || Natence | Lun 27 Juil 2015, 13:03





Until we bleed
We're the queens of the not coming back

Mauvaise journée. Mal de tête. Mauvais week-end. Samedi pourri. Semaine chargée qui t’attend.  Décadence, encore. Tu as passé une soirée qui ferait passer Dionysos pour un saint. Tu ne te souviens pas de la moitié.  Pourtant tu es sur le point de te rendre à une autre. Tu ne sais même pas pourquoi tu as accepté de t’y rendre. Samedi soir. Tu aurais sûrement mieux fait de téléphoner à ta meilleure amie pour passer un moment agréable comme tout être saint d’esprit. Mais tu ne l’es pas vraiment. Tu as pensé à le faire. Vraiment. Tu as pensé à jouer à la parfaite petite bourgeoise pendant quelques secondes. Tu aurais pu passer une soirée normale. Le genre que tu n’avais pas eu depuis un bout de temps, surtout pendant les week-end. Tu as tenté de faire des efforts. Tu étais même sur le point de composer le numéro de la fée quand tu avais reçu un appel. Appel qui allait t’annoncer une nouvelle que tu n’avais pas du tout envie d’entendre. Nouvelle que tu n’aurais jamais cru avoir à entendre. Alors quand on t’a annoncé que ton garde du corps t’abandonnait pour plusieurs mois pour se joindre à ton père pour l’une de leur fichues mission, tes bonnes résolutions ont disparu comme de la fumée de cigarette dans l’air.

Tu sais ce qui l’attend. Danger. Risque. Peut-être bien la mort. Tu sais comment se passent ce genre de mission. Tu n’as pas ton mot à dire. C’est pour le bien de la communauté. Mais on fait souvent passer la communauté avant toi, dans la famille. Tu as toujours considéré Neal comme un ami proche. Maintenant qu’il n’est plus avec toi, il n’y a plus personne pour te protéger. Personne pour venir te récupérer à l’intérieur des fêtes et des appartements à cinq heures du matin. Personne pour te secouer et te rassurer quand tu sens que tu as pris trop de poudre blanche. Personne pour te rappeler que tu as une vie en dehors la nuit. Tu t’es promis de ne pas pleurer pour ce genre de chose. Tu es le genre à garder le moral et le sourire dans toutes circonstances. Mais là ça atteint ton entourage alors tu mets ta bonne humeur de côté. Tu la ranges et tu sors. Tu rejoins un des appartements situés dans les ruelles malfamés de la ville. Le genre de ruelle où tu évites de traîner. Tu as beau porté un jean noir déchiré, ta cape et de vieilles Stan Smith, tu ne passes pas inaperçue. Ton aura attire l’attention. Et c’est tout ce dont tu n’avais pas besoin, d’attention.

Tu traînes des pieds. Tête baissée, tu ne cherches même pas à savoir où tu vas. L’appartement où la soirée doit se passer devrait être dans les environs. De loin, tu passes pour une ombre sans vie. Ta cape te rend presque invisible. Elle ne laisse rien voir. Rien transparaître. Rien à pars quelques une de tes mèches blondes. Tu ne marches pas droit. Tes jambes vacillent. Tu es crevée. Tu viens de passer une semaine crevante. Tu as passé ta nuit dans un bar et ta journée à travailler. Même les samedi, heures supplémentaires. Ca ne te dérange pas, ça t’occupe. Mais ton corps semble être en total désaccord avec toi. Tu es épuisée. Mais visiblement pas assez pour ne pas te rendre à une fête. Tu penses que cela va te changer les idées. Sûrement. Tu as même pris ta propre bouteille de whisky. Au cas où. On ne sait jamais. Tu t’arrêtes quand tu aperçois une ombre qui n’a pas sa place dans le coin. Léger froncement de sourcil. En temps normal, Neal aurait été là pour te protéger. Mais si quelque chose tourne mal en ce moment, tu devras te débrouiller seule. Tu y connais un rayon en self défense, tu te souviens encore de tout ce que ton père t’a appris. Le seul petit problème c’est que tu es un peu rouillée, depuis le temps.

Tu lèves la tête avant de te retrouve face à quatre hommes dont la vue te fait frémir. Derrière les verres de tes Aviator, tu les détailles du regard. Fringues pathétiques, cicatrices visibles, crânes rasés, bras tatoués. Tu présumes après cette observation que leur proposer de jouer à la marelle serait une mauvaise idée. Tu présumes bien. S’ils te reconnaissent, tu es fichue. Evidemment, il fallait que ce genre de chose t’arrive lorsque Neal s’en va. Ton père t’a bien proposé de t’envoyer quelqu’un pour te protéger le temps de son retour mais tu as refusé. Nope. Tu préfères te débrouiller. Débrouille-toi bien avec ces gueules de cons maintenant. Tu ne bouges pas, ne montrant aucun signe de peur. C’est une émotion qui a disparu de ton être depuis bien longtemps. Tu es morte. Quelle peur pire que celle de mourir ? Aucune. Donc tu n’as plus peur de grand-chose à présent. On t’a fait subir les pires des tortures pour ton entraînement alors hein. Ce n’est pas leur piercing au sourcil qui va te faire peur. Tu en as un toi aussi en plus… Entre toi et eux en ce moment, à première vue, on pourrait presque se dire que tu es celle qui va les attaquer.

Tu ne cherches pas les problèmes. Tu n’as ni la force physique ni psychologique pour te battre pour l’instant. Sans leur adresser un second regard, tu leur tournes le dos pour faire demi-tour. Finalement, la fête se fera sans toi, tu t’en passeras. Tu roules des yeux derrière tes lunettes de soleil quand tu vois que le même nombre d’homme se tient à nouveau face à toi. Fantastique. Tu es dans la merde. Tu te retournes tout à coup lorsque tu sens l’un d’eux te retirer ton capuchon. Tu n’as aucun mal à voir leur regard surpris lorsqu’ils voient tes traits. Là en revanche, c’est le moment de courir. Par où ? Aucune idée. Tu es prise au piège sur ce coup. Et le pire c’est que la dose de cocaïne que tu as pris avant de venir ne te permet en aucun cas d’user de l’un de tes pouvoirs pour t’en débarrasser. Tu aurais pu les envoyer contre un mûr d’un revers de main mais là tu es dans l’incapacité de le faire. En d’autre termes, tu es à leur merci. Tu ne t’es pas entraînée depuis trop longtemps pour tenter un combat à mains nues contre huit gars plus baraqués les uns que les autres. Pas moyen. Tu ne ferais qu’aggraver ton cas. Là tu regrettes de ne pas avoir écouté ton père te dire qu’il ne fallait pas que tu cesses ton entraînement parce que « tu es une Andersen et que les Andersen sont toujours en danger ». Mais tu avais Neal. Donc tu n’avais rien à craindre. Et maintenant t’as quoi ? Que dalle.

