My heart is broken, why it's so difficult ? {Evaori.}

▬ Excuse-moi je suis en retard. Ça fait longtemps que t'es là ? »

Tu n'osas pas lui mentir. Tu la serras un peu plus fort dans tes bras en enfouissant ta tête dans le creux de son épaule avant de détendre doucement ton étreinte. Tu secouas doucement la tête négativement en réponse à sa précédente question, si tu ne le disais pas à voix haute c'était comme si tu n'avais pas menti, non ? Tu observas les cheveux vers de ta meilleure amie avant de jouer distraitement avec quelques mèches douces comme de la soie, puis elle se retira complètement de votre moment d'amour. Elle se plia en deux afin de changer les fleurs qui reposaient dans le pot près de la pierre tombale, celle que tu avais passé une demi-heure à observer, à verser des larmes pour ton amie décédée. Désirée n'aurait pas aimé voir combien tu étais triste à chaque fois, elle t'aurait foutu une claque afin que tu sois en mesure de te ressaisir et cela aurait bien réussi. Cette baffe mentale réussi à te faire esquisser un sourire tandis que tu essuyais le dessous de tes yeux d'un mouvement rapide du dos de la main, elle méritait des sourires, pas des larmes.

▬ T'as eu de la chance Daisy, c'était les dernières du magasin. »
▬ Elle se serait sûrement fâchée si tu avais emporté autre chose. »

Tu étais toujours debout derrière ta meilleure amie, tu observais la pierre tombale par-dessus la tête de Kaori. Un sourire se peignit doucement sur tes lèvres, mais il disparut pratiquement au même moment qu'il était arrivé. Tu fis quelque pas en contournant ta meilleure amie, puis lissa tes vêtements avant de t'asseoir dans l'herbe en peu en retrait de manière à pouvoir regarder Kaori et Désirée. Tu t'étais assise de manière à créer un triangle entre toi, l'adolescente et la pierre tombale, comme vous le faisiez toujours quand vous étiez toutes les trois.

▬ J'espère qu'elle est pas trop chiante avec les autres fantômes. Si elle parle trop elle va finir par se faire virer de l'Elysée, j'suis sûre... »

Un nouveau sourire apparût sur tes lèvres, parce que Kaori était la personne la plus mignonne que tu aies jamais connu malgré toutes les atrocités qu'elle a pu vivre. Tu tendis doucement la main dans sa direction et attrapa la sienne avec le même sourire qui restait graver dans ton visage. C'était toujours comme cela. Les premières minutes étaient tendues, puis il suffisait que l'elfe raconte quelque chose de marrant pour que tu te détendes automatiquement. Ton corps se raidissait à chaque fois que vous arriviez au cimetière, parce que tu avais peur que l'adolescente s'écroule : ce qu'elle ne faisait jamais. Elle était forte cette petite et cela te faisait du mal de comprendre à quel point elle était plus résistante que toi, comme si ses sentiments avaient été enfermés dans un huitre qui refusait maintenant de s'ouvrir afin de dévoiler son contenu.

▬ Tu parles ! C'est plus qu'évident qu'elle doit être chiante, ce n'est pas la mort qui peut nous la changer, notre Daisy. Elle est plus forte que cela. »

Tu ne réalisas même pas ce que tu disais, les mots dépassèrent ta pensée dans te demander ton avis, mais tu ne regrettas pas ce que tu venais de dire. Tu refusas cependant d'ajouter qu'elle était de son vivant « une chieuse professionnelle » et qu'elle devait l'être encore - et comme toujours, mais cette pensée te fit esquisser un sourire dévoilant deux rangées de dents blanches. Au final, tu t'étais tourné un peu en direction de la jeune elfe aux cheveux verts en continuant de lui tenir assez doucement la main. Si elle pouvait, elle avait la possibilité de dégager sa main, mais tu lui flattais doucement le dessus de cette dernière avec ton pouce d'un mouvement rassurant. D'une certaine manière, tu aurais préféré que Kaori pleure. « Ce n'est pas très gentil de lui souhaiter de pleurer, quoi. » Tu chassas cette voix dans ta tête sans faire de réaction, Rufus essayait toujours de te faire sourire quand il sentait de la tristesse au fond de toi. Il détestait cette journée, à tous les ans, même si tu ne l'obligeais pas à s'y rendre en ta compagnie. En même temps, il était tellement têtu.

