Count on me « EUGEMAX.

« -Huuum, tu crois que ça ira comme ça ? demanda Maxime en fixant son reflet dans le miroir de sa chambre.

-Je vois pas pourquoi tu te prends la tête comme ça, tu vas juste dormir chez une pote, pas défiler sur un podium, fit le chat noir en baillant, allongé nonchalamment sur le lit encore défait de la rouquine.

-Non mais je sais pas, je suppose que je peux pas non plus me pointer en salopette, tu imagines si je tombe sur quelqu’un de sa famille là-bas ? Genre, sa mère ! Non, faut que je mette des fringues un peu plus classes quand même.

-Tu fais comme tu veux Max, j’vois pas ce que je peux te dire de plus.

-Un conseil sur ma tenue peut-être ? »

Le chat ouvrit un œil blasé et fixa le tas de vêtements empilé sur le matelas. Il se leva en poussant un soupir et du bout de sa truffe, désigna une jupe évasée noire ainsi qu’un débardeur blanc à motifs et une chemise à carreaux rouges et noirs. Une tenue simple mais plus appropriée qu’une salopette trouée aux genoux.
Rapidement, Maxime s’habilla et attacha ses longs cheveux roux en un chignon haut placé et un peu négligé, tout en replaçant sa mèche derrière son oreille droite, révélant ainsi ses plusieurs boucles d’oreilles. Elle jeta un dernier coup d’œil à son miroir, puis, satisfaite, alla préparer son sac et ses affaires pour passer la nuit chez son amie Eugenia. Elle ne faisait pas spécialement attention à sa tenue habituellement, favorisant le pratique à l’esthétique puisqu’elle passait beaucoup de temps dans son atelier à travailler. Cependant, en cette occasion, elle jugeait important de faire un effort vestimentaire histoire de ne pas embarrasser Eugenia devant ses proches. Elle savait que ses tenues quotidiennes ne gênaient pas la jeune fille, mais considérait que les efforts devaient être faits des deux côtés. C’est pourquoi ce matin là, elle s’était cassé la tête à se trouver une tenue plus « habillée ».

Maxime n’était pas du genre à aller dormir chez les autres. Cette constante appréhension des relations humaines l’empêchait souvent de se lier assez aux autres pour cela. Cependant, le feeling avec Eugenia était tel que, malgré les quelques doutes subsistants, elle avait plutôt envie de découvrir l’environnement de celle qu’elle pouvait appeler « son amie ». D’ailleurs, quand bien même elle avait hésité à répondre positivement à la mage de sang-pur, Blackjack lui avait bien fait comprendre qu’elle avait intérêt à y aller si elle ne voulait pas qu’il lui rende la vie impossible tout le week-end. Au fond, Maxime se doutait bien que son affilié la poussait (à sa manière bien à lui) à surmonter un peu cette peur qui lui rendait quand même la vie plus compliquée qu’elle ne le devrait.
Dans sa tête, elle s’assura qu’elle n’avait rien oublié, puis gratouilla Blackjack derrière les oreilles en guise d’au revoir. Puis elle descendit les escaliers (cette fois, sa maison ensorcelée avait fait bouger sa chambre du rez-de-chaussée au premier étage durant la nuit, ceci dit elle ne s’en souciait même plus, trop habituée) et salua Requiem, sa colocataire avant de partir vers la gare.
Le trajet de Skyworld à Chloris mit moins d’une heure, et la jeune fille se retrouva à temps à l’adresse indiquée. Il faut dire que la maison était difficilement manquable, elle était de loin la demeure la plus imposante que Maxime ait vu de toute sa vie. Un peu impressionnée, elle sonna à l’interphone et se présenta. Une fois les grilles ouvertes, elle s’avança dans la propriété et sonna à nouveau. Une femme un peu replète à l’air avenant lui ouvrit la porte et se présenta comme la gouvernante d’Eugenia. Maxime la salua avec toute la politesse dont elle savait faire preuve, et un sourire s’étira sur ses lèvres quand elle aperçut son amie arriver derrière la dénommée Britta.

