« Amigos para siempre. » [PV ETHAN]

Judith, Ethan.
Quatre boîtes de pizza : deux au BBQ et deux autres aux Pepperoni.
Joints et alcools.
Seuls dans un appartement en plein centre-ville qui n’appartient à aucun des deux.

***

J’étais debout depuis déjà quelques minutes, mais j’ignorais combien exactement. Peut-être cinq, dix ou voire même soixante, mais j’avais trop la flemme de bouger de là. Si j’avais mal à la tête ? Bien sûr que oui mais allongée sur un putain de lit de bourge dans une position aussi relaxante -avec l’oreiller tenu comme un doudou et la tête dessus-, j’vous assure que j’ai rien presque rien senti.
Du moins jusqu’à ce que j’entende quelqu’un toquer à la porte. D’abord doucement, puis assez fort.
« Et merde. »
Sur ces mots, je me suis levée (avec certes un peu de mal) du lit si confortable dans lequel j’ai dormi ces dernières heures. Et ne me parlez surtout pas de ce que le pote d’Ethan a bien pu faire dedans parce que c’est intime et que pour une fois, je ne violerai pas la vie privée des gens -même si j’avoue que cette fois-ci c’est juste parce que ça pouvait me donner envie d’aller prendre une douche dans la baignoire qu’il y a dans la salle de bain reliée à cette chambre-ci et là encore j’ignore totalement ce que des inconnus ont pu y faire, donc je vais m’en abstenir.

Après m’être lavé le visage et avoir “coiffé” mes longs cheveux noirs sur le côté, je me suis rendue jusqu’à la chambre que mon poto sûr a squatté cette nuit. Lorsque j’ouvris la porte et suis arrivée jusqu’au lit, j’ai découvert un tout autre  visage de ma petite fée : celui d’un mec plutôt mignon au réveil. M’enfin “mignon” était un bien grand mot ; c’est juste que ça fait longtemps que je l’ai pas vu avec sa tête de zombi habituelle, du genre les cheveux en pétard, la bouche grande ouverte et un coulis de bave sur sa taie d’oreiller. Un léger sourire étira mes lèvres jusqu’à ce qu’il se tourne vers sa gauche puis de nouveau vers sa droite, avant de se mettre sur le dos et mettre son bras au dessus du haut de son visage, cachant ainsi ses yeux et son front par la même occasion.
Trêve de perte d’énergie inutile à rester debout trop longtemps. « Ethan, lèves toi. » ai-je dit calmement. Aucune réaction de sa part. « Fais pas semblant mec, on sait tous les deux que t’entends parfaitement bien c’que je t’ordonne de faire. » Rien non plus. Bon, il l’aura cherché ! Ni une ni deux, j’ouvris grand les rideaux afin de laisser les rayons du Soleil lui crâmer les yeux, puis ai hurlé « WESH TU VAS T’LEVER OU PAS BATARD ?!  » avant de le jeter violemment hors du lit - du côté de la grande fenêtre, bien sûr.

AH, enfin une réponse de sa part. Au moins il est pas mort, c’est déjà ça.
Et comment ça je ferai une mauvaise mère/petite-amie en plus d’être une mauvaise pote ? Bah fermez vos gueule non, j’suis pas payée pour faire le réveil matin non plus *tship* et je suis la meilleure dans tous les cas, venez pas me cassez les couilles de bon matin. Comment ça “c’est faux” parce qu’il est quatorze heures trente, et je suis en sous-vêtements ? AH BEN NIQUEZ VOS RACES SI VOUS ETES PAS CONTENTS, C’EST SIMPLE.

Quoi qu’il en soit. Ceux qui toquaient à la porte tout à l’heure ont l’air de s’être calmé vu qu’on entend plus rien. Cool.

Sans plus attendre, je suis allée dans la cuisine.
Oh la cuisine américaine des riches qui aiment gaspiller leur argent (bah oui moi je suis riche mais ça ne m'empêche pas de vivre dans un lieu modeste et de n'y avoir apporté aucune modification depuis des années) avec l’îlot central et des décorations un peu partout dont personne ne se sert jamais.... Mais vu que je m'en bas les steaks, je me suis précipitée vers le frigo pour en sortir du lait frais et du jus de pomme. Une fois ça de fait, j'ai sorti deux bols -propres bien évidemment- du lave-vaisselle, deux petites cuillères et deux verres.

