Bienv'nue chez moiii }Washington

Lorsque le sale type prend la parole, je sens mon poing chauffer, mais je le laisse parler quant même. Lui couper la parole à ce moment serait reconnaître que je suis à son niveau – donc très bas, en somme. Lorsqu’il a finit de déverser ses paroles pitoyables, Haylel me devance pour lui rabattre le caquet. C’est qu’elle a la langue venimeuse, celle là. Moi, je suis plus doué pour les belles paroles, même si je sais m’exprimer quand je veux montrer à quelqu’un à quel point il est inférieur à moi. Mais quand un de ces types pose ses sales mains sur elle, la situation vire au rouge. Pour eux, en tout cas. Sans plus attendre, j’envoie un coup de poing dans la sale tronche du pervers sans autre forme de procès. Celui-ci se redresse et tente répondre à mon attaque, mais je ne lui en laisse pas la possibilité. Je pivote pour esquiver son attaque et je le choppe au niveau du poignet et de l’épaule, lui tordant le bras bien sec. Il crie comme un con, mais est obligé de suivre le mouvement que je le pousse à faire, il se retrouve donc face contre terre, les fesses en l’air. Je suis pas un monstre au point de lui déboîter le bras bien que j’en ai fortement envie, alors je le lâche, puis écrase un coup de pied au niveau de sa nuque pour le sonner.

Il risque pas de se lever de sitôt, mais au moins je sais qu’il va bien, enfin autant qu’un type qui vient de se faire ramasser la tronche par moi. J’ai l’habitude depuis, du coup j’ai pris soin de ne pas lui briser la nuque non plus. Et j’ai même été assez magnanime pour ne pas lui écraser la trachée. Il aurait réfléchi à deux fois avant de parler, si je l’avais fait. Chaud pour en découdre avec son ramassis de déchets, je me tourne vers eux les yeux menaçants. D’ailleurs, suffisamment menaçants pour que ce soit la débandade totale parmi eux, et qu’ils se mettent à courir comme des mauviettes dans tous les sens pour échapper aux coups qu’ils auraient reçu sans le moindre doute s’ils étaient restés. Je me tourne vers la demoiselle, mais elle s’en est sortie comme une chef, visiblement. Je soupire, puis je m’apprête à feindre un bâillement pour bien les humilier, quand Hayley se focalise sur celui à qui j’ai botté les fesses à deux reprises déjà.  Alors là… Je pouffe en voyant ce qu’elle a fait, et quand elle me tire plus loin en riant, je me joins à elle.

« Ahh… sérieux, c’est pas mal, comme truc. Bien joué, je pense que quelqu’un va pas sortir de chez lui pendant un moment… »

Je lui fais un clin d’œil complice, puis continue d’avancer avec elle. Je suis en train de commencer à m’interroger sur ce qu’on va faire maintenant – genre se payer un verre pour cette écrasante victoire ? Mais avant que je ne puisse aboutir à quelque chose, un cri me rappelle à la réalité puis… Euh, je suis où là ?

« C'est fou ça, tout l'monde ouvre des portails devant mes pieds ça commence à me saouler ! »

J’hausse un sourcil, amusé.

« Ca t’est déjà arrivé ? Parce que pour moi c’est une première… »

Je regarde autour de moi. Je me demande où on est… mais avant que je ne puisse m’interroger plus longtemps, la demi-déesse me tire avec elle. Elle a l’air de savoir où elle va, dis donc ! Puis, elle s’arrête devant une maison, le visage figé en une espèce de stupeur.

« viens, on rentre ! »

Hein ? On va rentrer chez des gens comme ça ? Mais elle est déjà partie. Elle a l’air de connaître cet endroit. Je la suis donc – de toute façon j’ai pas le choix, vu qu’elle se barre sans moi – et d’ailleurs elle est déjà en train d’escalader les murs de la baraque. Je souris. D’accord, puisque c’est comme ça… je la suis avec souplesse et efficacité, puis pénètre à sa suite dans une chambre. Elle s’est déjà affalée sur le lit qui y trône.

« Bon, j'ai une bonne nouvelle : Ici c'est chez moi, plus particulièrement ma chambre, et c'est ma ville, donc je connais par cœur. Tu veux faire un truc ? On a les magasins, Washington c'est pas hyper loin, Starbuck, le parc, voir des gens, s'inviter à une fête... Bref ici tout est open bar. »

Pff. Je pouffe.

« Ah ok. Je comprends mieux ! On a du pot dis donc… On aurait pu atterrir en plein Sahara, mais bon. Je me plains pas. »

Comme elle s’est installée bien confortablement et tout, je vais pas me gêner. On a bien dormi en mode koala tous les deux. Je m’assois sur le lit à côté d’elle et soupire.

« Bon ! Moi j’te suis, tu me fais visiter, ou alors on va se boire un thé je sais pas. Quoique… s’inviter à une fête a l’air marrant. »

Je lui lance un regard un peu taquin.

« Mais je m’en voudrais d’emmener une mineure avec moi ! »

J’attends la réponse à ma petite pique avec un sourire en coin. Je m’en fiche, moi. Si je suis là pour la surveiller de toute façon il pourra rien lui arriver de fâcheux. Donc, si l’envie lui vient, j’avoue que se taper l’incrust’ à une fête aux States pourrait être marrant. Je pourrais narguer Serah comme ça. Et puis c’est de mon âge de sortir, faire la fête un peu devrait être profitable.