Au moins t’en es consciente. Tu prends une longue inspiration pour ne pas paniquer, te préparant psychologiquement à ce qui va suivre. Bon bon bon…

Voyez-vous qui nous fait l’honneur de se pointer. Tu ne serais pas la petite Andersen? Qu’est-ce que tu fais dans un endroit pareil, ma mignonne? Je me demande combien tes parents seraient prêts à payer pour te récupérer.

Un paquet. Un sacré paquet. Mais ils vont surtout employer les grands moyens pour te ramener sans rien payer et tuer ces personnes par la même occasion. Tu retiens une grimace. Pourquoi est-ce que tu n’as jamais de chance ? Tu les regardes un par un avant d’hausser innocemment les épaules. Pas besoin de parler, tu sais qu’avec ce genre de personne, cela ne rimerai à rien. Tu ne sais pas quoi faire pour le moment. Mais si l’un d’eux s’approche un peu plus, pas question de te faire prendre sans te battre. Plutôt mourir sur le champ. Mais tu ne te voiles pas la face, tu as peu de chance de t’en sortir indemne.  Personne ne se promène seul dans ce genre d’endroit. Tu es la seule assez dingue et insouciante pour le faire. Moment de prier Hadès d’avoir pitié de toi… Il faudrait un miracle pour te sauver. Ou alors un ange. Au choix.


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Re: Until we bleed || Natence | Lun 27 Juil 2015, 16:52


until we bleed

Les pensées chaotiques, la tête dans le brouillard. Le regard perçant, le décor macabre. Un souffle sec, trop brusque, en guise de réveil. La poitrine serrée, la salive pâteuse dans la bouche. la tête me tourne. Combien d'heures avaient passé ? Trop, sûrement. Assez pour que les spectres d'un sommeil trop inconfortable fanent d'eux-mêmes. Les draps humides, le matelas de pierre. Le dos cassé contre le plumard, le dos fané, assis à son bord. Un chauffage qui manque à l'appelle comme me manquaient ma clope et mon café. J'avais encore zappé d'en acheter. Comme chaque jour depuis cette matinée embrumée où sa voix rauque grognait dans le fond de sa gorge. Laissé quelque part dans un coin de ma conscience à moitié éteinte, Monsieur l'Inspecteur. L'air pesant, l'odeur de moisi. Ça ressemblait presque à mon ancien appartement, si on y ajoutait que la bouteille de whisky n'était pas si désespérément vide. Les journaux froissés, empilés sur le bureau et le plancher qui grince. Quelle heure était-il ? Trop tard, certainement. Comme chaque fois depuis que sa silhouette avait disparu dans la brume, en même temps que ma garantie de rester libre.

J'étais pitoyable. Ne fournissais aucun effort pour prendre soin de moi, négligée. Minable. Un soupir entre les lèvres et la nervosité me gagnant. J'avais vraiment besoin de ma clope. Et celles que je fumais ne se trouvaient qu'au marché noir. Un coup d’œil à l'horloge en retard de plusieurs heures et j'enfile mon imperméable noir, une robe rouge, foncée. Les hauts talons claquent contre le sol irrégulier de ruelles trop imbriquées. Les mains dans les poches, une démarche assurée. Et quand je pense enfin pouvoir passer une fin de journée acceptable, mon regard se fige, sévère, glacial. Brillant. Un souffle perdu, sifflant contre mes lèvres entre ouvertes. Des silhouettes trop nombreuses pour une cible trop maigre. L'un d'eux se retourne, me provoque. Je baisse la tête et passe mon chemin.  

J'aime mieux ça. Mais pas pour longtemps, chéri.

Le pas rapide, le regard sérieux. Trop, peut-être. La cadence accélère, ma poitrine se serre, s'emballe. Un rictus au coin des lèvres. Entre mes doigts se dessine mon sabre et du toit le plus proche, mon corps tombe, défie les lois de la pesanteur quand mes talons retombent contre le sol. La gravité ne les soutient plus, malheureux. Le sabre enfoncé dans la poitrine du plus vulgaire, crachant son venin. Et rapidement, empoignant le bras de la proie, les laisser s'écraser au sol, les poumons vidés par le choc contre le béton. A quelques ruelles de là, mon corps blessé commençait à m'inquiéter. L'enfoiré avait laissé une méchante plaie sur mon mollet.

« J'aurais été curieuse de savoir ce qu'ils te voulaient.. »

J'examine de plus près l'entaille. Rien de si grave, au fond. Peut-être que les talons avaient été de trop, contre autant de gars. Mais je n'étais plus celle d'autrefois, qui ressortait d'une guerre avec une égratignure au genou. J'avais sombré trop bas. Le fond de la bouteille, le verre brisé contre le plancher. Un soupire entre les lèvres et mes doigts ouvrent la plaie, vérifiant que rien ne s'y était glissé. Et je n'avais même pas un mouchoir pour épargner mes chaussures noires de taches pourpres. Je relève les yeux vers la demoiselle, la détaille un instant.

« Mais je suppose que tu ne veux pas vérifier ? »

Un regard la questionne. Est-ce que seulement elle savait ce qu'ils voulaient ? Je tourne la tête, observant notre position. On s'était encore éloigné de ce foutu marché. De toutes évidences, la chance n'était pas de mon côté. Et la fumée n'embuerait pas mes poumons de si tôt, à cette allure.





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Re: Until we bleed || Natence | Lun 27 Juil 2015, 20:46





Until we bleed
We're the queens of the not coming back

Tu prends mentalement en note ton testament. S’il venait à t’arriver quelque chose, tu devrais demander à ce que tes biens changent de propriétaire. Laisser un compte bancaire aussi plein que le tien à la banque ce serait du gâchis. Tu ne pensais pas avoir à affronter la mort de sitôt, à nouveau. Néanmoins, tu aimes bien la défier. La drogue et la meilleure manière pour cela. C’est ta manière de lui hurler un « tu ne m’as pas eu la première fois, tu ne m’auras pas une deuxième fois ». C’est un peu dangereux, de défier la mort. Mais tu le fais depuis tellement longtemps que c’est devenu une chose insignifiante. Elle ne t’a jamais répondu avant aujourd’hui. Tu t’en prends plein la gueule sur ce coup. Huit gars pour une seule personne. A moitié défoncée. Pas du tout d’humeur à jouer à ce genre de gens. Affaiblie. Et impuissante par-dessus tout. Donc au lieu d paniquer, de hurler et de crier pour que personne ne t’entende, tu économies tes forces et tu attends que ça se passe. Tu tentes de deviner leur prochain mouvement pour tenter de le contrer du mieux que tu peux. Tu canalises ton énergie pour essayer de te débarrasser de quelques uns. Mais tu n’as besoin de rien faire. Quelqu’un ou quelque chose le fait pour toi.

