All of my memories #Daphné

All of my memories

ft. Daphné • so i can go on • #BBD2E1

L'eau était dangereuse. Je le savais. Je l'ai toujours su, comme un instinct, une conviction profonde. Sans doute quelque chose que j'ai hérité de Gabriel. Mourir noyé ne devait après tout pas être agréable. L'eau était dangereuse. Je le savais, pourtant je me trouvais là. Debout, planté sur la rive d'une mare, mon appareil photographique encore à hauteur d’œil sans que je n’appuies pour autant sur le déclencheur. J'étais figé, pétrifié par ma phobie. Une mare, ce n'était rien pourtant. Juste un petit trou d'eau, tassé de vase et orné de fleurs de nénuphar. Mais on peut se noyer dans une mare. L'eau était dangereuse.

Je n'aurais jamais du m'approcher de cette mare pourtant. J'étais simplement sortit dans les plaines avec l'intention de prendre quelques belles photographies de fleurs. Il est difficile d'en trouver de plus belle qu'ici, sauf lorsque l'on recherche de l'exotique. Mais je voulais quelque chose de simple aujourd'hui et les plaines étaient parfaite. Alors j'y suis allé, mon appareil collé au visage. J'aurais pourtant dû savoir que quand bien même cet endroit était perpétuellement protégé par Déméter, une plante ne peut vivre sans eau. Et de l'eau pour hydrater un tel endroit, il en fallait en quantité. D'où la mare.

L'eau était dangereuse. Mais je pouvais encore faire demi-tour. Je ne touchais pas l'eau. J'étais juste au bord. Je m'intimais au calme. Si la panique me gagnais, cela pourrait finir mal, je le savais. Paniquer était la pire option. Je respirais profondément. Tout ce que j'avais à faire était de reculer, des pas en arrière, l'un après l'autre. J'abaissais mon appareil. Je ne photographiais l'eau que rarement. L'eau était dangereuse après tout. En essayant de contrôler le tremblement de mes mains pour ne pas qu'un malheureux accident n'arrive à mon précieux appareil, je reculais. Je regrettais que Célestia ne soit pas avec moi là. Elle n'aurait eut qu'à m'attraper par la chemise pour me tirer un peu plus loin. Mais j'étais seul et je devais reculer.

Lorsque je me jugeais à distance suffisante de la menace, je me laissais tomber au sol en soupirant, mes ailes allant s'étendre et écraser quelques fleurs. Je ne les rangeais jamais. La peur était quelque chose d'épuisant. Mon cœur cognait fort dans ma poitrine et mes mains tremblaient encore. Au moins, me disais-je, je m'étais épargné une crise de panique. Je rangeais fébrilement mon appareil photographique dans sa housse avant de me prendre le visage dans les mains en continuant de contrôler ma respiration. J'étais trop vieux pour ces conneries, peu importe mon âge réel.

En relevant la tête, j’aperçus une jeune femme non loin de moi, qui semblait me regarder avec curiosité. Je me doutais que voir quelqu'un frôler la crise phobique à cause d'une mare n'était pas courant. Au moins aura-t-elle vu quelque chose d'inhabituel aujourd'hui. Mon début de crise calmée, j'entrepris de me relever, peu désireux de rester éternellement au sol. Quand bien même les fleurs autour étaient agréable à voir et à respirer. Une fois debout, je m'aperçus que je surplombais largement la jeune femme qui semblait s'être rapprocher. Mesurer presque deux mètres était une plaie. Ne serait-ce que pour se fournir en vêtement convenable. « Excusez-moi mademoiselle. Tout va bien? » demandais-je à la jeune femme resté silencieuse et immobile non loin de moi.