« Ah ok. Je comprends mieux ! On a du pot dis donc… On aurait pu atterrir en plein Sahara, mais bon. Je me plains pas. » 

J'esquisse un sourire, toujours la tête à l'envers. C'est vrai qu'on a eu de la chance. Pour les portails j'ai toujours -ou presque- eu de la chance. J'me suis toujours retrouvée dans des endroits normaux -même si des fois ce qui s'y passait était loin d'être normal. Enfin.
Je frotte mon crâne et secoue un peu ma lourde tignasse, réfléchissant encore à ce qu'on pourrait faire. C'est pas que je sais pas, non. C'est qu'il y a trop de choix, et quand y a trop de choix, tout défile dans ma tête et je me retrouve en mode « QUE FAIIIIRE DE MA VIIIE ».

« Bon ! Moi j’te suis, tu me fais visiter, ou alors on va se boire un thé je sais pas. Quoique… s’inviter à une fête a l’air marrant. » 

Un thé ? Pas d'soucis, on a ça chez moi. Enfin ça nous tiendra pas une après-midi. La fête, c'est cool, faut juste en trouver une. Le soir c'est plus drôle mais généralement elles commencent à six heures, histoire que ceux qui n'ont pas de permission énorme puissent profiter. Bon, je ne vous le cache pas, c'est plus drôle à partir de 22h, quand tout le monde est salement alcoolisé et que les conneries commencent.  Earl me sourit de façon plutôt bizarre et ajoute, joueur :

« Mais je m’en voudrais d’emmener une mineure avec moi ! »    
Je gonfle les joues et croise les bras, boudeuse et légèrement vexée : « J'suis pas une bleue moi ! Enfin si, mais non ! Pfff -j'ai l'impression de râler comme une gamine à qui on refuse un truc-... Puis ici, sincèrement, on s'en fout mineur ou pas, tant que tu n'entres pas dans un truc privé ou je ne sais quoi, ils vérifient pas. Ils s'en foutent puisque ça leur rapporte des sous avec la consommation d'alcool... »
Le fait qu'il est plus vieux que moi vient de me sonner dans l'esprit. J'entends la voix de Coussin qui me dit « c'est un adulte, tu sais, il pense pas comme toi ». Maintenant il a plus besoin d'être là, j'imagine ses reproches ! Enfin ça n'est pas pour autant que j'écouterais et que je ferais ce qu'il me dit. On n'a qu'une vie, on se doit de profiter !
Je culbute sur le ventre et descends de mon lit, faisant signe à Earl de me suivre. Je pousse la porte et descends les escaliers en trombe,  en faisant attention à la dernière marche qui je sais se pétera un jour.  J'entre dans la cuisine et monte sur le plan de travail pour prendre une tasse et un verre. Je descends ensuite et sors le coca-cola du frigo. Où est-ce que c'est, les thé ? J'en bois jamais moi.. Maman doit mettre ça dans son placards à trucs dégoûtants, avec les infusions etc.
Après cinq minutes de galère, je trouve enfin et lui tend la boite de sachets. Personnellement il ne m'est jamais venu à l'esprit l'idée de boire des plantes après chacun son délire hein, je respecte !
« Choisis ce que tu veux là dedans, personnellement j'serais capable de confondre une infusion et un sachet de stupéfiants... »

Je tire ma chaise vers moi et m'y assieds, croisant les jambes. Je le regarde de haut en bas en sirotant mon coca, y a un truc qui cloche... Oui y a un truc qui cloche... AH VOILA. Je claque des doigts, comme si ça pouvait m'aider à garder mon idée en tête. 
« Il te manque un truc ! T'es pas habillé pour aller à une fête ! On a le temps de toute façon, ça commence pas à 13 heures  -J'étouffe un rire et lui assure avec un sourire radieux-, j'ai des sous en haut, j't'emmène faire les magasins ! »

Je me ressers du coca et cherche. Je devais lui dire un second truc.. ah oui ! Je lève mon poing devant moi, levant un doigt à chacune de mes informations « Y a trois règles ici. De une, pas de photos, j'sais pas si tu as d'appareil mais j'préfère te le dire. Secundo, pas de vidéos. Tout ce qui se passe à une fête, alcool ou non, ça reste entre les protagonistes, sinon on a genre des emmerdes grosses comme le monde car je pense que tu te doutes qu'on fait pas de concours de tricots.. Enfin, j'pense que cette règle, tu la connais, mais ici c'est primordial, ce qu'on te sert : tu fais gaffe. Comme on est pas friands de l'alcool, on rajoute pleins de sirops sucrés et de bonbons dedans, c'est top et délicieux mais après tu te retrouves à faire des trucs bizarres, si tu vois ce que je veux dire. La cuite que j'me suis prise hier c'est rien comparé à ça... -Je grimace de dégoût- J'vais essayer de pas boire d'alcool, comme ça toi tu pourras un peu te bourrer la gueule si tu le souhaites ! Après tout une fête sans conneries c'est pas drôles ! » Je lui adresse un grand sourire après cette tirade, me lève et mets mon verre dans le lave vaisselle, monte dans ma chambre, me remaquille vite fait, prends mes sous et redescends, piquant les clés sur le côté à droite de la porte, j'ouvre d'un grand coup de cul -j'ai les deux mains prises aussi- et lui lance un regard qui veut dire « tu viens oui ou non ?! »

Hayley gonfle une joue avec un air boudeur. On dirait que ma pique a fait son effet. Elle se met à marmonner de manière pas contente, le ton vexé. Je la fixe un peu, un grand sourire sur les lèvres, puis j’éclate de rire. Non mais elle est trop mignonne à se justifier, comme si ça me faisait quelque chose.

