La folie continue... ~ PV Aelicya

À sa requête, Aelicya se dirige vers son dressing, disparaissant ainsi de la vue de l'adolescent de quinze ans. Cédrik tremblait encore un peu, mais semblait moins agité, plus calme. C'était le cas. Teddy y était en partie pour quelque chose, mais c'était surtout grâce à l'étreinte de la vampire. Lorsqu'elle revint, elle tenait un short noir et un t-shirt qu'elle lui tend. Ça ferait totalement différent des vêtements qu'il portait ordinairement, mais au moins, il pourrait se changer et se débarrasser de tout ce sang. Le violet tendit doucement sa main tremblotante pour prendre possession des vêtements et entra dans la salle d'eau tout près. Après avoir refermé la porte, il pose Teddy sur le siège baissé de la toilette avant d'entreprendre de se déshabiller. Avant d'enfiler les nouveaux vêtements, Cédrik ouvre le robinet pour passer sa petite main dessous le jet d'eau. Il commence donc à se nettoyer un peu. Il ôta tout le sang séché qui ornait son visage délicat et celui de ses mains et de ses bras. Une fois qu'il eût terminé, le garçon enfile les vêtements de la sang-pur et reprend son ourson en peluche avant de sortir de la salle d'eau.

Aelicya le guide au bas de l'escalier jusque dans la cuisine afin de lui offrir de quoi manger. La cuisine avait un style particulier qu'il ne connaissait pas. Il n'avait jamais vu une pièce avec un décor pareil. Il se demandait donc de quel pays c'était inspiré. Il la regarde sortir du jus d'orange pour en servir un verre et elle sort une pomme. Le tout est déposé devant lui et elle vient le rejoindre sur le tabouret près de Cédrik. « Si tu veux quelque chose de chaud à manger, dis moi. Mais on va déjà commencer par ça pour te restaurer un tant soit peu. » Sa petite main empoignes le verre de jus d'orange pour boire tout son contenu en peu de temps. Il avait eu tellement soif, mais ne s'était rendu compte de rien. Reposant le verre maintenant vide sur le comptoir, l'adolescent jette un coup d'oeil vers la vampire et remonte Teddy contre lui pour éviter qu'il ne tombe au sol. Il prend la pomme doucement, comme si c'était un objet fragile auquel il devait faire attention et croque dedans à pleines dents.

Le violet se rendit compte que ses canines n'étaient toujours pas rétractées. Ainsi, lorsqu'il croqua dans la pomme, ses crocs lui firent mal, mais il ne dit rien. Il ne fit que grimacer alors qu'il mangeait sa pomme bien juteuse. « C'est beau ici, tu viens d'où? » Il avait retrouvé sa curiosité, mais pas ses expressions attendrissantes d'enfant. Tout ce qui c'était passé aujourd'hui l'avait trop bouleversé pour qu'il prenne un air intrigué et qu'il penche la tête sur le côté. Il avait dit ces paroles comme toute autre personne normale. En espérant juste qu'elle n'avait pas pu remarquer sa grimace de douleur et aussi le fait qu'il hésitait à croquer de nouveau dans sa pomme. Ses canines n'étaient pas faites pour transpercer quelque chose d'aussi dur qu'une pomme. Cette pensée assombrit son visage. Il ne voulait plus être un vampire, car il croyait alors que pendant ses moments de folies, il pourrait faire moins de mal aux autres s'il n'avait pas le pouvoir de tuer avec ses canines de vampire.

Cédrik la vit bien se figer à sa question innocente. Elle le scruta et pendant ce temps, l'adolescent se figea, comme pour passer outre cet examen visuel. Elle ne le perturbait pas ni ne le mettait mal à l'aise, mais il ne pouvait s'empêcher de se sentir mal à l'aise ainsi observé. Ce qu'il faut savoir sur le violet, c'est qu'il est facile de le mettre mal à l'aise. Aussitôt qu'il attire un peu trop l'attention, il ne sait plus comment réagir. Alors avoir un regard insistant sur lui le dérangeait pas mal. « Oh, je suis née ici, dans une famille aisée. Je n'ai jamais manqué de rien. « Trop concentré à regarder sa pomme pour oublier son malaise, le garçon sursauta aux paroles d'Aelicya, puis releva la tête vers elle. Donc elle venait en fait de l'île. Il voit son visage s'adoucir, alors qu'il ne fait que la regarder en tenant sa pomme et son ourson en peluche contre son corps. « Mais tout ce que tu vois ici, toutes ces oeuvres d'art, ces biens précieux, je les ai gagnés moi-même, sans l'argent des Kamiya. Je suis mannequin. Peut-être m'as-tu déjà vue dans des magazines sans intérêt, haha. »

Toujours sérieux, Cédrik pencha la tête sur le côté en une question silencieuse. Il se demandait pourquoi elle se sentait obligée d'ajouter des précisions qu'il n'avait pas demandé. D'ailleurs, il s'en fichait bien qu'elle soit gosse de riche. Pour lui, Aelicya n'était pas une fille à papa typique des clichés habituels. Il la regardait toujours la tête sur le côté, alors qu'elle appuyait ses coudes sur le comptoir. « Tu sais... Ça va te paraître bizarre que je te dise ça mais... Dans ma famille, mon père n'a jamais fait attention à moi. Ma mère était aimante bien sûr, mais l'amour d'un père, ça ne se remplace pas. Alors moi aussi, j'ai peur d'être seule. Qu'on ne fasse pas attention à moi, d'affronter mes peurs, seule. C'est peut-être pour ça, que je t'ai aidé. Ne vois aucune mauvaise intention en moi mais... J'aurai bien aimé qu'on ait fait pour moi ce que j'ai fait pour toi. C'est pour ça que je suis là, avec toi. Et que toi, tu es ici. » « Merci. » Il s'était empressé de le dire, si bien qu'il n'avait pas pris la peine de rajouter tout de suite quoi que ce soit. Il se redressa et croqua de nouveau dans sa pomme avant de reprendre la parole.

Après un petit moment, il posa à nouveau son regard sur la sang-pur. « Je m'en fous que tu sois une fille à papa ou non. Et même si tu m'avais dit l'être, je ne t'aurais pas cru. Tu es trop gentille pour ça. Et puis, merci d'avoir fait ça pour moi, personne ne l'a jamais fait. Tu n'es pas la seule à avoir peur de la solitude. Pour y avoir vécu pendant cinq ans, je ne veux pas me retrouver sans personne pour moi. Alors je te comprends et c'est pour ça que ça me touche. » Il lui sourit pour appuyer ses dires. Cédrik ne mentait pas, il en était incapable. Ce qu'Aelicya lui avait offert, c'était bien plus que ce que Nathan pouvait lui offrir. Lui faire voir une parcelle de ce qu'est l'amour maternel représente tout pour le garçon.