All of my memoriesTu dormais difficilement, allongée de profil contre la tendre étendue verdoyante, ta tête étant soutenue par le flanc d'un caracal. Le flash concernant une bribe de ton passé que tu venais d'avoir à l'instant t'avait causé une horrible migraine. En effet, cette dernière était davantage insupportable que les précédentes. Tu souffrais alors silencieusement, tremblotant contre le félin sauvage. Ce dernier frottait d'ailleurs doucement son museau contre ta joue avant de lui donner de doux coups de langue afin de te réconforter. Ses petites attentions eurent le don de te calmer quelque peu. Et tu ouvrais l'évitement les yeux pour les plonger dans les siens. Ils étaient d'un magnifique bleu clair, si beaux que tu faillis t'y perdre. Tu te redressas ensuite doucement et posas une main sur ton front. Tu avais encore très mal au crâne. Mais ton attention se reporta sur le caracal lorsque celui-ci cogna doucement sa tête contre ton épaule. Tu pris alors son museau avec tes deux mains et collas ton front contre le haut de sa tête en guise de remerciement. Puis tu te remis debout, chancelant quelque peu cependant avant de te mettre à suivre le chemin conduisant à la forêt. Le félin quant à lui, ne te suivit pas pour partir dans une direction opposée. Ce dernier semblait avoir encore quelque chose à faire dans les environs. Mais il prit quand même la peine de s'arrêter et de retourner la tête vers toi pour rugir puissamment. Celui-ci te demandait si tu irait bien toute seule malgré ton état. Tu te retournas alors également et lui dit signe que oui en hochant la tête. Et le félin rugit de nouveau avant de continuer sa route. Tu en dis de même, tout en contemplant la beauté du paysage s'offrant à tes prunelles. Ces dernières luisaient d'admiration devant tant de splendeur.
Un doux parfum floral embaumait l'air. Tu inspiras alors profondément pour t'en délecter davantage. Cela changeait des senteurs forestières dont tu en avais l'habitude. Une légère brise vint caresser ta chevelure blonde, la faisant alors danser gracieusement. Tu commençais à te sentir un peu mieux. On pourrait d'ailleurs croire que la nature elle-même s'efforçait également de te réconforter. Tu esquissas un radieux sourire en y pensant. Tes prunelles se mirent à scruter beaucoup plus loin devant toi cette fois-ci. Tu pus alors distinguer une étendue d'eau ainsi qu'une silhouette assez étrange à proximité de cette dernière. Un animal en train de s'abreuver peut-être. Sans hésiter, tu accéléras donc le pas pour aller à sa rencontre.
Et là surprise. Un jeune homme à la chevelure aussi blonde que le blé demeurait immobile, faisant alors face à l'étendue d'eau. Celle-ci semblait le déranger au plus haut point. En aurait-il par hasard peur ? Ta curiosité faisant surface du fait de sa réaction, son physique ne fit que l'attiser davantage. Il possédait une étoile noire sous son œil, de très longues et magnifiques ailes mais surtout ce large sourire rouge écarlate.
Intriguée, tu te rapprochas alors pour arriver à proximité de lui.

▬ Excusez-moi mademoiselle, tout va bien ?

▬ Qu'en est-il de vous ? Est-ce que vous allez bien. Vous avez l'air si mal à l'aise.

Tu n'avais pas répondu à sa question, bien trop inquiète à propos de son état.  Il donnait plus que l'impression d'avoir frôlé le malaise. Tu posas alors délicatement une main sur sa joue et la caressas tendrement afin de le rassurer. Bien qu'il était un parfait étranger, tu ne pouvais t'empêcher d'agir de la sorte. Voir les gens souffrir en silence te faisait tellement mal au cœur si bien que tu ne pouvais rester les bras croisés.

▬ Rassurez-vous. Il ne vous arrivera rien de mal. Je serai là pour vous protéger.

Tu lui fis ensuite un chaleureux sourire. S'il avait peur de l'eau, tu te ferais alors une joie de l'aider à surmonter quelque peu cette phobie. L'eau était pourtant si agréable lorsque l'on y plongeait son corps et si belle à contempler en jaillissant à la manière de cascades. Quel dommage pour lui que de ne pas pouvoir profiter de ses bienfaits.(c) Codage by FreeSpirit

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ft. Daphné • so i can go on • #bbd2e1

j'observais la demoiselle désormais face à moi. Un joli bout de femme, belle même, à la chevelure or et les yeux lagons. Il se dégageait d'elle une certaine douceur qui manquait bien souvent chez les personnes. C'était...déstabilisant au premier abord, mais agréable. Je me demandais un instant si elle accepterait que je la prenne en photo. Des personnes avec une telle expression, je n'en n'avais pas vu beaucoup. Pas depuis mon ''éveil'' en tout cas.  Je lui avais demandé si elle allait bien, un peu intrigué par son immobilité et par une expression triste que j'avais cru voir sur son visage. Mais peut-être m'étais-je trompé. Quand bien même n'avais-je pas de lunette, ma vue n'était pas la plus perçante du monde. Pas avec mon corps humanoïde en tout cas.

