Elle rentre chaque soir et se glisse sous ses draps blancs. Elle enlève ses lunettes et se regarde dans le miroir. Pourquoi ? Tu ne comprenais pas. Tu ne comprenais rien. Tu étais perdu, à travers tes propres folies. Tu demeurais près d’elle sans jamais te montrer et la surveillait sans jamais faire preuve de vie. Tu te laisses aller dans sa routine comme si elle était la tienne, tu la suis comme si tu étais une ombre. Invisible, fondu au noir dans tes craintes et tes phobies. Rien. Rien ne pouvait lui arriver. Tu vérifiais chaque soir qu’elle soit bien rentrée chez elle. Tu regardais vaguement à sa fenêtre avant de t’éclipser. Son souffle haletant, ses larmes contre ses joues et son cœur hésitant. Elle avait su te rendre fou, obsédé. Tu étais devenu obnubilé par la seule idée de sa présence. Elle t’avait donné un but. Une idée. Un chemin à suivre. Elle était devenue ta raison de vivre parce qu’elle était la seule à te maintenir en vie.
Tu avais fini par connaître toute sa routine par cœur. Comme l’étudier, comme si tu te sentais obligé d’être à l’heure, de tout savoir. Tu finissais par même reconnaître lorsqu’elle avait soif, lorsqu’elle avait faim. Comme si tu étais devenu fou. Fou à l’idée que le moindre détail t’échappe. Comme si tu avais peur d’être en retard, peur de ne pas être là si quoi que ce soit lui arrivait. Fatigué, chaque jour un peu plus, de toujours rester éveillé, de dormir seulement lorsqu’elle fermait les yeux. De dormir seulement le dos contre le toit en face de chez elle. Tu passerais ta vie entière à la suivre, si ça pouvait la protéger. Tu passerais le restant de tes années à la surveiller, si ça pouvait te rassurer. Alors pourquoi étais-tu entré dans cette salle, ce soir-là ?
Tu étais entré, avais payé gentiment ton entrée comme si tu avais toujours fait ça. Perdu, le regard dans la brume tu te laisses emporter par la foule, te laisse guider par leurs pas. C’était la première fois que tu étais mêlé à autant de personnes, la première fois que tu les voyais rire entre eux. C’était la première fois que tu ne sentais pas complètement différent, parce qu’enfin, tu suivais leur mouvement. Tu t’installes, au fond de la salle, dans l’ombre alors que sur la scène les lumières s’allument. Elle est là. Elle t’apparaît sous les yeux, plus élégante que jamais, dans sa robe de tissus et de finesse. Plus que toutes les autres, plus que tout ce que tu avais pu voir, elle était une étoile sous les projecteurs, les pointes de ses pieds sur la scène. Elle rendait tout autour d’elle si terne. Au fond, les étoiles pâlissaient lorsque le soleil apparaissait.
Tu étais comme hypnotisé par sa seule présence et les heures te semblaient des secondes. Tu aurais voulu applaudir, tu aurais voulu siffler, faire quelque chose. Mais tu restais dans le silence le plus complet, incapable de te rendre compte qu’elle avait disparu de la scène et que la foule se dirigeait en dehors de la salle. Tu restes un instant seul avant de suivre lentement les autres. Tu restes pensif, un moment, les mains dans les poches, le regard perdu dans l’ombre. Pourquoi ? Pourquoi était-elle ainsi ? Pourquoi ne pouvais-tu pas simplement l’oublier ? Elle était trop brillante, trop belle pour ton âme si impure. Elle était trop frêle, trop élégante dans sa fragilité pour ta violence si malsaine. Pourquoi ne pouvait-elle pas être ordinaire ? Une piètre proie que tu te contentes de détruire ? Tu t’adosses à un des murs du théâtre. Tu la vois sortir. Tu ne savais pas bien combien de temps s’était écoulé. Pourtant, tu n’hésites pas à l’arracher des regards des autres spectateurs.
« Eh.. Salut. »
Un rire nerveux t’échappe. Tu souris vaguement. Tu ne trouvais pas les mots. Comment pouvais-tu simplement lui expliquer que tu la suivais ? Comment pouvais-tu lui expliquer ta présence à sa représentation ? Comment pouvais-tu lui expliquer les paillettes qui brillaient encore dans tes yeux ? Tu passes ta main dans tes cheveux, les décoiffes un instant. Tu laisses tes yeux clairs mais ton regard sombre l’observer. Tu laisses ta voix rauque t’échapper, ton souffle hésitant l’effleurer. Tu n’étais pas pour elle. Elle n’était pas pour toi. Pourtant, tu restais sur cette même idée, qu’il était de ton devoir de rester à côté, dans le silence, pour l’observer. C’était si douloureux.
