L'attaque des nains ninja !

Elle rigole. Je l'aime bien cette fille ! Elle m'aide à dresser ma crinière si désobéissante avant de s'attaquer à la sienne, qui a moins pris grâce à la couette qu'elle s'était fait. Une sacré bonne idée d'ailleurs ! Une fois nos soucis typiquement féminin réglés, elle se met à regarder autour nous, en pleine réflexion. Loin de moi l'idée de la dérangé d'ailleurs, parce qu'elle semble largement moins pommé que moi. Et c'est une chose fantastique que d'être avec quelqu'un qui sait où on va ! ...Bah quoi, il m'arrive fréquemment de devoir aller à des endroits totalement au piff, alors une personne douée est toujours la bien venue.

Elle se tourne vers moi, un sourire éclairant son visage, pour me lancer joyeusement :

« On est dans un rue pas très loin du marché. Par là bas on peut voir le Castle of Heart et… comme tu l’as remarqué, c’est un peu la limite entre les rues passantes et les ruelles sombres. D’ailleurs, dans cette rue il y a une suuuper pâtisserie ! Je pense qu’on a mérité un peu de repos… »

Owiiiii ! Définitivement, j'aime cette fille ! Mais … argg, j'ai oublié mon argent chez moi je ...

« Je t’invite ! »

…...... Si tu ne partais pas rapidement après ton clin d’œil, je t'aurais fait un câlin pour la peine ! Je me met moi aussi en marche, suivant l'allure rapide et souple de Nao', alors qu'elle se dirige droit vers une façade colorée, un peu plus loin. Dans l'air flottait la bonne odeur typique de ce genre d'établissement : pâte feuilletée et sucre chaud. Mon enfance, mon présent, et mon futur très très proche ! On se mit à sourire toutes les deux, et Nao' poussa la porte du magasin, qui s'ouvrit avec un petit son de clochette. Une vendeuse souriante comme on en trouvait dans ce genre d'endroit nous accueillit, et nous ne nous firent pas prier pour aller voir ce qui était proposé sur le présentoir. Partout, des gâteaux, tartes, viennoiseries et sucreries diverses, encore plus coloré que sur Terre. L'île avait la chance d'offrir une plus grande diversité que la Terre, surtout niveau idée, et ne se gênait pas pour en profiter. J'étais en train de tenter de choisir – le gâteau au caramel me faisait le l’œil, mais la tarte aux framboises n'avait pas l'air mal non plus … Et que dire de ces croissant tout dorés ! - quand Naomiie m'interpella :

« Tu veux quoi ? Celui-là a l’air bon et… »


Elle ne finit pas sa phrase, ce qui me fit tourner la tête. Elle était entrain de buguer devant un gâteau qu'elle me montra du doigt tandis qu'une crise de fou rire commençait à s'emparer d'elle.

« T’as vu ça ? »

Je me penchais par dessus son épaule, pour voir exactement ce qu'elle me montrait, et un sourire me pris aussitôt lorsque je vis le petit nain poussant une brouette en sucre juste devant elle. Un pur stéréotype de conte, le genre qu'on voyait garder les jardins des vieilles personnes dans le village d'à coté. Il avait l'air nettement moins menaçant que ses compatriotes ninja, mais il était tout aussi ridicule. L'idée qu'il se mette lui aussi à bouger d'un coup pour nous envoyer sa brouette à la figure avec un cri suraigu agrandit encore mon sourire, jusqu'à ce qu'il se transforme en un petit rire joyeux, presque silencieux qui se joignit à celui de l'elfe.

« Ils nous poursuivent vraiment partout ma parole ! »

Et puis, une soudaine envie me prie. Je demandai à ma camarade de me payer l'un des petit nain en sucre, et une fois notre achat réglé, je l’entraînai d'un pas vif vers l'entrée d'une des ruelles sombre d'où nous venions de sortir (à quelques mètres tout de même, faut pas non plus exagérer). Une fois devant cette rue, je lâchais Naomiie, me campais droite sur mes jambes, et criais, le nain tendu bien haut au dessus de moi :

« La prochaine fois que vous viendrez vous frotter à nous, voilà ce qu'il vous arrivera ! »

Et d'un mouvement vif, j'arrachais la tête du petit nain, pour l'avaler quelques secondes plus tard. Et puis je me remis à courir, en rattrapant ma camarade, croyant avoir vu un mouvement dans l'ombre. On sait jamais, mieux vaut fuir que subir leur courroux une deuxième fois. On s'éloigne en courant, rejoignant une autre rue pleine de monde, puis une autre, encore plus loin de la « zone de conflit ». Ce n'est que là que j'arrête de courir, pour m'affaler sur un banc proche, à bout de souffle, mais avec le sourire. Je me tourne vers Nao', qui a le visage aussi rouge que le miens doit l'être, et un rire nerveux commence à naître, jusqu'à devenir un fou rire qui dure plusieurs minutes malgré mon manque de souffle. Enfin, lorsque la tension retombe, je fixe mon nain décapité, avant de lui mordre le restant de tête et les épaule.