« Salut Eugenia, fit-elle sans plus de cérémonies, mais tout en gardant le ton léger et agréable qu’elle avait habituellement, tu m’avais dit que la maison était grande, mais je t’avoue que je ne m’attendais pas à ça, c’est magnifique ! »

« Heeey Maxime ! Je t’en prie, entre ! »

L’intéressée ne se le fit pas dire deux fois et après lui avoir fait la bise, suivi son hôte à l’intérieur de la demeure qui, de l’intérieur, était encore plus impressionnante. Maxime ne put s’empêcher de pousser un petit sifflement admiratif à la vue des superbes tableaux qui ornaient les murs des couloirs. La décoration était de bon goût, ni trop chargée, ni trop sobre, et tout était impeccablement rangé -Maxime était plus habituée aux maisons bordéliques, avec des objets mécaniques se baladant un peu partout et accessoirement, les pièces ensorcelées qui changent de place sans prévenir. C’était un sacré dépaysement à pas même une heure de chez elle !
Eugenia la guida à l’étage vers sa chambre et la fille d’Héphaïstos eu la surprise de constater qu’elle n’allait pas dormir dans la même chambre qu’elle, comme elle le pensait, mais dans une chambre à part, reliée par le dressing. Maxime fit une petite moue de surprise.

« Tiens, c’est drôle j’aurais cru qu’on dormirait dans la même chambre, c’est pour avoir l’occasion de te servir de celle-ci ? ajouta-t-elle avec malice. »

Et puis finalement, elle haussa les épaules et se dit que c’était pas le problème le plus important qui soit -était-ce seulement un problème ? Elle défit donc ses affaires tandis qu’Eugenia s’approchait pour s’asseoir sur le lit.

« -Tu t’es faite belle ce soir, dis moi.

-Ha ? Merci, j’ai mis du temps à trouver les bonnes fringues !

-Il s’appelle comment ? répondit Eugenia en plissant des yeux avec espièglerie. »

Maxime fit les yeux ronds le temps que la vanne lui monte au cerveau et esquissa un sourire amusé une fois qu’elle eut compris.

« C’est un bel héritier blond très fortuné mais je peux pas te révéler son nom tu comprends, il tient à ce que ça reste secret à cause des paparazzis, ce genre de choses -elle fit un geste de la main à la fois vague et théâtral pour appuyer l’ironie de ses propos- enfin, j’imagine que je ne t’apprends rien, tu t’y connais mieux que moi à ce sujet ! »

Les deux jeunes filles éclatèrent de rire en chœur, puis Eugenia se relève et propose à son amie de retourner au rez-de-chaussée afin de se trouver de quoi manger. La rouquine acquiesça et suivit la blondinette vers le salon personnel de l’héritière et s’installa sur le luxueux sofa, tandis qu’Eugenia prenait place à ses côtés quelques secondes plus tard. Aussitôt, la gouvernante de la jeune fille arriva avec un plateau de boisson et quelques amuse-gueules. Maxime la remercia et se servit poliment.

« -Comment tu trouves ? Pour ce soir, Britta est en train de préparer un dîner cent-pour-cent nordique ! Tu vas voir : tu vas a-do-rer.

-C’est super bon, tu féliciter Britta ! »

Puis, se rappelant qu’elle ne connaissait pas grand-chose de la culture gastronomique nordique, elle ajouta :

« Nordique ? De quel pays exactement ? Je t’avoue que comme je suis née sur l’Île je ne suis pas très au fait des différentes cultures gastronomiques de la Terre. »

C’était l’occasion rêvée pour en apprendre plus sur la jolie mage, alors autant en profiter. Et au moins, elle s’endormirait moins conne le soir.

« La Suède. »

Maxime laissa échapper un petit « Oooh » et acquiesça, enjoignant son amie à poursuivre.

« -Ma famille est installée sur Terre depuis des siècles… Et j’ai grandis là-bas. Mais ne va pas croire que je connais tous les recoins !

-Bah, tu sais je connais pas tous les recoins de l’île non plus, c’est normal ! ricana-t-elle légèrement.

-J’ai beaucoup déménagé, donc je n’en garde que quelques souvenirs. Mais la nourriture, c’est une autre histoire ! »

Il n’y a pas à dire, elles étaient vraiment différentes. L’une était une riche héritière issue de la Terre, ayant beaucoup voyagé, l’autre était une simple et modeste mécanicienne ayant toujours vécu à Skyworld et n’ayant pas beaucoup visité d’autres contrées -voire pas du tout. C’était dingue de vois à quel point leurs différences n’avait aucunes importances dans leur relation. Ou plutôt si. C’était justement ces divergences qui les rapprochaient.
Maxime imita Eugenia quand celle-ci se pencha vers la table basse pour se resservir. Elle comprenait parfaitement que cette dernière ai envie d’y retourner si la cuisine était toujours aussi succulente !

