ÉCUREUIL ! | aalana

✂--- L'ocarina, pour les nuls”

C'était une belle journée, à n'en point douter. Il faisait beau, il faisait chaud, on chassait les oiseaux et les cigales chantaient. Assise sur une chaise rembourrée, devant la table, Aalana était penchée sur l'un de ses ocarina, occupée à chercher ce qui faussait le son lorsque la porte de la maison embrassa passionnément le mur avec tout son amour et qu'une blonde avec un sac entrait joyeusement. Elle n'eut pas vraiment le temps de se retourner pour saluer la nouvelle arrivante que celle-ci lui sautait dessus, l'étouffant à moitié entre ses boobs, avant de se reculer, de poser le sac sur la table et d'aller rejoindre la chaise. Aussi étrange que cela puisse paraître, Aalana resta imperturbable. Autant, il y a quelques mois elle aurait sauté de sa chaise en hurlant avant d'aller se cacher derrière Isen, autant maintenant elle ne réagissait plus, habituée qu'elle était aux entrées fracassantes de son amie.



Elle l'écouta attentivement, observant avec un certain intérêt le sac rempli de champignons colorés. Bon, elle allait avoir un peu de travail à trier tout ça mais ça l'occuperait un petit moment. Elle haussa un sourcil, un peu perplexe devant l’enthousiasme qu'éprouvait Leo à l'égard des elfes, mais ne releva pas. Leonor s'enthousiasmait pour beaucoup de choses. Elle se tourna vers Isen, l'interrogeant du regard, mais la dragonne avait les siens fermées. Elle revient vers Leonor pour la voir retirer sa veste et ses chaussures avant de lui demander...



Elle baissa rapidement le regard vers son coquillage.



Elle fut brusquement interrompu par un grognement de la dragonne, enjoignant gentiment la blonde à aller se laver. C'est vrai que maintenant qu'elle y pensait, elle remarqua un vers de terre dans les cheveux blonds de son amie. Elle n'était visiblement pas la seule à aller se fourrer dans des endroits étranges. Elle ne dit rien tandis que la jeune fille disparaissait dans la salle de bain avant qu'elle ne se tourne de nouveau vers son affilié, comme si la dragonne était la réponse universelle à toute ses questions. Ce qui, dans son esprit, était le cas.



Il y eut quelques secondes de silence avant que la dragonne ne souffle, provoquant un courant d'air chaud qui fit voler ses cheveux dans tous les sens, et réponde par un « tu le sauras quand tu seras grande. » Aalana gonfla les joues et se détourna, boudant. Elle était grande. Et son attitude en était la preuve ultime. Elle ne fut interrompu das sa bouderie que par le retour de sa meilleure amie, toute propre, et sans vers de terre dans les cheveux. Elle s'installa de nouveau sur la chaise et reposa la question précédemment posée.



Elle lui adressa un sourire timide en serrant l'instrument de musique contre elle.



Elle posa le coquillage devant la blonde, l'invitant à le prendre.

❥ ft. Leonor

✂--- Musique, et que chacun se mette à chanter”

Aalana regarda son amie s’étirer pour prendre l’instrument et l’examiner sous tous les coutures. C’était un beau coquillage. Une conque qu’elle avait transformée en ocarina, n’apprenant que plus tard qu’elle était aussi utilisé pour produire le son d’une corne. Ce n’était pas tout à fait une corne, pas tout à fait un ocarina, bien qu’elle continuait de le désigner ainsi. Le coquillage était tout en longueur, effilé, avec une large ouverture sur un côté, là où elle soufflait. L’intérieur était d’un rouge éclatant, inhabituel, et l’extérieur d’un jaune sable craquelé par endroit, percé de onze trous de différentes tailles.

La blonde releva les yeux vers elle, son inspection finit.


Aalana pencha la tête, la regardant comme si elle était un champignon à trompe violet tacheté de vert aux veines rouge particulièrement rare. Zelda ? C’était qui ? Ou quoi ? Se rendant peut-être compte de son incompréhension, Léonor enchaîna.


Elle lui sourit timidement. Personne, jusque là, ne savait qu’elle jouait d’un instrument. Instruments qu’elle fabriquait elle-même de surcroît. Son sourire grandit lorsque son amie mentionna très indirectement ses propres talents musicaux qu’Aalana avait eut l’honneur d’être témoin. Honneur dont elle se serait passé tant c’était catastrophique.


