(au coin du monde) | A R I A | Dim 29 Juin 2014, 14:46
4 juin
Dionysos & Aria
Que la lumière soit
Tombe les nuits à la lueur de bougies qui fondent, et que la lumière soit ; passe les heures, que s'écoulent à jamais les secondes, et que la lumière soit ; passe les anges et les orages au-dessus des foules, et que la lumière soit. Au loin, on voit les nuages qui fondent, au coin, juste au coin du monde. Ils lèchent le sable de leurs bras faibles, ils ne sont d'abord que des vapeurs transparentes, qui prennent davantage de consistance à mesure qu'on les pénètre. La marche est simple d'abord, puis on peine, on trébuche, de plus en plus, on force pour avancer : ils sont lourds, les nuages ; ils se dressent, impérieux, puissants – c'est magistral. Ils dominent tout l'horizon, et c'est incroyable de voir comme un mot si doux peut être si imposant, si sérieux, si effrayant. Il n'y a en réalité aucune légèreté. Le pinceau de leur peintre est rageur mais délicat. Ils portent sur leurs épaules tous les maux du monde, même ceux des dieux, et parfois ils pleurent, et que s'abatte la pluie. Ils sont lourds les nuages. Ils crèvent comme des chiens, les nuages, sous le poids des pleurs du monde.
Dionysos regarde jouer son fils heureux. Il donne des coups de pieds dans les vapeurs, et rit de les voir disparaître sous ses doigts, émerveillé par tant d'éphémèrement, lui qui a toujours vécu dans le monde stable de l'immuabilité. Il court avec Le Braque de Weimar, qui perd de toute sa superbe, qui n'est plus un chien divin, mais un chien normal, à la langue pendante et joyeuse ; ils font la course, s'attrapent, se pourchassent, se tombent dessus, aboient, crient, chantent. Et de temps en temps, Priape se retourne, lève le bras en l'air et l'agite pour faire coucou à son père, qui lui répond. Il lui répond toujours. Puis Priape repart et Dionysos, assis sur son banc, étrangement sage et tranquille, le laisse faire sans jamais le contraindre. La déité est calme en ce très haut matin mélancolique. Elle a fêté l'anniversaire de son oncle Poséidon il y a deux jours, et certains incidents de la soirée – qui n'auraient jamais dû se produire – alourdissent les commissures de ses lèvres qui ne savent plus sourire. Il soupire. Que la lumière soit comme au premier jour du premier mois : que vienne l'aurore. Ils sont arrivés très tôt, quand il n'y a personne encore. Priape ne supporte pas l'idée de croiser quelqu'un, l'idée qu'on puisse le voir, l'idée qu'on puisse crier, encore et comme toujours : Monstre ! Monstre ! Et donc comme des fugitifs, ils sont partis alors que le reste du monde dort encore, pour admirer pour ce qui est la première fois pour le garçon, la mer de nuages. Elle n'est pas tendre en cette aube. Elle est oppressée et oppressante, le ciel est d'un blanc sale, et la mer est grise. Mais son silence et sa brise apaise, et très lentement, Dionysos réussit lui aussi à se détendre. S'allège son esprit et que la lumière soit. Le jour ne devrait pas tarder. Il croit entendre comme la respiration tranquille de l'île qui dort, le mouvement des nuages transformés par le vent est comme un murmure qui vous masse l'âme, et ce vent qui fouette son visage, rafraichit en même temps son coeur. Dionysos n'est pas heureux, mais Dionysos n'est pas hanté.