Elle ne répondit pas à ma question, mais me demandant directement si moi j'allais bien. Je lui semblait être mal à l'aise. Je comprenais sa question. Si j'allais mieux maintenant, mon comportement précédent avait dû fortement l'intriguer, si elle m'avait vu. Je fut surpris lorsqu'elle posa une main sur ma joue, écarquillant légèrement les yeux bien que cela ne soit pas visible à cause de mes lunettes de soleil. Elle caressa ma joue avec ce que j'interprétais comme de la tendresse. C'était un comportement des plus inhabituels, j'ignorais comment réagir. C'était pourtant agréable. La tendresse était quelque chose d'agréable et je laissais faire la jeune femme, en profitant même un peu.

Devant mon silence qui devait durer peut-être un peu trop longtemps pour elle, elle tenta de me rassurer, me disant qu'elle me protégerait s'il m'arrivait quelque chose avec un magnifique sourire. Je ne put me retenir de le lui rendre, quoique plus modéré. Cette jeune femme semblait vraiment être douce en effet, bien que je préférais ne pas juger sans connaître. Je pris sa main, toujours sur ma joue pour la mettre entre les miennes. La sienne semblait si petite, minuscule et fragile entre mes deux grandes paluches, c'en était amusant. Je ne serrais pas, qu'elle puisse la retirer quand elle le voudrais.

« Je vais bien, merci de vous inquiéter. Je suis simplement aquaphobe et me retrouver près d'une étendue d'eau m'est très...désagréable disons. Et vous-même, j'ai cru vous apercevoir triste un instant, vous allez bien? » lui demandais-je, à la fois reconnaissant de l'inquiétude qu'elle éprouvait pour un parfait étranger et quelque peu intrigué par cette jeune femme souriante qui ne me semblait pas l'être tant un peu plus tôt.

All of my memoriesLe jeune homme te fit un petit sourire, agrandissant alors davantage celui de couleur rouge déjà présent sur son visage. Et il finit par prendre avec douceur ta main qui était encore contre sa joue. Les siennes étaient si chaudes à tel point que cela t'apporta du réconfort. Tu posas ton autre main sur les siennes avant de les enlever délicatement pour les ramener vers toi. Et tu posas alors tes deux paumes contre les siennes afin de comparer la taille de vos mains respectives. Les siennes étaient tellement grandes par rapport aux tiennes. Tu avais tout à coup l'impression d'avoir de minuscules mains d'enfants. Tu entremêlas ensuite tes doigts autour des siens et fis redescendre ses mains pour pouvoir les tenir normalement. Tu aurais bien aimé t'amuser avec ces dernières, les balançant de droite à gauche à la manière d'une gamine. Mais tu t'y résignas. Ce que tu pouvais être puérile parfois.

▬ Vos mains sont si grandes et si chaudes. Puis-je me permettre de vous les tenir encore un peu ? Elles sont vraiment très agréables.

Tu lui fis un autre sourire. Sa présence te faisait te sentir de mieux en moues bien que tu aurais aimé comprendre la signification du flash que tu venais d'avoir quelques instants plus tôt. Beaucoup trop d'éléments manquaient pour que tu puisses réussir à décrypter sa signification. Ton passé demeurait toujours une mystérieuse énigme.
Tu quittas ses mains des yeux pour les planter dans les siens. Il semblait apparemment encore un peu mal à l'aise. Tu serras alors doucement ses mains par réflexe. Il n'était pas seule et pouvait compter sur toi pour avoir un peu de réconfort.

▬ Je vais bien, merci de vous inquiéter. Je suis simplement aquaphobe et me retrouver près d'une étendue d'eau m'est très...désagréable disons. Et vous-même, j'ai cru vous apercevoir triste un instant, vous allez bien ?

C'est ce que tu pensais. Il avait réellement une phobie de l'eau. Peut-être l'avait-il traumatisé dans le passé. Tu ne voyais rien d'autre à part cette explication. Tu voulais d'ailleurs l'interroger sur la cause de cette peur bleue mais sa question te fit un peu perdre ton enthousiasme.
Et tu desserras légèrement ton étreinte autour de ses doigts sans pour autant les lâcher, détournant par la même occasion la tête. Ton charmant sourire s'était évaporé pour laisser place à une expression légèrement mélancolique. Ce flash ...

▬ Je vais bien, ne vous inquiétez pas pour moi ...