« Load up on guns and bring your friends. ♪ » ouep c’est du Nirvana et oui, je chante très bien.
Si mon frère a le pouvoir d’hypnotiser les gens rien qu’avec sa voix, moi je le peux rien qu’avec mon charme ; et en plus tout le monde a toujours trouvé que je chante parfaitement bien, alors vous imaginez ce que je peux faire des mecs (parce que je suis ni bi ni guine, donc les meufs très peu pour moi MAIS j’ai ce pouvoir sur les deux sexes) ? Une phrase et ils me suivent tous avec la langue qui pend et en remuant la queue ; comme les chiens qu’ils sont.

Oh, Ethan s’est enfin bougé le cul. En bonne pote que je suis, je lui ai demandé « Tu veux du café ? » avant de l’interrompre en lui avouant qu’il devait aller  voir ailleurs si j’y suis. Bah quoi wesh ? J’ai pas pu m’en empêcher fermez-la punaise. J’ai ensuite rempli mon bol avec des céréales et ai commencé à manger - sans l’attendre, après tout nous on s’en branle des manières.

« T’vas où après ? » A part “dans un bar gay” qui m’aurait donné l’envie de l’égorger avec le couteau de boucher posé sur le potager, rien ne pouvait m’emmerder. Ni même le fait qu’il n’avait rien de prévu et donc, que monsieur allait me soûler en restant en ma compagnie le reste de la journée ; ce que ce dernier sait, et qu’il sera sûrement tenté de faire.

Ethan dormait tranquillement, enfin, tranquillement façon de parler quoi. Il ronflait comme un porc, il avait un filet de bave qui coulait sur sa joue jusqu'à l'oreiller, il dormait le cul en l'air, 'fin bref l'élégance même quoi. Mon Dieu si Mia avait été là elle l'aurait réveillé à grand coups d'oreiller dans la gueule en lui hurlant d'aller dormir dehors si il comptait continuer à ronfler comme un camionneur. Il était presque adorable à dormir comme ça, mais bon, on va pas lui dire sinon il va plus se sentir après. Je sais pas ce qu'il s'est passé, mais j'ai l'impression d'entendre une voix douce qui m'appelle. J'comprends pas trop sur le coup alors je dis rien, je me contente de changer de sens pour dormir, puis je change encore. La voix continue de me parler et j'ai envie de lui dire de fermer sa gueule mais je me contente de grogner doucement.
Et là, paf, pouf, le drame.
« WESH TU VAS T’LEVER OU PAS BATARD ?!  » Ah, je comprends mieux, Judith. Ah oui c'est vrai on est à l'appart de Drew, j'avais presque zappé. Judith et sa délicatesse légendaire... je ne réponds pas, mais bon je suis bien obligé de me réveiller, vous avez vu comment elle m'a balancé comme une grosse merde, elle m'a jerté hors du lit wesh ça s'fait ap!  Putain, comment la vie est injuste pour une fois que je faisais rien, arrêtez de vous foutre de moi j'ai envie de pleurer, c'est pas sympa d'vous foutre de ma gueule bande de fdp! J'avais rien demandé à personne moi, j'voulais juste dormir et bouffer et dormir et encore bouffer pour encore dormir 'esh. La tête contre le sol, je sais que Judith est plus là mais je lui marmonne quand même un magnifique; « ... tg....putain... » Nan sérieux plus les jours passent plus je me dis que ma vie c'est de la grosse merde 'tain. De la bonne grosse merde, vous voyez le truc quoi. J'ai pas envie de me lever, je veux dormiiiiiiiiir. Judiiith pourquoi tant de haine envers moi qui ne demande qu'à te donneeeer de l'amo- non sérieux Judith j'te déteeeste.

Bien sûr maintenant qu'elle a fait son petit numéro Judith a fui. Elle doit être aux chiottes, peut-être qu'elle a ses règles ça expliquerait tout.. non sinon ça voudrait dire qu'elle a ses règles H24 et même si je suis un mec je sais que c'est impossible ok. Enfin bref, une fois que madame l'ange déchue m'eut jerté littéralement du lit pour me balancer au sol, il me faut quelques minutes pour émerger. Je reste là, comme une loque, allongé au sol comme la grosse merde que je suis à machiner une vengeance contre l'ange déchue mais je ne trouve rien.. et puis merde je sais comment est Judith j'ai plus qu'à assumer de m'en être fait une pote. Ouais, une pote, même si c'est dur à croire Judith c'est ma pote et tu la touches je te bute ok.