Un miracle ne serait sûrement pas le terme approprié. Un don par contre, oui. Tu as à peine le temps de voir l’éclat d’une lame que les hommes autour de toi s’écroulent comme de vulgaires fourmis qui viennent de se faire écraser. Tu fais un pas en arrière avant de te retrouver dos au mûr. Tu es visiblement la seule personne encore debout. Tu n’as aucune idée de ce qu’il vient de se passer. Ce n’est qu’après quelques secondes que tes sens sentent une présente qui n’était pas présente auparavant. Bonne nouvelle ou mauvaise ? Tu hésites. Il se pourrait que ce ne soit qu’un autre gang des environs qui te veut. Dernière fois que tu viens ici sans protection. C’était bête comme une idée. Mais tu voulais te prouver que tu pouvais veiller seule à te protection. Il semblerait que cela soit faux. Il va falloir que tu trouves un moyen de remédier à cela. Il n’y aura pas toujours un étranger prêt à voler à la rescousse d’une fille dans un lieu particulièrement sombre. Etranger qui s’avère par la suite être une étrangère. Tu n’as même pas besoin de lever la tête pour le savoir. Pourtant cela ne manque pas de te surprendre.

Ton regard glisse des talons aiguillent à la robe grenas. Une taille parfaitement sculptée. Tandis qu’elle a l’air d’une reine, tu as l’air de sortir d’un jeu vidéo, avec ta cape noire. Il te semble ainsi que c’est à elle que tu dois la vie. Tu aimerais éviter d’imaginer ce qui aurait pu se passer si elle n’avait pas été là. Elle a mit à terre huit personnes en un battement de cils. Pour toi. Il aurait fallu que tu en vailles la peine. Tes capacités visuelles plus développées que la moyenne n’ont eu aucun mal à remarquer la plaie qui régnait au mollet de la jeune femme. Du moins, elle te semblait jeune. Tu as appris depuis longtemps que le physique n’a plus vraiment d’importance sur l’île. A première vue, celle-ci avait un certain goût vestimentaire que sur le coup, tu n’es pas en capacité de critiqué. Ton admiration pour elle et le fait qu’elle t’ait aidé t’empêche de la juger, à première vue. En revanche cela ne t’empêche pas de penser qu’elle doit être complètement à côté de la plaque pour se promener en escarpins dans un quartier pareil.

J’aurai été curieuse de savoir ce qu’ils te voulaient..Mais je suppose que tu ne veux pas vérifier ?
C’est clair que là y a pas moyen de leur demander. Tu ne sais même pas s’ils sont morts ou pas. Mais ça fait flipper. Tu sens son regard se posé sur toi et tu n’hésites pas une seconde à ne pas détourner la tête. Tu as cette habitude de ne jamais baisser les yeux même quand tu es face à quelqu’un que tu ne connais pas. On t’a toujours dit que c’était un signe de faiblesse et la première impression et souvent la plus importante. A moins qu’elle ne soit également la dernière. Moment mélancolique. Tu lui adresses un sourire désespéré avant de te débarrasser du bras de l’un des gars posé sur ton pied. Tu te laisses glisser le long du mûr avant de te frotter les yeux, exténuée. Tu devrais sans aucun doute te tirer en courant mais là tu t’en fiches complètement. Tu n’as jamais été méfiante et c’est sûrement ce qui te cause le plus de problème.
Pas besoin de leur demander, la réponse est des plus simples. C’est parce que je suis une Andersen. Il semblerait que cela soit suffisant pour se faire attaquer.

Tu te laisses glisser le long du mûr avant de ramener tes genoux contre ta poitrine. Posant ton sac dessus, tu en sors un paquet de mouchoir et la bouteille de whisky. Tu ne vas pas aller à la fête. C’est mort. Tu n’es plus d’humeur. Là tu vas juste te saouler, au pire des cas. Mais ton côté angélique fait que ce n’est pas la même chose que tu fais. Avec un peu d’hésitation, tu les tends à la personne devant toi en levant la tête vers elle pour pouvoir la regarder. Tu lui adresses ton adorable sourire accompagné d’un air franchement désolé.
Excusez moi, c’est de ma faute si vous êtes blessée. Vous devriez essuyer le sang et désinfecter. Et vous servir au passage si vous en voulez, d’ailleurs.
Tu passes tes mains dans tes cheveux avant te fouiller dans ton sac à la recherche de ton paquet de cigarette. Tu cesses tout mouvement après quelques secondes, préférant laisser cela pour plus tard. Tu regardes à nouveau la jeune femme, assez mal à l’aise. C’est pas tout les jours que tu te fais sauver.
Merci, au fait. Vu mon état je n’aurai pas eu la capacité de m’en sortir seule. Est-ce qu’ils sont morts ?
Tu demandes cela avec une certaine nonchalance qui prouve que tu t’es déjà retrouvé face à des corps sans vie auparavant. Néanmoins tu voudrais bien savoir tu vas devoir passer au commissariat. Leur montrer ton tatouage d’agent secret sera amplement suffisant pour t’éviter la prison mais on n’est jamais trop prudent. C’est combien d’années légitime décence ? Il faudra que tu revoies tes leçons.  Tu ne quittes pas du regard les différents corps sur le sol, imaginant déjà la vengeance dont ils vont être victime. Sympa comme soirée.


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Re: Until we bleed || Natence | Lun 27 Juil 2015, 22:36


until we bleed

Andersen. Pourquoi tant de haine contre un nom de famille ? Une riche famille ? Une richesse non-méritée ? Que d'histoires compliquées alors que le portail s'était ouvert il y a si peu de temps. Incroyable le taux de criminalité dans ces rues perdues. A York, le seul criminel était la faim et la misère. Une boule de poils dans la nuit. Ou c'est ce qu'on essayait de faire croire, au moins. Un bref instant se bousculaient dans ma tête les différentes informations. Andersen. J'avais peut-être trouvé de quoi occuper mes journées, finalement. Une raison de se lever le matin, d'ouvrir les yeux sans les refermer la seconde d'après. C'était ça, le problème. Je n'avais aucun but. Alors que j'avais passé deux siècles entiers à courir après la rédemption et l'honneur. Aujourd'hui je n'avais rien.