Ainsi donc le jeune homme était parvenu à déceler la pointe de tristesse qui demeurait en toi. Rares étaient les personnes capables d'une telle observation et perspicacité.
Tu aurais bien aimé te confier à lui. Il semblait être quelqu'un ayant la main sur l'œil qui n'hésiterait pas à aider son prochain. Mais qui voudrait perdre son temps à t'écouter parler de ton amnésie ? Tu finis par retourner la tête vers lui, affichant alors un petit sourire cette fois-ci. Bien que ce dernier était fait quelque peu à contre cœur, tu t'efforçais de rester le plus naturelle possible afin de ne pas l'inquiéter davantage.
Et tu l'entrainas avec douceur avec toi pour l'éloigner de l'étendue d'eau.

▬ Vous sentez-vous mieux ici ?

C'était toi tout craché, de faire passer les autres avant ta personne. Tu ne pouvais pas t'en empêcher. Cela faisait partie intégrante de ta nature. Les Nymphes sont en général des créatures très attentionnées aimant prendre soin des autres sans attendre quoi que ce soit en retour. Elles le font uniquement de bon cœur. Être capables de rendre quelqu'un heureux leur suffisait amplement.
Tu te reconcentras sur l'inconnu. Pourquoi portait-il des lunettes de d'œil d'ailleurs ? Certes, il faisait jour mais aucun rayon de soleil n'était apparent pour une fois. Alors pourquoi se protégeait-il les yeux. Étaient-ils aussi fragiles que cela ? Tu mourrais d'envie de savoir ce qui se cachait derrières elles mais ne bougeas pas pour autant. Cela serait très malpoli de ta part de les enlever sans en demander la permission.  

▬ Vos yeux seraient-ils par hasard grandement fragiles ? Il n'y a pas de soleil alors cela m'intrigue que vous portez des lunettes. Ne vous inquiétez pas, vous n'êtes pas obligé pour autant de ne dire pourquoi hein ?

Tu te mordis la lèvre inférieure, quelque peu gênée par ce que tu venais de lui dire. Tu étais décidément une Nymphe trop curieuse et tu étais persuadée de finir par l'énerver à force de lui poser toutes sortes de questions indiscrètes. Mais il fallait te comprendre en même temps. Il était rare que tu puisses croiser quelqu'un en pleine nature. Les habitants de l'île avaient plus tendance à se rendre dans des lieux urbanisés et régulièrement fréquentes, ce qui n'était pas le cas des plaines et encore moins de la forêt.
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ft. Daphné • so i can go on • #bbd2e1

La demoiselle prit mes deux mains, apposant les siennes tout contre, paume contre paume. Positionnées ainsi, la différence de taille de nos dextres était des plus flagrante. Je trouvais ça quelque peu fascinant, c’était comme comparer les mains d’un adulte ‘normal’ et celles d’un enfant. Elle entrelaça ses doigts aux miens, et ainsi la différence était plus grande encore. Ses phalanges étaient minuscules par rapport aux miennes et j’avais l’impression que si je serrais trop mes doigts, je pourrais écraser ses mains. C’était véritablement fascinant. Elle fit remarquer que mes mains étaient chaudes. Pour une fois, pensais-je. Ma peau était généralement froide, sans pour autant être glacée, sang de reptile oblige. Le basilic était un animal à sang-froid. Si je n’avais pas besoin de rester au soleil des heures, avec mon corps humanoïde, pour réguler ma température corporel, je n’atteignais pas non plus des pics de chaleur. Ma peau, et donc mes mains, étaient généralement froides. Mais généralement ne signifiant pas constamment, il arrivait comme maintenant qu’elles aient une température dite normale.

Elle me demandait si elle pouvait encore les tenir, et je lui souris en disant que cela ne me dérangeait pas. De l’extérieur cela pouvait sans doute porter à confusion, mais ce n’était au final qu’un geste innocent. Presque enfantin en réalité. C’était souvent les enfants qui se tenaient les deux mains ainsi, pour jouer. Je la rassurais en lui disant que j’allais bien, et l’interrogeais quant à son propre état psychologique, ayant cru l’avoir vu triste un peu plus tôt. Et si elle ne dit rien dans l’immédiat, ses réactions criaient pour elle. Son visage souriant se fana et se détourna, ne me regardant plus. Ce genre de réaction était des plus parlantes, et si elle affirma ensuite qu’elle allait bien, je n’en croyais pas un mot. Et en disant de ne pas m’inquiéter, c’était tout le contraire qui se produisait. On allait pas bien en arborant ce genre d’expression. Le sourire quelque peu forcé qu’elle arbora ensuite en me regardant de nouveau ne fit que mon convaincre davantage avant qu’elle ne m’entraîne un peu plus loin de ma plus grande peur. Plus grande même que celle de mourir. Quoique le noyau de ma phobie résidait en la peur de mourir noyé, les idées se rejoignaient.

