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 Quel monde étrange [PV Betty Moriarty]

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Quel monde étrange [PV Betty Moriarty] | Sam 14 Fév 2015, 12:46

Elle se sent glisser, comme aspirée par la lumière. C'est con de mourir comme ça quand même.
Ses lèves ne sont plus rouges d'écarlate, preuve qu'on a essayé de les dévorer, suppose-t-elle.
Elle fait un pas.
Son talon s'enfonce dans une neige tendre et glaciale. Et dans un soudain élan de peur, elle prend une petite inspiration.
Ses mains d'enfants se portent à son visage, laissant une odeur métallique se planter au fond de ses adorables poumons.
"J'espère que cette horreur va disparaître de l'autre côté" dit-elle en fronçant son nez brun.
Il faut prendre une grande inspiration, et sauter de l’autre côté.
Tout est blanc de l'autre côté, le ciel se fond en la terre pour la petite hybride, qui ne peut faire la différence entre haut et bas. Un instant une angoisse monte dans sa gorge, la fait enfler. Il n'y a rien après la mort.
Tout est blanc. Il fait froid. L'odeur est insupportable. Le métallique gout du sang emplit tout son être, elle est clouée sur place et ne peut marcher. Doucement elle enlève ses talons. La neige colle à ses pieds, qui la brûlent si fort, d'une façon si froid qu'elle pense mourir de nouveau.
D'une implacable froideur, comme dans un rêve, parce que ses rêves sont si colorés qu'elle à l'habitude de garder son calme dans les pires situations qu'elle imagine, elle ralentit sa respiration. Une touche d'asthme semble poindre son nez. Elle doit être très en hauteur, car elle sent l'air lui échapper, se raréfier.
Reniflement intempestif. Le froid commence à anesthésier tout son métabolisme. Elle net sent plus qu'une douleur continue le long de ses jambes.
Elle sait que le sang se précipite dans son cerveau. Elle ne doit pas perdre la lucidité formidable dans laquelle elle se trouve.
Elle essaie d'avancer. Elle peut encore bouger.
Sis' ne prend pas plus de temps pour se poser des questions existentielles. Si elle reste ici, elle ne pourra plus respirer. Ou alors, elle sait cela plus probable, le froid brûlera tout en elle et elle s'endormira pour une infinité.
Même sous son autre forme, celle qu'elle savait habiter en elle, elle doutait pouvoir survivre longtemps, il ne lui semblait pas être un animal très vif à supporter le froid.
La métamorphose dura une seconde, le temps qu'elle tombe à terre, et voilà qu'un imposant loup brun sautait dans la neige. Sa fourrure la couvrait, commençant à la réchauffer, et soudain toute cette neige était plus attrayante qu'autre chose dans le monde. Sa vue désaturée se posa sur un perce-neige, unique plante qu'elle observait, qu'elle voyait se mouvoir légèrement. Mieux encore elle la sentait bouger.
Un sourire retroussa ses babines.
Voilà qu'elle courrait après des odeurs et des couleurs invisibles, grand loup en string à la recherche d'un point plus chaud pour retrouver son apparence humaine.
Peut-être que cela dura trois jours, peut-être même qu'elle ne se nourrit que de racines qu'elle enlevait à la terre du bout des griffes. Elle avait fait fondre de la neige pour boire.
Oui, c'était bien, tant qu'elle avait de l'eau il n'y aurait pas de problème.
Et soudain elle arriva en bordure de forêt. La fin de la montagne, à la lisière de celle-ci, la neige s'arrêtait. La folle louve reprit son apparence humaine, la vision de bipède plus convenante pour trouver toute forme de vie. Mais ici, on était dans les limbes, et elle semblait être la seule âme à s'y être perdue. Elle s'étira doucement et un éclat de rire vint tordre son âme.
Elle était seule et morte.
Libre.
Libre d'aventure, assoiffée de volonté, voilà qu'elle pouvait à tout instant risquer sa vie pour le seul plaisir d'avoir le cœur qui s'emballe. Elle pouvait se battre contre les arbres, contre le monde entier, plus aucune chaîne sociale.
Il y eu un point de couleur.
Elle y voyait soudain.
"Je suis Rêve, ton rêve, c'est nous" chuchota un petit oiseau si coloré qu'elle en percevait presque les pigments à son oreille. Le lien se tissa immédiatement. Ils étaient l'un pour l'autre des moitiés d'être. Ils partageaient leur tête.
Rêve était un petit colibri mâle, vindicatif, très je-m'en-foutiste.
"Tu sais que tu vas crever si tu trouves pas de l'eau et a bouffer ?"

