Retrouvailles impromptues [Nay' & Josh]

La kirin enrageait. Encore ces maudits chasseurs de baleines ! Ils n’avaient aucun scrupule à chasser cette espèce menacée, sous le prétexte que leur chaire pesait son prix d’or. Nayla avait entendu le chant de détresse du mastodonte des mers. Comment pouvait-on s’en prendre à un animal aussi inoffensif ? Elle trouvait cela injuste. Les humains n’avaient vraiment aucune compassion pour le règne animal ! Elle se demandait souvent pourquoi les Dieux les laissaient vivre ainsi. Leurs créateurs avaient certainement de bonnes raisons, Nayla n’en doutait pas, cependant, il lui était de plus en plus difficile de supporter l’égocentrisme et la cruauté de la race humaine. Elle ne pouvait pas intervenir n’importe quand, le risque que les humains l’aperçoivent sous sa forme de kirin était trop élevé. Cependant, voir cette pauvre créature transpercée d’un harpon lui déchirait le cœur. Prenant finalement une décision, elle fit appel à son pouvoir pour créer une grande vague, et la dirigea vers le bateau clandestin. Dès qu’elle entendit les cris d’alertes des humains, elle profita de sa diversion pour foncer vers la baleine en détresse.

Arrivée à sa hauteur, elle pencha la tête sur le côté pour attraper le harpon dans sa gueule, et tira de toutes ses forces, tout en veillant à garder son emprise sur la vague qui assaillait le navire. Après un effort considérable, elle sentit le harpon se dégager. Tirant un dernier coup sec, elle libéra enfin le cétacé, sans lui éviter de souffrir pour autant. Le gémissement cristallin de l’animal lui comprima le cœur, cependant elle était obligée de passer par là. Elle lâcha aussitôt l’arme et s’approcha de la créature terrifiée, en reprenant sa forme humaine pour lui éviter une nouvelle frayeur. Elle posa sa main à l’endroit de la blessure et commença à la soigner. Vu la profondeur, cela lui prendrait un certain temps, et elle ne pouvait pas tenir la vague en même temps. Heureusement, la baleine eut la bonne conscience de plonger pour disparaître de la vue de ses chasseurs. Nayla s’agrippa comme elle put pour rester en place. Le fait que l’animal fut immergé lui facilita la tâche, et bientôt elle put la quitter.

Épuisée par tant d’efforts, elle utilisa la force qui lui restait pour créer un portail vers l’île de Sanctuary of Heart. Celle-ci portait bien son nom ; le lac qu’elle avait investi lui servait de sanctuaire, un lieu de paix qui lui permettait de refaire ses forces, ou tout simplement de se détendre. Elle traversa le cercle lumineux sans hésiter. Comme toujours, le changement de salinité de l’eau lui fit un drôle d’effet, bien qu’elle commençât à s’y habituer. Excellente nageuse, elle regagna la surface en quelques brasses, puis prit pied sur la petite plage de galet et de sable. Le dos tourné au lac, elle s’assit en tailleur pour reprendre son souffle. Elle sentit une grande fatigue l’envahir. Ses sauvetages devenaient de plus en plus ardus, surtout qu’elle devait éviter de se faire voir. Cela impliquait également de laisser les humains s’en tirer… Elle prit une grande bouffée d’air frais, et expira longuement, pour refluer sa colère. Ses longs cheveux blond très clair, détachés, ondulaient dans son dos et formaient un petit tapis soyeux autour d’elle. Elle ne les coupait jamais, aussi ils lui arrivaient jusqu’aux genoux lorsqu’elle se tenait debout. Sans s’en rendre compte, le sommeil la gagna, et son corps s’affaissait petit à petit sur le sol humide.