Douloureux car au fond, elle n’avait pas besoin de toi ou de ta présence. Elle n’était pas en danger. Elle avait des amis, des gens qui comptaient pour elle. Toi, tu n’étais rien. Rien qu’un pauvre malheureux égaré au fond de la montagne qu’elle a soigné dans une grotte alimentée par un feu mal fait. Si elle était la seule à tes yeux, tu n’étais qu’un maigre idiot, égaré sur sa route, parmi tous les autres. Parmi toute la foule, tu n’en étais qu’un. Tu n’étais pas particulier, tu ne brillais pas comme elle le faisait, tu n’étais pas une étoile comme elle l’était. Tu n’étais personne.
« C’est idiot, tu sais, parce qu’en fait je sais même pas ce que je fais là. T’es entrée et ils sont tous entrés alors je suis entré mais au fond c’est pas ma place peut-être aussi parce que tu es là, ça n’a aucun sens. Je sais plus où j’en suis alors que je sais où je suis parce que je sais que tu es là et que je le suis aussi. »
Coeurs : 62 Messages : 379 Couleurs : #22BB9D & Darkgoldenrod J'ai traversé le portail depuis le : 07/09/2014 et on me connaît sous le nom de : Misha Mon nom est : Melissa-Sirius Ramsey Harrison, dite "Tia". Actuellement je suis : perdue. Il paraît que je ressemble à : originaux (glumish+yuumei) & Emily Rudd (IRL) et à ce propos, j'aimerais remercier : Skullkid bae ♥ (vava) + myself (signa+gifs profil) + MISS AMAZING ♥ (gif signa)
Re: beyond her light ─ Tia | Ven 09 Jan 2015, 20:14
Beyond her light
Dans les loges, Sirius fixait les danseuses ajuster leur coiffure, la tête en bas. Sa tête en bas. Ses mains enroulant ses jambes, elles même collées contre son torse, elle fixait entre ses jambes la salle à l’envers. La petite s’étirait depuis dix bonnes minutes, bien qu’elle sache très bien que cet exercice ne l'assouplissait plus depuis longtemps. Elle se redresse et pose une de ses jambes par dessus la barre, se penchant en avant pour étirer ses cuisses au maximum; l’air rêveuse, elle regardait à droite et à gauche dans la salle inondée de lumière blanche, puis vers l’horloge murale. Le ballet allait commencer dans un peu plus d’une heure, aussi lui restait elle à peine une quarantaine de minutes pour finir de se préparer. Les autres danseuses parlaient à voix basses entre elles pour ne pas perturber les autres, rendant l'atmosphère extrêmement sereine, mais elle avait l’esprit ailleurs. La meneuse du groupe ouvrit doucement la porte pour y passer sa petite stature, agrandie par sa longue chevelure bouclée, annonçant d’une voix fluette qu’il ne restait qu’une demi-heure avant de revoir entrer en coulisses. Sirius hoche la tête, ajustant sa robe blanche perlé et ornée de courts voiles presque transparent et d’écailles de serpents; pour ce ballet, la costumière avait décidé de s’inspirer des races de chaque danseuses. De ce fait la robe d’Eliza était d’un gris fripé aux magnifiques reflets argentés, celle de Yuan d’un noir corbeau hérissé de plume couleur d’encre. Dans le miroir, la petite s’observe, ses cheveux noirs parfaitement coiffés et tirés en arrière dans un entremêlement de tresses, un bijou argent et émeraude trônant sur sa tête. Comme à chacune de ses représentations, Sirius ne se reconnaissait pas.