« Rhooo t’inquiètes ma biche, je me moque ! J’m’en fiche que tu sois mineure, je suis pas ta mère, j’ai la preuve que tu es capable de t’occuper de toi-même – même si tu mérites une surveillance hein. Alors, que dis-tu que je sois ton garde du corps ? Parce que des obsédés y’en a partout. »

Alors, peu après, elle me guide au rez-de-chaussée de sa maison et me confie le farfouillage dans un boîte pour que je trouve mon bonheur. Une bonne tasse de thé… Ouais, je sais, j’ai des goûts raffinés.

« Choisis ce que tu veux là dedans, personnellement j'serais capable de confondre une infusion et un sachet de stupéfiants... »

Je pouffe. Elle est marrante, vraiment.

« Ouais, le goût serait juste un peu différent… »

Puis, je choppe un sachet d’Earl-Grey (oui vous foutez pas de moi, c’est vraiment mon thé préféré, mes parents ont vu juste en me donnant un nom pareil. Mais franchement, je leur ai jamais demandé, mais POURQUOI ils m’ont appelé comme ça ? Enfin bref, j’m’en fiche, j’aime mon nom. Il me va bien, il sonne bien. Il est bien, en somme, quoi) et je le mets dans une tasse que je remplis d’eau que j’ai fait préalablement bouillir – oui je me gène pas – puis je rajoute un peu de lait et je m’assois sur une chaise, croisant ma jambe en posant ma cheville droit sur ma cuisse gauche. Je soupire d’aise après une gorgée du liquide brûlant et savoureux. Je regarde la miss qui sirote son coca avant d’avoir une sorte d’illumination.

« Il te manque un truc ! T'es pas habillé pour aller à une fête ! On a le temps de toute façon, ça commence pas à 13 , j'ai des sous en haut, j't'emmène faire les magasins ! »

Je la regarde avec un peu de surprise, puis souris.

« Eh, quoi, gamine, serais-tu en train d’insulter mes goûts vestimentaires ? »

La phrase aurait pu sonner de manière négative, mais les rires dans ma voix montraient le contraire. En fait, j’avais un T-shirt noir tout simple et un jean. Genre j’étais habillé en M. tout-le-monde quoi. Etant donné que j’avais été à une séance photo avant notre entrevue improvisée à la taverne de Dionysos, j’avais pris des vêtements simples à mettre et enlever pour ne pas perdre de temps en me changeant pour le shooting. Je terminai ma tasse de thé en quelques gorgées et me redressai sur ma chaise.

« Bon ! Dans ce cas on y va, chui partant. La dernière fois que j’ai fait les magasins, c’était avec ma sœur. Elle m’a traînée dans toute Skyworld pour se trouver une jolie robe. M’enfin c’était marrant quand même haha, je m’étais improvisé en styliste critique. »

J’hausse un sourcil en la regardant patiemment, tandis qu’elle semble farfouiller dans ses pensées, puis elle reprend la parole. Elle m’énonce les règles. J’hoche la tête à la première avec un sourire – genre comme si j’allais m’amuser à prendre des selfies dans une soirée, c’est tout à fait mon style ouioui. Quand à la deuxième, ça va de soi. Je suis d’accord avec cette règle. J’ai jamais compris pourquoi les gens s’amusaient à prendre des photos ou vidéos pendant des soirées arrosées, ça finit toujours mal. Pour la personne filmée et la personne qui filme, d’ailleurs. Quand à la dernière…

« fufufu… Bien sûr, t’inquiètes, j’ai déjà fait la fête hein. Sur terre comme sur l’île, il peut en effet se passer plein de trucs. J’ai beau être un gosse de riche, je sais m’amuser. Je lui fais un clin d’œil avant de continuer, d’ailleurs, tu peux boire aussi. J’ai une bonne descente, quand je veux, mais je tiens bien l’alcool. Y’a une certitude (j’ai déjà testé), même quand je suis soul, je veille toujours sur les autres. Donc même si je suis bourré il pourra pas t’arriver d’embrouilles, ahha. »

Je me marre un peu. Je suis de bonne humeur, et mon humour est un peu dégoulinant pour le coup. M’en fiche. L’humour pourri ça fait du bien à tout le monde, même à moi. Alors, la demoiselle va se préparer – moi j’ai rien donc bon, je reste à l’attendre, comme à mon habitude – et une fois qu’elle est prête, je la suis à l’extérieur de la maison.

« Bon ~ On va faire du shopping, sister ? »

Je lui fais un sourire affectueux, tout en mettant mes mains dans mes poches.

« Alors… quel style me conseillerais-tu ? Perso j’ai l’habitude me bien m’habiller – même quand je m’habille simple, mais bon. Si tu veux je te laisse choisir, tant que j’adhère à ce que tu me proposes. »

Moi, suicidaire ? Mais de quoi vous parlez ? Comme ça faut jamais proposer à une jeune fille de choisir tes vêtements quand t’es un gros BG avec une gueule de mannequin qui ferait fantasmer n’importe qui ? Bah chai pas. Au pire on s’en tape, ça m’amuse. Je suis joueur, je vous rappelle. J’ai juste envie de voir ce qu’elle me proposerait. Je vais à une fête avec elle, et puis après tout c’est elle qui paye. Bon… on verra bien.