Ce fut un clapotis de l’eau qui l’éveilla. Elle ouvrit les yeux, surprise de s’être laissé aller de la sorte, surtout que la dernière fois lui avait couté sa liberté. Elle se redressa et se frotta les yeux, éblouie par la lumière du soleil. Un rapide coup d’œil vers le ciel lui apprit que la journée était déjà bien avancée. Combien de temps avait-elle dormi ? Elle ne se souvenait même pas de l’heure qu’il était lorsqu’elle était revenue de l’Océan Atlantique. Elle mit sa main devant la bouche pour masquer un bâillement puis s’étira. Elle avait mal partout. Elle avait l’impression d’avoir été broyée par un rocher. Un bain lui ferait le plus grand bien. Elle se leva avec difficulté. Jamais elle ne s’était sentie aussi rompue. Ce n’était pourtant pas la première fois qu’elle entreprenait un tel sauvetage, et elle avait traversé des épreuves plus ardues. Mais, peut-être était-ce tout simplement un excès de fatigue. D’ailleurs, qu’est-ce qui l’avait réveillé ? Dans l’optique de le découvrir, et de se baigner par la même occasion, elle se tourna vers le lac, prête à s’enfoncer dans l’eau. Elle s’immobilisa avant d’avoir fait un seul pas. Elle n’était pas seule.

Elle distingua, sur la rive ouest, une silhouette à moitié immergée dans l’eau. Ce devait être cette personne qui avait provoqué le bruissement de l’eau. De là où elle était, la kirin ne distinguait pas ses traits, cependant elle crut apercevoir une tignasse rousse. Elle plissa les yeux, tentant de saisir le souvenir qui lui titillait l’esprit. Il lui semblait avoir déjà vu cette couleur, mais où… soudain curieuse de découvrir l’identité de la silhouette inconnue, elle prit sa forme de kirin, au cas où la personne aurait de mauvaise intention, et plongea silencieusement. Sa vision aquatique l’aida à se repérer dans cet univers sous-marin. De sa nage ondulatoire, elle se rapprocha rapidement de l’intrus. Lorsqu’elle fut suffisamment proche, elle regagna la surface et sortit la tête de l’eau, sans un bruit. Oui, elle connaissait cette silhouette. Mais ce ne fut que lorsque leurs regards se croisèrent qu’elle se souvint.

« Nous nous connaissons, il me semble » lança-t-elle de sa voix télépathique cristalline, tout en se rapprochant. « Oui, je me souviens de vous. »

Ça y’est, à présent tout lui revenait. C’était lui qui l’avait libérée, avec sa jeune compagne. Son étonnante chevelure de feu lui avait marqué l’esprit. Elle avait conscience que l’individu pouvait se sentir en danger, face à une créature légendaire de son acabit, et de plus, il ne se souvenait peut-être pas d’elle sous cette forme. Aussi, elle redevint humaine. Aussitôt ses cheveux flottèrent autour d’elle, tandis que sa robe immaculée s’imprégna d’eau et se colla à sa peau. Les prunelles de la kirin, d’un bleu si pur, se posèrent sur le visage du jeune homme. Le regard de Nayla, porteur du poids des siècles, contrastait avec sa jeunesse apparente. Sa voix douce et suave brisa le silence qui venait de s’installer.

« Vous m’avez sauvée, vous et votre jeune amie. Je n’ai pas eu le temps, à l’époque, de vous exprimer toute ma gratitude, mais je n’oublie pas que j’ai une dette envers vous. Comment pourrais-je vous remercier ? »

Elle était contente d’avoir retrouvé l’un de ses libérateurs. Elle avait bien pensé à les rechercher, mais la taille de l’île et sa population l’avaient quelques peu découragée, d’autant plus qu’elle devait également faire des allers et retours réguliers sur Terre. Une expression indéchiffrable sur le visage, elle scruta celui de son sauveur, guettant sa réponse.

