On risque de pleurer un peu si l'on s'est laissé apprivoiser
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On risque de pleurer un peu si l'on s'est laissé apprivoiser | Mer 04 Fév 2015, 12:43
On risque de pleurer un peu si l’on s’est laissé apprivoiser
feat. Pandora
La malchance avait toujours poursuivit Feofan. Toujours. Peu importe le moment ou l’endroit. Toutes les merdes du monde le poursuivaient. Parce qu’il était né avec un pouvoir nommé porte-malheur, qui amenait la poisse sur lui-même, mais aussi sur les personnes qui le côtoyaient un peu trop longtemps. Parce qu’il était né du mauvais côté de la balance, plus simplement. Ils s’étaient retrouvés à deux dans le ventre de leur mère, il y avait eu une chance sur deux pour que ce pouvoir lui tombe dans le coin de la tronche. Et il l’avait eu. Manifestation du hasard, ou bien est-ce qu’il était déjà un peu poisseux à ce moment-là ? Il s’en foutait un peu, le savoir n’améliorerait pas sa vie.
Il n’en voulait pas à son frère d’avoir eu le bon côté de la balance. Ils n’avaient pas vraiment eu l’occasion de choisir. Et en restant ensemble, leur niveau respectif de chance et malchance se rééquilibrait. Ils étaient les deux morceaux de cette fameuse balance. Il en voulait un peu à sa mère, si l’on ne prenait en compte que la poisse. Mais n’ayant connu que cette vie de chutes incessantes, il s’y était fait. Plus ou moins.
Les portes de l’hôpital s’ouvrirent pour le laisser sortir, retrouver l’air frais et vivifiant de l’hiver. Il n’y fit pas vraiment attention. Il n’aimait pas le froid, le trouvant désagréable. Son attention toute entière se portait en cet instant sur sa main droite, sévèrement bandée à cause d’une morsure de chien. C’était la main avec laquelle il écrivait. Génial. Il la laissa tomber le long de son corps. Ca faisait mal. Pas encore complètement parce qu’il avait été complètement shooté aux antidouleurs, mais mal quand même. Et quand il ne serait plus shooté, il allait douiller sa mère. Mais n’en n’était pas encore là.
Il fallait qu’il rentre. Il avait un chez lui maintenant, un vrai chez lui. Il fallait bien qu’il y aille. Mais dans l’état dans lequel il était, il savait qu’il aurait droit à des questions. Et là maintenant tout de suite, il n’avait pas envie. Pas envie de voir le regard inquiet de Felix, pas envie d’entendre les mots curieux d’Adèle. Il soupira. Et qu’est-ce qu’il allait faire alors, à la place hein ? Son regard tomba sur le sac qu’il tenait de la main gauche. Un sac remplis de cannettes et de nourriture. Un cadeau, en quelque sorte, des infirmières. Elles étaient allées dévaliser quelques distributeurs de l’hôpital après l’avoir vu. Apparemment, elles le trouvaient trop maigre et lui avaient recommandé de manger plus en lui mettant le sac dans la main.
Certes. Il n’était pas très épais ni grand. Mais de là à dire qu’il était maigre… Il s’était dit qu’elles exagéraient quand même. Mais il avait pris le sac. Pas comme si on lui avait laissé le choix de toute façon. Mais il était de ces personnes qui ne mangeaient pratiquement rien. Il avait peu d’appétit et était vite rassasié. Alors tout ce qu’il y avait dans ce sac… Songer à manger tout ce qu’il contenait lui donnait mal au cœur. Il se demanda si quelqu’un en voudrait. Il allait faire ça, refiler cette nourriture à quelqu’un avant de rentrer chez lui. Question : qui en voudrait ?