Il se bouge, enfin ! Je ferme la porte derrière lui, passe par dessus le portail à nouveau (je vois pas pourquoi je prendrais des clés parce que de toute façon je rentre chez moi comme dans un moulin), attends que Earl fasse de même. Vous savez, c'est des années de pratique ça ! En fait j'oubliais mes clés une fois sur deux. Donc la première fois je suis restée en SDF devant ma porte pour attendre ma mère, la seconde aussi, puis après je me suis démerdée comme j'ai pu et au final je peux rentrer chez moi normalement. Bon, dans mon nouvel appartement c'est différent, j'ai pas encore trouvé de technique imparable. Du coup je laisse souvent ouvert comme ça pas de soucis !
« Bon ~ On va faire du shopping, sister ? » 

Je souris grandement et m'exclame : « Okay Bro' on y va ! ». On marche en direction de Washington. Car dans mon bled paumé y a rien. Et que à 15 minutes de bus on est dans la plus belle ville du monde. Par conséquent ne pas en profiter serait stupide non ? Earl sur mes talons, je rentre dans le bus, montre ma carte « lycéen » qui marche toujours car je vous rappelle qu'on n'a pas changé d'année, profitant donc de tarifs bien cools pour mon porte monnaie.
Le chauffeur toise la fée, ce chauffeur je le connais, c'est mon chauffeur de mon chez moi à Washington. Il le toise toujours, je finis par lâcher rapidement « Hey, it's my bro' ! » « … You're Bro.. ? » « Yes my brother, eeeeer.. My mother has a new boyfriend and it's his son ! » « Aaah okay right ! » il adresse un clin œil complice à Earl, moi je pige jamais les clins d'oeil complice, donc je me contente de le tirer le jeune homme vers le fond du bus. Le fond, parce que devant, il y a toutes les petites vieilles qui parlent et qui jugent sans savoir. Et qui matent mon Bro' en plus ! Vous savez j'ai un problème avec les vieilles. J'sais pas pourquoi elles se foutent toujours de moi et elles me cherchent sans arrêt ! J'ai la malédiction des vieux. Condamnée à être critiquée jusqu'à que j'en devienne moi même une (j'espère mourir avant soyons clair).

Pas que je sois jalouse, Earl n'est pas mon copain, pas de soucis là dessus tout est clair. Mais tu vois le genre de mecs, c'pas ton crush, et pourtant c'est ta propriété privée ? Ouais voilà, ceux qui sont dans la friend'zone si vous préférez. Bah Earl c'est comme Lyrnaël, j'me vois pas avec, mais j'tiens gros comme moi (et plus car gros comme moi c'est pas assez je pense) à eux.
Je lui glisse à l'oreille, consciente que pour les gens autour je parle depuis le début en Américain, mais entre la fée et moi il y a un truc qui marche pour les sanctuariens, en réalité il parle pas Américain  lui ! « J'suis pas sûre que t'ai saisi ce que le chauffeur a raconté, donc vite fait il savait pas qui t'étais et j'ai dis que t'étais le fils du nouveau copain de ma mère ! ». Pour peu que l'option traduction je prenne pas en compte les non magiques...

… … … Putain elle me saoule la vieille  à me regarder là ! J'ai de la salade entre les dents ou quoi ? Je commence une bataille de regard avec elle, dégageant mon oreille gauche qui est pleine de percings (les ancêtres n'aiment ni les percings ni les tatouages, moi j'suis percée et tatouée. Bon au nom d'un connard mais tatouée quand même). Je peux lire sur son visage la phrase « enfant de satan » et moi je lui souris de façon insolente. Avant qu'elle ne puisse me dire quoique ce soit, je descends, toujours accompagnée de mon sauveur d'un soir (j'espère pas de deux).

Les rues sont bondées et je m'accroche à la chemise de la fée pour ne pas le perdre. On peut dire qu'on ne passe inaperçus, entre Earl qui est HYPER grand et faut le dire vachement beau gosse, et moi qui ai le look parfait de la meuf bien foutue mais rebelle à fond qui brûle des voitures la nuit et qui tue des chats dans les cimetières... En fait j'ai les boules dans les cimetières et c'est mon chat qui s'occupe de mon éducation, mais ça ils ne sont pas près de le savoir !

On rentre dans un magasin, je zieute vite fait les allées. En bonne fille qui se renseigne de la mode homme-femme, je détecte immédiatement l'aura dégueulasse du magasin : Un truc porté swagg. Vous savez avec les pantalons « j'ai chié dedans » et les hauts de maillots de basket. Dégueulasse. Je ressors immédiatement car en plus dans ces trucs là les vendeuses sont hyper pas gentilles ! Dans le style t'es pas swagg tu rentres pas... Comme j'suis toujours catégorisée dans les punks bah voilà quoi.

Je trouve un second magasin, un peu plus loin. Bon déjà c'plus soft, moins coloré bonjour je suis là pour péter tes rétines. J'esquisse un sourire et tire Earl à l'intérieur, avec un « viens ça a l'air cool ici ! » C'est peut être que moi, mais j'ai la vague impression qu'il regarde partout comme émerveillé. Enfin c'est Washington en même temps, y a de quoi.

Que dire. Le paradiiiiiiiiis. Pleins de tenues hyper cools et pas trop chères en plus. Enfin si un peu mais c'est grave beau là, ça vaut le prix. Je sautille, contente de ma trouvaille :
« Bon, t'es pas percé de partout, je vais t'éviter ça car ça fait douiller un peu quand même. Buuut ici y a pleins de trucs que je trouve trop beaux, qui sont dans ce style là, mais que je pourrais pas porter car... -je désigne ma poitrine- bah je suis une meuf quoi. T'aime bien ? J'espère pour toi car je trouve que c'est juste trop magnifique. Nan ? »

Sautillant dans les allées, je trouve quelques tenues, vite fait à vue d'oeil il fait quoi.. Du M ? Au pire on échangera après. Puis il doit bosser un peu quand même ! Je voit un haut trop beauuu. Tu sais le genre de truc tu le vois tu SAIS que c'est magnifique. Mais en plus d'être trop beau, il est trop haut. Me mettant sur la pointe des pieds, j'essaie de l'attraper. Niet, que neni, nada, nein. Une vendeuse s'avance vers moi, toute aimable, me demandant si j'ai besoin d'aide. Je réponds gentiment que non, je vais y arriver !
J'aime pas les gens plus grands que moi, c'est pas parce que je fais 1m62 que je suis petite, c'est juste que le monde est mal foutu, voilà. Elle repart, je jugerais l'avoir vue sourire ! Pffff. Je galère, saute, rien à faire j'y arrive pas. Je me tourne vers Earl qui doit me regarder galérer depuis le début, et lui demande, toute timide et doucement : « Tu peux m'aider... ? »

Ouais, je suis faible, des fois.