Petit, te souviens-tu de ton enfance ? Abandonné par les tiens, tu as trouvé refuge là où tu n'étais pas à ta place. Ton côté animal contrasté avec l'immense pureté des anges, une tâche au milieu du paysage ... Mais tu n'as jamais rien dit. Tu as toujours continué ta vie comme si celle-ci avait toujours été ainsi, et ce depuis ta naissance. Les Dieux t'avaient offert une chance de vivre, une chance de t'épanouir tel un fragile bourgeon qui avait été attaqué par le soleil, le vent et les insectes. Tu as saisi ta chance, et te voilà : fier, droit et souriant, tu as su ouvrir ton cœur et déballer tes pétales aux yeux de tous sans crainte d'être de nouveau blessé. Croquant la vie à pleine dent et pas que … Les femmes. Depuis ton échec avec l'élue de ton cœur -ta belle-sœur- les femmes te sont tombées par millier. Bon, d'accord j'exagère énormément, mais ce domaine t'était très bien familier. Ton côté charmeur, vaillant, et gentleman avaient le don de rendre n'importe quelle 'princesse' folle de toi. Étais-tu né pour les combler ? Qu'en sais-tu. Rien. Tu ne fais que suivre le chemin que tu as toi-même décidé d'emprunter et qu'importe où celui -ci te mène, tu ne reculeras jamais, car de toute façon jusqu'ici aucun obstacle c'est présenté à toi et tu n'es pas le genre de personne à reculer dès la première difficulté … Tes proches le savent très bien, tu t'es formé un caractère, une perception des choses et un art de contourner les problèmes ou de les tourner à ton avantage. C'est donc avec fierté que tu t'es levé pour une énième journée ensoleillée. Oui, il faisait beau, il faisait chaud et tu n'avais qu'une hâte : laisser ton corps se noyer dans un bain de soleil et d'eau douce : le lac. Pourquoi pas ? C'était le premier endroit qui te vint à l'esprit en ouvrant en grand ta fenêtre, juste avant d'inspirer une grosse goulée d'air frais émanant de la ville effervescente. Tu aimais la foule, tu aimais les jolies filles, mais parfois tu appréciais bien le calme et là-bas tu étais quasi certain de trouver ce que tu cherchais. Alors tu te changeas et te glissa en dehors de ton appartement.

En ouvrant la porte, tu tombas nez à nez avec ta voisine : brune, yeux verts, un peu rondelette, elle était d'une douceur incomparable. Tu la saluas comme il se doit et piqua une fleur qui ornait le bouquet d'un inconnu pour la lui tendre. Elle se mit à rire doucement avant d'enfermer délicatement la fleur entre ses doigts, bouche bée. Ici, la vie sur l'île était presque identique à celle sur la terre : les femmes rondelettes étaient moins bien vues que les demoiselles à poids plume ; tristes visions des choses. Stupidités. Toutes les femmes se valaient, il n'y en avait pas une plus belle que les autres : c'était faux. Quoi que … À travers les yeux d'un amant, il se pouvait bien que cela en soit autrement … Ce qui est au final logique. Un homme éperdument amoureux n'a d'yeux que pour un seul être à un point que toutes les autres deviennent invisibles. Mais la vie contient-elle encore ce genre d'Homme ? Tu crains que non. Trahison. L'Amour pur et sincère commence à disparaître. On va voir ailleurs autant que possible … On trompe. On blesse. Qui se rend compte de ses erreurs avant qu'il ne soit trop tard ? Personne. On est tous coupables. Toi-même tu l'es. À quelques choses prêts … Éternel célibataire, tu te voues juste au bien-être de tout le monde comme pour rattraper ton passé. Tu es volatiles et si un jour cela change … Car oui, la vie est faite d'imprévus, tu te jures d'être fidèle et de n'avoir d'yeux que pour celui ou celle qui t'aura fait oublier ton premier coup de foudre. Tu ne veux pas être un salopard, tu te veux juste et bon. En attendant … Tu restes un gentilhomme pour tous et toutes.La vie est faîtes de trésors ensevelis sous des trombes d'eau, cruellement abandonnés tu ne cherches qu'à les remonter à la surface pour qu'ils soient admirés et convoités à nouveau …

Te voilà enfin à ton lieu de prédilection. Personne. Cela ne t’étonna guère. Ôtant ta chemise blanche avec juste le bout de tes doigts, tu la déposas soigneusement au sol près de ton roman à l'eau de rose que tu avais choisi avant de quitter tes appartements. Le fond de l'air était frais, l'eau créa des sillons à ton passage et la chair de poule te mordit vivement la peau. Alors tu sortis aussitôt, tremblotant tu t'engouffras dans ta serviette et vins te perdre dans ton bouquin.