Quand ce n'est pas le déjeuner qui passe mal, c'est la désagréable envie de retourner sous mes draps qui me prend à la gorge et aux tripes, qui me fait serrer les dents pour ne pas fermer les yeux. M'effacer dans un monde où n'existerait que des songes trop torturés. Trop sombres. Trop fanés. Des couinements, grognements sourds, s'échappent de leurs gorges étouffées et d'un regard m'assure qu'aucun d'eux ne s'était levé. Un, deux, quatre, sept. Merde. Un pas de travers, un bruit qui résonne contre les murs. Trahi par ses propres mouvements. Pitoyable. D'un coup sec il avance le bras, un glaive entre les doigts. Sauf que le sabre, bien plus long, le retenait à distance, planté dans son abdomen. Le cadavre jeté au sol. Deux morts. Et les six autres inconscients ne referaient pas la même erreur.

« Pas tous. Tu préférerais qu'ils le soient ? »

Un regard paniqué parmi les types au sol se faisait voir et il gesticulait comme un imbécile. Misérable. Un mépris certain naissait alors, plus fort encore que le dégoût de s'attaquer à une demoiselle seule.. et défoncée. Entre ça et le fait de se tortiller comme un poisson hors de l'eau, le pauvre gars n'avait décidément pas le moindre mérite à être toujours en vie. Si ce n'est d'avoir de la chance. Ridicule. Un soupire sifflant entre mes lèvres glacées quand l'alcool entre en contact avec la plaie ouverte. Une grimace, je crispe le nez, serre les dents. Les acrobaties n'avaient fait qu'ouvrir encore un peu l'entaille. Est-ce que, pour autant, c'était de la faute de la blonde ? Comme si j'étais en état de blâmer le vice.

« J'aurais aussi bien pu passer mon chemin.. Je prends entière responsabilité de mon handicap, si ça peut t'apaiser. »

Et contre mes lèvres le goulot, le liquide en déglutition dans la gorge. Je referme la bouteille, la tend vers elle, un remerciement à peine murmuré. Peut-être qu'aborder les raisons qui avaient pousser ces pauvres imbéciles à se suicider -en un sens- était assez indiscret, au fond. Mais qu'est-ce qui était plus indiscret, de se renseigner sans jamais lui dire ou lui demander en face ? Quitte à de toutes façons savoir, au bout du compte. Et dire que le sang a eu le temps de faire le parcours jusqu'à mes chaussures.

Aucun reproche dans la voix, une simple curiosité un peu étrange. Peut-être trop. Sûrement trop étrange, finalement. Un chevalier se devait de rester poli. Mais je n'étais plus. Et j'avais envie de savoir. On ne se donnait pas le droit de la curiosité, plus bas. Ici, tout semblait si différent..

« J'imagine que c'est une question d'argent ? Si ces rues sont si dangereuses pour votre classe sociale, que faites-vous ici, seule.. et défoncée ? »





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Re: Until we bleed || Natence | Mar 28 Juil 2015, 23:13





Until we bleed
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Les bouts de ta cape glissent sur tes épaules. Révélant ta peau pâle et tes délicates tâches de rousseurs qui n’ont pas de raison d’y être. Tu ne fais pas d’effort pour te couvrir à nouveau. Cela n’a aucune importance. Tu remarques qu’elle ne réagit pas à l’entende de ton nom de famille. Nom de damnés. Il te suivra toute ta vie. Hantera tes années. Donnera aux autres une raison de vouloir se rapprocher de toi. Provoquera de l’hypocrisie. Seule et unique chose qui te dégoute dans ce monde. Pourtant tu ne peux rien y faire. Toi aussi il t’arrive d’être hypocrite. Sinon tu te retrouveras en prison. Sinon tu ne pourras jamais vivre en société. Société qui produit ces personnes à moitié mortes sur le sol. La vue du sang te fait pencher la tête sur le côté. Tu aurais sûrement dû ressentir quelque chose en ce moment. De la pitié. Peut-être du regret. Mais tu ne ressens rien. Tu te dis seulement qu’ils l’ont mérité. C’était toi ou eux. Tu ne cherches jamais à faire du mal aux autres, à moins que leurs intentions soient mauvaises envers toi. Tu lèves le menton dans un geste des plus gracieux pour observer les hommes à terres.

Les bruits qui s’élèvent de leur gorge sèche te prouvent qu’ils sont encore vivants. Tout comme sa réponse. Pas tous. Donc certains le sont. Sa question fait que tu te figes. Sa franchise te prend de cours. Tu ne t’y attendais pas. Tu ignores la réponse que tu pourrais lui donner. Tu n’as jamais souhaité la mort de quelqu’un, qu’il soit bon au mauvais. Du moins, pour l’instant. Quand quelqu’un cherchait à te faire du mal, ton garde du corps s’en occupait. Tu n’en entendais jamais parler à nouveau. Ses paroles te font réfléchir. Ils auraient put te blesser. Mais tu n’es pas rancunière autant de souhaiter qu’ils aillent rejoindre Hadès. Non, tu es trop bonne pour cela. Mouvements. Ton attention change de destinataire. Tu le regardes gesticuler. Incapacité de bouger. Elle doit avoir une certaine emprise sur eux. Tandis qu’elle boit ta bouteille de whisky à quelques dizaines d’années d’âges, tu agis. Avançant à quatre pattes le temps de t’approcher de l’homme qui semble avoir repris connaissance. Tu prends sa tête entre ses mains. Un regard. Un contact visuel. En quelques secondes, il rejoint les bras des ténèbres à nouveau. Juste pour un petit moment. Hypnose pour le déconnecter de la réalité.