Je suivis ma protégée qui pénétra dans un bus – qui arrivait à point, il faut l’avouer. Je la suivis. Elle montra une carte au conducteur, et celui-ci me toisa quelques instants, et rapidement, elle se chargea de lui expliquer que j’étais son frère – bon, ce n’était pas tout à fait vrai, mais sur le plan émotionnel ce n’était pas loin. Le conducteur, tout de suite rasséréné, me fit un large sourire et un clin d’œil complice que je lui rendis avec espièglerie. Ensuite, elle m’entraîna avec empressement au fond du transport, pour une raison qui ne m’échappa pas : je le voyais bien échanger des regards peu amènes avec les petites mamies du devant qui, elles semblaient apprécier ma présence. Bref, je ne leur prêtai qu’une vague attention, disons juste que les commères radotantes ne sont pas trop mon fort bien qu’elle sont souvent drôles. C’est le genre d’individu qui me donne envie de me moquer méchamment. Je n’aime pas les personnes qui jugent avant de connaître, c’est eux qui sont à la base de tous les conflits stupides qui ont lieu partout dans le monde. Alors, Hayley me glisse à l’oreille, conciliante, la traduction de ce qu’avait dit le conducteur plus tôt. Une fois qu’elle a fini, je lui lance un regard amusé puis lui pince le nez en douceur avec affection.

« Merci, mais eh, je te rappelle que j’ai 24 ans et que j’ai fait mes études. J’ai appris à parler l’anglais ainsi que d’autres langues terriennes, ça ne me pose aucun problème. »

Moi, un intello ? Mais non… enfin, rien qu’un peu. Disons que j’ai certaines facilités. Bon, ok, j’en ai pas mal. J’ai toujours réussi à m’en sortir avec des notes excellentes. Je viens d’une famille plutôt exigeante, mine de rien, et moi j’ai toujours voulu remplir le rôle de l’aîné parfait. Disons que c’est plus ou moins qui je suis – haha oui je suis très modeste. Même si en cours j’étais un élève plutôt populaire qui s’entendait bien avec ses pairs, j’étais aussi l’un des meilleurs élèves, mais sans plus. Je ne vais pas vous réciter des équations pendant mon sommeil, quoi. Je suis peut-être plutôt bon en cours je ne suis pas non plus Magnéto. En tout cas, ça me plaisait plutôt bien de passer pour le beau-frère de la ptite, ça me donnait une encore meilleure raison pour l’embêter. Gentiment, hein. Je suis pas un tyran, merci.

Un élan d’hilarité me prit lorsque je surpris ma petite brune en train d’échanger des regards meurtriers avec la mémé de devant qui tenait fermement son parapluie comme si c’était une relique sacro-sainte et qu’elle pouvait s’en servir pour repousser les démons qui avaient envahi la demi-déesse – houlala, trop de piercings pour ses yeux ! Moi qui pensait que les grand-mères avait vu tellement de choses dans leurs vies qu’elles n’étaient plus surprises de rien… à croire qu’elle avait passé sa vie dans un couvent ! Mais avant que la situation ne s’envenime plus, notre « délinquante » se lève en m’entraîne à sa suite en dehors du véhicule. Je peux pas m’empêcher de la charrier gentiment pendant que nous nous dirigeons vers des rues bondées. Alors, je lève le nez en l’air pour observer les alentours. C’est une belle ville, faut avouer. J’étais encore jamais venu, faudra que je le rajoute à la liste des lieux terriens que j’avais visité.

Hayley s’accroche à moi comme à une bouée de sauvetage au milieu de la marée humaine qui pourrait très bien l’emporter pour la noyer plus loin. Je retiens un nouveau rire tout en passant ma main autour de ses épaules de manière protectrice. Disons que ma taille et ma carrure me donnent un avantage dans ce genre de situations. Je suis pas bâti comme un bodybuilder, mais ma musculature fine et bien développée là où il faut me permet de me frayer tranquillement un passage en distribuant quelques coups d’épaules si nécessaire. Je sens bien les regards sur nous, mais j’en ai l’habitude, alors je me contente de faire des sourires éclatants en regardant ma jolie petite brune qui secoue ses cheveux méchés avec un air rebelle. C’est marrant, parce que maintenant je la connais, je sais qu’elle n’a vraiment rien de la punk qu’elle a l’air d’être. Elle est trop mimi en vrai, héhé ♥.

Bref, je la suis dans un magasin, dont on ressort en un temps record après un très bref regard sur la marchandise – autant dire que si jamais je me mets à m’habiller comme ça, c’est que c’est mon pyjamas, et encore, je risque de provoquer une crise cardiaque à ma sœur.  Je lance un regard soulagé à ma guide d’ailleurs, parce que si elle avait voulu que je m’habille là dedans, ça m’aurait grandement fait flipper. Bref, nous entrons dans une seconde boutique qui m’a l’air largement plus prometteuse, et d’ailleurs, dès que je vois les vêtements à l’intérieur, un sourire étire mes lèvres. C’est totalement mon style, mais alors là, c’est juste génial. Je lance un regard appréciateur à ma « belle-sœur » tandis qu’elle se met à s’exciter encore en déversant ses paroles dans un flot exceptionnellement rapide. Je lui caresse la tête avant de répondre.