Voilà comment elle se retrouvait sur le bord d'un lac. Loin de la neige, le sang sur sa peau et sous ses ongles avait caillé et l'odeur de pourriture empestait l'air autours d'elle. C'était tellement puissant, ce parfum lourd et étouffant d'entrailles qu'elle ne put plus manger, vomissant tout ce qu'elle avalait, avant de trouver ce ruisseau. Elle s'y baigna, et le suivi jusqu'au lac.
Il faisait plutôt bon vivre ici, le soleil hivernal réchauffait son coeur, séchait le sang sous ses pieds meurtris, laissait à la femme la vision d'un peu d'espoir. La sensuelle se baigna et bu tant et tant qu'elle roula sur l'herbe une fois pleinement satisfaite. La faim la tenaillait toujours, ses cheveu étaient emmêlés, sa bouche sentait le renfermé, n'était pas propre et un goût acide-amer se baladait sur ses lèvres. Elle avait vomi de la bile, son estomac était complètement vide, il faudrait qu'elle mange à un moment.
Un éclat de malice passa dans ses yeux et son colibri s'envola. Il n'était apparemment pas open pour qu'elle s'en fasse un roti. Se fiant plutôt à son flair, elle finit par dénicher quelques poireaux sauvages et des tubercules ressemblant à des pommes de terres, qu'elle avala, trop affamée pour essayer d'en faire quelque chose. De toute façon, elle n'avait pas de feu, ni de récipient.
C'est ainsi que, lovée avec son affiliée, elle sous forme lupine, ils s'endormirent pour leur première nuit tranquille.
Au réveil, l'hygiène lui sembla la meilleur idée. Il y avait quelque chose de magique dans l'eau qui déroulait ses cheveux longs. Agréablement fraîche, elle emplissait l'espace et lui donnait un sentiment de plénitude. Une bulle s'envola, deux, huit. Elle remonta à la surface, quitta ses habits pour se sécher, nue, au soleil et sur un rocher.
Sa peau mordorée accrochait le soleil comme un millier de paillette, sur le ventre, son dos cambré était parsemé de grain de beautés que la soie de ses cheveux caressait. Ses pieds nus battaient l'air vide en cadence d'une chanson qu'elle chantonnait, ses bras graciles de petite fille pendaient, las, près de l'eau, et le bout des doigts taquins y jouait longuement.
Dans sa tête, Rêve se posa sur le grand rocher de 3m qui lui faisait face. C'était bizarre, ce rocher en écailles. Il se gratta la tête du bout de la patte, et, se retournant, se trouva face à un oeil.
Du genre grand.
Il y eu un cri féminin affolé quand Sixtine cru perdre son unique compagnon et lien en la faveur d'un dragon.




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Re: Quel monde étrange [PV Betty Moriarty] | Sam 28 Fév 2015, 18:51



Quel monde étrange
Un regard perdu au loin, tu cherchais quelque part par de-là l'horizon le spectre d'un bonheur que tu n'avais jamais pu même caresser. Quelques satisfactions temporaires, quelques sourires et bien-êtres éphémères. Tu te mouvais silencieusement, plume voletant lentement au gré du vent, errant simplement sans même savoir quel était ton but - si tu en avais seulement un. Tu te contentais, gamine au regard vague, de continuer d'enchaîner les petits pas en embrassant de ton regard caramel doré le magnifique paysage qui t'entourait. C'était devenu un passe-temps comme un autre, une façon agréable de meubler ses journées. Tu adorais contempler, te nourrir de cette nature tellement, tellement vivante. Toutes ces couleurs chatoyantes, tous ces doux chants du vent qui agitent les buissons feuillus, tous ces petits cris témoignant de la vie ici-bas. Tu adorais venir te promener ici.

Tu oubliais jusqu'à ta condition d'être humanoïde, ici. Tu ne faisais plus qu'un avec cette vie environnante, un sourire sculptant doucement tes fines lèvres roses. Tu laissais échapper un rire silencieux quand deux oisillons piaillaient, petite querelle poétique et un rien amusante; tu laissais ton regard se parer d'une vivacité et d'une lueur qui était bien rare dans ces yeux-là. Tu te ressourçais, on va dire. Tu vivais. Il va sans dire que chez Alex, tu n'étais pas malheureuse; tu vivais confortablement une petite vie tranquille, sans larme. Tu n'étais plus bouffée par quoi que ce soit, juste à te reconstruire, juste à accepter un deuil douloureux, mais pas étouffant. Betty, tu vivais !