« C'était peut être pas la meilleur idée du monde …. Dis-je la bouche encore à moitié pleine. J'avale d'une traite avant de reprendre. Mais il est vraiment pas mauvais du tout ce nain ! »

« Je confirme, ce n’était pas forcément l’idée la plus judicieuse… mais c’était amusant ! »

Non, il n'avait pas à tortiller, cette fille est parfaite ! Drôle, souriante, et un peu tête brûlée aussi : Une peu plus et elle pouvait arriver à mon niveau ! Bon, je suis un peu hors catégorie encore, mais en s’exerçant, elle avait ses chances.
Je la vis loucher vers les restes du petit nain, curieuse et souriante.

« C’est vrai qu’il a pas l’air mauvais… J’peux goûter ? »

Elle se remit à sourire, presque comme une enfant qui demande innocemment un autre jouet. J'étouffais un petit rire – j'avais déjà assez mal aux joues et aux côtes comme ça – et lui tandis la moitié restante du petit personnage, pour qu'elle puisse mordre dedans. Ensuite, pendant que je finissait mon nain en quelques bouchées bien placée, elle prit le petit sac en papier à ses pieds, pour le mettre sur ses genoux. Et mon regard se fixa sur ce sac un peu gonflé qui renfermait je ne sait qu'elle pâtisserie. Oui, en fait, je dois avouer que …. Lorsque j'ai eut l'idée du nain, je n'ai plus trop fait attention à ce qu'il se passait autour de moi, trop excitée à l'idée de cette pseudo vengeance inutile. Du coup, je n'ai pas regardé ni écouté ce que Naomiie prenait, je savait juste qu'elle avait chargé le sac de plein de choses sucrées, qui désormais attiraient invariablement ma curiosité – et ma gourmandise maladive. Lorsqu'elle l'ouvrit devant mes yeux, je ne pus retenir un petit cri de joie. GATEAAAAAUX ! Y en avait tout plein partout ! Chocolat, fruit, coloré ou brillant de sucre, elle en avait pris DES TONES ! (bon, ok, une dizaine, mais … bref ! ). C'est décidé, cette fille était désormais mon égale. Oui, les gâteaux, c'est du sérieux ! C'est au moins coeff 56 dans mon examen !

« Je suis un peu trop gourmande, mais j’en ai pris assez pour qu’on puisse se rassasier et reprendre nos forces ! On a eu une aventure assez incroyable, aujourd’hui ! »

Je m'étais penché en avant, appuyé sur mes mains, et je relevais la tête vers ma nouvelle amie, les yeux brillant de milliers d'étoile, pire qu'à Noël !

« Je t'adore ! T'es la meilleeeeeeur ! »

Après ça, on s'est partagé les gâteaux, jusqu'à ne presque plus rien pouvoir avaler. Un exploit ! Une fois le sac finit, je me suis appuyé, dos au banc, le visage tourné vers le ciel avec un petit soupir de contentement. Ça, c'est la belle vie. D'un coup de langue, je récupère un morceau de crème qui croyait pouvoir s'échapper, au coin de mes lèvres. Un régal sucrée. Je me sentais bien, reposé, active et posé, et les gâteaux étaient la touche finale parfaite ! Il ne fallait pas tout gâcher en laissant s'installer un silence ridicule, aussi ai-je commencer à parler. Vite. Et beaucoup. Comme d'hab'

« ça a été une sacrée journée, y a pas à dire ! J'suis sur que Jeckyll va être vert d'avoir raté tout ça. Oh, Jeckyll, c'est mon affilié, un chat ! Je l'ai eut quand j'étais encore sur Terre, les gens me trouvaient bizarre à faire la conversation avec lui alors que j'avais quinze ans, vu qu'ils pouvaient pas l'entendre. Et toi, t'en a un d'affilié ? »

Et oui, j'étais partie, fallait pas espérer autre chose de ma part !