The mouse who tell you her story
Diane poussa la porte de la librairie, qu'elle avait vu quelques jours plus tôt, un grelot retentit faiblement. Le sourire jusqu'aux joues, elle passa sous le carillon argenté et sourit à la vendeuse qui se trouvait non loin de là. Celle-ci lui demanda si elle cherchait quelque chose en particulier, Diane répliqua d'un non de la tête. Elle savait ce qu'elle cherchait mais préférait vagabonder entre les rayons de ce petit coin de paradis qu'on appelle librairie.
Elle passa entre les étagères dédiées au rayon médecine et eu un pincement au cœur, une boule se forma dans sa gorge. Sa sœur, dont elle n'avait rien oubliée, était étudiante en médecine. Elle effleura du bout des doigts un des gros manuels et soupira bruyamment, le sortit de sa place et l'ouvrit. Une page au hasard, et il fallut qu'elle tombe sur celle-là.
« Une hallucination est définie comme une perception sensorielle sans présence d'un stimulus détectable[...] »
Diane eu un mouvement de recul et contempla effarée les lignes qui se suivaient, remplies de citations, de mots compliqués, de mots anciens. Elle attendait les mots, les mots dans sa tête, ces mots qui la terrorisaient jour et nuit. Ils ne venaient pas. Ces mots, ces voix qui ne venaient pas, elle était heureuse, pour une fois, elles se la fermaient. Mais en même temps cela la terrorisait. Serait-ce le signe qu'elle était réellement devenue quelqu'un d'autre ? Si oui, qui ? Cela l'effrayait, qui était-elle ? Cette question étaient revenue maintes et maintes fois. Ces mots, ces insultes, ces phrases qui la poussaient à s'auto-détruire étaient devenues une part d'elle même, et bien qu'ils la faisaient énormément souffrir, sans leur présence, elle ne se sentait plus en sécurité.
La jeune fille poussa un soupir, ferma les yeux, tenta de se calmer. A quoi bon ressasser le passé, pensa-elle. Elle reposa le livre avec précaution, comme si il avait s'agit de son souvenir le plus précieux -elle avait une grande estime pour les livres, quelques qu'ils soient- et décida de continuer son aventure dans la librairie. Diane arpenta les différents rayons une bonne dizaine de minutes avant de trouver le rayon contes.
Depuis toujours, elle aimait les contes, passion que sa défunte sœur lui avait transmise. Diane en connaissait une bonne partie, les contes français, anglais, amérindiens, tous lui plaisaient. Elle savait en raconter, en inventer, s'en inspirer, et bien qu'elle n'ai jamais trouvé le temps d'écrire, elle adorait s'asseoir par terre, devant des gens, jambes croisées et tête haute, mains sur les cuisses, et raconter le dernier qui lui avait plut, non sans ajouter quelques détails un peu marrants.
Elle prit donc un des livres se trouvant à sa hauteur, Hansel et Gretel, un de ses préférés, bien qu'elle le trouvait bien triste.
Une fois, elle avait parlé de conte avec le Chapelier, qui entre deux instants de démesure et de folie grotesque, avait des raisonnements fort intéressants. Il semblait d'ailleurs à Diane avaient parlé des heures durant, changeant de place à chaque fin de tasse de thé. Cela avait été fort instructif, jusqu'à que le lièvre de mars et le Chapelier essaient d'enfoncer le loir dans la théière (car il faut se l'avouer, ces deux là ne tenaient pas trois heures sans faire une sottise et cela faisait beaucoup rire Diane, qui ne se moquait pas, mais qui trouvait leur humour fort drôle.)
Enfin, revenons à notre conte. Diane le prit entre ses doigts fins, contempla la couverture avec tendresse et après l'avoir mémorisée de fond en comble, ouvrit le livre à la couverture épaisse et lit l'histoire. Elle s'arrêtait régulièrement, contemplant les vieilles images, dessinées à l'encre bleu devenue verte avec le temps. La jeune demoiselle aimait par dessous tout ces ambiances, de contes, de magie, de bonheur. Bien qu'elle savait maintenant avoir aussi des « pouvoirs magique » -elle trouvait ces termes désuets car à son sens réservés au super-héros- Diane trouvait la magie des contes bien plus belle et pure. Les héros s'en servaient toujours pour faire le bien, les méchants étaient méchants et les gentils gentils.
Les fins étaient toujours formidablement belles et heureuse. Alors que son conte à elle, qu'en était-il ? Il était triste, froid, noir, remplis de haine et de peur. Pas de fin heureuse. Elle s'était d'ailleurs demandée si elle pouvait un jour avoir une fin heureuse, ou une fin tout court, puisqu'elle semblait profiter d'une immortalité.
On lui avait déjà demandé son âge, elle n'en savait rien. Son âge à elle, c'était 17 ans, l'âge où tout avait sombré pour elle. Depuis, son horloge battait dans le vide, le temps s'était arrêté.
Ah, avait elle pensé, si ma vie était un conte, il y a bien longtemps que j'aurais trouvé l'amour et tout le tralala !
Elle reposa le livre une fois fini, et son œil fut de suite attiré par une couverture aux aspects bleutés, foncée, ornée de jolies motifs. Diane entreprit de se mettre sur la pointe des pieds, poussa un «
gniiih » qui consistait à se prouver à elle même sa détermination, mais rien à faire, le livre était trop haut -ou elle trop basse, ça dépend comment on voit les choses.
La petite demoiselle avait beau se mettre sur la pointe des pieds, se tourner de trois quart, sautiller, essayer d'attraper le livre par surprise -savait-on jamais, si il avait été vivant peut-être se serait il approché du rebord pour voir ce qu'elle tramait et aurait ensuite été surpris par l'élan de la chasseresse qui aurait réussi à l'attraper- rien y faisait, il ne se laissait pas capturer. Diane poussa un soupir, contrariée, et se mit sur la pointe des pieds.
Il est bien évident qu'elle aurait refusé toute aide, elle était maintenant partisane du tout toute seule, et aurait répliqué un non froid à toute personne lui proposant ne serait-ce que de rapprocher le livre de bord. Pourtant, vous le savez aussi bien que moi, ce Rp n'aurait pas lieu d'être si une âme à peu près charitable avait décidé de l'aider !