Une fois que c’est fait, tu retournes t’assoir dos contre le mûr avec une mine affaiblie. Tu es moins pétée que tout à l’heure, c’est déjà ça. Tu peux utiliser ton pouvoir. Pas à fond, mais c’est déjà ça. Tes mèches blondes accueillent tes doigts pour être plaquées en arrière. Tu plaques au mûr pour être le plus loin possible de tous les corps inconscient. Traumatisant comme situation. Tu récupères ta bouteille de whisky. Gorgée. Longue gorgée. Presque interminable. Rappel : tu dois respirer. Tu grimaces de dégoût quand le goût de l’alcool te colle à la gorge. Les questions pleuvent ensuite sur toi. Elles te brûlent la peau comme des goutent d’acide. Pas de reproches. Une certaine surprise de ta part quand tu comprends qu’elle ne te juge pas. Tu poses la bouteille près de toi. Ton esprit prend plus de temps pour rassembler les mots que tu dois coller pour répondre. Même dans un état pareil, ton esprit garde le contrôle. C’est pour cela que tu vas toujours plus loin. Tu veux que cette barrière de contrôle constant disparaisse. Mais c’est de plus en plus difficile. En bonne jeune fille que tu es, tu ne vas lui répondre. Pas de façon maladroite. Elle sait que tu es défoncée, tu n’as donc pas besoin de faire semblant d’être clean. Une immédiate sensation de confiance s’installe. Sensation indésirable pour une personne comme toi qui ne donne ta confiance aussi simplement qu’on pourrait le croire.

L’argent, oui. Tout tourne toujours autour de cela. Disons que j’aime le danger. J’ai une certaine tendance à vouloir provoquer la mort et Hadès. C’est paradoxal mais c’est l’unique chose qui me fait sentir vivante. C’est sûrement pour cela que je me promène toujours avec un garde du corps collé à mon être comme une seconde âme.
Ton calme et mesuré. Voix douce. Etincelle de grâce qui sublime toujours tes dires. Tu hoches la tête en réfléchissant à un moyen d’arranger tout ce bordel qui règne autour de vous. Tu adresses un regard appuyé mais réconfortant à l’invitée avant de sortir ton portable de ta poche. C’est ce qu’on t’apprend depuis que tu es née. Au moindre problème, tu téléphones pour prévenir. Le reste, ils s’en chargent. Tu déconnes, ils font le ménage. C’est la moindre des choses pour la fille de leur patron. Si on retrouve les corps, on retrouvera également ton ADN. ADN que tu fais bien attention à ne laisser quasiment nulle part grâce aux gants que tu portes la plupart du temps.Tu t’excuses une seconde le temps de coller ton téléphone à ton oreille. Si tu ne le fais pas tout de suite, quelqu’un risquerait d’appeler la police. Bien que vous aillez un contrat assez compromettant avec la police également, faire affaire avec elle pour cacher tes traces n’est jamais chose facile. C’est pour cela que tu évites ça. De plus, malgré le fait que tu n’ais rien à te reprocher cette fois-ci, à pars le fait d’être sortie seule, tu ne peux pas laisser se faire arrêter pour homicide à cause de tes conneries. Dès que la personne à l’autre bout du fil réponds, tu lui donnes ta position et ton code qui n’est rien d’autre que ton nom d’agent. « 2 morts. 6 dans un état critique. Ruelles sombres. » Quelques mots prononcés par toi. Suffisants pour qu’ils comprennent. Ils t’annoncent que ce sera fait dans la soirée.
Tu raccroches avant de relever la tête pour la regarder.
Vous risquez quand même d’avoir des problèmes et que vous le vouliez ou pas ce sera en partie à cause de moi. C’est néanmoins arrangé, ce sera comme si vous n’étiez jamais passée par ici. Aucune trace, pas même un cheveu de notre passage. Pratique, n’est-ce pas ? Mon nom de famille a également quelques bon côté, je ne peux m’en plaindre. Minute, ne bougez pas.
Tu fais une moue avant d’attraper les bouts de la chemise entrouverte que tu as sous ta cape. D’un coup sec, tu déchire une fine lamelle. Tu l’arroses d’alcool. Te penchant sur le côté, tu l’enroules autour du mollet de la femme dont tu ne connais pas encore le prénom. Un nœud. Puis tu souris. Là, tu es satisfaite. Et tu es sûre qu’elle ne saignera plus. Tu as au moins fais une bonne action, ce soir.
Si vous avez besoin d’une nouvelle paire d’escarpin, dites le moi, je dois avoir les même au bureau. Du trente-huit, à première vue, dix centimètres? Je les aime bien. La dernière tendance c'est ceux qui sont décoletés. Et je vous conseille ceux à bride, aussi, ils sont sublimes. Je suis Nathanaël, en passant.


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Re: Until we bleed || Natence | Mer 29 Juil 2015, 01:17


until we bleed

Se chargeant du bandage, elle finit par s'acquitter d'une dette invisible, imaginaire. Une excuse balancée comme ça, un coup de téléphone et tout était réglé. Réglé. Qu'y avait-il à régler ? Aucune trace de mon passage ne s'était marquée sur leurs corps. Aucune ADN, aucun cheveux, pas la moindre trace de doigts. Sauf qu'elle n'était pas sensée le savoir. Un souffle entre les lèvres. Glacé. Le regard perdu, fendu aux cadavres mutilés. Je ferme les yeux, me laisse porter par un sentiment incapable, avant de l'effacer comme rien, juste le temps de sentir qu'il existait encore une part d'humanité, là quelque part. La culpabilité. Comme pour me prouver que mon âme n'était pas tout à fait souillée. Comme si ça pouvait changer quoi que ce soit à ces peines. Le sang noyé dans l'alcool. Les dents serrées, le regard sombre. Tout à coup glaçant. Le sang recraché de la gorge d'un malheureux. La pression augmente puis s'apaise. Leurs poumons écrasés. Comme s'ils n'avaient rien mérité.

Et comme de rien, elle propose des escarpins. Aucune indignation, pas de cris ou de terreur. Pourtant dans ses yeux se reflétait un monde si différent. Un monde où les ténèbres ne dévoraient que les maudits. Un monde où les ombres rattrapaient l'horreur, la broyaient sans rien en laisser. Un monde où n'étaient pas forcés de se détruire des soldats pour mieux oublier. Je serre les dents. La salive me brûle la gorge. La rancœur contre une vie effacée. Une vie déchirée. La fatigue me revient, la paresse dans les muscles, mes paupières retombent. Un souffle entre les lèvres. Ces clopes allaient encore me filer entre les doigts. Tout ça pour des misérables. Pitoyables. Le tissu se tâchait bien vite et le sang séchait contre les escarpins.