Le temps défila sans que tu ne t'en rendes compte, il était midi bien passé et ton ventre n'avait toujours pas déclaré famine. Si le vent n'avait pas ébouriffé avec violence ta tignasse, si les pages de ton livre ne s'étaient pas subitement emballées, tu n'aurais pas redressé la tête pour admirer le ciel. Peu de nuages, un soleil bien haut placé, un air plus chaud : un temps devenu idéal pour enfin se jeter à l'eau ! Ni une ni deux, tu n'hésitas pas cette fois et tu entras en trombe dans l'étendu longtemps resté immobile. Les poissons dégagèrent immédiatement le passage, apeurés par ta soudaine présence. Oui, tu étais allé tête la première dans ce vaste monde souterrain, l'eau te fouetta le visage, mais tu n'y tins pas compte. Tu te sentais bien, tu te sentais revivre comme lavé des impuretés de la ville … Tu n'étais pas un hybride comme les autres … Ta race avait une très longue histoire liée aux Dieux. Rien à voir avec un simple hybride chien ou chat que l'on pouvait croiser à chaque coin de rue. Un phénix. Un animal mythologique aujourd'hui presque disparu. Tu n'en avais jamais revu depuis … Non, en fait tu n'en avais jamais vu d'autres de ta vie. Peut-être restaient-ils tous à l'état sauvage ? Bien à l'abri des dangers ? Parfois, toi aussi tu ressentais le besoin de t'isoler, de déployer tes ailes discrètement … Toi qui d'habitude adorais capter toutes intentions, tu ressentais le besoin d'être entièrement libre, de ne plus résister à l'appel de la nature. Nature qui aujourd'hui t’envoûtait plus qu'autre chose …

Alors, au milieu de cette étendue d'eau, tu remontas à la surface, nageas encore quelques mètres et … Au moment où tu allais prendre ta forme animale, tu sentis un fin mouvement d'eau tout prêt de toi. C'était … Énorme ! Tes yeux d'une rare couleur d'ambre s’écarquillèrent devant ce qu'il venait de surgir. Tu ne bougeas pas, pas un cil, pas de mouvements brusques surtout lorsque cet animal t'adressa la parole à l'intérieur de ton être. Tu te contentas de l'observer silencieusement quelques instants avant de te remémorer l'une de tes aventures auprès d'une autre mythologique. Cela faisait pas mal de temps à présent et il y avait bien une chance sur un million pour que cet être qui se dressait devant toi se trouvait être la jeune femme que tu avais libérée. Une chance sur un million oui … Je crois que tu pouvais jouer au loto ce soir … C'était bien cette femme, tu n'oubliais aucun visage et le sien n'était point une exception : ces prunelles d'un bleu azur, ces longs cheveux d'un blond blés et son visage semblant si doux … Elle était belle. Sa beauté était irréelle. « Me remercier ? Vous venez de le faire. Cela me suffit amplement. » Tu marquas une pause, battant des jambes discrètement pour ne pas t'enfoncer dans les abysses, tu recherchais un peu de stabilité avant de reprendre le fil de la conversation. « Vous avez meilleure mine depuis l'autre fois, vous m'en voyez ravi. Je me suis quelque peu inquiété durant tout ce temps, mais j'aurais dû savoir que vous n'étiez point une faible personne. Veuillez m'excuser. » Tu reculas un peu à la recherche d'un nouveau point d’équilibre et ton pied heurta malheureusement une pierre : peu de violence dans ce geste, seulement la faute à pas de chance, car celle-ci, pointue, écorcha superficiellement ta peau. Non tu ne bronchas pas, certes, mais la vive douleur te picota et t'obligeas à rompre le rythme que tu t'étais imposé. Ce manque d’équilibre te fit baisser d'un niveau: jusqu'ici ton torse tout entier était resté à la surface grâce à la force de tes jambes musclées, à présent ton menton trempait dans le jus ! « Pouvons-nous continuer notre conversation sur terre ferme ? Ou au moins là où mes jambes puissent me porter ? À moins que vous ne soyez occupée, dans ce cas-là je vous laisserai sans dire mot. Après tout, nous avons tous une vie bien remplie. » Dis-tu en souriant.