Elle n’était pas essoufflée lorsqu’elle sorti de scène après avoir salué la foule. Tout les participants avaient des sourires collés au visage, mais Sirius était perplexe. Il lui avait semblé remarquer un visage remplie de sauvagerie et d’admiration, un visage à la fois triste et déterminé, qu’elle ne connaissait que trop bien. Mais elle ne parvenait pas à trouver une raison pour laquelle elle l’avait vu. Non, il ne serait pas venu, pas au milieu de cette foule. Elle secoue la tête en tentant de chasser cette idée de son esprit, mais elle reste implanté dans un petit coin de son cerveau. Retour à la réalité, Eliza lui attrape doucement l’épaule, l’empêchant de continuer de marcher dans le couloir alors que la porte des loges étaient là. “Tia? Ça va?” Elle sursaute et hoche la tête, un sourire aux lèvres qui ne semble pas contenter la jeune fille, mais qui la fait la lâcher. Entrant dans la loge, la brune retire sa robe, en enfile une vert d’eau et cintrée sous sa poitrine, pose le bijou sur le meuble correspondant - la costumière viendrait le récupérer - et détache ses cheveux. Ses longues tresses se balancent jusqu’en bas de ses hanches, mais elle les défait rapidement en attendant que Yuan et Eliza finissent de se changer. Puis, empruntant la petite porte de derrière menant sur le côté du théâtre, elles quittent le bâtiment.
Elles avaient l’habitude d’attirer les regards lorsqu’elles sortaient du théâtre, puisque la plupart des spectateurs se tenaient encore devant. En temps général un seul regard noir de Yuan parvenait à leur créer un passage, mais cette fois-ci, la démone était au prise avec son père au téléphone, et Sirius jetait des regard angoissés autour d’elle, jusqu’à ce qu’elle le vit qui s’approchait d‘elle. “Eh.. Salut.” Ses pas s’arrêtent et elle fixe le jeune homme devant elle, qui semblait aussi mal à l’aise qu’elle était surprise. Parmi toutes les personnes qu’elle s’attendait à voir au théâtre, il était hors-liste. Ou le dernier. Un rire nerveux s’échappe de la gorge du brun, elle reste immobile. Les yeux fixé sur lui et la bouche entrouverte. Ce n’était pas tant sa présence ici, mais plutôt l’impression qu’il donnait. Il était moins...moins sombre. Son état l'inquiétait toujours mais il paraissait aller mieux que les autres fois où ils s’étaient vu: et pour cause, il n’était pas blessé, pas aux portes de la mort. C’était la première fois qu’elle le voyait dans un contexte plutôt banal, hormis leur différence naturelle. “C’est idiot, tu sais, parce qu’en fait je sais même pas ce que je fais là. T’es entrée et ils sont tous entrés alors je suis entré mais au fond c’est pas ma place peut-être aussi parce que tu es là, ça n’a aucun sens. Je sais plus où j’en suis alors que je sais où je suis parce que je sais que tu es là et que je le suis aussi. ” Un léger rire s’échappe de sa gorge devant la parole du garçon. Elle ne comprenait pas tout ce qu’il racontait, il avait l’air perdu et s'emmêlait dans ses mots, pourtant elle ne pouvait pas s’empêcher de trouver ça adorable. Un sourire léger aux lèvres, elle s’approche de deux pas de lui, faisant tourner la tête de ses deux amies. “Salut!” Les gens autour d’eux s’étaient arrêtés de parler et tournaient leur tête vers l’étrange duo. Du coin de l’oeil, Sirius voit Yuan hausser un sourcil en baissant son téléphone, et Eliza pencher la tête. “Eh, on y va?” “Allez-y sans moi, on se voit demain. Bye!” Yuan était perplexe et s’apprêtait à répliquer, mais l’autre la pousse en agitant sa main vers Sirius, qui lui rend son mouvement avec un petit sourire confu, puis elle reporte son attention vers le jeune homme. Dont elle ignorait encore le prénom, s’il en avait un. “Oh, je ne m’attendais pas à te voir ici, mais...ça me fait plaisir. Tu as assisté à la représentation?” Ses joues rougissaient de gêne. Qu’il soit devant la théâtre parmi la foule était une chose, mais qu’il la regarder danser en était une autre. Pourtant son impression d’avoir vu son regard parmi les spectateurs se faisait de plus en plus certaine. Elle n’avait pas rêvé. Il était bien là. Ce qui, d’un côté, la mettait mal à l’aise, mais de l’autre, elle en était ravi. Les regards alentours l’oppressaient de plus en plus. Il devait être mal à l’aise, lui qui vivait seul dans la montagne, lui le solitaire au creux de la neige. “Attend, viens dans un endroit plus tranquille.” Elle le tire doucement par le bras et l'entraîne dans une rue annexe, échappant aux trop curieux, là où les ombres étaient assez étirer pour qu’il puisse s’y abriter. Les yeux baissés vers le pavé, marchant comme sur un fil de funambule au milieu de la rue piétonne, elle finit par briser le silence. “Hem, euh, tu vas bien?”