« Ça ira, pour les escarpins. »

Le plus compliqué serait d'expliquer à l'inspecteur d'où sortait la plaie. Une agression nocturne, une fois sortie d'une taverne. Encourue jusque dans mon appartement. L'enfoiré qui court toujours. Pour lui donner une vague piste. Dégagée de tout soupçons, s'il s'avérait être crédule. Sauf qu'il ne l'était pas. Maudit flic. Au fond, c'était plus particulièrement parce qu'il me rappelait qui j'étais, mais je détestais ce type. Plus que je ne l'appréciais, sûrement. Fascination morbide. Trop fort pour être neutralisé, trop faible pour prétendre m'attraper. Et pourtant, il me hantait. Son regard fendu dans la brume. Sa silhouette perdue dans le brouillard. Une balle entre les yeux et le réveil était trop brusque. Toutes les nuits depuis cette matinée trop tendue, il était là pour tuer non pas une mais deux vies.

Retour à la réalité. Soudainement trop brusque. Le regard figé dans le temps. Les lèvres entre-ouvertes et la voix brisée au fond de la gorge sèche.

« Et il semblerait que la seconde âme se soit fait la malle.. »

Et je réalise qu'il s'agissait peut-être de l'un des corps meurtris contre le béton. Sauf que sa réaction aurait été tout autre. Donc la seconde âme était bien pâle et sans présence. Peut-être invisible, qui sait ? Certains se transforment la nuit, d'autres se cachent dans son voile. La voix brisée. Des cernes sous les yeux et la peau pâle. Les doigts tremblants. La nicotine en moins, le stress en plus. Les mâchoires serrées, les crocs aiguisés. Les yeux brillants dans la pénombre. Une conséquence trop lourde d'une fatigue trop chargée. Les rouages d'un esprit trop éreinté. La poussière s'accumule sur un corps immobile et je me réveille. Une lampe s'était allumée. La seconde âme, à l'instant, c'était moi.

« A moins que tu aies oublié de renouveler le forfait.. »

Un maigre rictus au bout des lèvres, le regard allumé. Comme un éclair qui venait de passer, repartant aussitôt. Comme une dose d'énergie passagère. Trop passagère. La nicotine en moins. Plus la force. Pour rien. De rien.





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Re: Until we bleed || Natence | Lun 03 Aoû 2015, 14:06





Until we bleed
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Tu n’aimes pas avoir de dettes envers les autres. Tu aimes encore moins qu’ils soient blessés par ta faute. Si cela ne tenait qu’à toi, tu l’aurais déjà accompagné à l’hôpital. Mais sur le moment, tu n’oses pas demander. Tu es trop occupée à observer les gars au sol. Tu regardes leurs yeux clos, leur teint pâle. Tu te demandes s’ils seraient morts dans quelques dizaines d’années si tu ne t’étais pas approchée d’eux. Peut-être que c’est ta faute après tout. Leur mort ne te restera pas sur la conscience. On t’a habitué à ce genre de vision. Ce n’est pas quelques âmes sans vie et peut-être inexistantes qui vont hanter ton esprit. Ruelle sombre, aucun bruit à pars celui de deux personnes qui respirent. Deux sur dix. Trop peu. Aucun passant. Pas d’aide. Une odeur désagréable. Un mûr sale auquel tu es adossé. Un brouillard à peine perceptible. Une lumière quasi inexistante malgré l’heure pas encore tardive. Cette atmosphère te met mal à l’aise. Tu as l’habitude des grandes avenues éclairées. Des passants qui te sourient. De ton garde du corps qui te rassure. En ce moment, rien de rassurant. Rien à pars sa présence. Bizarrement, elle a quelque chose qui te fait sentir en sécurité. Peut-être parce qu’elle a dégommé huit gars à elle seule.

La bouteille de verre tournoie autour de tes doigts. Encore trop remplie, à ton avis. Pourtant tu ne la portes pas à ta gorge à nouveau. Malgré ce que l’on pourrait croire, tu n’aimes pas spécialement boire. Surtout devant quelqu’un que tu ne connais pas et qui connait ton nom de famille. Ce serait une mauvaise réputation. Mais quelque chose te dit que cela restera entre vous. Elle refuse les escarpins, tu n’insistes pas. Tu sais quand il vaut mieux te taire ou parler. Sur ce coup tu n’as pas envie de débattre sur le sujet. Ce n’était qu’une proposition. En revanche, ta mâchoire se contracte lorsque tu entends parler de ton garde du corps qui s’est effectivement fait la malle.  Ton sourire ravageur donne souvent l’impression que rien ne t’atteint mais c’est faux. Ton argent donne souvent l’impression que tu mènes une vie parfaite mais c’est faux. Toi qui ne rêve de rien d’autre que de liberté, te retrouver suivie la plupart du temps par un homme qui surveille tout tes faits est geste, ça peut rapidement te taper sur les nerfs. Tous les hommes que tu as virés le prouve. Mais Neal était parfait. Il avait trouvé un moyen d’être un ami tout en restant ton armure. Et ça c’est rare.

Tu esquisses un sourire en entendant son hypothèse. Machinalement, tu mets tes mains dans tes poches avant de réaliser que ton paquet de cigarette y était caché. Tu l’ouvres, remarquant au passage que tes doigts ne tremblent même pas. Tu t’attendais à ce que ton corps panique dans une situation comme celle-ci mais il faut croire que l’entraînement qu’on fait suivre aux jeunes recru fait disparaître tout ce qui semble lié à la peur. Et pourtant ce truc t’a foutu en l’air au point de devenir accroc à plusieurs saloperies. Tu coinces ta cigarette entre tes lèvres avant d’allumer. La fumée ne tarde pas à rejoindre ta gorge. La nicotine traverse ton sang. Tu te détends instantanément. Les doigts de ta main libre s’entremêlent dans tes mèches. Tu n’as pas spécialement envie d’en parler. Pourtant tu le fais. Paradoxe à toi seule.

▬ Le forfait a été renouvelé chaque mois depuis une bonne dizaine d’année. Il est largement supérieur  à la moyenne, d’ailleurs. Néanmoins, d’autres choses qui semblent passer avant moi requièrent sa présence et donc mon abandon.

Goût amer dans la gorge. Dégoût. Tu remarques le rictus à ses lèvres. Tu te dis qu’elle doit avoir un joli sourire. Tu ne la connais pas, pourtant tu voudrais. Quelque chose d’intriguant émane d’elle. Tu aimerais savoir quoi. Mais ta politesse fait que tu ne la bouscules pas en lui lançant des dizaines de questions. Tu as peur de la froissé. Tu as peur qu’elle parte. Tu ne veux pas rester seule ici. Tu n’as pas envie de rentrer chez toi, non plus. Tu as juste besoin d’un peu de compagnie. D’un être qui ne te jugera pas, si possible.