Ses cheveux tous gris volent au gré des bourrasques et frappent son front sans que ça ne le gêne. C'est comme la caresse d'une femme. Il tourne alors la tête sans raison – et ses cheveux se dégagent de son visage – et il regarde la plage sans fin qui s'étend à perte de vue, au loin, très loin. Il n'a pas de raison de tourner la tête comme ça, et peut-être qu'il le regrette maintenant que c'est fait. Il aurait aimé ne pas quitter des yeux Priape – il n'aurait même jamais dû. Malheureusement, poussé par une voix inconsciente, subconsciente, par un hasard, par une bizarrerrie de la nature qui le veut ainsi, il la tourne, cette tête, et il la voit. Dans sa robe blanche qui soulève un cou gracile, elle est là, postée devant la mer. Il ne sait pas ce qu'elle attend, il ne sait pas si elle attend, il ne sait pas non plus si elle l'attend, elle est juste là, simplement là, entre terre et mer, à regarder droit devant elle. C'est ses longs cheveux d'un blanc illuminé qui troublent Dionysos. Il croit voir Leona. Il se penche, pose son coude replié sur son genou, sa main pendant dans le vide. Il regarde plus attentivement, ses sourcils se froncent, et des milliers de rides en naissent. Cette aura particulière qui se dégage d'elle lui rappelle quelque chose. Il a déjà ressenti ce froid, particulier mais saisissant, quoique moindre par rapport à Leona. Sauf qu'il ne distingue pas tout de suite la différence et il est persuadée que c'est la fille de Perséphone qui se tient là, loin de lui. Mais si c'est vraiment elle, pourquoi ne vient-elle pas le voir ? Peut-être ne l'a-t-elle pas vu. Il continue de la regarder, sans prétexte, juste comme ça, parce qu'elle est juste là, simplement là. Elle ne fait rien, elle se tient royalement droite, elle regarde les nuages, comme lui auparavant. C'est alors qu'un vent étrange soulève sa masse de cheveux et les fait voler loin de son visage qu'il dégage amplement, dévoilant des traits forts différents de ceux qu'il connait. Ce n'est pas Leona, mais il a toujours aussi froid. Seulement soudain, dans son champ de vision surgissent Le Braque de Weimar et Priape, qui n'ont pas fait attention et n'ont pas remarqué la jeune femme – alors qu'ainsi seuls, ils auraient pu et auraient dû. Le visage de Dionysos, d'abord étonné, devient blême et il prend peur, mais tout ou rien l'empêchent de bouger : il regarde sans rien faire, dans une netteté, une absurdité et une lenteur ridicules, Priape tomber sous le poids du Braque de Weimar – qui ne fait que jouer – et bousculer l'inconnue. C'est cri de surprise de Priape qui le fait bondir enfin, alors que le mal est déjà fait, et il s'élance. Quittant son banc, il se précipite et avale rapidement les quelques mètres qui le séparent des autres. Il comprend vite la situation, son coeur s'emballe et panique, l'adrénaline le fait courir comme jamais, il vole, la crainte lui serre la gorge et le pire lui ricanne sous le nez. Tout d'abord, il ne regarde pas la femme que son fils et son chien venaient de déranger. Il n'a d'yeux que pour Priape, qui se relève difficilement. Il le prend par le bras, le soulève et s'assure qu'il n'a rien, répétant son nom comme un mot magique qui guérirait toutes les blessures. Priape. Priape. Priape. Et l'enfant lui aussi comprend toute la situation, dans une lucidité et rapidité que seule la crainte permet. Il comprend son erreur. Il se cache alors derrière son père – qui n'est pas très grand, voire même plutôt chétif et fragile, pendant que lui est plus massif et étroit. Il dissimule son affreux visage tout déformé dans le dos de Dionysos. L'enfant a honte de sa bêtise qui pourrait le perdre. S'il vous plait, faites qu'elle n'ait pas vu, qu'elle n'ait rien vu. Que la difformité des os qui transforme mon visage n'existe pas, que mon corps inhumain n'existe pas, que ma bouche distordue et mes pomettes comme des poignards n'existent, faites que je n'existe pas. Et des larmes commencent à naître dans ses yeux pitoyables, si étranges et laids qu'on serait en droit de se demander s'ils savent voir. Dionysos sent dans son dos les tremblements de son fils apeuré, qui agrippe ses vêtements comme on s'agripperait à la vie. Dionysos voudrait pleurer lui aussi, et disparaître. Mais il est père et dieu, et de par son premier statut, il sait trouver le courage et les mots :
DIONYSOS (après un bref rire nerveux et gêné) – « Excusez-le, il n'a pas fait attention. Il est jeune et vous devez sûrement comprendre ce que c'est... à cet âge... »
Et il regrette, parce que son fils est si laid qu'on ne saurait pas même lui trouver un âge en le regardant. Il se sent bête. Il la regarde dans les yeux, accroche son regard pour qu'elle ne voit rien d'autre. Il s'inquiète : elle est belle. Elle est belle comme la mère de Priape, et ces femmes belles peuvent être impitoyables face aux gens comme Priape. Ces yeux cristallins, ce visage fin et sans défauts, cette chevelure soignée et soyeuse, tout ça transpire de perfection et eux-deux, des dieux, ils semblent pitoyables. Dionysos n'aurait pas eu peur, pas du tout, s'il avait été seul. Mais il ne l'est pas, son fils est là, tout tourne autour de ce fils monstrueux qui ne sait pas relever les regards, qui n'a rien entre son coeur et le reste du monde, et n'importe qui, juste par les yeux, est capable de le détruire, ce pauvre petit coeur, le frapper, le blesser, le faire signer. Mais Dionysos se dresse comme un rempart à ces flèches, parce que lui, parce que c'est son fils et que même s'il a du mal lui aussi parfois, à poser des yeux sur lui, il reste néanmoins son père. Il tente un sourire maladroit. Et à mesure qu'il la regarde, le froid prend plus de place entre ses entrailles, et s'installe, et appose son nom, et résonne, comme le glas.