Tu serra à nouveau la main de ton ami en reportant ton regard dans sa direction, puis tu sortis une chandelle du sac à main que tu avais emporté, comme à chaque année. Vous aviez certaines habitudes qui ne changeraient jamais, même malgré les années. Tu déposas cette dernière, elle était parfumée à la lavande - à chaque année, tu choisissais un parfum différent - , sur la pierre tombale avec un sourire. Tu avais pour habitude d'attendre que la chandelle s'éteigne avant de quitter le cimetière, lorsque les sentiments devenaient trop intense, tu te concentrais sur la flamme afin de contrôler les larmes. OK. Tu étais beaucoup trop émotive. Tu allumas cette dernière et cela ne prit que quelques secondes avant que l'air embaume la lavande, puis tu fis un sourire en direction de ton amie.

▬ J'aime l'odeur de lavande, c'est reposant. » dis-tu avant d'essuyer à nouveau tes jours et le dessous de tes pupilles azurés.

KAORI & EUTERPE-YELENA

En observant la scène de loin, n'importe qui se serait dit que vous étiez complètement folle. Étendue sur l'herbe plutôt verte du cimetière à rire et à parler comme si l'endroit n'était pas complètement inapproprié pour ce type de discours. Mais à bien y penser, tu t'en foutais bien des conventions et de ce qui était « normal » ou pas. En tenant compagnie à Daisy, c'est comme si vous pouviez ranimer sa présence parmi les vivants, ce qui rendait son absence beaucoup moins pénible autant pour toi que pour ta meilleure amie. Lorsque Kaori se mit à chanter à voix fort en racontant à peu près n'importe quoi - comme d'habitude - de ce qui lui passait par la tête, tu te renfrognas encore plus que tu ne l'étais déjà. Ta peau habituellement d'une pâleur à faire peur - bronzée actuellement par les doux rayons de soleil et par la gêne immense que tu ressentais - était rosée et tes yeux brillaient comme deux étoiles dans un ciel obscur. Tu essayas d'attraper ta meilleure amie par son chandail, mais elle avait déjà roulé plus loin - elle te connaissait peut-être un peu trop bien avec les années - puis tu regrettas l'époque où Désirée se serait mis derrière la plus petite pour que tu puisses la rattraper et lui faire payer. À cette pensée, un certain sourire illumina encore plus tes yeux, puis tu songeas que tu pouvais toujours utiliser ta magie contre elle, mais que ç'aurait été plutôt déloyal.

▬ « Tu ne peux pas crier ça comme ça, partout bon sang ! » lui crias-tu dessus, complètement amusée par la situation.

Lorsqu'elle cessa finalement de se moquer ouvertement de toi, elle s'étendit et tu en fis de même juste à côté d'elle - oui, tu avais réussi à te rapprocher sans qu'elle ne s'enfuit à l'autre bout du cimetière.

▬ « C'est logique, personne de ne voudrais de votre caractère. » dis-tu avec un certain sourire, parce que tu savais que ce n'était pas vraiment vrai, mais que ce n'était pas vraiment faux non plus.

En observant le ciel, tu remarquas que le grand chêne de tout à l'heure était maintenant dans ton champ de vision. Ses feuilles étaient pleines et bien vertes, elle se détachait agréablement avec la couleur du ciel. Tu tournas à nouveau sur toi-même et plongeas tes deux mains dans l'herbe avant d'en arracher quelques brindilles. Tu savais apprécier le silence, tu n'étais pas comme la majorité des gens que tu avais rencontrée, tu ne sentais pas le besoin total de combler le moindre moment de silence. Tu savais quand ces instants, vous réfléchissiez toutes les deux - probablement à des choses diamétralement opposé, parce que vous pensiez rarement pareil, mais en même temps ... Lorsque Kaori ouvrit la bouche pour te lancer cette phrase, tu restas surprise, mais te tournas quand même vers elle.

▬ « Je sais qu'il ne le ferait pas, il est vraiment bon pour moi. Je me sens comme une tout autre personne lorsque je sais qu'il est là, j'aime savoir qu'il m'attend, qu'il m'aime. »

Au fur et à mesure que ces phrases sortaient de ta bouche, tu savais que tu le pensais réellement. Tu n'avais pas eu beaucoup d'expérience amoureuse, ta vie avait été plutôt compliqué, mais jusqu'à maintenant, cette relation était simple et tu appréciais sa simplicité. Il ne te demandait rien de ce que tu n'étais pas prête à lui donner, tu l'aimais vraiment.

▬ « Mais merci, je sais que tu le feras s'il me fait vraiment du mal. Et c'est pour ça que je t'aime. Mais toi ? Comment ça va ? » dis-tu en étirant le bras pour serrer ton amie contre toi.