▬ Que faîtes-vous ici, si je puis me permettre? En fuite? Quoi que je ne doute plus vraiment de vos capacités à vous défendre. Elles me seraient bien utile, tiens.

Ta dernière phrase sonne comme un murmure dans le noir. Tu réalises au passage qu’elle ne t’a toujours pas communiqué son prénom, contrairement à toi. Tu n’insistes pas plus. Tes mèches soyeuses glissent d’entre tes doigts tandis que tu lui tends ton paquet de cigarettes, au cas où elle en voudrait une. Tu as été éduquée comme ça, on y peut rien. Même dans les pires moments, tu feras apparaître une étincelle. Pour certain, c’est seulement une étoile. Pour d’autre, c’est un feu d’artifice. Il faut juste éviter que ta flamme ne s’éteigne.


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Re: Until we bleed || Natence | Dim 09 Aoû 2015, 17:29


until we bleed

Le paquet ouvert et les doigts qui en extirpent une. Elle glisse entre mes lèvres. S'allume. La flamme au bout des lèvres et le regard fermé, la fumée dans les poumons et les paupières papillonnant au rythme de ma poitrine. Calme. Je ravale ma salive. Brûlante. Et le temps que j'entende ses paroles, mon visage s'est déjà relevé vers elle. Les questions avaient si peu d'importance, les flatteries n'en n'étaient même pas. Elle en avait besoin. De quoi ? De moi ? Je me laisse tomber dans des rêveries passagères. Trop courtes, peut-être. Parce que quelques secondes à peine avaient suffit pour que la fumée siffle entre mes lèvres. Pour que la chaleur quitte son nid. Je ferme les yeux, un instant. Trop étroit. La nicotine récupère ce qu'il restait de ma clairvoyance et un souffle se perd dans la nuit. Un murmure. Le sien.

Je relève la tête. Comme pour mimer une réflexion déjà accomplie. Un des hommes gigote et recrache son venin au sol. Son sang répugnant. Mon nez se crispe. L'odeur aurait du m'être familière, mais il ne s'agissait pas là que de sang. Il y avait une couleur verdâtre dans le liquide qui le rendait pâteux. Qu'est-ce que ce type avait bien pu manger ? Je me mords la joue. J'allais regretter ma curiosité. Parce qu'aussitôt avait-il recraché encore une fois son venin que je m'accroupis devant la flaque, le doigt trempé dans le liquide. Quand je l'en ressors, mon doigt me brûle. Je l'essuie dans la chevelure du bonhomme. Qu'avaient-ils l'intention de faire à cette fille ? Valait-elle tous ces efforts ? Probablement. Je tourne la tête vers elle, mon visage à moitié enfoui contre mon épaule.

« Je m'étais égarée. »

Ou alors avais-je retrouvé mon chemin. Vagabonde dans des rues trop sinistres et fantomatique au travers d'une nuit trop sombre. La situation était presque miraculeuse. Comme si un instinct m'avait poussé à prendre ce chemin-là, que jamais je n'avais emprunté. Comme si dans la détresse elle avait commandé à mon corps d'agir. Est-ce qu'elle en avait le pouvoir ? Ou la coïncidence était-elle réelle ? L'esquisse d'un sourire au bout des lèvres quand je me relève, dos à elle, le regard fixé sur la flaque. Le sourire s'efface et je me retourne.

Elle n'avait même pas esquissé un tremblement. Pas la moindre peur, pas la moindre hésitation. Juste une certaine satisfaction à être encore en vie. Combien de cadavres étaient tombés pour elle ? Pour son argent ? Probablement trop. Probablement trop peu comparé à Sa Majesté. C'était mieux, comme ça.

« Est-ce que c'est une proposition ? »

Directe. Sans décoration, sans tourner autour de tout. Parce que les discours n'avaient d'utilité que de conquérir et les actes s'en étaient déjà chargés. Je baisses les yeux et la fumée au bout des lèvres, les flammes au bout des doigts, la cigarette consumée dans le vide. C'était mieux, comme ça. Rester inerte dans l'appartement miteux à lire les journaux et boire du café n'avait aidé à rien. La justice s'était faite meurtrie et le monde meilleur dont j'avais toujours rêvé s'éloignait au fur et à mesure que je périssais dans ma solitude. C'était mieux, comme ça. Si enfin je pouvais décrasser mon honneur.

« Prudence. »

J'avais horreur de ce nom qui signait mon passé d'un sceau indestructible. Mais c'était le mien.

« Prudence O'Donnell, enchantée, Mademoiselle Andersen. »





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Re: Until we bleed || Natence | Mer 26 Aoû 2015, 14:14





Until we bleed
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Tu poses ton front sur tes genoux, soufflant à nouveau la fumée restée coincée dans ta gorge. La cendre s’écrase au sol. Un geste invisible, tu la fais disparaître avec un souffle de vent. Tu refermes ton paquet et le glisses à nouveau dans ta poche après qu’elle ait accepté d’en prendre une. Tu redresses la tête lorsque sa voix résonne à nouveau dans la nuit noire. Tu souris pour de vrai, pendant quelques secondes. S’égarer dans les ruelles sombres ? C’est fort peu probable. Personne ne vient ici par hasard. Des ruelles trop sombres aux éclats sinistres, aux airs fantomatiques et aux murmures hantés. La plupart du temps, c’est pour s’y cacher. Ou alors pour faire des achats de produits illicites. Tu ne demandes pas plus de précision. Tu oublies vite sa réflexion, une soudaine quinte de toux provenant des hommes attirant ton attention. Tu penches la tête pour mieux regarder, pas surprise de le voir à deux doigts de s’étouffer avec son sang. En revanche, tu grimaces d’un air dégouté en le voyant cracher au sol. Très hygiénique, vraiment. Tu ne cherches pas plus à comprendre pourquoi ton héroïne de la soirée se penche pour le toucher du bout du doigt.