Nous arrêtant quelques mètres plus loin, elle me demanda si je me sentais mieux ici. « Oui. Ne vous inquiétez pas. » lui dis-je. J’allais bien dès lors qu’aucune étendue d’eau n’entrait dans mon champ visuel. Et si je savais qu’une mare se trouvait pas si loin de moi, ne pas la voir calmait mon angoisse. Elle me surprit un peu lorsqu’elle me demanda si mes yeux avaient une quelconque fragilité. Sa remarque sur la luminosité était des plus justes, mais je portais des lunettes de soleil en permanence. A force, je ne m’en rendais plus pleinement compte. Elle semblait légèrement gênée par sa question, mais je le comprenais. Je me savais être une personne quelque peu…intriguante dirons-nous, et la curiosité était une chose normale. « Ils ne sont pas fragiles. Simplement…dangereux. Disons que je porte ces lunettes pour vous protéger. » Ce n’était que pure vérité, quand bien même mes yeux humains étaient moins dangereux que mes yeux de basilic, ils restaient…pétrifiants.

Je resserrais légèrement les doigts autour de ses mains, juste un peu pour éviter une échappée. « Je m’excuse de mon insistance, mais me direz-vous finalement ce qui vous peine ? Cela ne me dérange pas de vous écouter puisque je vous le demande. » la rassurais-je. Ou du moins, je tentais de la rassurer. Je ne lâchais pas le morceau à ce propos, ma propre curiosité piquée au vif, mêlée d’inquiétude.

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▬ Je vais bien, Ils ne sont pas fragiles. simplement…dangereux. Disons que je porte ces lunettes pour vous protéger.

Et il accentua légèrement l'étreinte autour de tes doigts sans doute pour éviter que tu ne prennes la fuite par peur. Il n'avait pourtant pas du tout besoin de s'inquiéter à ce sujet. Tu ne le laisserais pas seul et cela même si ses yeux sont dangereux comme le disait-il.  

▬ Dangereux ?

Tu penchas alors la tête sur le côté à la manière d'un enfant tout en affichant un air à la fois interrogateur et innocent. Comment ses prunelles pouvaient-elles causer la souffrance à autrui. Tu ne comprenais vraiment pas. Certes, l'île était peuplée de créatures aux pouvoirs les plus étranges les uns que les autres mais jamais tu n'avais encore rencontré quelqu'un ayant des yeux offensifs.

▬ Ne vous inquiétez pas. Je n'ai nullement l'intention de m'enfuir. Et puis, si vous prenez la peine de porter des lunettes, c'est que vous êtes quelqu'un de très attentionné qui pense aux autres avant tout. Il n'y a donc aucune raison que je puisse avoir peur de vous.

Et tu finis par craquer et balanças ses mains de droite à gauche tout en affichant un petit sourire. Tant pis s'il te trouvait puérile. Tu avais envie de faire gigoter ses grandes mains parce que tu trouvais cela drôle.
Une légère brise vint caresser ta chevelure blonde, t'apportant alors un peu de fraîcheur. Bien qu'il n'y avait pas de soleil, il faisait tout de même assez chaud et un peu de vent ne serait pas de refus.
Tu te mis soudainement à penser à ton caracal. Était-il bien rentré chez lui ? Ou alors était-il encore en train de se balader dans les environs ? Tu n'en savais rien. Certes, tu pouvais communiquer avec eux mais en aucun cas lire dans leurs pensées ce qui était bien dommage. Tu voulais être sûre qu'il était bien arrivé à bon port. Espérons que ce soit le cas.  

▬ Je m’excuse de mon insistance, mais me direz-vous finalement ce qui vous peine ? Cela ne me dérange pas de vous écouter puisque je vous le demande.

Ton sourire s'effaça de nouveau pour laisser place à un air quelque peu triste tandis que cessais doucement tes petits balancements de mains. Tu ne détournas pas la tête cette fois-ci bien que tu préféras river ton regard sur le sol.

