Sans s'arrêter, le niveau monte Ҩ NLNK

   

sans s'arrêter, le niveau monte...
   ft noah lhyov nevenscheinder-kingston

   

   Tu te ballades, tranquille, posée, sur la mer de nuages. Enfin te balades, "navigues", devrais-je dire, à bord d'une petite barque toute mignonne qu'Hänsel a bien voulu que t'empruntes. Tu aimerais bien la personnaliser, mais bon, si ça se trouve la prochaine fois ce ne sera pas toi dedans ! Puis il ne faut pas commencer à privatiser une barque, ça ne va jamais en finir sinon. A ce train là, autant privatiser les assiettes aussi alors ! Et les couverts, les provisions, les savonnettes, les fringues même pendant qu'on y est ! Oh, attendez, ça c'est censé l'être... Censé. Pas pour toi en tout cas. Tiens, rien que ce matin par exemple, t'as du ramasser un tee-shirt à Flic, un short à Flac et un gilet à Floc -c'est à titre d'exemple bien sûr ces noms, hein. Bon, au final ça te va plutôt bien, mais, la politesse voudrait au moins que tu leur demande avant, pas quand ils te voient avec leurs habits sur le dos. Même si à force, tout le monde s'est habitué à ton comportement à ce niveau... Il n'y a que tes sous-vêtements -et encore- et tes chaussures que tu ne confonds pas avec les affaires des autres. Ah, certes, on peut dire que c'est un bon début, mais... Un début c'est pas supposé durer plusieurs mois, j'te signale.

   Enfin, revenons-en à nos moutons. A nos nuages. A "ta" petite barque, "tes" rames qui plongent lascivement dans l'eau et toi, allongée, regardant le ciel. Il faut beau aujourd'hui, c'est cool. T'as bien fait de sortir. Tu ne sais pas quoi faire, mais tu trouveras bien. Oh, peut-être aller en ville ? Pourquoi pas, tu pourrais, hm... Faire du lèche-vitrines ? Oh oui ! C'est bientôt ton anniversaire en plus, on est pas à deux mois près, donc tu peux faire du repérage pour ensuite aller immiscer l'idée d'un cadeau dans l'esprit des pirates. Ouais ouais ouais, grave bonne idée !

  Tu rames donc, toute reboostée d'énergie, en direction de la rime. Sauf que. Tu humes. C'est quoi cette odeur. Tu tends l'oreille, hume encore.

« Aaaah, ça pue !.. »

  Il n'y a qu'une seule chose qui peut puer autant. Une seule. Un seul. Noahlbâtard. Ça pue la morbidité, un cri siffle à tes oreilles. OH ! Tu vois la barque, pas trop loin, d'où vient l'appel de détresse, et commences à ramer comme une forcenée. Il ne va pas OSER ? En plus, OH MAIS LA !! Tu rames, tu rames, tu rames; une fois ta barque assez proche, tu donnes un dernier coup avec toute ta puissance avant de te jeter sur la sangsue.

« NOAHLBÂTAAAAR-BLBLBL-BLBLLBL-BLBLBll ! »

  T'es... Bête. Ok l'idée de lui sauter dessus pour le faire tomber à l'eau et ainsi l'éloigner du pirate qu'il était en train d'attaquer -en plus il te faisait dos- était géniale. Mais. Crier ? Ça t'est pas venu à l'esprit que toi aussi t'allais tomber ? Eh bah non, eh bah non. Merde. Tu remontes à la surface à la vitesse de l'éclair, crachant un filet d'eau et cherchant une méduse blonde du regard. Perçant et revolver, le regard.

   

codage par langweilen sur apple-spring

   

Est-ce que le sang humain me manque ? ... En toute honnêteté, je répondrai que oui. Je ne me pose que rarement ce genre de questions, j'évite parce que ça demande trop de réflexion, et Dieu sait – et que le panthéon m'en garde – que la réflexion n'a jamais été vraiment mon truc. Et c'est quoi, ton truc ? La ferme ; vraiment. Je shoote dans un caillou qui va rebondir violemment contre le tronc d'arbre, abimant l'écorce et laissant ainsi une trace de mon passage. « J'ai la dalle. » je ne peux m'empêcher de penser, alors que je traverse la forêt à grandes enjambées. Et ce jusqu'à arriver sur le sable de la mer de nuages.