« On ira ensemble, fit la jolie blonde avec un clin d’œil. »

Maxime ne dit rien, se contentant de sourire, un peu gênée. Cette proposition la tentait. Vraiment.
Soudainement, Eugenia inversa la conversation et se mit à poser des tas de question à Maxime, sur l’île et son fonctionnement, sur ses origines…sur son enfance.
La fille d’Héphaïstos n’aimait pas parler de son enfance. Pas qu’elle en soit encore tellement traumatisée qu’il était difficile d’en parler, non. Seulement, elle ne voulait pas que l’on s’apitoie sur son sort. Elle avait eu une vie compliquée, pour ne pas dire dure, à une période, mais c’était du passé, elle avait évolué à présent. Elle était allée de l’avant et trop de compassion à propos de son enfance tortueuse lui semblait déplacé. Elle était heureuse à présent, et c’était tout.
Néanmoins, Eugenia avait le don de la mettre à l’aise. Elle sentait qu’avec elle, ce serait différent. Alors elle se lança.

« Bon, on va y aller une question à la fois ok ! Premièrement, oui, il y a plusieurs écoles sur Sanctuary of Heart, dans les villes comme Skyworld et Chloris, ou dans les villages féeriques/elfiques. J’imagine qu’on peut suivre à peu près tous les genres d’études possibles, même si j’ai pas poussé mes études après le lycée… »

Maxime porta son verre à ses lèvres et en but une longue gorgée, le temps d’organiser ses pensées.

« Sinon mon enfance…elle a été plutôt sympa jusqu’à mes quinze ans. Je suis née à Chloris il me semble mais on a très vite déménagé à Skyworld avec ma mère. Je ne connais pas mon père, mais c’est un…dieu. Donc c’est normal. Et puis en soit, j’avais aussi mon oncle, ma tante et mon cousin donc c’était franchement pas si mal, Héphaïstos m’a jamais manqué. J’ai pas bougé de cette maison depuis, fit-elle en levant les yeux vers son amie, avant de les baisser vers son verre, faisant tourner son contenu d’un mouvement du poignet -on arrivait aux moments difficiles.

« Après…c’est plus compliqué. Ma mère était du genre assez obstinée et elle s’était mise en tête de jeter un sort à la maison pour la rendre vivante, sauf que ça a mal tourné et…-elle se passa une main dans les cheveux, comment formuler la chose ?- ça a explosé. Mon oncle et ma tante sont morts, mon cousin a été envoyé dans un orphelinat des villages féeriques et ma mère a été salement amochée. Surtout dans sa tête. Du coup j’ai plus ou moins arrêté les cours et je me suis occupée d’elle jusqu’à sa mort, il y a plus ou moins deux ans. »

Elle avait décidé de passer sous silence le fait que dans sa maladie mentale, sa mère était devenue une femme aigrie, ingrate, méchante, aux antipodes de ce qu’elle était avant l’accident, et que malgré tout, la jeune fille avait prit soin d’elle -autant par amour filial que par égoïsme. C’était un détail qui n’apportait pas grand-chose sur son passé, hormis de la pitié et c’est ce qu’elle détestait. Elle leva les yeux vers son amie, et à son air, elle se sentie vraiment mal de l’avoir peinée.

« Mais c’est bon hein, c’est du passé je vais bien maintenant ! J’ai BJ, ma maison, mon travail…et je t’ai toi. »

« -Awww. C’est trop mignon ! Fit finalement Eugenia après avoir silencieusement hoché la tête, compréhensive, durant le monologue de Maxime.

-Tais toi, répondit la rouquine, un peu gênée mais le sourire aux lèvres. »

La mage asséna une petite tape sur l’épaule de la demi-déesse, ce qui eu pour effet de faire rire cette dernière. Pas de malaise, pas de compassion surjouée. C’était tout ce que Maxime pouvait espérer.

« Un jour je finirai obèse »

La rouquine éclata de rire rien qu’en imaginant la scène.

« Tu te vois toi, Eugenia Sixten de Fitzduncan, la grande héritière qui se laisse aller jusqu’à finir obèse ?! Pas moi en tout cas, fit-elle un peu moqueuse. Sinon tu le trouveras bien un jour ton affilié va, tout le monde en trouve un j’imagine, je ne vois pas pourquoi tu ferais exception à la règle ! »

Tout en se demandant quel genre d’animal pourrait se lier à Eugenia, elle ajouta :

« Ceci dit j’espère pour toi qu’il ne sera pas aussi mal luné que Blackjack ! »

Ayant déjà évoqué à plusieurs reprises le caractère assez teigneux du vieux chat noir, elle savait qu’Eugenia devait penser comme elle.
Britta appela alors les deux jeunes filles, leur apprenant que la table était prête. Elles descendirent, l’eau à la bouche -les amuses-bouches de tout à l’heure les avaient bien, mises en appétit !