Aalana récupéra son instrument, le secouant légèrement sans que rien ne résonne à l’intérieur. Elle ne prit pas la peine de souffler, elle savait que le son était déformé. Et c’était ce qui la faisait soupçonner qu’il y est quelque chose dedans.


Elle releva les yeux vers son amie, méditant sur cette question. Depuis quand ? Ca remontait à assez loin, elle n’était pas sûre. Sans compter qu’isolé ici comme elle l’était, il était facile de rapidement perdre la notion du temps.


Aalana se pencha un peu sur le côté, attrapant une tige qu’elle glissa ensuite à l’intérieur du coquillage dans l’espoir de déloger la saloperie qui s’y était glissé. Tâche des plus ardue s’il en était. La tige, bien que souple, crissait parfois contre la parois, lui arrachant une grimace. Ce n’était pas agréable à entendre.

❥ ft. Leonor

✂--- Le temps nous file entre les doigts”

Aalana se souvenait de son tout premier ocarina. Il sifflait mal, une mélodie irrégulière. Il n'avait que trois petits trous, juste de quoi débuter, apprendre. De quoi faire des musiques simples et souvent répétitives. Mais c'était son tout premier instrument. Elle ne l'avait pas vraiment bien percé et des fissures étaient apparues, faussant le son. Sans compter qu'elle avait maladroitement aménager le sifflet, ne l'améliorant en rien. Bref, une catastrophe. Mais elle l'aimait tout de même. Le son était spécial mais parfois agréable quand on arrivait à jongler avec et qu'on avait un peu de chance. Et puis c'était le tout premier. Il avait une valeur sentimentale spéciale et il trônait fièrement dans une vitrine dans sa chambre. Elle n'y touchait plus que pour le dépoussiérer. Il était devenu particulièrement fragile entre son âge et ses fissures.

Elle caressa tendrement l'ocarina qu'elle avait dans les mains en y pensant.


Elle releva la tête un peu brusquement. Perdue dans ses pensées et ses souvenirs, elle en avait oublié la présence de son amie. Elle voulu lui demander un instant ce qu'elle voyait mais ne le fit pas. Ça ne se faisait pas vraiment. Elle préféra reprendre sa tige et essayer de sauver le son du coquillage. La tige raclait, Aalana grimaçait, mais elle continuait. Elle aurait cette saleté nom de Dieu ! Elle s'obstinait, déterminée à sauver son trésor.


Elle regarda son amie, méditant sur sa question. Pas que cela soit nécessaire en fait. Elle savait parfaitement toutes les réponses.


Elle s’emballait. Il y avait de l'excitation dans sa voix. Elle était vive. Elle adorait ses instruments et elle adorait en parler, dommage qu'elle n'en n'est pas souvent l'occasion. Il y avait bien Isen, mais elle se doutait qu'un bout d'un moment cela ne l'intéressait plus. Elle était heureuse de pouvoir en parler avec Leonor, bien qu'elle sache qu'elle n'avait pas l'oreille artistique. Qu'importe. Ça lui faisait plaisir tout de même.


Aalana baissa ses yeux sur son instrument, réfléchissant. Elle ne comprenait pas vraiment l'inquiétude de son amie ou d'Isen parfois. Elle comprenaient qu'elle s'inquiètent, et elle-même n'était jamais très à l'aise à l'idée de se retrouver seule au dehors sauf dans de rare cas -dont celui d'aller chercher ses coquillages. Mais tout de même, cela valait-il de s'inquiéter autant à chaque fois ? Elle n'allait de toute façon pas se faire étriper chaque fois qu'elle mettait un pied dehors -une fée, dans une forêt d'elfe...si en fait, y ce risque.


Elle lui fit un immense sourire. Ça lui faisait tellement plaisir qu'on la laisse aller seule. Elle se sentait fière tandis qu'une voix dans sa tête lui disait qu'elle était ridicule. Une voix peinée, celle qui savait que cette vie recluse n'était pas une bonne chose. Cette voix qui se faisait écraser par la présence maternelle d'Isen.


Rencontre qui l'avait marquée. Sur différents aspects.

❥ ft. Leonor