Cette envie de sang humain est revenue depuis que Lei est rentré à la maison. D'un coup, comme s'il avait s'agi d'un déclic soudain et imprévisible. J'ai pensé au début que ce serait passager, mais plus les jours passent et plus l'envie est croissante, si bien que le sang animal ne suffit plus à me nourrir. Ma mère – adoptive du moins – m'a toujours élevé dans l'optique où tuer, c'est mal. Mais boire, c'est mal ; et pourtant personne ne peut s'empêcher de le faire. Peut-on réellement demander à un vampire de se nourrir en essayant à la fois de rassasier sa faim et en même temps veiller à ne pas vider son déjeuner de tout son sang ? Arrêtez vos conneries, vous dites ça parce que vous ne savez pas ce que ça fait. Mais j'ai appris à me contrôler, je sais réguler mon envie du sang chaud et sucré des hommes, gorgé d'une magie qui pique la langue...

C'est beau de parler, mais saurais-tu m'expliquer, après ces belles paroles, la raison pour laquelle tu es EN TRAIN D'ARRACHER LA GORGE À UN MALHEUREUX PÊCHEUR, BORDEL DE MERDE ? Je ne peux pas m'empêcher. La nature a fait des vampires des prétateurs, encore plus quand ils ont le sang de démon qui brûles les veines. Je sens le liquide chaud couler le long de ma gorge, le côté doux me chatouille le palais et me carresse la gorge. Un ange, je crois reconnaître. Bon sang, c'est divin. Il a arrêté de se débattre, je pense qu'il sait que c'est trop tard pour lui, que je vais le vider de son sang, qu'il s'endormira et qu'il ne se réveillera plus. Mais tant pis, tout ça j'y pense pas. Peut-être que je culpabiliserai ce soir, demain matin... peut-être que je ne culpabiliserai pas. Qu'est ce que j'en sais, moi ? Pour l'instant tout ce qui m'importe, c'est de bouffer. C'est de la gourmandise pure et dure, t'as pas besoin de ça Noah... Au Diable la bonne conscience. Il y a quelqu'un qui crie derrière moi, j'entends une voix aiguë qui me brise les tympans, le temps de me retourner, c'est trop tard.

NOAH▬ Caput- ?

Pas le temps de me demander ce qu'il m'arrive. Je sens le poids de cette imbécile s'écrouler sur moi et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je me retrouve sous l'eau. Déjà, il faut savoir que je me sens aussi à l'aise dans l'eau que peut l'être un chat – soit carrément pas – donc je ne vous cache pas que durant les quelques secondes de lucidité qu'il me faut pour remonter à la surface, mon esprit travaille sur les mille et unes façons de tuer miss Dixon de manière à ce qu'elle souffre le plus possible. Mon inspiration finale est revigorante, quelques secondes de plus et je serais mort – façon de parler. D'un coup, c'est comme s'il y avait vachement plus de bruit dehors, et pour ne rien arranger...

NOAH▬ PUTAIN, T'ES SÉRIEUSE ?! MAIS T'AS RIEN DANS L'CRÂNE OU QUOI ?!

Je me mets à boire la tasse et cracher de l'eau, tandis que son regard me lance des éclairs. Elle doit être aussi énervée que moi, mais peu importe. Je me mets à nager vers SA barque et grimpe dessus sans aucune élégance – inutile de jouer les précieux maintenant – et m'écroule au centre, essouflé et soulagé. Allongé sur le dos, je tente de reprendre une respiration normale... l'eau c'est vraiment une plaie, et je remercie le ciel de m'avoir offert le contrôle du feu à la place du pouvoir de tapette d'Häns. Lentement mais sûrement, je me redresse et pose une main sur mon cœur, qui bat très vite, par rapport à d'habitude. Bordel de merde, ELLE AURAIT PU ME NOYER LA SALOPE. Elle pose une main sur le rebord de la barque – sa barque – et et je les lui retire aussitôt. Elle retombe à l'eau.
Crève.

NOAH ▬ Quoi ? T'as quand même pas cru que j'te laisserais remonter ?

Je lui balance, quand elle émerge à nouveau de l'eau. Elle est folle ; comme si j'allais lui laisser le luxe de ne pas avoir à remuer des jambes pour respirer !