Alex était décidément un ange, un vrai. En plus de te relever, de te loger, elle t'avait donné la possibilité de vivre. Chose à laquelle tu étais peu habituée. Toi, tu avais eu l'habitude d'être enfermée, suivie, questionnée sur tous tes agissements. Surprotégée, bouffée. Tu étouffais, mais tu ne t'en plaignais pas. C'est comme si, à présent que tu avais pu goûter à la liberté, tu voyais enfin ce que tu vivais réellement, et à quel point ce n'était pas enviable. Même si cela ne t'empêchait pas d'avoir la vue brouillée en pensant à lui. A Lean. A ton défunt frère, celui qui t'avait élevée, celui qui t'avait tout donné. Sauf ta liberté.

Tu t'arrêtas quelques instants devant un arbre et avisa un oisillon blessé. Alors tu fronças les sourcils et te mis à escalader le tronc du chêne pour atteindre l'animal.

« tu vas te faire mal... »

Tu ignoras superbement la sage néanmoins inutile réflexion de ton affilié. on il va sans dire que tu te cassas la gueule et que la prévision du dragon fut concrétisée. La bête souffla calmement. Tu ne savais pas où il était, mais il te voyait de là. Aussi, le message était télépathique, donc il n'était pas forcément tout à côté de toi. Tu lanças un regard circulaire boudeur mais ne le vis pas. Tu partirais à sa recherche plus tard. Tu te remis en tête de soigner l'oiseau et tentas de remonter. Après un certain temps à galérer, tu y parvins. Tu retiras tes lunettes après avoir amené à toi l'animal qui n'avait pas vraiment l'air motivé. Qui paniquait en fait. Il piqua la chaire de tes doigts et ta paume, mais tu ignoras et pensas à des choses tristes. En réalité, il était difficile pour toi de te forcer à pleurer. Mais tu y parvins, et une perle de cristal vint caresser l'aile sanglotante du blessé. Tes larmes agirent vite et la plaie commença à se refermer. D'une main, tu remis tes lunettes à leur place, un petit sourire satisfait aux lèvres. Puis tu reposas l'animal qui ne fit pas attention à toi et descendis. Tu avais fait ta bonne action de la journée, cool. Bon même si tu pensais pas comme cela.

Puis un cri perça le silence de la forêt et tu hoquetas. En fait tu sursautas et te cassas la figure, mais bon. On va dire que tu hoquetas. Terrifiée, tu te mis à trembler, reculant comme tu le pouvais. Tu avais soudainement envie de fuir, d'aller loin très loin. D'où venait ce cri ? Pourquoi ? Tu ne voulais pas savoir. Tu voulais juste prendre tes jambes à ton cou, juste...

« tiens, c'est de moi qu'elle a eu peur. »

On va dire que cela eu le mérite de te faire relever le visage, puis le corps.

« STITCH T'ES OU ? »

Le dragon fit une grimace - dans la mesure où un dragon peut faire une grimace - à l'entente de ton cri strident. Il te guida simplement et tu débouchas vite sur la clairière qui était en effet tout proche de ta précédente position. Clairière équipée d'un magnifique point d'eau et d'une nymphe nue paniquée. Une nymphe bronzée. Une nymphe africaine voilà. M'enfin la nymphe, tu t'en foutais mais d'une puissance... Ton regard se braqua sur le dragon et tu avanças à une cadence impressionnante jusqu'à écarter les bras et... Te transformer en arapède. L'arapède étant un mollusque qui se colle aux rochers. Donc voilà, Tu devins un mollusque, et Stitch, un rocher. Puis tu finis par lâcher le dragon et... Continuas d'ignorer royalement la nymphe africaine, sincèrement, elle sert à rien elle. Betty, tellement trop choute.

« Tu pourrais faire preuve d'un peu plus de civilité, gamine. »

Cette fois, ce n'était pas de sa voix télépathique qu'il s'était adressé à toi. Et tu compris vite que c'était parce que ce ne t'était pas exclusivement adressé, en fait. Tu te crispas subitement, avant de tourner la tête lentement et de regarder timidement l'inconnue. Puis tu secouas la tête dans un "non" un peu trop motivé. Sincèrement... T'es désespérante.
betty&sixtine




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Re: Quel monde étrange [PV Betty Moriarty] | Sam 28 Mar 2015, 19:34

