i'm normal,i think (pv nayla)

Sous la cime des arbres, bercée par le chant des oiseaux, cajolée par la douce brise qui soufflait sereinement, Nayla chantait. Elle chantait cet air mélodieux que sa mère lui avait appris, petite. Oh, il y avait longtemps, très longtemps qu'elle ne l'avait pas entendu, si ce n'était de sa propre bouche. Sa mère avait coutume de la lui fredonner pour l'aider à s'endormir, lorsque la kirin n'était qu'une enfant. Ces temps immémoriaux lui semblaient si loin à présent... En quatre siècles, tellement de choses s'étaient produites. Nayla les conservait dans sa mémoire, intactes pour la plupart, très floues pour d'autres. Mais cette petite berceuse avait bercé son enfance, et plongée dans ce cœur de verdure, Nayla s'était senti le cœur de la chanter à nouveau, après tant d'années.

Cette petite comptine sur le thème de la mer, Nayla l'adorait, c'était une de ses préférées. Oui, elle pouvait faire preuve de sentimentalisme parfois, mais lorsqu'elle était seule et uniquement sur des sujets bien précis. Car la mythologique était connue pour son humeur distante et glaciale, la plupart du temps. Ballottée par les terribles événements passés, elle avait bâti ce mur de glace invisible tout autour d'elle, si solide que personne, jusqu'à présent n'avait réussi à le faire fondre. Sa voix cristalline accompagnait le chant des oiseaux tandis qu'elle marchait en caressant la végétation. Elle se sentait si bien, dans cet environnement... le calme, la paix, la sérénité... Tout être vivant, tout élément vivait en harmonie avec ce qui l'entourait. Et même s'il n'y avait rien de plus magnifique et confortable que l'océan, Nayla appréciait la forêt. Elle avait eu envie de quitter un peu son lac, au retour d'une patrouille. La forêt, relativement proche, faisait partie de ses premiers choix chaque fois qu'elle se sentait d'humeur aventureuse.

Nayla s'arrêta pour ramasser une petite fleur tombée de sa branche et huma son cœur. Quel doux parfum... Elle reprit sa marche nonchalante. Elle ne craignait pas les bêtes qui vivaient ici, c'était même bien souvent le contraire. Celles-ci préféraient même l'éviter, mais lorsqu'elle en croisaient, elle se contentait de les observer en silence. Une biche fit irruption, accompagnée de son faon. Nayla s'arrêta pour les laisser passer et suivit leur trajectoire du regard. Mais soudain, la mère releva la tête, dressa les oreilles, puis poussa son petit devant elle et partit en courant. Ah, elle avait dû entendre un son inhabituel... Nayla dressa l'oreille à son tour, comptant sur son ouïe plus fine que les humains. Mais le danger potentiel devait être trop éloigné encore. Nayla reprit sa route sans se poser plus de question, continuant sa chanson là où elle l'avait laissé. Mais bientôt elle put discerner une voix indéniablement masculine. Ce devait être cette présence qui avait effrayé la mère et son petit. Bah, Nayla se fichait pas mal des randonneurs. La foule ce n'était pas vraiment sa tasse de thé. Tant qu'on la laissait en paix...

Cependant, sans s'en rendre compte, tout en chantant, elle se rapprochait de l'inconnu. Sa magnifique voix de cristal couvrait en partie les bruits inhabituels. Ainsi elle ne s'aperçut pas qu'elle se rapprochait de la source de la voix. Ce fut une petite voix fluette, féminine cette fois-ci, qui la tira de ses pensées. Une voix toute proche, en face d'elle, légèrement sur sa droite. Elle déboucha alors sur un homme, livré à une très étrange activité...

« T'imagines Daisy, si ça se trouve j'suis en train de peloter une nymphe ! Ou un truc du genre. »

Nayla se stoppa net, les yeux écarquillés, fixant l'étranger comme s'il avait deux têtes. Ce qui, étant donné sa dégaine, et son attitude des plus mystérieuses, n'était pas très loin de la vérité. Ce personnage ne semblait pas être lui-même, vu la façon dont il éclata de rire. Il se tenait debout contre un arbre dont il entourait le tronc de ses bras, comme s'il désirait lui exprimer son affection... cependant ses paroles très saugrenues ne sonnaient pas très juste aux oreilles de la kirin. Elle resta un long moment immobile, absolument stupéfaite d'une telle attitude. Et puis, il avait un style si... particulier, avec sa coiffure étrange, et son visage était transpercé de part en part d'objets métalliques... Nayla n'avait rien vu de tel. C'était tout bonnement... hallucinant. Elle finit par se reprendre et se racla la gorge, tant pour retrouver sa voix que pour attirer l'attention de l'homme.

« A votre place je ne parlerais pas trop vite... » elle plissa un œil et inclina légèrement la tête sur le côté. « Que faites-vous, au juste ? »

S'il s'imaginait que l'arbre répondrait à son affection, il se mettait le doigt dans l’œil, Nayla ne sentait aucune présence autre que celle de l'inconnu... et de son affilié, s'aperçut-elle en levant les yeux vers la première branche. Le geste de cet homme la consternait grandement. Elle ne comprenait pas ce qu'il lui avait pris à vouloir étreindre le premier arbre. Il semblait comme charmé. Etait-il sous l'emprise d'un sort, ou quelque chose du genre ? Quoi qu'il en fut, Nayla était sûre d'une chose : elle n'avait jamais rencontré pareil personnage.