"L'amour" est vraiment une maladie ! ∞ LeoStaty♥

Leo dévala rapidement les escaliers, en retard d'une bonne dizaine de minutes déjà. En fait, cela ne changeait pas réellement de ses habitudes. Aussi, s'il réglait son réveil une heure à l'avance et non dix, il aurait déjà plus de chances d'arriver à l'heure... Non parce que concrètement, Vladimir Leo-Idriss Wollner était un gros boulet qui arrivait tous les jours avec dix à vingt minutes de retard en cours. Plus de la moitié du temps, il était accepté, dans les rires même, du fait que mis-à-part ses retards peut être un tout petit peu trop nombreux, le blond était un véritable élève modèle. Puis parfois, soit le professeur était d'une humeur à chier, soit c'était le mercredi et il s'agissait du professeur de chimie, et alors il se faisait joyeusement rembarré avec de petits airs de bulldog. Est-ce qu'il songeait à changer ses habitudes pour autant ? Naaaan.

« Tu vas être à la bourre. Encore. »

Leo passa son regard sur la cuisine et rencontra une tête blonde, un air un peu dépité. Un immense sourire vint illuminer son visage de grand frère alors qu'il s'affalait en face de la jeune fille et se saisit de la tartine de nutella qu'elle venait de finir ; elle ne râla même pas, tellement habituée à la situation qu'elle se contenta d'en faire une autre. Machinalement, il se redressa à nouveau après avoir mordu dans la tartine et pris un bol, se rassit, remplit le bol de lait et continua de manger. Il était tout le temps en retard, mais prenait le temps de manger son petit déjeuner – cinq minutes – en compagnie de sa petite sœur et occasionnellement de leurs parents quand ils étaient de repos.

« Bah alors Iphi', tu t'es encore faite toute belle aujourd'hui... Il s'appelle comment ? »

L'adolescente rougit violemment et faillit recracher sa tartine, s'étouffant presque. Son grand frère, quant à lui, explosa de rire devant une telle réaction, et elle pesta avant de se redresser correctement et de le fixer en plissant les yeux dans un air faussement intimidant. Elle avait juste l'air d'un mignon petit chaton, et sa popularité à l'école ne l'étonnait guère, ce grand frère surprotecteur. Parce qu'il avait beau plaisanter avec cela, elle savait très bien que lui donner un nom serait la pire idée au monde. Leo avait pleins d'amis, pleins de connaissances, et s'il lui prenait l'envie d'éloigner l'être de la gente masculine qui lui plaisait d'elle, elle savait qu'il en aurait largement les moyens. Ce n'était pas comme s'il ne l'avait pas déjà fait par le passé...

« Ha ha ha. Lol. »

Leo haussa un sourcil alors qu'Iphigénie se relevait et débarrassait promptement sa table, lui lançant un regard avant de sortir de la pièce.

« Dépêche si tu veux qu'on y aille ensemble. »

Cela par contre ne tenait pas vraiment du rituel. La veille, ils s'étaient juste mis d'accord sur le fait qu'ils iraient ensemble en cours – ils allaient au même établissement, elle étant juste deux classes en dessous – elle ayant en tête qu'il ne serait pour une fois pas en retard. Leur établissement faisait collège et lycée, quoi que les deux bâtiments fussent séparés, l'entrée était la même. Et pour une fois, le blond ne fut pas en retard, ce qui poussa même certains de ses potes à pousser des sifflements alors qu'Iphigénie affichait un petit air vainqueur. Leo vint placer son bras autour de son épaule avant de l'embrasser sur la joue, sous les acclamations moqueuses de ses collègues et des regards légèrement jaloux d'autres filles – hé, c'est sa sœur, on se calme... La blonde le repoussa en riant avant de partir en trottinant dans un dernier « et si t'es pas à l'heure en cours avec ça, je te botte le derrière, compris ? ». Ouais, des frères et sœurs plutôt fusionnels. C'est simple, Leo savait presque tout de Leah, et Leah savait presque tout de Leo. Presque. Ils avaient bien des petits secrets, tout de même – parfait exemple quelques dizaines de lignes plus tôt.

La plupart des élèves qu'il croisa tournèrent presque de l’œil en le voyant dans les couloirs à... L'heure. Jusqu'à ce qu'une voix reconnaissable ne parviennent à ses oreilles.

« NOOON ! Leo, A L'HEURE ? »

Le blond se tourna rapidement pour faire face à son bff de la life, j'ai nommé Io, un gland aux cheveux bleus et toujours – toujours – de bonne humeur. Un immense sourire fleurit sur les lèvres de Leo alors qu'il s'approcha et fit rapidement un check avec son meilleur ami.