«Que les lumières qui dansent t'éclairent douce petite fée, quand dans mes nuits je rêve de ta propre lumière qui danserait autour de nous. On aurait été beaux, sous les projecteurs. On aurait été si beaux à deux, si je n'avais pas été déjà mort. On aurait été si beaux à deux, si tu ne m'avais pas déjà arraché le cœur. Mais même au-delà de mon souffle, petite fée, je t'attends. Mais même lorsque je sais être ton problème, petit ange, je t'attends.»
Sa main se glisse dans la tienne et tu te sens emporté par ses petits doigts. Hypnotisé, tu te laisses trimballer jusqu'à une rue annexe alors qu'autour de toi le monde t'avait semblé flou. Comme si leurs regards ne t'avaient jamais atteints. Comme si vous n'aviez été qu'à deux depuis qu'elle t'était apparue. Il n'y avait rien eu d'autre qu'elle. Elle. Elle. Aveuglé par ses yeux si doux, tu restes immobile, la bouche entre-ouverte, ton souffle glacé y passant, te séchant tes lèvres à peine humides. Ta peau est pâle et glacée, sous tes yeux se tracent des cernes presque noires de n'avoir que trop peu dormi, torturé par sa présence dans tes cauchemars, torturé par la douleur dans ta gorge. Tu fermes les yeux un bref instant. Lorsque tu les rouvres, tu passes ta main sur ta nuque.
« Non. Enfin, si, ça va, parce que.. parce que tu es là 'fin. Oui, mais non. ça va mieux, tu vois ? Si tu vois pas c'est pas grave. Parce que moi non plus. Eh. »
Rire nerveux. Tu es fatigué, épuisé. Tu n'en pouvais plus de la voir partout où tu allais, tu n'en pouvais plus qu'elle te hante comme l'autre l'avait fait. Tu n'en pouvais plus de t'imaginer pouvoir la protéger alors qu'au fond tu savais bien que tu en étais incapable. Tu avais mal. Mal de te rendre compte à quel point elle était plus forte que toi, plus brillante, plus lumineuse que ton cœur pourri qui te suppliait, à genoux, de respirer. Tu étais mort. Mort depuis le début, encore plus depuis cette fin qui avait été la tienne. Tu n'étais rien. Rien tant qu'elle n'en décidait pas du contraire. Tu ne voulais être que ce qu'elle voulait, ne voulait que ce qu'elle était. Tu t'épuisais à force de t'hypnotiser. Tu étais devenu fou. Fou de la voir partout. Dans tout. Pour tout.
«Danse, petit ange, tombe, je te rattraperai. File sur le verre et valse sur le fil, je suis tout en bas, les bras ouverts. Meurs, je serai là. Vis, je serai là. Tombe, je serai là. Redresse-toi, je serai là. Pour toujours, petite fée, je serai là, pour m'assurer que tu respires, que ton cœur bat. Alors danse, ne t'inquiète pas. Dors, mon ange, je veille sur toi.»
« Tu sais, j'ai repensé à ce qu'elle me disait avant. Que c'était mal, de toujours rester seul. Mais le truc c'est que je me suis jamais senti mal de rester dans la montagne.. Et puis t'es arrivée alors.. »
Tu marques une pause. Pourquoi est-ce que tu disais ça ? Tu te grattes la joue du bout des ongles. Combien de temps tu n'avais pas imaginé une vie en dehors de tes neiges éternelles ? Combien de temps tu n'avais pas supposé pouvoir vivre entouré de monde ? Ici, même au milieu d'une foule, si elle avait été là, tu n'en déduisais pas la moindre douleur, si ce n'est celle de ne pas l'avoir, elle. Parce que tu avais mal. Mal de la voir te glisser entre les dents chaque seconde que tu ne passais pas à la garder contre toi. Tu ravales ta salive, elle te brûle la gorge. Tes jambes sont faibles, tu es faible. Faible d'être mort.