Coeurs : 51 Messages : 418 Couleurs : Silver J'ai traversé le portail depuis le : 02/04/2014 et on me connaît sous le nom de : Bunny Mon nom est : Aria Stella Althéa Ashcrown Il paraît que je ressemble à : Calista [TLS] & Kisara [YGO!] (IRL : Caitlin Stasey) et à ce propos, j'aimerais remercier : Hika pour l'avatar ♥, Nate pour le gif EarlAria **
Re: (au coin du monde) | A R I A | Dim 03 Aoû 2014, 21:24
Au coin du monde
Dionysos & Aria
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Tic. Tac. Tic. Tac. Ce bruit était incessant. Entêtant. Abrutissant. Mais surtout, il était seul à troubler le silence. Dans le manoir, pas un seul pas feutré ni un seul murmure au secret ne venait troubler la paix des résidents. Pourtant, Aria n'arrivait pas à trouver le calme. Elle était seule, recroquevillée en position fœtale sur le canapé d'un petit salon, à contempler les heures défiler vainement, les paupières lourdes d'un sommeil qui ne voulait l'accueillir dans ses bras. Ses pensées suivaient le même mouvement que le balancier de la grande horloge : elles faisaient des allers-retours qui pesaient sur sa conscience. Et son corps aussi avait suivi un mouvement similaire, lorsque la demoiselle avait tenté de s'endormir entre ses draps. Tic, tac. Elle avait l'impression d'être une pendule destinée à ne jamais cesser ce mouvement régulier de balancier indolent. À ne jamais trouver le repos. Ce n'était pas faute d'avoir essayé. Mais la vampire avait eu beau fermer les yeux, compter les moutons, se passer des chansons calmes en boucle et s'inciter à la détente, rien n'avait fonctionné. Alors elle avait tout simplement attendu d'en avoir marre d'être allongée pour s'installer ailleurs. Ces crises d'insomnie qui la prenaient parfois étaient agaçantes durant les deux premières heures mais, après, la fatigue et la lassitude balayaient tout le reste. Dommage qu'ils n'embrument pas son esprit au passage.
Le menton posé sur les genoux et ses bras entourant ses jambes repliées, Aria lâcha un soupir et releva laborieusement la tête. Juste assez pour pouvoir caler son front là où se trouvait son menton l'instant d'avant, enfouissant ainsi son visage. La chaleur confinée dans cet espace au creux de son corps lui fit du bien, assez pour qu'elle ferme les yeux. Elle resta ainsi une bonne dizaine de minutes encore. Ensuite, l'héritière libéra ses jambes de leur étreinte pour les déplier et poser les pieds au sol, près de son affilié. Regulus lui ne souffrait d'aucun trouble du sommeil : il s'était roulé en boule et respirait doucement. Elle le regarda un instant, un maigre sourire sur son visage dont les traits devaient être tirés, puis fit glisser son regard jusqu'à l'horloge. Quatre heures quinze. Encore trois heures à attendre avant que l'habituelle et agréable activité matinale ne gagne le manoir. Mais elle ne voulait pas attendre aussi longtemps avant de bouger de sa place. L'immortelle se leva donc, en manquant de trébucher bien qu'elle s'y soit pris doucement. Le bruit qu'elle fit en se cognant le pied contre le fauteuil suffit à réveiller le tigre blanc, qui lui fit comprendre d'un regard qu'il était blasé mais se leva néanmoins à son tour. Quand il eut fini de bailler et de s'étirer ils remontèrent dans la chambre pour qu'elle enfile une robe, des bottes ainsi qu'une cape, puis quittèrent discrètement la demeure familiale.