« -Hmmm ça m’a l’air délicieux tout ça !

-Je dirais pas mieux ! »

Elle se mirent à table, et Eugenia prit la peine de décrire à son amie les différents plats qui se trouvaient sous leurs nez. La mage n’étant pas la seule gourmande, et Maxime ayant soudainement développé un grand intérêt pour la cuisine nordique, elle se servit d’un peu de tout, histoire de ne rien rater. Même le poivre ne lui avait pas posé de problème -au grand damne de son hôte qui aurait adoré en avoir plus pour elle, lui avait-elle dit en tirant la langue.
Eugenia proposa du vin. Maxime accepta, quand bien même elle n’avait pas l’habitude de boire à table de cette façon -elle ne buvait que pour se détendre, de temps à autres, à la taverne de Dionysos, où encore à l’occasion d’une fête, mais cela restait rare. Une fois servie, elle imita son amie et leva son verre afin de porter un toast.
Honnêtement, même elle ne mangeait pas dans des couverts en argent et que son vin n’était pas servi dans un verre en cristal -encore que la coupe avait de jolies gravures à l’intérieur du verre- elle était en train de partager l’un des meilleurs repas de sa vie.
Maxime repensa aux propos d’Eugenia, un peu plus tôt. Elle avala sa bouchée, prit ensuite soin de s’essuyer la bouche et lança :

« La prochaine fois, c’est toi qui viendra chez moi, tu verras c’est folklorique ! À condition que tu sois pas allergique aux félins bien sûr ! »

La fille d’Héphaïstos faisait référence à Blackjack, ainsi qu’à Opium, l’impressionnante tigresse que Requiem avait pour affiliée. Tout ce petit monde, plus les robots vagabonds et la maison ensorcelée, ça ne laissait pas de place à la solitude. Et Maxime aurait bien aimé partager ça avec son amie.

« La prochaine fois, c’est toi qui viendra chez moi, tu verras c’est folklorique ! À condition que tu sois pas allergique aux félins bien sûr ! » Après avoir fait non de la tête nous avons explosé de rire. Mine de rien, mademoiselle Kennedy est une grande comique. Elle a le don de faire rire et de détendre l’atmosphère dès qu’elle se lâche alors je ne vous raconte pas le plaisir que j’ai à être en sa compagnie. « Puis comment ça “folklorique” ? Ne me dit pas que tu héberges une tribu celte chez toi ! Ah ça non ! Je respecte beaucoup leur culture, mais je ne supporte pas du tout les cornemuses ! » L’alcool c’est mal, on me l’a toujours dit. Puis contrairement à mon entourage je le supporte peu alors c’est souvent moi qui reste sobre durant les soirées - comme un enfant quoi parce que sinon je perds le nord et deviens incontrôlable. Je me suis resservie des toasts grillés et j'ai demandé à Britta de nous apporter les apéritifs de tout à l’heure. « Viens t’asseoir avec nous ! » elle me répondit poliment que non, elle préférait ne pas s’attabler ici. Je lui ai assuré qu’elle n’aura pas à boire une seule goutte de vin et que tout resterait entre nous. Après tout elle a beau être ma gouvernante, on s’apprécie énormément l’une et l’autre. Puis elle a longtemps joué le rôle d’une mère quand la mienne ne pouvait être là. J’ai tourné la tête vers Maxime et lui dit « Est-ce que tu sais qu’elle va se marier ? » en parlant de notre cuisinière adorée. Elle me répondit que non puis j’ai laissé la parole à Britta qui s’est chargée de tout lui expliquer et de tout lui raconter en détails. Leur rencontre, la demande en mariage, leur lieu de noces...Bref, tout pleins de choses dont nous autres femmes raffolons et qui nous rappellent à quel point nous pouvons être romantiques. Entre temps, je remplissais les verres au fur et à mesure qu’ils se vidaient, presque totalement ivre. Lorsque le dîner s’est terminé et qu’il ne restait plus rien sur la table, elles se sont levées pour débarrasser. J’ai amené mon assiette en cuisine, puis j’ai pris la main de mon amie et l’ai traînée jusqu’à l’étage. J’ai poussé la porte de mon immense chambre et une fois à l’intérieur l’ai laissée s’asseoir sur un fauteuil tandis que je me suis rendue au dressing. Des robes, des combinaisons, des déguisements, des jeans, des tenues de sports...Tous les sortes d’habits, toutes les grandes marques. Mon choix s’est porté sur deux maillots de bain. Je suis ressortie de la salle de change pour lancer l’un des maillots à Maxime qui ne semblait  trop comprendre. « J’espère que tu sais nager. » puis j’ai refermé la porte sur elle et suis partie me changer de mon côté. Je suis assez pudique et bien que ce soit déjà un effort pour moi de me montrer en maillot face à elle, je n’irai pas jusqu’à m’exhiber en tenue d’Eve. « Es-tu prête honey ? » je prenais un air faussement hautain pour l’amuser « Mets ces tong que tes pieds soient mis in valore. » les miennes aux pieds, je suis sortie de la pièce, ai descendu les escaliers en trombe et me suis rendue en courant à l’arrière. Une trentaine de mètres plus loin : piscine immense, jacuzzi, salon couvert.
Nous nous sommes regardé un instant après que je lui ai dit « A toi de choisir. » en ayant le sourire aux lèvres.