« Alors rien, j'ai rien dit, oublie. Toi tu vas bien ? En fait je m'en fous parce que je sais. Mais je pose quand-même la question. Merde. Oublie, tu vas bien ? »
Coeurs : 62 Messages : 379 Couleurs : #22BB9D & Darkgoldenrod J'ai traversé le portail depuis le : 07/09/2014 et on me connaît sous le nom de : Misha Mon nom est : Melissa-Sirius Ramsey Harrison, dite "Tia". Actuellement je suis : perdue. Il paraît que je ressemble à : originaux (glumish+yuumei) & Emily Rudd (IRL) et à ce propos, j'aimerais remercier : Skullkid bae ♥ (vava) + myself (signa+gifs profil) + MISS AMAZING ♥ (gif signa)
Re: beyond her light ─ Tia | Dim 25 Jan 2015, 18:49
Beyond her light
Son sourire équilibrait l’ombre des bâtiments de Chloris, ses pas régulier résonnant dans le calme de la rue. Elle lève les yeux vers le jeune homme, vers ses cernes et son visage pâle. Il était beau. Un charme unique et spécial, une douceur sauvage dans son visage. Peut-être était-elle la seule à l’avoir vu ainsi, faible et bestial à la fois. Elle avait laissé sa main dans la sienne, à peine surprise par la froideur qu’elle dégageait. Parce qu’il était vampire, parce que c’était de sa faute. Il avait beau insister sur son innocence, Sirius savait qu’elle en était pleinement responsable, et cette culpabilité lui mordait le corps. “Non. Enfin, si, ça va, parce que...fin. Oui, mais non. ça va mieux, tu vois ? Si tu vois pas c'est pas grave. Parce que moi non plus. Eh. ” Leurs rires se mêlent à l’unisson, l’un doux et amusé, l’autre gêné. Son regard bienveillant se pose sur lui, elle sert doucement son emprise sur sa main. Il avait l’air...tellement détruit. Si fatiguée qu’il donnait l’impression de pouvoir s’écrouler d’une seconde à l’autre, si maigre qu’elle-même aurait pu le porter dans un endroit où il aurait put dormir. Quelque part elle se sentait coupable de son état: s’il ne l’avait pas rencontré, dormirait-il mieux? Après tout il était ainsi lorsqu’ils s’étaient rencontrés dans la montagne, des semaines auparavant. Elle se sentait coupable d’avoir troublé sa vie, mais son sourire la rendait joyeuse, son rire l’amusait. Il avait l’air...mieux, quelque part. “Tu sais, j'ai repensé à ce qu'elle me disait avant. Que c'était mal, de toujours rester seul. Mais le truc c'est que je me suis jamais senti mal de rester dans la montagne.. Et puis t'es arrivée alors.. ” Elle se sentit rougir et s’arrête de marcher. Immobiles au milieu de la rue, elle fixe les pavés avant de faire grimper son regard vers lui. Sa main lui paraissait lourde dans la sienne; inadaptée. Elle n’avait rien à faire ici, alors que, même après cette nuit-là, après qu’il lui ait dit ces quelques mots qui l’avaient faite tressaillir, même après y avoir repensé des milliards de fois, elle ne parvenait pas à mettre ses idées au clair. Elle ignorait tout de ce qu’on appelait “amour”, mais s’était promis d’aller éclaircir les choses avec Eros, son Dieu préféré, et premier ami divin. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle n’aimait pas l’autre fille. Les sentiments négatifs chez Sirius étaient certes rares mais bien présent, et elle n’aimait pas cette fille qui l’avait rendu comme ça: brutal et perdu. Mais dans ses paroles elle se disait qu’elle avait peut-être raison, l’Autre. Elle se sentait proche mais la repoussait, comme s’il s’agissait d’une part d’elle-même qu’elle ne voulait pas voir, pas même envisager. Lâchant sa prise, elle laisse glisser sa main hors de son emprise. “ Alors rien, j'ai rien dit, oublie. Toi tu vas bien ? En fait je m'en fous parce que je sais. Mais je pose quand-même la question. Merde. Oublie, tu vas bien ?” Un faible sourire effleure son visage, elle reprend un peu d’assurance et passe une main dans ses cheveux ébènes, séparant quelques anglaises régulières sur son épaule. “Ça va, comme...toujours.” Elle le regarde de la tête au pied, un air inquiet au visage, avant de reprendre la parole “T’as l’air crevé, viens, on va s’asseoir, ok?” Elle n’attend pas sa réponse et l’emmène doucement vers un banc à l’écart -Chloris était remplie de parcs, alors les bancs étaient facil à trouver- sous un platane aux feuilles blanches. Elle s’assied, l’invite à faire de même et balance ses jambes comme une enfant; elle n’était pas grande et ne touchait le sol uniquement si elle tendait les jambes. Le silence tombe, elle ne sait pas quoi dire. Lui demander ce qu’il y avait de nouveau? Elle le savait déjà. Pourquoi il était venu? Il lui avait déjà dit. Un couteau de culpatilité se plante dans son regard, elle baisse les yeux et sa petite voix fluette sort d’elle-même. “Tu t’en sors avec...avec cette histoire de sang?” Elle avait peur de ça. Peur de prononcer le mot “mordu”, peur de sa culpabilité et de sa rancune. Elle avait peur qu’il lui en veuille malgré tout. Elle déglutit, jouant avec ses doigts -tic lorsqu’elle était gênée. Et par dessus tout, elle avait peur de sa réponse. S’il lui disait non, si sa vie était réduite à néant à cause de ça, à cause du vampire, à cause d’elle. Toujours à cause d’elle.