Elle sait qu'elle finira pas au paradis. C'était clair depuis le début, elle a fait quelques conneries, ne s'est jamais confessée et méprisait insolemment les croyances de sa mère.
"Tu pensais te taper les limbes pénard quoi ?" Chuchote Rêve à son cerveau.
Ouais, les limbes, c'est une bonne idée. Errer seule dans un paysage parfait, vivre d'aventure et d'eau, se battre contre la faim et la soif, contre les oiseaux, la solitude. Violemment envoyer péter tout autours d'elle sans même une once de raison, sans reproche d'un être humain. Tout ça parce qu'elle a le droit de le faire. Parce qu'elle en est libre.
Tout ça pour, au final, se retrouver visiblement en enfer, accompagnée de charmants dragons aux délicates écailles de pierre , potentiellement trop friands des petits colibris indolents.
Celui-ci s'envola pour tourner autours de son nouvel ami, soit l'affilié de la jeune femme qui venait d'arriver. Petite, carrément jolie, aux cheveux fins et brillants et à la peau crémeuse. Elle était surement plus jeune qu'elle.
Elle voyait dans ses yeux comme toute la tristesse du monde, et sentit une vive curiosité l'étreindre.
Cette petite avait-elle quelque chose à dire, à raconter, une histoire monstrueusement horrible, douloureusement douce ? Elle voyait ses lèvres hésiter, tremblantes, sur son visage poupon, absolument parfait aux yeux de la russes, une moue et des cernes plus ou moins marquées reflétaient un soleil mutin. Y avait-il quelque chose de divin dans le vent jouant sur sa peau d'un beige tout à fait rosé, parsemé de quelques imperfections, quelques tâches de pigmentation différentes du au soleil, d'une taille microscopique, le tout formant un grain de peau absolument adorable ?
Sixtine rosit doucement et sourit en voyant Rêve se poser près de l'oreille du dragon pour y chuchoter un babillage insensé d'oiseau piailleur, du genre casse-couille et de la race des imbéciles.
La belle brune sourit gentiment et se relaissa tomber sur son rocher avec une grimace. Son popotin venait d'en prendre un coups.
Soudain tout redevint sépia, et comprenant que Rêve avait dissocié sa vision de la sienne, elle reprit sa vue de loup.
La jeune femme face à elle était maintenant magnifique.
Une très légère sueur sucrée se mélangeait à un parfum sous-jacent de rose et de litchi.
Mais surtout, une odeur de peur,de malheur, d'espoir, si brûlant qu'il la faisait sourire stupidement.
La louve ferma les yeux et se détendit. Elle cligna. Deux fois. Tout va bien semblait dire son regard à l'autre femme. Elle s'éclaircit la gorge :

- "Sixtine, enchantée de vous rencontrer messire dragon. Vous avez de très belles écailles, mais vous m'avez fait peur." Sa voix était un peu rauque, elle essaya de l'adoucir, mais rien n'y faisait "Enchantée aussi sista' " Fit-elle à l'attention de l'autre jeune femme.

De la pointe de son pied brun, aux doigts inégaux, elle tapota le rocher face à elle avant de se replacer sur son rocher. Invitation rassurante, sourire amical. Elle croisa les jambes par pudeur.

- "Je n'avais encore vu personne depuis ma mort, je vais en profiter pour vous poser quelques questions. Et vous pourrez me parler de vos problèmes, ça vous fera du bien." Elle haussa les épaules doucement "Je t'aurais bien offert du thé ou du café, mais je ne sais même pas si l'on peut s'en procurer ici."

Rire enfin quand Rêve se manifesta. Il disait détester qu'elle joue à la parfaite jeune fille. Elle adorait jouer.  Penchant la tête de côté, elle prit conscience du manque qui taraudait son esprit et tendait ses pieds:

- " Vous auriez une clope ?"




Anonymous
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Re: Quel monde étrange [PV Betty Moriarty] | Dim 05 Avr 2015, 21:02



Quel monde étrange
Elle t'effrayait un peu, peut être son regard animal quoi que pas des plus inamicaux, peut être son air d'ailleurs ou sa tenue d'Eve. Ou alors, l'impression qu'elle te scrutait te faisait-elle te replier un peu sur toi-même alors que tu venais te presser contre ton dragon. Celui-ci souffla, un peu exaspéré (très) certainement, alors qu'il continuait de fixer la brune malgré tout, peut être un peu soupçonneux. Mais lorsque cela te concernait, toi sa petite princesse, il n'était plus aussi serein qu'il te le faisait croire. Alors derrière son air calme se cachait une véritable bête prête à se déchaîner, pour toi petit être qui posait sa tête en un signe presque enfantin, comme si tu étais l'enfant et lui le parent. Peut être était-ce cela, il se comportait en papa poule, et tu étais sa précieuse petite fille, à protéger à n'importe quel prix. Tu n'étais pas vraiment dans sa tête, Betty. Plus contre sa patte écaillée.