L'avantage de n'avoir aucune destination en tête, c'est qu'on fait ce qui nous passe par l'esprit sans vraiment réfléchir. On se laisse aller, tout simplement. C'est justement ce que firent Aria et Regulus – enfin surtout Aria, Regulus se contentait de la suivre en disant parfois qu'il aimerait bien être en train de dormir. Au bout d'un moment, ils arrivèrent à la mer de nuages. Le soleil commençait à montrer ses premiers rayons, éclairant l'horizon et teintant le ciel de couleurs majestueuses. Notre Ashcrown contemplait le paysage de carte postale tout en arpentant lentement la plage. Les quelques bourrasques la forçaient à resserrer sa cape en frissonnant, mais cela en valait la peine. Cette vue magnifique, l'ambiance des bords de mer déserts au petit matin et le vent qui soulevait parfois sa longue chevelure la revigoraient. Rapidement, son lié s'éloigna pour s'amuser dans les nuages. Elle le regardait faire de temps en temps avec le sourire, tout en puisant un peu d'énergie dans cette scène. Au bout d'un moment, la sang pur s'arrêta pour se tourner vers le lever de soleil que le blanc des nuages sublimait. Elle abaissa les paupières en prenant une grande inspiration, puis affaissa les épaules tout en expirant doucement, l'esprit désormais ailleurs. Elle était dans sa bulle.
C'est pour cela qu'elle ne remarqua pas la présence d'un enfant et d'un chien, non loin. En revanche Aria ne put en faire abstraction plus longtemps lorsque, emportés dans leur élan, les deux joueurs la bousculèrent. N'étant pas préparée au choc elle dût faire deux pas chancelants en se concentrant sur ses pieds pour ne pas tomber, puis se tourna vivement vers la cause de son déséquilibre. Ce qu'elle vit ? Un chien d'apparence ordinaire et un gamin aux traits particuliers. La surprise l'empêcha de se mettre à réprimander les deux canailles immédiatement, ce qui laissa tout juste assez de temps à un homme d'âge apparemment mûr de s'interposer précipitamment. Avec son intervention il attira l'attention de la jeune femme sur lui, mais cela ne l'empêcha pas de remarquer l'enfant se cacher derrière lui. La logique voudrait que ce soit son père, donc. Et le fait qu'il s'excuse à la place du garçon ne fit que le lui confirmer, puisque seul un parent est capable de prendre ainsi la défense d'un enfant. Mais elle n'eut pas le temps de répondre, car Regulus surgit brusquement entre les deux adultes et grogna tout bas. Elle apposa une main apaisante sur sa fourrure, un contact qui suffit au tigre pour qu'il retrouve son calme, puis prit enfin la parole de son ton froid et neutre.
« Rassurez-vous, je comprend. Ce serait plutôt à moi de m'excuser, mon affilié n'a pas très bon caractère. » Elle baissa ensuite légèrement le visage pour jeter un regard dans la direction du petit, avant de le retrouver son port altier. « Je suppose qu'il s'agit de votre fils ? » Demanda-t-elle, tout en fixant avec plus d'attention cet inconnu. Il semblait dégager quelque chose que la demoiselle n'avait jamais connu auparavant. Son aura était telle qu'elle savait par instinct qu'elle ne pourrait pas le mordre, même si elle mourrait de faim. Qui était-il ? Le mystère l'entourait. Elle était curieuse d'en apprendre plus sur lui. Mais avant tout, elle préféra enchaîner par « Je ne me serais pas énervé ni n'aurais cherché à le blesser s'il s'était excusé par lui-même. Vous êtes très protecteur envers lui, n'est-ce pas ? ». Au moins, on ne pouvait pas lui reprocher de ne pas être directe.
[HRp : .... PARDON PARDON j'ai un retard mooooonstre QwQ -va se pendre- J'espère que ça t'ira, si jamais tu peux me Mpotter ;;]