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Re: beyond her light ─ Tia | Jeu 29 Jan 2015, 13:48
«Sa chaleur te paraît irréelle, sa présence est telle qu'intouchable car trop pure. A peine t'est-il possible de l'effleurer, à peine t'est-il possible de l'observer, la détailler. Hypnotisé comme un moustique par la lumière, décalé de ta propre volonté. Elle avait pris à tes yeux une place que jamais quelqu'un d'autre qu'elle s'était autorisé à prendre. Elle était devenue comme une clé, celle qui aurait servi à te détruire comme à te ravir. Ne me regarde pas. Tes yeux se perdent à la contempler alors que tu t'assieds non par fatigue mais parce que c'était elle qui l'avait demandé. Elle aurait pu te dire de ravager un village, de tuer des enfants ou même d'aller te pendre que tu l'aurais fait, si ça avait pu la satisfaire. Au lieu de quoi, tu t'étais simplement assis. Sur son visage tu perçois sa culpabilité, mais comment pouvait-elle comprendre ? Comment pouvais-tu espérer qu'elle comprenne ? Tu aurais préféré qu'on t'arrache la peau et les ongles, lentement, plutôt que de la savoir malheureuse ou même à peine effrayée. Tu es en sécurité, tant que je vivrai. Qu'elle t'aime ou te déteste t'importait peu tant qu'elle restait assez proche pour que tu puisses espérer. Elle te maintenait en vie. Elle te donnait une raison d'exister.
Un maigre sourire t'écorche le visage, comme pour la rassurer, quoique tu avais l'air plus ridicule que rassurant. Tu étais faible. Si faible face à elle et son inquiétude, si faible de ne pas parvenir à simplement oublier ta douleur, si faible de ne pouvoir la réchauffer. Ne me regarde pas. Tu la vois se battre contre ses propres peurs, de sous tes longs cils noirs, le regard perdu à travers son aura brillante. Un frisson parcourt ton dos. C'est de ta faute. C'est à cause de toi, si elle a peur, si elle a mal, à cause de ta seule présence. Tu ne voulais pas lui mentir, mais pourquoi l'inquiéter ? Pour qu'elle s'occupe de toi ? La bonne blague. Comme si tu avais besoin de ça. Ce n'était pas à la princesse de soigner tes plaies. Mais ne l'avait-elle pas déjà fait ? Quel ingrat et indigne chevalier tu faisais. Pourtant, tu lui souris, les yeux fatigués et le regard rempli de honte.
« Ne me regarde pas.. T'arrêteras de t'inquiéter et j'aurai plus à supporter ton regard vitreux. »
Plus que d'être borné, tu étais con. Tu t'étais dit que tu devais faire un effort et te voilà de nouveau à la salir, à la traîner dans la boue. Lorsque tu relèves les yeux vers elle, tu la sens déjà s'effondrer. Je me suis déjà fait tabasser à sang, j'ai déjà passé des nuits entières la peau nue contre la glace et combien de fois ne me suis-je pas fait rouer de coup.. Alors pourquoi ? Pourquoi la voir cacher sa détresse est plus douloureux encore que tout ce que j'ai pu endurer ? Pourquoi étais-tu tombé amoureux, Jack ? Pourquoi étais-tu si bête ? Pourquoi étais-tu si faible ?
« J'ai rien dit, pardon. Et tu as de très jolies vitr.. yeux. De très jolis yeux. Oui, c'est mieux. Je crois que c'est mieux. » Tu crispes ton sourire mais te ravises vite. Ne pas montrer les crocs. Tu ravales ta salive avec une terrible envie de te cogner. Pourquoi étais-tu si bête, Jack ? « Je vais bien. Pour ta question. Tu vois. Parce que ça va. »