Elle avait un quelque chose de perturbant, cet être semblant venir d'ailleurs. Une aura bestiale, pourtant, flottant semblait-elle. Elle n'était pas... Terrestre, pas assez matérielle, pas assez tangible. C'était troublant, et peut être un peu gênant aussi. Tu ne savais pas trop comment réagir – prendre tes jambes à ton cou ou l'approcher sans trop trop de crainte. Elle ne t'inspirait pas confiance. Mais en même temps, tu ne ressentais pas la nécessité – ni l'envie – de lui tourner le dos et fuir son existence. Alors tu t'écartas d'un pas de ton affilié, plantant ton regard d'or liquide dans celui brun de sa vis-à-vis, tu sentis ta tête légèrement se pencher, comme attendant que sa langue ne se délit. Tu hésitais toujours à reculer, mais jamais n'actionnais le moindre mouvement, simplement passive. Mais tu es passive, c'est un fait – la majorité du temps, quand un fragment de folie ne venait pas se perdre dans ton regard aux milles fragments brisés. Ta vis-à-vis sembla se détendre, tout comme elle semblait chercher à t'apaiser. Mais tu restais crispée ; néanmoins, tu la laisserais parler.

« Sixtine, enchantée de vous rencontrer messire dragon. Vous avez de très belles écailles, mais vous m'avez fait peur. »

Stitch expira par les narines et quelques feuilles volèrent, tandis que tu lui lançais un regard. Aucun qualificatif, tu observais juste, dénuée de la moindre curiosité ou crainte, passive, tu restais passive. Tu subissais ce qui se déroulait autour de toi, attendant simplement que le temps ne passe, que la brune ne parle, et ce d'une voix rauque, et enrouée. Tu penchas à nouveau la tête.

« Enchantée aussi sista' »

Là, tu eus un sérieux bug. Tu clignas des yeux deux, peut être trois – ou plus – fois, l'air de ne pas tout à fait comprendre. Sis...ta ? Que, quoi ? Tu fronças les sourcils, le tout te donnant une moue absolument adorable – mais en vrai t'es tout le temps adorable – et exprimant clairement ton incompréhension. Puis tu la vis te montrer la place à côté d'elle et plissas les yeux. Hm... Nan. Quoi qu'elle avait l'air amicale, tu ne te sentais pas à l'aise – mais ce n'est pas un secret, tu te sentais rarement à l'aise.

« Je n'avais encore vu personne depuis ma mort, je vais en profiter pour vous poser quelques questions. Et vous pourrez me parler de vos problèmes, ça vous fera du bien. »

Cette fois, tu abandonnas ton petit air soupçonneux et tout bonnement ridicule pour papillonner des yeux, et la fixer comme si elle possédait un troisième bras. Tu ne savais pas ce qui était le plus... à côté de la plaque ? dans tout ce qu'elle venait de dire. Elle était... Morte ? Oui, tu avais entendu dire qu'Hadès et Zeus offraient parfois une seconde vie, en temps qu'ange ou démon. Peut-être... Lui était-ce arrivé ? Bien, cette première partie examinée, il restait la seconde : lui parler de tes problèmes ? Et puis quoi encore ? Se transformer en dindon et aller voire les zoras ? Tu fis la grimace, signe évident que tu étais totalement contre cette possibilité – qui n'en était même pas vraiment une.

« Je t'aurais bien offert du thé ou du café, mais je ne sais même pas si l'on peut s'en procurer ici. »

Ici... Dans la forêt ? Et bien, dans un village elfique certainement. Mais pas entre deux roseaux. Tu penchas la tête, puis avanças d'un pas. Un unique pas, mais qui était déjà un signe en soi. Elle était étrange, et tu étais facilement impressionnable ; cela n'allait donc pas particulièrement en sa faveur... Pourtant, tu avais bien envie de faire un second pas. Mais tu ne le faisais pas, continuant de la fixer intensément. Sa voix était mélodieuse aussi. Peut être étais-tu un rien jalouse de son timbre à la fois si imparfait et si doux.

« Vous auriez une clope ? »

Tu répondis négativement d'un mouvement de la tête – soit, ta première réponse depuis qu'elle monologuait... depuis quoi, cinq minutes ? Tu plaças tes mains derrière toi et te mis à légèrement te balancer d'avant en arrière dans une réaction de malaise légèrement évident. Tu te grattas machinalement la joue. Puis tu sortis ton calepin et ton stylo, et te décidas à faire plaisir à ton dragon préféré, écrivant rapidement avant de montrer ta feuille à la jeune femme.

« T'es pas morte, et mon non plus. Et du thé, tu pourrais en avoir en ville, mais y allez avec des vêtements ça serait mieux. »
betty&sixtine




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