Il redressa la tête et commença à marcher dans la rue. Il fallait qu’il trouve quelqu’un. Avec sa malchance, ce n’était pas gagné. Il remonta son écharpe sur le bas de visage comme il le put avec une seule main d’opérationnelle et déjà utilisée. La droite serait au repos pour un petit moment. En apercevant son reflet dans la vitrine d’une boutique quelconque, il se fit la réflexion qu’il faisait un peu enfant battu ainsi, caché dans ses vêtement, une main solidement bandée et divers pansements, griffures et bleus sur son visage et le reste de son corps visible. C’était un peu étrange. Il passa son chemin.
Il évita soigneusement le quartier résidentiel où il créchait désormais et alla tenter sa chance sur le marché. Chance que bien sûr il n’avait pas. Il essaya plusieurs fois de refourguer la nourriture mais personne ne prit la peine de lui faire cette grâce. A croire que tout le monde préférait dépenser son argent en fruits et légumes frais plutôt que d’avoir de la malbouffe et des cochonneries gratuitement. C’était à n’y rien comprendre. Il soupira avant de quitter la zone. Il n’arriverait à rien là-bas.
Il se rendit au parc, avec un dernier espoir de se débarrasser du sac avant de rentre, peut-être, chez lui. Chez Adèle. C’était pareil. Bref, le parc. Il n’y croisa pas grand monde, malheureusement. Le peu de personne qu’il vit refusa encore sa nourriture offerte gracieusement. Ils craignaient un piège ou quoi ? Il allait rentrer chez lui, avec le sac, lorsqu’il se décida à faire un dernier essai. Il se dirigea tranquillement vers un jeune fille et arrivé devant elle, lui tendit une cannette de sa main valide. « Tu veux ? »
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Re: On risque de pleurer un peu si l'on s'est laissé apprivoiser | Mer 04 Fév 2015, 15:38
tears don't fall
Choc. Tes talons hauts claquent sur le goudron du trottoir. Doucement, tu t'avances, ta tête tournant vivement telle une girouette. Tu surveilles. Tu as peur. Tu accélères. Que ferais-tu si jamais ils te retrouvaient dehors? Tu ne le savais pas. Tu ne t'étais encore jamais faite prendre, n'est-ce pas? Tu savais pourtant ce qu'il se passerait si on te trouvait dehors. Tu l'avais vu, sur le corps de ta jumelle. Toutes ces traces, toutes ces marques, à jamais gravées sur sa peau. A ces pensées, tu frottes vivement ton corps. Non, tu ne voulais pas de ces blessures sur ton corps. Qu'est ce que les gens penseront quand ils te verront? Que tu es faible, que tu ne sais pas résister. Que tu as eu peur, que tu t'es débattue sans jamais vraiment pouvoir lutter.
Tes pieds te font mal, mais tu n'y penses pas. Tes jambes tremblent, mais tu ne tombes pas. Tu tends tes mains devant toi. Ton vernis a presque totalement disparu, tes ongles sont longs. Tu baisses les bras le long de ton corps et tu reprends ta marche. Il fait froid. Tu craches de petits nuages de fumée. Tu arrives à l'entrée du parc, tu sens l'herbe douce toucher le bout de tes orteils. Tes talons s'enfoncent dans le sol et tu peines à marcher droit, sans tomber. Mais peu importe, tu avais pris l'habitude des talons. Tu serres les dents et continue ta route. Tes doigts craquent à cause du froid, mais tu n'y fais pas attention. Ta peau est froide, mais tu t'en fous.
Mais après tout, à quoi bon se plaindre? Souffrir en silence, ne jamais faire part de ses émotions, voilà ce que la vie t'avais appris, entre autres. Tu dérapes, tu tombes. Tu serres les dents et, à l'aide de tes deux mains, tu pousses et te relève. Tu as mal, mais tu te tais. Tu aurais voulu pleurer, mais rien ne venais. Tu ne ressentais plus rien. Plus de pitié, plus de joie, plus de tristesse. Plus que de la peur. La peur qui te paralysait, la peur qui te dévorait, qui te suivais en permanence. Tu pensas à Monsieur, et tu te remis vivement en marche. Bientôt la première garde devrait débuter dans la maison, et on découvrirait que tu n'es pas là. On te chercherait. On ne te trouverait pas. Tu paieras cher pour ton imprudence. A moins que tu ne regagnes la bâtisse à l'heure, comme à ton habitude.