▬ J'ai eu un flash avant de vous rencontrer. Une sorte de vision concernant mon ancienne vie. Mais je n'arrive pas à comprendre sa signification et de ce fait je ne sais pas qui je suis réellement. Je ne connais que mon nom Daphné et le fait que je sois une Nymphe. Mais concernant ma vie avant d'être ici, tout est flou dans ma tête. En vérité, je suis amnésique et j'ai déjà goûté au trépas. Hadès m'a ressuscitée sur cette mystérieuse île mais mes souvenirs concernant ma vie antérieure furent par la même occasion scellés. Quelle était ma vie d'avant ? Pourquoi suis-je morte ? Pourquoi m'avoir ressuscitée ? Tant de questions dont les réponses se manifestent par de douloureux flashs qui sont le plus souvent énigmatiques.

Ainsi, tu venais de lui confier tout ce que tu avais sur le cœur. Tu te sentais d'ailleurs un peu mieux après lui avoir débité ta longue tirade si bien que cela te faisait un poids en moins.
Tu te posais tellement de questions sur ton existence après tout. Pourquoi le dieu des enfers avait-il pris la peine de te ramener à la vie ? Attendait-il quelque chose de ta personne ? Tout était trop incomplet. Ta mémoire ressemblait d'ailleurs davantage à un immense puzzle dont tu devais t'efforcer de retrouver une à une les pièces manquantes. Tant pis si cela te prendrait toute une éternité. Tu es immortelle après tout.

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ft. Daphné • so i can go on • #bbd2e1

La jeune femme sembla intriguée que je qualifie mes yeux de dangereux. Je concevais la notion. Mais ce n'était que vérité même si sous cette forme, même sans lunettes, elle ne craignait pas grand chose. Juste quelques longues minutes d'immobilité et peut-être une légère impression d'étouffement. Je la regardais pencher la tête comme une enfant, curieuse et intriguée et je me contentais de lui adresser un sourire énigmatique. Je n'en dirais pas plus. Pas pour l'instant. Elle me répondit que je n'avais pas à m'inquiéter, disant que je n'étais sans doute pas une mauvaise personne, à vouloir protéger les autres. Sans doute. Mais je devais avouer que c'était aussi par commodité. Avoir une conversation avec une personne pétrifiée n'était pas la chose la plus facile au monde.

Je réitérais mes interrogations, déterminé à savoir. Peut-être également pour lui rendre la pareil, m'inquiéter pour elle parce qu'elle s'était montrer inquiète pour moi. Les mécanismes sociaux étaient d'étranges choses. Mais ses réactions précédentes m'intriguaient véritablement. Son visage se fana à nouveau. S'agissait-il donc d'une chose si grave pour qu'elle ait une telle réaction ? Mes mains, qu'elle balançait depuis quelques minutes, ralentirent jusqu'à s'arrêter tandis qu'elle baissait les yeux, m'intriguant d'autant. Puis elle commença à m'expliquer ce qu'il lui arrivait. Et qui me surpris. J'aurais put m'attendre à bien des choses, mais pas à ça. Je rencontrais ainsi une personne qui se trouvait dans le même cas que moi. Bien que me concernant, j'avais déjà presque deux siècles derrière moi, tandis que cette jeune femme était très probablement revenu à la vie il y a peu. Cela se voyait, dans les questions qu'elle se posait sur son passé. Je pouvais facilement me revoir en elle, lorsque je m'étais moi-même réveillé après la mort. A la différence subtile que j'ignorais alors qui et ce que j'étais, et qu'en presque deux siècles, je n'ai jamais eut ces flashs dont elle parlait. Si nous sommes tous égaux face à la mort, nous ne l'étions visiblement pas face à un retour à la vie.

Je souris, attendrie. Elle était comme une enfant perdue. Je relâchais l'une de ses mains pour aller poser la mienne sur sa tête et caresser doucement ses cheveux. « Je comprends ce sentiment. J'étais dans le même cas que vous il y a...très longtemps. Savoir qui vous êtes et ce que vous êtes est déjà un bon départ, croyez-moi. Ce sont des informations précieuses qui peuvent vous aider à connaître votre passé, si c'est ce que vous désirez. » J'en étais conscient, tout le monde n'était pas comme moi. J'avais fais le choix de ne pas connaître cet ''avant'' de ma vie actuelle. J'ai démarré à partir de rien, et une fois une nouvelle vie battit, je ne ressentais ni l'envie ni le besoin de savoir, même si à ma renaissance, je n'étais que questions et impressions. Aujourd'hui je savais ce qu'il m'était arrivé et mon ancien nom. Mais sans plus. Je n'avais pas besoin d'en savoir plus. En outres, entendre parler de parents, d'amis que l'on a connu et dont on ne se souviendra jamais n'était pas une chose agréable. Je préférais que l'on croit Gabriel mort, ce qui était par ailleurs la vérité, je n'étais pas Gabriel, et vivre ma vie en tant que Typhon plutôt que de réapparaître tel un fantôme dans une vie dont j'ignorais tout et que je ne saurais considérer comme la mienne. « Par ailleurs, je suis ravi de faire votre connaissance. Mon nom est Typhon. Désolé de ne pas m'être présenter auparavant. » Précisais-je. Elle m'avait après tout donner son nom, la moindre des choses était de lui donner le mien. Et j'espérais que mes mots précédents avaient sut la rassurer un peu. Je savais à quel point ignorer qui nous sommes était une chose terrible.