Voilà je suis debout, c'est un grand pas. Je reste là quelques secondes à bailler comme un bébé puis je cligne plusieurs fois des yeux, le soleil me nique les yeux, Judith est vraiment vicieuse quand elle le veut.. c'est à dire tout le temps. Je pousse un petit couinement qui résonne entre les murs de la chambre quand le soleil me nique les yeux, je les frotte frénétiquement puis je referme les rideaux en écarquillant ensuite les yeux comme un gros dégénéré.. ce que je suis en quelque sorte. Rigolez pas, je souuffre. Là actuellement mes yeux vert doivent être limite blanc tant ils sont exposés au soleil wesh! C'est triste, c'est très triste je sais, mais non ne pleurez pas pour moi je suis un dur à cuire, j'arrive à vivre avec ce boulet qu'est Judith -omg j'espère qu'elle ne saura jamais que j'ai écris ça sinon elle va me niquer ma race.

Après plusieurs minutes à rester en mode gros bug dans la chambre où j'ai passé la nuit à ronfler comme un gros, je prend même pas le temps de m'habiller ni de me coiffer puis je sors pour aller à la cuisine.. ouais j'ai senti à l'odeur que Judith était là-bas. Je déambule dans les couloirs comme un zombie avec des cheveux violets de ouf, puis j'arrive enfin à la cuisine. De là, je suis étonné de voir Judith me proposer gentiment un café. « Oh je veux-elle me dit non d'aller voir ailleurs si elle y est et je prends la mouche- sale pute. » C'est l'amour fou dès le matin entre nous vous savez.

Judith se sert des céréales, je la regarde manger sans rien dire parce que je dors encore debout. Wesh vu la violence avec laquelle elle m'a réveillé je vais rester dans cet état semi-végétatif toute la sainte journée. Je dis rien, je ferme ma gueule, je m'endors limite.

« T'vas où après?  » Je lève mes yeux verts vers elle, puis sans plus attendre je lui rétorque; « Dans ton cul. » Puis je vais me servir des céréales comme un beau gosse, oh mais wait attendez.. je suis un bg! Ok ma gueule, c'est bon pas la peine de me lancer des tomates bande de bâtards. Ooooh des céréales soufflées au miel c'est mes préférées! J'en prends un grand bol -sans lait parce que c'est pas bon sinon- puis je vais m'asseoir en face de Judith après lui avoir ébouriffé comme il le faut les cheveux en passant derrière elle -ma petite vengeance personnelle. Je prends une cuillerée de céréale puis je continua, la bouche pleine parce que j'en ai rien à foutre des manières; « Nan sérieux chais pas, j'vais glander ici avec toi mon p'tit démon ~. » Ouais parce que je sais qu'elle va me casser la gueule si je l'appelle mon ange, et là franchement, déjà qu'j'suis mal réveillé, j'ai pas envie de me fight avec elle, même si je sais qu'avec elle tout par littéralement en fight. Lol, Judith c'est quand même quelque chose.

On termine de manger en silence, puis je vais me saper un minimum -je pique un tee-shirt blanc à Drew il m'en voudra pas- mais je garde mon bermuda noir. Ouais ça fait un peu men in black mais j'en ai rien à foutre alors tg connard. Bref, de là je vais dans le salon, j'me pose sur un canapé et je braille pour que Judith m'entende parce qu'elle doit être dans une autre pièce; « J'VAIS ME MATER UN FILM, TU PRÉFÈRES PORNO OU FILM D'HORREUR? » La fenêtre est grande ouverte, les voisins sont sur leur balcon à côté mais j'en ai rien à foutre je suis un délinquant, un thug. J'attends que madame la princesse se ramène pour lui montrer deux boîtes de DVD, l'un raconte l'histoire d'une meuf perdue dans une forêt maudit je sais pas trop quoi, l'autre nous raconte les aventures d'un groupe de mecs qui adorent violer des meufs dans la rue. Hm, pas trop mon genre. J'préfère les trucs de masochistes. Lol. « Perso je vote pour le film d'horreur mais j'ai pas envie que tu me casses la gueule parce que je choisis tout seul ok. » J'ai envie de pleurer comment j'suis trop un soumis putain.