HRP : j'ai pas pu résisté à la tentation, j'étais tellement inspirée *w* ton post était juste sublime o:

Nayla avait une très bonne mémoire, détail qui facilitait sa nature rancunière. Elle n’oubliait jamais les évènements marquants. Alors, elle se souvenait parfaitement de sa libération. Ce jeune homme à la chevelure de feu accompagnait la jeune fille qui l’avait sorti de son immense cage. Si elle était rancunière, la kirin était également reconnaissante envers les individus qui lui rendaient service. Elle récompensait toujours les efforts justement délivrés. Pour cette raison, elle avait recherché ses libérateurs lors de son arrivée sur l’île, sans succès. Sanctuary of Heart était assez étendue, et ses villes, peuplées. Nayla n’aimait pas la foule et elle se rendait rarement dans les cités. Ce devait être pour cette raison que sa route n’avait plus recroisé celle des jeunes gens. Elle avait même pensé qu’ils n’habitaient pas sur l’île, mais à présent, elle était fixée.

La kirin était contente de l’avoir retrouvé, même si son visage impassible n’exprimait pas son ressenti. Seule la lueur dans ses prunelles reflétait en partie son émotion. A présent, elle pourrait remercier comme il se devait le jeune homme à la chevelure de feu. Mais, elle reprit d’abord sa forme humaine, car elle avait bien perçu la stupeur de son sauveur. Ses yeux d’un bleu si pur le détaillaient, mus par la curiosité. Elle s’aperçut alors de la couleur unique des prunelles de l’étranger. D’un ambre presque doré, ils l’observaient également. Absolument inconsciente de l’effet qu’elle avait produit sur le jeune homme, elle lui demanda comment le remercier. Il lui fournit une réponse des plus curieuses. La kirin écarquilla légèrement les yeux, puis inclina la tête sur le côté, signe qu’elle s’interrogeait sur cette révélation. Que voulait-il dire ? Puis, elle ressentit un certain plaisir, de découvrir que son libérateur n’était pas cupide comme les autres. Il se contentait de sa présence… comme c’était étrange ! Elle ne le comprenait pas, mais… cette réponse la ravit, dans un sens.

« Je vois… Tant mieux. Mais, si jamais vous avez besoin de quelque chose, n’hésitez pas. »

Malgré la réponse de son interlocuteur, Nayla n’estimait pas avoir payé sa dette. Viendrait certainement un jour où ce jeune homme aurait besoin de ses services. Et elle répondrait présente. Elle n’oubliait pas les services rendus, et payait toujours ses dettes. L’individu s’exprimait avec un vocabulaire soutenu. Nayla était agréablement surprise. Elle appréciait la bonne éducation de son sauveur. Elle avait eu une bonne impression de lui, lors de leur première rencontre, mais il lui était déjà arrivé de se tromper. A présent, elle avait confirmation. Elle en était d’autant plus réjouie. L’individu reprit la parole, de ce ton si posé, avec des mots si soigneux. Oui, la kirin l’appréciait beaucoup. Il lui rappelait son ami Arwenn, mais, c’était aussi différent… elle ne saurait l’expliquer.