« Mais dis, c’est que t’as l’œil, soeurette ! J’adore ce style. C’est ce que j’ai tendance à porter. »

Parce que oui, j’aime la tendance d’en ce moment, j’aime bien m’habiller avec un style un peu grunge, ou un peu hipster, qui se révèle classe, confortable et pratique. En plus ça me donne l’air d’être une star sortie droit d’une couverture de vogue – enfin, globalement, quoi que je porte, j’ai l’air d’un mannequin, merci à me parents qui ont su me donner ce qu’il faut où il faut pour plaire. Alors, je me met à regarder autour de moi, appréciant la gamme de vêtements présentés. Ca me donne envie d’achter deux-trois trucs, dommage que j’ai pas d’argent – enfin, Hayley a décidé de m’acheter une tenue donc ça devrait aller pour moi. Mais… attends, est-ce que je suis en train d’apprécier de faire du shopping ? Argh… je passe ma main sur mon visage. C’est Serah. Elle m’a enfin contaminé après tant d’années d’efforts… Faut surtout pas que je lui dise sinon elle va vouloir m’emmener à chaque fois qu’elle veut s’acheter un nouveau soutif en dentelle ou une paire d’escarpins.

Enfin, cessant de me morfondre inutilement sur le fait que j’appréciais plutôt bien de faire les boutiques, je me tourne vers une Hayley qui a l’air de douiller. Mais genre bien. Je m’esclaffe en la voyant tenter d’attraper un truc trop haut pour elle. Elle refus l’aide d’une vendeuse, et moi je reste à la regarder avec un air amusé – bah quoi, je vais aller l’aider dans quelques instants, j’ai bien le droit de rigoler un peu en attendant. Alors, d’une voix toute timide et adorable, elle me demande de l’aider. Je lui fait un grand sourire, les yeux pleins de tendresse. Elle sait me faire fondre, c’est pas une bonne chose. J’ai déjà assez de ma petite princesse Serah pour en avoir une deuxième… malheureusement, c’est plutôt mal parti. Donc, je franchis la distance qui nous sépare en un pas et attrape le cintre avec une grande simplicité – quand on frôle les 1m95 en même temps, c’est pas très étonnant. Ensuite, je le regarde avant de lui tendre avec un sourire.

« Tiens, petite ! »

J’ai appuyé plus que nécessaire sur ce second mot, et m’écarte pour éviter qu’elle ne me frappe – on sait jamais – en riant. Puis, comme si de rien était, elle se remet à farfouiller dans les allées, revenant bientôt avec plein de trucs. Elle me fourre le tout dans les bras avant de me pousser dans une cabine d’essayage. Je ne bronche pas et obtempère sagement. J’enfile la première, un T-shirt blanc tout simple avec un Jean, mais une chemise rouge à carreau autour de la taille et une veste en cuir en plus. Je mets les bottines en cuir noir avant de me regarder dans le miroir. C’est franchement pas mal. J’ouvre le rideau et lui montre de quoi j’ai l’air. Là, j’ai vraiment l’air d’un mannequin faisant la couverture de vogue, avec mes cheveux chocolats qui partent en épis stylisés - oui c'est naturel - et mes intense yeux émeraude. D’ailleurs, je peux voir l’aimable vendeuse de plus tôt me fixer d’un air béat. Déjà que c’est souvent le cas quand je suis sur l’île, sur terre les personnes avec un physique… disons, plutôt avantageux comme moi, ne sont pas aussi nombreuses. Parce que les races magiques ont souvent des attraits physiques très particuliers, que ce soit parce qu’ils sont des prédateurs dangereux ou simplement dotés d’une beauté angélique. J’attendis que mon accompagnatrice dise ce qu’elle en pense avant de rentrer dans la cabine et essayer la deuxième. Un T-shirt imprimé, un gilet noir à capuche, un jean noir troué, une bonnet puis la même veste en cuir. Je pose une nouvelle fois devant elle avec un sourire amusé.

« Bon, laquelle tu préfères ? Moi, perso, j’aime bien les deux. Je te laisse le plaisir de choisir, et au pire elles sont bien toutes les deux, donc prends au pif. »

Je lui servis un autre de mes sourires à tomber par terre, attendant patiemment qu’elle fasse son choix.

« Tiens, petite ! »

Me dit-il. Je tente de lui mettre une chiquette avec la paume de ma main ; mais il se dégage et je finis par frapper de l'air. Je bougonne toute seule, puis voyant qu'il repart sans me porter une grande attention -JE SUIS VEXEE- je m'arrête avant que quelqu'un ne me traite de gamine mal élevée. Mais aussi je suis pas petite quoi ! C'est fou cette manie qu'ils ont TOUS à me le dire. Comme si j'avais choisi ! D'accord, j'ai des formes là où il faut, d'accord, j'ai pu obtenir un poids convenable, d'accord j'ai des cheveux hyper cools. MAIS MA TAILLE JE PEUX RIEN FAIRE. Le sport, les régimes, le maquillage ne PEUVENT pas me faire prendre 3 centimètres. Donc c'est puéril de m'insulter car j'y peux fichtrement rien.