Un homme arrive. Un jeune homme. Il se place devant toi, il se dresse comme un mur, barrant ton chemin. Tu le toises méchamment. Tu as peur, tu te méfies. Au moindre mouvement suspect tu es prêt à bondir, à lui faire mal et à courir loin de lui. Que voulait-il? Qui était-il? Tu ne le savais pas. Tu ne connaissais que très peu de personnes en dehors de la maison. Il te tend une canette de soda. Tu recules, d'un petit bond. Tu regardes l'objet, il ne semble pas menaçant, pourtant tu ne t'approches pas.
« Tu veux? »
Tu lèves la tête vers lui. Tu as peur. Tu veux fuit. Mais que penserait-il de toi? Tu n'es pas une lâche. Tu ne veux pas de la canette. Tu tends la main vers la petite boite d'aluminium et tape dedans. Elle vole quelques mètres, à peine, plus loin. Tu la fixes un instant, comme si elle allait revenir, mais elle ne bougea point. Ton regardes se pose de nouveau sur le garçon aux cheveux blancs. Tu le toisas de nouveau. Il devait avoir aux environs de la quinzaine, tout au plus. Ce qui signifiait qu'il ne devait pas être loin de ton âge.
Tu sens une légère brise passer dans tes cheveux, sans jamais faire tomber ta couronne, qui reste là, éternellement penchée. Tu es la princesse déchue, la belle princesse autrefois si pure, qui est tombée dans la débauche et dans la déchéance, qui essaye de remonter, petit à petit, lentement, sûrement. Il suffirait d'un petit accrochage, d'une minuscule étincelle, pour tout faire revenir au début. Pourtant, un diamant qui tombe ne se brise pas. Il a mal, il se blesse, mais résiste, sans jamais se fissurer. Tu es un diamant, Pandora, un diamant qui est tombé maintes et maintes fois, mais qui s'est toujours relevé, un diamant qui se bat.
« Je ne veux d'aucunes des choses que vous avez dans votre sac. »
Sèche, nette, précise. Sans aucune fioritures, tu avais prononcée clairement ta phrase comme ci depuis longtemps elle était pré-préparée. Tu avais vu son sac, tu savais qu'il devait sûrement contenir d'autres canette, et tu ne voulais aucuns des sodas, tant qu'il venait de ce garçon. Il était plus jeune que toi, cela se voyait, mais tu ne lui faisais pas confiance. Tu avais peur de tout le monde, sans exceptions. Tu avais peur de Monsieur, tu avais peur de ce garçon, tu avais parfois même peur de Jodie. Tu pourrais lui bondir dessus et le taper. Tu pourrais lui demander de partir, ou bien partir toi, mais tu restais figée, incapable de faire quoique ce soit. Tu finis par t'écarter de sa route.
« Partez. Je vais vous faire du mal. »
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Re: On risque de pleurer un peu si l'on s'est laissé apprivoiser | Jeu 05 Fév 2015, 09:18
On risque de pleurer un peu si l’on s’est laissé apprivoiser
feat. Pandora
Il tendait la canette. Un bête récipient étanche contenant une boisson quelconque bourrée de sucre. Il avait l’espoir de pouvoir la refourguer à quelqu’un, même si là son espoir s’était tellement étiolé avec ses échecs précédents qu’il ne tenait pas à grand-chose. Là, c’était à une jeune fille qu’il essayait de le refiler. Sa dernière tentative. Après il rentrerait soit avec, soit il abandonnerait le sac sur un banc ou dans une poubelle. Et vue le regard que lui adressait la jeune fille, il avait l’impression que c’était ce qui allait se passer. Elle n’avait pas l’air très commode. Mais bon, peut-être qu’un peu de jus de pomme calorique la calmerait.