Nayla cligna des yeux de surprise. Elle ne s’attendait pas du tout à ce qu’il s’inquiétât de sa santé. Décidément, ce jeune homme était fort plaisant. Le masque impassible de la kirin se transforma légèrement, laissant transparaître un air réjoui, ce qui pouvait être comparé à un sourire chez le commun des mortels. Mais Nayla ne souriait pas aussi facilement. Elle scruta un instant le visage de son libérateur, tentant de déchiffrer son expression. Mais elle était trop solitaire pour avoir l’habitude de décrypter les émotions des gens, autres que la peur ou la surprise. Galant, le jeune homme s’excusa même de l’avoir prise pour une faible personne. Il était poli et attentionné.

« Je… je vous remercie. Oui, je vais bien mieux à présent, avec toute cette eau. Mais ne vous excusez pas, ce n’est pas grave. J’étais bien mal en point, à l’époque, privée d’eau... »

Repenser au traitement que les humains lui avaient infligé fit ressurgir sa haine. Son visage se crispa l’espace d’un instant, tandis que son regard se perdit dans la contemplation d’un point invisible. Elle ne laisserait plus jamais ces sales égoïstes lui faire du mal, à elle, ou à ses protégés. Ils l’avaient poussé à achever ce pauvre dauphin… Elle ferma les yeux, lèvres pincées, et inspira une grande bouffée d’air frais, se laissant immergée un peu plus. Comme d’habitude, l’eau douce apaisa son tempérament. Elle rouvrit les paupières, à nouveau sereine.

« Pardonnez-moi, ce n’est pas contre vous. »

Le pauvre devait avoir cru, l’espace d’un instant, qu’il avait mal parlé. Elle avait conscience qu’elle s’emportait vite, mais cela faisait partie de sa nature… quoi que le comportement des terriens y fût pour beaucoup. Elle avait assisté à tant d’horreur, qu’elle perdait foi en l’humanité. Fort heureusement, les êtres magiques étaient différents, en général, surtout ceux qui habitaient sur l’île. Elle ne vit pas toute de suite que le jeune homme à la chevelure de feu peinait à se maintenir hors de l’eau. Avec sa grâce naturelle dans l’eau, la kirin n’avait pas besoin de faire des efforts pour y parvenir. Excellente nageuse, elle pouvait en plus respirer sous l’eau, grâce à son héritage. Elle ne s’en rendit compte que lorsque ses yeux durent se baisser pour se poser à nouveau sur son interlocuteur.

« Oui, bien sûr. Entretenir une conversation avec vous ne me dérange point, au contraire. Je n’ai rien de particulier à faire.»

Elle le contourna en quelques brasses pour rejoindre la rive du lac. Dès qu’elle eut pied, elle laissa ses jambes la porter. Les manches amples de sa longue robe blanche traînèrent encore un instant sur la surface de l’eau. Lorsqu’elle fut sur la terre ferme, elle commença à essorer sa chevelure platine. Puis, prenant conscience d’un détail, elle ordonna à l’eau de quitter corps et tissu, d’un geste de la main. En une quinzaine de seconde, elle fut parfaitement sèche, ses longs cheveux ondulés cascadant dans son dos. Elle fit face à l’étranger, une expression inhabituellement douce sur le visage.

« Mais quelle impolie je fais, je ne me suis pas présentée. Je m’appelle Nayla. » dit-elle en inclinant la tête pour le saluer. « Soyez le bienvenu chez moi. »

Quelle hôte indigne faisait-elle ! Elle avait été tellement réjouie de retrouver celui grâce à qui elle était libre, qu’elle en avait oublié ses bonnes manières. Elle resta immobile tandis que son interlocuteur la rejoignait. Soudain, elle sentit une odeur métallique, diffuse. Elle fronça le bout du nez. Elle reconnaissait cette fragrance, il s’agissait de celle du sang. Et elle provenait du jeune homme. Elle inclina la tête sur le côté en fixant ses pieds.

« Vous vous êtes blessé ? » le questionna-t-elle, la mine inquiète, prête à le guérir si besoin.

**Re: Retrouvailles impromptues [Nay' & Josh]** |

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