Tes quelques secondes d’observation s’interrompent lorsque tu sens une pression sur ton avant bras. Tu tournes la tête avec un air exaspéré. Attrapant l’arme que l’un d’eux a laissée tombé près de toi, tu la pointes sur la tempe de l’homme qui plaide la pitié avant de tirer sans aucune hésitation. Le bruit retentit à travers la ruelle tandis que son corps retombe mollement au sol. Tu mets fins à ses supplices. Tu le pousses d’un geste du pied, refusant de le toucher. Ton manque de pitié est flagrant. On te reconnaîtrait à peine. Mais tu es totalement différente lorsque tu es près de personne qui ne mérite pas ta sympathie. Une mort de plus sur ta liste ne te fera aucun mal de toute façon. Tu lâches l’arme à nouveau, avec un air complètement à l’ouest, comme si tu venais de nourrir ton chat. Tu n’as pas vraiment peur de ce qu’elle va penser de ton geste. Tu as tué un homme ce soir, elle s’en est fait huit à elle toute seule. Un survivant c’est déjà trop. Tu laisses la cendre retomber sur le bras du mort sans y faire vraiment attention. Ton attention est à nouveau accaparée lorsque tu entends parler d’une proposition.

Tu as besoin de quelques secondes pour comprendre à quoi elle fait allusion.  Tu avais dis ça sans vraiment y réfléchir mais maintenant qu’elle en parle, ça te semble encore plus ridicule que la première fois. Comment une femme telle qu’elle accepterait de travailler pour toi, ce serait trop beau pour être vrai. Quand elle se présente enfin, un lumineux sourire tes lèvres. Prudence. Tu trouves que ce prénom lui va bien. En revanche, nope, ça va pas être possible le « Mademoiselle Andersen », tu n’aimes pas ça. Ca passe à peine pendant les réceptions alors dans ce genre de contexte, il vaudrait mieux oublier.

▬ Je vous en prie, appelez-moi Nate, c’est plus simple, mon nom sonne comme une malédiction, ce soir.

Tu penches la tête vers l’arrière pour laisser la fumée rejoindre le ciel sans étoiles. Tu t’humidifies les lèvres avant de relever les yeux vers Prudence, une question hantant tes pensées depuis qu’elle y avait fait allusion.

▬ Je doute qu’une femme avec des capacités telles que les vôtres ait besoin d’un second travail, j’imagine que vous en avez déjà un, non?

Tu l’interroges du regard avant de lui adresser un sourire amical. Ca aurait été une bonne occasion pour rester en contact avec elle. D’une certaine façon, tu t’y es déjà attaché. Tu es incorrigible, oui, mais tu ne peux rien y faire, tu lui dois la vie.

▬ Même si je maintiens ma proposition, vous aurez sans doute affaire à trois fois plus dur que ces incompétents gisants sur le sol. Sans parler de toute la paperasse qu’il faudra signer, mes avocats sont d’une efficacité frustrante.

Ta voix part en decrescendo tandis que tu exprimes tes pensées à haute voix. Dans tous les cas tu devrais trouver un nouveau garde du corps. Bizarrement tu aurais voulu que ce soir quelqu’un de ton choix et qui t’inspire confiance. Prue respecte ses critères mais tu ne la connais pas encore assez pour en juger à cent pour cent. Tu ne sais même pas pourquoi tu le lui proposes. Elle a sans aucun doute mieux à faire.

▬ Mais vous devez avoir mieux à faire que veillez à ce qu’une héritière ne se fasse tuer.

Tu lui lances ton paquet de cigarettes en mode « cadeau ». Tu risques de le finir dans la demi-heure si tu le gardes. Quelle soirée.


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Re: Until we bleed || Natence | Sam 29 Aoû 2015, 21:07


until we bleed

Le regard enfumé par les cendres et les paroles fendues au bout des lèvres. Au bout de la langue. Les mots ne viennent plus et elle prend la parole. Flambante. Son regard s'embrase et s'éteint aussitôt. Un tissu déchiré, une voix cassée au fond de la gorge. C'était si facile. Si facile d'imaginer gravir des montagnes, si facile d'imaginer graver à la surface de l'océan. Si facile d'imaginer pouvoir tenir une promesse silencieuse glissée au creux de l'oreille d'une sourd. Et alors elle retentit. De sa grâce et de sa douceur presque détruite par le meurtre et l'indifférence. Son prénom, son surnom peut-être, perdu sous les étoiles. C'était sûrement mieux comme ça. Mais comment prétendre être capable de protéger quelqu'un si se protéger soi-même était impensable ? La nuit était le voile de mes crocs et de ma stupeur. Mon inconscience perpétuelle. Importunée au milieu du brouillard, quelque part entre le jour et la nuit. Là où la discorde se mêlait à l'harmonie. Je m'étais perdue. Dans des pensées chaotiques et infinies, terriblement imprégnées de l'odeur putride du sang et des cendres. C'était sûrement mieux comme ça. C'était toujours mieux de prétendre être capable de l'impossible. C'était toujours mieux de prétendre être capable du meilleur. Mais du pire avant tout. Stupide.

Sauf que j'avais besoin de ça. D'elle. Et de la richesse qui traînait derrière elle. Parce qu'une promesse silencieuse stagnait au fond de mon ventre et que mes amours regrettés me toisaient de leur regard brillant et mort. Me toisaient de leurs doigts arrachés. Leur vie écorchée. Parce qu'une part d'un d'eux se reposait bien chaudement entre mon cou et mes hanches et me suppliait de l'aimer. Quelle merde.

« Vous vous méprenez. »

Un souffle de fumée et les mâchoires serrées. De toutes façons, personne ne veut d'une femme enceinte. Personne ne veut payer un congé maternité. C'était la loi. Et si j'étais capable de passer au-dessus comme en-dessous, tout le monde n'avait pas la foi. Fallait-il mentionner ce détail ? Un regard sombre au sol et les poumons atrophiés. La langue contre le palais et le dos courbé, les talons grattant le sol avec attention. Redresse. Parce qu'une petite voix commençait à naître au fond de moi et que ses ordres étaient clairs. Précis. Tu as besoin de ce travail.

C'était sûrement mieux comme ça. Mais mentir n'avait jamais été moi. Si le mensonge avait été une arme redoutable autrefois, il était avant tout une arme qui jouissait de me couper les mots et le souffle. Et j'étouffais encore en moi-même, claustrophobe de ma propre présence.

« J'accepte. »

Un murmure presque ironique. Comme si la phrase était improbable. Comme s'il en avait toujours été ainsi, que la question ne s'était même jamais posée. Parce que si la proposition avait été initiée, alors elle avait été acceptée. Dès le départ. Je pensais pourtant me connaître, au fond. C'était sûrement mieux comme ça. De ne rien savoir. De tout prétendre. Imaginer. Le meilleur. Mais le pire.

« Mais si je vous disais qu'en moi se construit une autre vie. Une toute petite vie.. Si douce et fragile.. »

Une pause et la voix se fait plus claire.

« Est-ce que la proposition tiendrait toujours ? »





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