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Le jeune homme ne répondit effectivement pas à ton interrogation concernant ses mystérieuses prunelles. Il se contenta de te faire un sourire à la place. Cette réaction ne te mit aucunement en colère. En effet, tu étais connue pour être une Nymphe exagérément calme quelle que soit la situation. Et puis, chacun avait son petit jardin secret qui ne devait pas être dévoilé.
L'inconnu posa ensuite une main sur ta tête pour la caresser après avoir écouté ta longue tirade. Tu fermas alors les yeux pour profiter de ce geste affectueux. Tu ronronnerais d'ailleurs, si tu avais été un hybride chat. Et sans même t'en rendre compte, tu lui lâchas machinalement son autre main avant d'encercler sa taille de tes bras et de te coller à lui, ta joue gauche légèrement pressée contre son torse, les yeux toujours clos.
Il te fallut quelques minutes avant de reprendre tes esprits et de remarquer ce que tu venais de faire à l'instant. Tu reculas alors doucement et détournas le regard, les joues rosies par la gêne.

▬ Par ... Pardonnez-moi pour ce geste impudent de ma part.

Tu ne savais vraiment pas pourquoi tu l'avais enlacé si subitement. Peut-être parce qu'il te rappelait Apollon en quelque sorte. Des cheveux blond, un radieux sourire et surtout une grande gentillesse. Il lui ressemblait vraiment beaucoup à vrai dire et en particulier dans sa manière d'être.
Tu avais toujours le regard détourné, ayant honte de lui faire face. Tu espérais ne pas l'avoir mis en colère à cause de ton étreinte pour le moins inattendue. Tu avais eu la chance de faire la rencontre de personnes tout bonnement agréables depuis ton arrivée sur cette île, alors l'idée de penser que le monde était tout rose, tout beau et tout gentil était très tentante. Et puis, ton instinct te disait que le jeune homme en face de toi faisait également partie de cette catégorie.

▬ Vous savez ? Vous me rappelez quelqu'un qui m'est cher ...

Tu ne préféras pas t'étaler davantage car parler d'Apollon te faisait également très mal au cœur dans le sens où tu avais l'impression d'être la cause de sa souffrance. Tes sentiments amoureux naissant pour lui n'arrangeaient par la même occasion, pas du tout la situation. Si seulement tu pouvais le concevoir en tant qu'ami extrêmement proche. Cela t'aurait évité de souffrir davantage.
Tu finis par prendre ton courage à deux mains et le regardas alors droit dans les yeux, à travers les verres de ses lunettes de soleil. De quelle couleur pouvaient-ils d'ailleurs bien être ? Étaient-ils claires ou plutôt sombres ?

▬ J'aurais bien aimé contempler la couleur de vos yeux. Ils doivent être très beaux.

Tu lui rendis son sourire avant de lever les yeux vers le ciel quelque peu grisé. Il n'y avait toutefois pas l'ombre d'un nuage. Ce dernier semblait simplement couvert pour le moment. Pourvu que cela dure. Ce ne serait vraiment pas agréable pour toi s'il se mettait à pleuvoir et encore plus pour lui du fait de sa phobie.

▬  Je comprends ce sentiment. J'étais dans le même cas que vous il y a...très longtemps. Savoir qui vous êtes et ce que vous êtes est déjà un bon départ, croyez-moi. Ce sont des informations précieuses qui peuvent vous aider à connaître votre passé, si c'est ce que vous désirez.

▬ Vous aussi vous êtes amnésique ? Comment avez-vous fait dans ce cas pour retrouver vos souvenirs ? lui demandas-tu sur un ton surpris.