« – Ouais, Iphi' a décidé de prendre les choses en main, tu vois.
– Haha, ça m'étonnait aussi... Iphigénie elle fait tout ce qu'elle veut de toi c'est fou.
– Hm... Tu peux pas nier qu'il est difficile de lui dire non. »

La moue du bleu parlait pour lui. On va dire que la dernière fois qu'il avait refusé de lui obéir – en l'espèce, de baisser le ton alors qu'elle essayait de dormir dans la pièce d'à côté – elle l'avait assommé à coup de dictionnaire. « C'est tout ce que j'avais sous la main » avait-elle trouvé pour justifier l'usage d'un tel... outil ? Depuis, il la catégorisait comme une barge. Il n'empêche qu'il l'appréciait beaucoup – mais cela n'avait rien de nouveau, Io avait de fortes tendances masochistes.

« Oh, c'est le fantôme ! »

Des rires – de pouffiasses – féminins guidèrent le regard du blond jusqu'à une tête bleue, alors qu'il était arrivé aux casiers et ouvrait le sien pendant que son meilleur ami lui racontait une énième blague. Ce type avait un don : celui de te faire exploser de rire avec la blague la plus nulle au monde. Or, son répertoire comprenait plus de blagues nulles qu'autre chose. Ce qui avait un côté handicapant : personne ne pouvait les raconter à son tour en étant drôle, tant c'était propre au bleu. Mais là n'était pas la question. Il regardait... La bleue. Ah oui, il l'avait déjà croisé – plusieurs fois. C'était celle que l'on surnommait « le fantôme ». Dans son casier se trouvaient pleins de détritus, et un simple regard lui suffit pour trouver les coupables. Ces filles l'exaspéraient assez... Le pire, c'est que c'était les minettes qui lui courraient après. Quoi qu'il n'était pas dupe, pas mal de minettes lui courraient après – Iphi' avait pleins de mecs derrière elle, lui pleins de filles, ils étaient plutôt bien lotis dans la famille.

Il referma son casier, passa son chemin. Il l'aurait bien aidé, mais en même temps, il avait déjà essayé, et elle était partie en courant... Je veux dire, littéralement. Il lui avait juste parlé et elle s'était enfuie. Il s'était senti très, très con sur le moment.

Puis des potes réussirent à lui piquer son bento – fait par sa sœur, c'est précieux ce qui vient de sa sœur ok #SisterComplex – et Leo les coursa un bon moment. La sonnerie retentit, et il se maudit disant qu'il allait arriver en retard – alors que pour une fois, il aurait pu arriver à l'heure quoi – au cours. Encore que, par chance, il réussit vite à récupérer son bien et n'arriva qu'avec une petite minute de retard, ce qui valu presque un malaise à leur professeur de sport. Puis ils firent donc cours, aujourd'hui c'était course. Leo était le meilleur dans cette matière, et il sentait les regards l'observer avec beaucoup d'intensité. Il ne se sentait pas mal à l'aise pour autant, une question d'habitude. Io adorait lui rabâcher le fait qu'il était teeeellement populaiiiire, un peu comme une chamaillerie.

Le cours cessa plus vite qu'il ne l'aurait cru, la pause déjeuner avec. Ce midi, il aurait du choix, comme tous les midis : soit il restait avec Io, Aiden, et d'autres, soit il mangeait avec sa sœur, soit... Boarf, sûrement comme à l'accoutumée, cela serait du random. Ils envahiraient la plus grande table, y rajouteraient même des chaises pour s'entasser, avec un Leo, un Io et une Iphigénie et le reste des membres étant un peu plus au hasard. Souvent, la jeune fille était accompagnée d'une brunette plutôt silencieuse du nom de Felicia. Il l'aimait bien cette fille, quoi qu'il eusse du mal à la cerner.

Mais déjà, avant, il devait traverser la cours, ou le parc qui entourait l'école, puisqu'il s'était séparé des autres pour aller chercher quelque chose dans les vestiaires, qui, paradoxalement, n'étaient pas vraiment à côté. Sifflotant, il lança quelques coucou à des personnes qu'il croisait, essentiellement de petits couples tranquilles, jusqu'à croiser quelqu'un qu'il n'avait pas vraiment l'habitude de côtoyer... Puisque rappelons-le, elle l'avait fuit, une fois.

« ...Bon appétit. »

Leo pencha la tête alors que la bleue se tourna violemment vers lui. Il tentant d'agiter les mains devant lui tentant de la calmer, mais se souvint qu'il tenait son bento dans les mains et le posa promptement au sol avant de s'exécuter. C'était plus simple les mains libres, étrangement.

« OXYGENE !! Je vais pas te manger, promis ! Hm... Statice, c'est ça ? »

Il avait eu du mal à se souvenir de son prénom, tant il était habitué à ce qu'on la nomme « fantôme ».