Donc, je regarde la fée entrer dans la cabine, m'adosse à un portant en attendant que môôsieur finisse d'essayer sa première tenue. Bon en même temps, je lui ai passé l'intégrale et c'est limite si je ne lui ai pas proposé les sous vêtements avec. Je comprends qu'il mette du temps. En ce qui me concerne, je galère toujours, avec les boutons notamment. Je suis pas foutue de tout mettre droit du premier coup. Evidemment, il y a toujours un bouton furtif caché quelque part, me demandant de touuuut enlever pour tout remettre correctement. Voilà pourquoi j'ai un problème avec les boutons et les chemises. Deuxièmement, je ne sais pas pourquoi les stylistes mettent toujours des fermetures éclair énormes dans le dos, je n'arrive JAMAIS à les fermer et je suis obligée de demander à des inconnus de m'aider quand je suis seule. Buhuhu la vie est dure quand on essaie d'être une femme fatale. Je vous promets en grandissant je deviendrais une VRAIE femme. Là c'est encore en apprentissage.


Earl me coupe dans mes réflexions idylliques sur mon futur en sortant de la cabine. Je reste quelques secondes avec la bouche ouverte malgré moi. J'avais pas remarqué à quel point il était bien foutu ! Bon là en plus il est dans un style que j'idolâtre donc ça aide. Je vous avouerais que j'aime pas trop le style « garçon bien rangé cool sous tout rapport ». J'irais pas jusqu'à dire que j'aime les bad-boys, mais un mec trop sage ça me fait chier. C'est cool hein, comme ami. Mais sortir, parler avec lui sans pouvoir placer des phrases pas hyper gentilles, ça me saoulerait vite. Même si je sais que le dit BG est pas tellement comme ça, là il fait vraiment mec cool. Attention hein, pas comme un copain.. COmme un bro quoi !

Il retourne dans la cabine, j'imagine qu'il essaie l'autre tenue, et je retourne donc à mes pensées. Sur l'île, on a la chance d'avoir pleiiins de gens franchement beaux. Apparemment, c'est grâce à notre race. En ce qui me concerne, les démons ont un physique de... So D4RK. En clair on fait peur, mais on attire. Vous voyez le style brun ténébreux ? Voilà. D'après mes observations, les anges ont un style « je suis tellement beau et je te mets en confiance direct », les vampires « tu sais que je vais te bouffer mais tu peux pas t'empêcher de venir » et j'en passe. Les Demi-Dieux sont pas super appréciés j'ai l'impression, aussi, des fois.. Comme si j'y pouvais quelque chose, au fait que mon papa soit Dieu de la guerre, foute la merde chez les mortels, et en plus de ça en ai quasiment rien à foutre de leurs offrandes ! Néanmoins on a une force mystique plus grande, vu qu'on est à moitié divins.

Je lève le nez et vois alors Earl, qui prend la pose juste pour moi -bon okay il attend juste droit comme un i.  Je pose mon index sur ma lèvre et réfléchis, avant de m'exclamer

« La seconde est bien mieux ! »

Je lui souris, attends qu'il rentre dans la cabine pour se changer, et prends les vêtements sous le bras pour les passer à la vendeuse. Elle nous annonce le prix, je tends les billets et ai soudain une illumination -pour la troisième fois de la journée. Je tends le sac plastique blanc opaque ayant comme seule décoration le nom de la boutique à Earl et le traîne plus loin, dans un magasin de bijoux. Sisi vous avez bien lu.
En voyant sa tête légèrement décomposée, j'arque un sourcil

«  J'vais pas t'emmener chercher une bague Bro' t'inquiètes ! Je sais ce qu'il te manque pour avoir le total look. Et faute de te faire percer, car ça donne envie de pleurer tellement on a mal, j'vais t'en trouver un aimanté !»

Je le traîne donc à l'intérieur, trouve une boucle d'oreille aimantée noire, assez grosse pour qu'on la voit sans qu'elle devienne le centre de l'attention.  Je vous rappelle, pour ma crédibilité, qu'à ma connaissance peu de gens sont aussi percés que moi. Effectivement j'ai trois piercings labret (sous la lèvre inférieure), sur toute l'arcade des oreilles également. Et je vous garantis que ça fait juste hyper mal ! C'est pas des conneries, ça pique, ça brûle, j'en ai même un qui s'est infecté j'ai cru que j'allais perdre mon oreille à jamais.. Enfin, parenthèse fermée, je sors du magasin suivie de près par le dit BG, lui met sa fausse boucle d'oreille en vérifiant que ça soit à la bonne hauteur, et que ça lui fait pas mal (je ne suis pas un monstre non plus!)

Je le regarde de haut en bas satisfaite, en imaginant la tenue, puis m'exclame un sourire aux lèvres :

«  T'es au top Bro ! Tu veux aller boire un truc au starbuck now  ?»

