Le monde est petit, ma malchance est grande.

Je réouvrit les yeux. Où étais-je ? Je n'en savais rien. Je contemplais ce paysage qui m'entourait, digne d'un rêve. La neige tombait à gros flocons sur l'herbe déjà gelée et blanchâtre. Je soufflait dans mes mains pour les réchauffer un tant soit peu. Il faisait froid, par conclusion, j'avais froid.
J'avançais, un petit pas pour l'homme, un... petit pas pour moi, aussi, je voulais éviter de me manger le sol dès mon arrivée.
Je tournais la tête, droite, gauche, droite, gauche, comme au passage piéton, personne, le désert froid, nada, seul au monde. C'est vrai, si quelqu'un avait été en face de moi, je l'aurais enguirlandé pour une RNV ( Raison Non valable), mais la solitude était tout de même vraiment pesante.

Je sentis quelque chose bouger dans mon sweat, baissai la tête et remarquai, surpris, que j'avais oublié le chat. A qui je devais trouver un nom, et j'avais beau réfléchir (Que ce fut dur), je ne trouvais rien. Je décidai donc de l'appeler « Le chat » jusqu'à nouvel ordre. Quand serait-il, ce nouvel ordre ? Je ne le savais pas.
Je levai le nez : La neige tombait toujours. Quelle heure était-il ? Je baissai la tête -Que je devais avoir l'air idiot à lever et descendre la tête comme cela-. Merde. Shit. Kuso. Ma montre. Cassée. Je criai un grand «  PUTAIN FAIT CHIER, MONDE DE MERDE, J'AI FAIS QUOI A L'AUTRE CON DE DIEU !? ». Quand j'y repense, heureusement que personne ne m'entendait à ce moment là. Impossible de connaître l'heure, le ciel blanchâtre m'empêchant de voir le soleil/la lune. Décalage horaire ? Pas décalage ? Si c'était le cas, j'en déduisais qu'il devait être trois heures trente/ quatre heures du matin. Et le pire c'est que je n'étais pas fatigué. Aah, le corps adolescent, si décalé soit-il, est fort avantageux.

Après avoir gueulé un bon coup, je me décidai à partir à l'aventure. J'avançais sans but précis, la neige craquant sous mes pas, le silence régnait, comme le roi règne sur son royaume, silencieux, son regard froid voulant tout dire, sa droiture admirée et crainte à la fois.
Je gardais le chat contre moi, comme si sa chaleur m'était rassurante. Non, je n'avais pas peur, loin de là, mais le silence est pesant quand nous ne savons rien. Le sot n'a pas peur quand il est seul, il ne connaît pas les risques du monde. Mais moi, si.

J'arrivai sous un arbre, un grand sapin, couvert de neige. Je senti mon nez me piquer, et je lâchait un énorme «  Atchoum », tout sauf discret. Et voilà, ça me manqua pas, toute la neige qui se trouvait au dessus de moi me tomba sur la gueule. Je faillit m'affaisser sous le poids de la chute de celle-ci, et bien que j'arrivais à tenir sur mes deux jambes, j'étais maintenant trempé comme une souche.

En plus d'avoir froid, j'étais trempé, et en plus d'être trempé, j'avais le chat qui miaulait, si il n'avait pas la chance d'être mignon, il aurai fait un plongeon dans la matière froide qui se trouve sous mes pieds. Je respirai un grand coup afin de dissiper , et choisit ensuite de marcher, sans but fixe, devant moi. Après tout, « tous les chemins mènent à Rome », logiquement, j'étais sensé arriver quelque part. On s'en foutait que ça soit Rome ou pas ! Mais tant que j'étais dans un endroit nommé, ça m'allait. Car croyez moi ou non, mais être à nul-part, c'est tout de même vachement stressant.

« "Tu t’es perdu ? Je suppose que c’est toi qui vient de crier, non ?" »

Je me retournais vivement, et aperçus un jeune roux. Si j'avais dû désigner un visage pour l'originalité, ça aurait été lui que j'aurais choisi. Gelé, pour le pas dire totalement paralysé, je n'arrivais même pas à bouger. Ma fierté m'empêchant d'admettre véritablement que j'étais totalement perdu, je me contentais de hausser les épaules.



"Un chat…"
Okay... J'étais encore tombé sur un mec qui tombe des nues ou bien ? Enfin, en même temps, je le comprenais, un chat c'est tout simplement l'incarnation d'un Dieu, d'une perfection, ça uni beauté, utilité, et charme. Pire qu'un pokémon.
Je réussi enfin à bouger mon corps tout engourdit, ayant retrouvé ma liberté de mouvements et ma capacité à réfléchir et à parler. Je m'avançais doucement vers lui, prenant mon air le plus je-m’en-foutiste possible, et penchais la tête :

« Ouais, un chat. J'l'ai trouvé y'a pas longtemps. Dis, toi qu'à l'air d'être ici, tu m'expliques pourquoi j'ai atterris ici sans raison apparente, s'teuplais ? »

Je n'attendis même pas qu'il finisse sa phrase pour commencer ma marche, espérant qu'il suivrait.

L'eau qui dégoulinait maintenant sur mes vêtements me gelais. Vous connaissez le jeu qui consiste à mettre des glaçons dans le dos de son adversaire ? J'avais l'impression d'y jouer tout seul. Le chat, prénom tout à fait remarquable je le conçois, ronronnait contre mon torse, tout mignon, tout trempé. J'étais sûr et certain de le garder, hors de question de le laisser seul ici, surtout si ils sont tous aussi illuminés que l'autre roux.