« J'VAIS ME MATER UN FILM, TU PRÉFÈRES PORNO OU FILM D'HORREUR? » Ah lala, il faut tout lui dire à celui-là. Sérieusement, je me demande comment est-ce qu’il s’en sortirai sans moi, j’veux dire on dirait que j’suis sa daronne *tship* et pour moi qui n’ai jamais eu envie d’avoir de gosse -m’enfin si, mais dans genre dix ans quoi, quand je trouverai un mec sérieux à me mettre sous la dent (pas qu’il en manque : c’est facile d’en trouver) et que j’aimerai sincèrement (oui c’est moi le problème maintenant va te faire)- eh ben j’ai été servie la con de sa race. Bref. Après l’avoir laissé le menton à l’air, les yeux rivés vers moi et la bouche à moitié ouverte en attente de mon choix, j’ai quand même décidé de ne pas lui mettre un vent et me suis donc dirigée vers cet imbécile d’un pas nonchalant. « T’as la dalle ou bien ? Lui d’horreur, obsédé. » Il est quand même quinze heures, donc pour en arriver au point à regarder un film porno pourrave tout seul à cette heure-ci c’est qu’il a faim. Ouais j’ai bien dis “tout seul” ; qui vous a dit que je vais rester enfermée ici toute la journée ? Nan mais lol hein. Quoique… Et puis merde j’en ai aucune idée, surtout que je sais pas si on reste dormir ici ce soir aussi ou non. Bat les couilles, j’suis allée mettre un tee-shirt propre du pote à Ethan -même si rester en sous-vêtements devant lui c’est comme l’être devant un gamin de sept ans, j’ai un minimum de pudeur, contrairement à d’autres pétasses qui coucheraient volontiers avec tous leurs potes, même les plus proches- qui m’arrive au dessus des genoux (et bâtard ça va tu bouffes pas trop de BigMac t’es sûr ?), puis j’ai pris la grande bouteille de cola au frigo, toutes les cochonneries dans les placards avant de déposer tout ça sur la table basse au milieu du mini-salon. « Allume ma clope. » lui ai-je ordonné tout en regardant l’écran. Un, deux, trois secondes. Toujours pas de flamme. Sans plus attendre, j’ai retourné ma tête vers lui tout en gardant la même position, un sourcil arqué l’air de dire “Ah ouais t’es sûr ?”. Bon bah tant pis, hein, écoutes.. J’vais pas en faire un plat, j’vais le laisser tranquille un peu aujourd’hui ; il le mérite après tout.
Ce mec est vachement pas doué avec les gonzesses, il a un humour à chier et est pas tout seul dans sa tête mais je l’apprécie quand même et lui aussi. Il se plaint que très rarement de l’attitude que j’ai envers lui et je l’trouve attachant - comme un malade dont on a pitié.
Un peu, pas beaucoup. Juste assez pour faire la grimace si j’apprends sa mort, mais pas assez pour verser une larme. Oh vos gueules hein, vous plaignez pas, venant de moi c’est grandiose.

Soit. Après un peu plus d’une demi-heure, je me suis rendue compte que j’l’ai déjà vu ce film. Ah ouuais c’était une tuerie. TIens cet enculé a l’air à fond dedans, j’ai une petite idée.. Nan fais pas ça, t’as dis quoi tout à l’heure ? T’as bien commencé, tu peux tenir une heure au moins, Judy.
Ou pas.

« Elen va réussir à vaincre le démon dans la forêt, mais tuera tous ceux qu’elle a appelé plus tôt pour venir l’aider. Une limousine noire viendra la prendre et comme elle est stupide, cette conne va monter dedans. En fait c’était l’esprit sous forme humaine. Elle s’ra possédée et va hanter une autre forêt, insane. » Oops, j’ai l’impression d’avoir spoilé deux longues et passionnantes heures d’un des meilleurs films qui puisse exister. Too bad.

Mais bon, quitte à l’emmerder autant faire les choses bien. Un sourire moqueur aux lèvres, je l’ai regardé de haut en bas avant de lui lâcher un : « Y’a pas de quoi. » en inclinant légèrement la tête sur le côté.
C’est pas dans mes habitudes de prendre cet air -je l’aime pas trop, j’préfère les autres- du coup je me suis levée, ai mis mes Zanotti, ma veste en cuir au dessus du tee-shirt trop large pour le haut de mon corps et suis sortie en claquant la porte, l’intégralité des clopes qu’il restait dans la boîte à moitié vide, à la verticale entre mes seins (qui serraient vachement dessus du coup, surtout que je suis loin d'avoir une petite poitrine). Pauvre Ethan qui est accro à ses petites chéries, on dirait bien que je les lui ai piqué. Vu qu’il n’a  pas encore fumé, c’est probable qu’il risque de me courir après. Pour rien bien évidemment ; mais ça il ne le sait pas encore.