J’attendis patiemment le verdict fatidique – sisi je vous assure – de mon adorable accompagnatrice, puis sourit à sa réponse avant de retourner me changer pour la cinquantième fois depuis deux minutes – bon, en vrai c’est la troisième fois, mais ça fait beaucoup quand on a tout l’attirail à changer. Manquerait plus que la demoiselle m’ait proposé un caleçon assorti, ce qu’elle n’a heureusement pas fait. Essayer des sous-vêtements, ça se fait pas. On est tous d’accord. L’entendant trépigner derrière le rideau, je lui filais la tenue que je venais de retirer de ma peau dorée – vous voyez la scène, genre caché, juste le bras qui pointe hors de la cabine. Je remis mes propres vêtements rapidement et efficacement like a boss avant de rejoindre la semi-démone à la caisse. Elle avait déjà payé, donc je n’eu pas le plaisir de voir tout l’argent qu’elle venait de gracieusement dépenser pour moi – bien que je sache qu’elle voulait également soigner l’apparence du type (moi) qu’elle allait devoir se coltiner pendant un bon moment. Cependant, elle prenait vraisemblablement beaucoup de plaisir à me choisir une tenue afin que je sois irrésistible au possible. Elle me fait penser à Serah, en vrai. Faudrait peut-être qu’elles se rencontrent, ce serait drôle. D’ailleurs, à peine a-t-elle eu le temps de me voir apparaître qu’elle me refile le sac de vêtements que j’accepte en souriant d’un air amusé, que me voilà traîné dans… un magasin de bijoux ?! Alors, là, franchement, je retiens un gloussement bien mérité. Bien-sûr je me doute bien qu’elle ne va pas me faire enfiler un collier de perles avec des bagues en améthystes, mais c’est assez drôle quand même. Je rentre rarement dans des bijouteries. Et lorsque c’est le cas, j’ai toujours très peur pour mon porte-monnaie – bien qu’il soit en général bien rempli. Bon, d’accord, en réalité, je trouve ça juste très drôle parce que la furtive image de moi-même avec des boucles d’oreilles pendantes de femmes et des colliers exubérants m’est apparu l’espace d’un instant en observant l’une des vendeuses qui semblait si recouverte de pierres de toutes sortes qu’on aurait cru à une boule à facettes. En tout cas, une fois que j’eu terminé de ravaler les éclats qui menaçaient de passer mes lèvres à tout instant, qui d’ailleurs formaient un air un peu pincé qui aurait pu être mal interprété – non Earl-sky n’est pas constipé – Hayley se mit en tête de me rassurer. Comme vous l’auriez compris, je n’en avais pas réellement besoin mais apprécia la pointe d’humour dans ses paroles – oh qu’elle est meugnone – la suivant avec un nouveau sourire ravageur sur le bout des lèvres.

« Insinuerais-tu que je pleurerais si jamais je me faisais percer les oreilles ? Monstre ! »

J’ébouriffai ses cheveux – doucement, hein, je n’avais pas envie d’une Hayley déchaînée sur le dos – en riant avant de la suivre afin de découvrir ce qu’elle entendait bien m’acheter pour me donner ce fameux total look. Son regard perçant parcourut l’étalage de machin-trucs que l’on peut trouver dans une bijouterie, avant de se décider pour une simple boucle d’oreille noire qui ne nécessitait en effet pas que je me perce le lobe. Au fond, j’étais presque un peu déçu. C’aurait été marrant si je l’avais vraiment fait. Lorsque nous sortîmes du magasin, elle me mit le bijou, m’obligeant à me pencher comme pas possible pour éviter qu’elle se torde la cheville à faire des pointes – je rigole Hayley je t’aime. Même si tu es petite. ♥ Dès qu’il fut enfin en place, Hayley observa son œuvre avec un grand sourire satisfait qui m’en arracha un par la même occasion.

«  T'es au top Bro ! Tu veux aller boire un truc au starbuck now  ?»
« C’est grâce à toi, miss ! » Je lui fis un clin d’œil avant de continuer, le sourire toujours aux lèvres. « Ouais carrément, je te suis. Après toutes ces émotions, je dirais pas non à une bonne boisson ! »

Alors, j’enroulai un bras protecteur autour de ses frêles épaules, mon regard reflétant l’ironie de mes paroles précédentes – parce que bonjour les émotions fortes de la journée. J’ai fait du shopping. Wahoo. Enfin bref, on marche tranquillement, je profite franchement, aujourd’hui. Hayley, je le connais depuis si peu de temps mais je l’aime vraiment bien. Peut-être parce qu’elle me rappelle un peu Serah, mais surtout pour son propre caractère, ses petites mimiques, son enthousiasme et la tête qu’elle fait quand je la taquine. Hayley qui boude. C’est tellement mignon et hilarant que je recommencerais bien à la charrier juste pour voir son expression. Mais je vous rassure, mon côté grand-frère persécuteur n’est pas si proéminent que ça… mais la taquiner un peu de temps en temps ça fait du bien quand même. ♥

Je poussai la porte du Starbuck, guidant ma petite demoiselle avec moi, et tel le gentleman que je suis, l’amena jusqu’à son siège et l’aida à s’assoir. Je m’installai en face d’elle, un soupire s’échappant d’entre mes lèvres sculptées. Je lui fis mine d’attendre deux secondes, histoire que je choisisse – je ne vais pas souvent, c’est un truc typiquement amerloc et y’en a pas à Skyworld. Enfin, y’a un équivalent, parce que beaucoup de personnes se retrouvant sur l’île après avoir vécu sur Terre ne survivraient probablement pas sans leur bon sundae habituel. Je parcourus la liste des boissons des yeux vivement, mon regard émeraude s’arrêtant immédiatement sur ce que je voulais. Là. Maintenant. Un sourire d’expectative étira mes lèvres en un sourire un peu enfantin. C’est mon petit plaisir, c’est pas ma faute.

« J’vais prendre un Earl Grey Tea Latte. »

Oui, moi, Earl-Sky Grey est un drogué du Earl Grey. Vive le nom bien choisi, je sais. Je rengorgeai les étoiles qui devaient pétiller dans mes yeux avant de reprendre, l’air désolé.

« Eh, au fait, excuse hein. C’est toi qui paye tout. La prochaine fois, c’est moi qui t’inviterai. On ira au restau’ ou je sais pas. Tu pourras choisir ce que tu voudras. »

La malice revint dans mon regard et je lui fis un autre des clins d’œil dont j’ai le secret.