Son espoir se gonflait brutalement, tandis qu’il voyait la main de la jeune fille s’élever vers la canette. Mais l’espoir vola très loin, en même que le contenant d’aluminium qui fut frappé pour aller s’échouer quelques mètres plus loin. Adieu petit espoir. Sa main gauche était toujours suspendue, cette fois vide de tout objet. Il avait suivit des yeux le vol de la canette et la regardait maintenant joncher sur la pelouse, avec un regard éteint. Ses épaules s’étaient affaissées, quoi qu’elles n’étaient déjà pas très droites d’ordinaire, comme découragé. Il fallait dire qu’il l’était. Son dernier espoir venait de s’envoler. Littéralement. Est-ce que sa malchance l’empêchait même de trouver une personne agréable dans toute l’île qui accepterait son sac ? Apparemment oui.
« Je ne veux d’aucunes des choses que vous avez dans votre sac. » Simple, clair, net et précis. Presque tranchant en fait. Et un peu désagréable. Une légère grimace crispée apparue sur son visage tendit qu’il redirigeait son regard sur la jeune fille. Oui, il avait cru comprendre qu’elle n’en voulait pas. Mais il n’était pas nécessaire qu’elle réagisse comme ça. Un simple non lui aurait suffit amplement. Il s’en serait simplement contenté et ne se serait pas vexé. Il en avait essuyé trop avant pour se fâcher d’un de plus.
Il cligna un peu des yeux, étonné, en voyant la jeune fille s’écarter de lui, visiblement peu à l’aise. Il pencha la tête en l’observant attentivement et se fit une réflexion un peu étrange. Elle était…comme un animal. Un animal un peu sauvage, craintif et agressif vis-à-vis des hommes. Etrange comparaison. Il devait se tromper, elle devait juste être de mauvaise humeur pour une quelconque raison qui ne le concernait pas. « Partez. Je vais vous faire du mal. »
Nouveau clignement des paupières. Il ne s’y attendait pas vraiment. Pas du tout. Il avait pensé qu’elle continuerait de s’éloigner jusqu’à partir, sans plus faire attention à lui. Un peu étrange, un peu bizarre. Un peu sans sens. Il hausse les épaules avec désinvolture. Lui faire du mal ? Qu’elle se rassure, il n’avait pas besoin d’elle pour cela, il y arrivait très bien tout seul. « J’ai déjà mal. » A la main. Aux bras. Au dos. Au dos. Qu’importe qu’il soit encore shooté aux antidouleurs actuellement, il avait quand même mal. Au moins ses jambes étaient intactes. Pour l’instant. Il savait qu’il se passerait un truc à un moment ou à un autre. Aujourd’hui ou demain. Peu importe.
Sa main gauche retourna piocher dans le sac, que sa main droite tenait bien difficilement, immobilisée comme elle était. Il en sortit cette fois une barre chocolatée qu’il tendit de nouveau à la jeune fille. Il se sentait con d’insister. C’était stupide, surtout dans la mesure où elle avait clairement émit son intention de ne rien prendre de ce qu’il y avait dans le sac. Mais l’espoir faisait vivre, encore et toujours. Bien que là, c’était plutôt le désespoir qui le poussait à agir.
Parce qu’il n’avait pas envie de rentrer tout de suite. Parce qu’il n’avait pas envie de traîner ce sac partout où il irait. Parce que songer à manger une seule part de son contenu lui donnait mal au cœur. Oui, il était plus penché désespoir qu’espoir cette fois-ci. « Tu es sûr que tu n’en veux pas ? Tu es mon dernier espoir. » C’était peut-être de grands mots, mais ils étaient vrais. Cette fille était son dernier espoir. Après, il devra rentrer là où il n’avait pas envie d’aller pour l’instant.
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