Maxime s’esclaffa quand Eugenia exprima l’étendue de son amour pour les cornemuses. Il est vrai que c’est un instrument assez dur à supporter quand il n’est pas parfaitement maîtrisé, un peu comme le violon. Ceci dit, la jeune mécanicienne n’en savait pas beaucoup plus. La musique n’était pas vraiment son fort, sinon elle aurait été fille d’Apollon, et ses talents musicaux se limitaient à souffler dans l’harmonica de son oncle de façon juste et harmonieuse, mais pas exceptionnelle.

« Pas une tribu celte, mais en revanche, j’héberge deux fauves enragés, une accro au chocolat et une armée de robots, répondit-elle sur le même ton que son interlocutrice, en exagérant un peu le trait. »

Maxime n’avait pas l’habitude de boire, mais apparemment, elle tenait plutôt bien l’alcool -en tout cas, elle le tenait mieux qu’Eugenia qui semblait parfaitement euphorique. La rouquine laissa échapper une exclamation de surprise et de joie en apprenant le futur mariage de Britta, et écouta attentivement les détails que cette dernière lui précisa. Réjouie par cette nouvelle, elle porta un nouveau toast en l’honneur de la future mariée, aussitôt suivie par Eugenia.
Maxime n’était pas la fille la plus romantique qui soit, c’est loin d’être un scoop. Mais cela ne l’empêchait pas de se réjouir du bonheur des autres, et si ce bonheur résidait dans un échange d’alliance, alors qu’il en soit ainsi !

Une fois les assiettes vides, la de Fitzduncan s’empressa d’emmener la fille d’Héphaïstos dans sa chambre à l’étage et la fit s’asseoir sur un fauteuil tandis qu’elle fouillait son dressing à la recherche de quelque chose dont cette dernière n’avait aucune idée. Lorsqu’elle lui lança « J’espère que tu sais nager, honey » en lui jetant un maillot de bain sur les genoux, tout fut plus clair dans le cerveau de Maxime.
En même temps, quand on à la chance de pouvoir passer une journée dans une maison pareille, il serait dommage de ne pas profiter de la piscine, pensa-t-elle nonchalamment en enfilant son maillot.
Une fois qu’elles furent prêtes, Eugenia les guida jusqu’à la cour arrière de la demeure, et Maxime écarquilla les yeux à la vue de l’immense piscine.

« -À toi de choisir, avait fait la blonde avec un grand sourire.

-Tu rigoles là, j’ai envie de pouvoir me dédoubler pour pouvoir tout faire à la fois ! »

Elle prit cependant quelques secondes pour réfléchir. L’air était largement tempéré mais un petit vent frais la faisait frissonner de temps à autres, aussi, elle opta pour la chaleur du jacuzzi.
Une fois immergée, elle laissa échapper un soupir d’aise et ferma les yeux, savourant le confort du bain à remous.

« Il faut vraiment que je pense à installer une fonction jacuzzi sur ma baignoire en rentrant chez moi, c’est le pied ce truc ! »

Elle qui s’était spécialisée récemment dans la fabrication de petits jouets et automates pour les enfants de son quartier, il était temps que son talent soit un tant soit peu utile pour son bien-être personnel -et celui de Requiem du coup.
Maxime se redressa, posa les coudes sur le rebord du jacuzzi et interpella son amie :

« Au fait je t’ai pas demandé, ça avance ce projet de galerie d’art dont tu m’avais un peu parlé y’a pas si longtemps ? »

Elle avait beaucoup parlé d’elle depuis qu’elle était là, alors elle était curieuse d’en savoir un peu plus sur l’actualité de la vie d’Eugenia.