Leo la fixait curieusement, celle que tout le monde nommait fantôme. Il avait un léger doute sur son prénom ; on va dire qu'il avait du mal à retenir les noms, dates et autres, et sur le moment, il avait prié pour ne pas s'être trompé... Même s'il était quasi persuadé qu'elle s'appelait bien Statice. Ouais, un prénom de fleur, un prénom peu porté mais joli... Statice. Une fleur bleue, comme ses cheveux. Mais même s'il en était quasi persuadé, il pouvait toujours s'être trompé, et le looong silence qui avait suivi sa question le poussait à s'interroger sur sa possible erreur. Puis soudain, le bleue sembla reprendre vie et des couleurs teintèrent ses joues, alors qu'elle sortait maladroitement un mouchoir ; son bento glissa de ses genoux et elle le rattrapa de peu, le tout dans une maladresse assez amusante et quelque peu touchante, puis elle s'essuya la lèvre. Le regard du blond se baissa sur le contenu du bento et il crut y discerner du curry – putain ce que c'était trop bon le curry.

« Ou…Oui. C’est Statice… »

Sa voix était faible, la tête du blond se pencha. Pourquoi semblait-elle perpétuellement hésitante ? Pour quelqu'un d'aussi ouvert et extraverti que lui, d'aussi social, cette espèce d'individus fortement timides avaient quelque chose d'irréel. Et elle peut être plus que les autres. Ça l'intriguait. Soudain elle sembla se faire minuscule, comme cherchant à disparaître alors qu'elle rentrait presque son cou dans ses épaules. Pourquoi semblait-elle si craintive ? De quoi avait-elle peur ? Question rhétorique, personne au sein de l'école ne l'aider à ne pas l'être... C'était plutôt le contraire. Il se souvenait que Leah s'était une fois insurgée d'un comportement aussi puéril, voire purement et simplement débile (et cruel), qu'elle devait endurer. Bon, pas qu'elle, mais Leah était une véritable justicière, elle voulait sauver tout le monde, 'voyez, même les bébés phoques. Même les grenouilles. Il était sûr qu'elle kiffait les grenouilles. Mais je m'égare.

« Enfin, c’est gentil de savoir mon prénom Leo… Je voulais dire de savoir mon prénom monsieur… Que vous saviez mon prénom, je voulais di…dire! »

Cette fois Leo eut un sérieux bug. Monsieur ?? Vous ??? Hé, ils avaient le même âge, elle n'avait pas à l'appeler « monsieur » ou à le vouvoyer ! Il la vit paniquer complet, et fronça les sourcils, plongé dans la perplexité. Alors il finit par s'asseoir devant elle, complètement à l'arrache. C'était mieux pour discuter que d'être penché, en plus ça commençait à faire mal au dos comme position. Il pencha la tête, appuya sa bouille sur sa main, son coude sur sa jambe.

« Mais tu devrais retourner auprès des gens qui doivent t’attendre… Faut pas perdre son temps avec moi… Suis qu’un fantôme… »

Il continuait de l'observer en silence. A cette remarque, il n'avait pas encore réagi, voulant voir ce qu'elle allait faire. Ce qu'elle allait faire ? Elle fixa tristement son bento, semblant complètement se plier sur elle même, alors qu'elle en fermer le couvercle pour ouvrir un nouveau compartiment... Qui fit enfin réagir Leo. Il se pencha en avant, des paillettes dans les yeux et son habituel enthousiasme trop violent peut être de retour.

« DES CHOUX A LA CREME FAITS MAISOOOON ! »

Non il n'avait pas gueulé ça comme un abruti, non il n'avait pas l'air de nécessiter un internement imminent, non il n'avait pas gueulé ça devant une fille déjà vachement craintive de base. Non il n'était pas totalement con, c'est archi faux d'abord. Mais des choux à la crème faits maison quoi. Il releva un regard vivant, très vivant, trop vivant, pour elle sûrement, avant de continuer sur son élan, avec un air peut être plus pensif à présent.

« Tu sais si tu te rabaisses tout le temps, comme ça, ces filles, là, elles s'arrêteront pas. Et de te traiter de fantôme non plus. »

Surtout si elle-même finissait par se désigner comme tel. Il n'était pas certain que ce qu'il venait de dire l'atteindrait, elle semblait tellement... Sûre de ce qu'elle disait.

« C'est moche d'autant se sous-estimer. Hmm. Dis moi, je veux pas faire morfal, mais ils sont de toi... ? Je peux goûter ? »

Si, Leo était un morfal. C'était bien connu. À tel point qu'il avait oublié qu'il s'était mis en tête de lui refaire lever la tête un peu, parce que là maintenant tout de suite il voulait vachement beaucoup trop goûter à ses choux à la crème.