Quelle coïncidence. Tu étais heureuse de tomber sur quelqu'un qui fut par le passé dans le même cas que toi. Tu étais tout à fait consciente que les amnésiques ne couraient pas les rues sur cette île alors en rencontrer un par hasard ... Une chance inespérée ou bien un agréable coup du destin.
Ainsi, tu voulais absolument savoir comment il était parvenu à surmonter seul cette épreuve difficile. Quel soulagement en moins que ce serait de te remémorer ta vie d'autrefois quitte à ce que cette dernière te blesse. Contrairement à la majorité des gens, tu avais besoin de reculer un peu pour pouvoir mieux avancer dans le futur.

▬ Par ailleurs, je suis ravi de faire votre connaissance. Mon nom est Typhon. Désolé de ne pas m'être présenté auparavant. 

▬ Enchantée du fond du cœur Typhon.

Ainsi donc tel était son nom. Tu t'en voulais un peu de lui avoir raconté tes problèmes sans même avoir pris la peine de lui demander au préalable comment il s'appelait. Tu lui fis tout de même un autre sourire. (c) Codage by FreeSpirit

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ft. Daphné • so i can go on • #bbd2e1

Je caressais les cheveux de la jeune femme lorsque celle-ci me prit brusquement entre ses bras. Je restais immobile, surpris et ne sachant pas quoi faire. La repousser gentiment ou lui rendre son étreinte ? Au final je ne fis rien. J’attendis simplement, les bras le long du corps, qu’elle se recule. Ce qu’elle fit, au bout de quelques minutes, le visage rouge visiblement gênée. Elle s’excusa de son geste et je ne pus que rire en penchant légèrement la tête. « Ce n’est rien. » lui répondis-je, pas spécialement gêné. Surpris oui, mais pas gêné. Elle déclara alors que je lui rappelais quelqu’un. Tiens donc ? Je me demandais bien à qui je pouvais lui faire penser ainsi, mais je ne demandais rien. Je n’avais pas vraiment besoin de savoir. Sa gêne sembla finalement la quitter puisqu’elle tourna à nouveau son regard vers moi. Dans mes yeux pour être exact. Je pouvais aisément deviner que ça la rendait sérieuse, tout ce mystère autour d’eux. Elle dit vouloir les voir, s’interrogeant sur leur couleur et mon sourire s’élargit. Je lui montrerais peut-être, ou peut-être pas.

Je lui disais que je comprenais parfaitement ce qu’elle vivait, l’ayant vécu moi-même. Je tentais de la rassurer à ce propos. Les informations qu’elle détenait sur elle-même l’aideraient très certainement à faire le tri dans ses flashs et à reconstruire sa vie précédente. Elle avait bien plus de chance que moi de se rappeler. Elle finit par me demander si j’étais également bien amnésique, et comment j’avais retrouvé mes souvenirs. Je m’en doutais. C’était même l’évidence qu’elle me demande cela. Mon sourire se fana un peu. Il y avait tant d'espoir en elle. L'espoir que je puisse lui donner un moyen de recouvrer la mémoire. Je m'en voulais un peu de devoir décevoir ses espoirs. Mais je n'y pouvais pas grande chose.

« Je n'ai pas retrouver mes souvenirs. Et je ne les retrouverais jamais. Je n'ai jamais eus de flashs comme vous semblez en avoir, et après plus de cinquante ans sans rien, lorsque c'est présenté à moi l'occasion de connaître mon ancienne vie, j'ai préféré ne pas savoir. Je me suis construit une nouvelle existence sans passé, et je n'avait pas envie qu'un fantôme vienne me hanter. Les seules choses que j'ai accepté de savoir étaient mon ancien prénom et la façon dont je suis mort. Je crains que cela ne puisse vous aider. » Je ne regrettais pas mon ignorance. Plus maintenant. Je m'étais morfondu sur moi-même pendant quelques cinq ans à errer sans savoir qui j'étais, avant de me prendre en main et de me reconstruire en entier.

Je me doutais que mes dires la décevraient. Je ne connaissais pas beaucoup de chose plus désagréable que de ne pas savoir qui nous sommes et ce qui nous est arrivé. On s'imagine tant de chose, on se demande si on était ainsi, ou comme ça sans pouvoir obtenir de réponse concrète. « Cependant, vous n'êtes pas dans le même cas que moi. Je suis certain que vous pourrez trouver des personnes de votre passé, même sans savoir qui elles sont, et qui pourront vous donner des renseignements sur vous-même. Vous êtes une nymphe n'est-ce pas ? Les autres nymphes pourront sans doute vous aider. » Mais encore fallait-il les trouver ces demoiselles.