| Aphrodite | ღ Now, I fuckin' hate you, mom .. | Mar 04 Mar 2014, 21:29 | |
| Je me secoue légèrement dans mes couvertures. Il y a du mouvement dans la cuisine, je crois que c'est mon père et mon frère qui s'engueulent. Je lâche un profond soupire, lâchant tout l'agacement qui se serait trahis dans ma voix. Je ne suis pas fan de discussion en ouvrant les yeux dès le matin, alors je me tortille un peu dans mes couettes pour me retrouver sur le dos à regarder le plafond. Aujourd'hui, c'est une journée très spéciale. C'est mon anniversaire. Mes pupilles sont fixées sur un point invisible du mur blanc, je ne le regarde pas réellement, plongée dans mes songes. J'aimerais que cette journée ne revienne plus jamais, je voudrais ne plus être confronté à ça. Je n'aime pas me sentir comme ça. Maussade, la journée de mon anniversaire. Vous direz que c'est bête, mais c'est comme ça. À chaque année, je me rends compte à quel point mon existence est banale, pathétique et certainement sans grand intérêt pour quiconque. J'hausse bêtement les épaules, comme si quelqu'un pouvait me voir d'où je suis. Je ris silencieusement en posant finalement les pieds sur le plancher en bois de ma chambre. Je veux faire plaisir à grand-maman cette année, je vais lui mettre une de ses magnifiques robes qu'elle m'offre à chacune des occasions qui se présente. Une fête, Noël, le jour de l'an, quand elle ne me lance pas simplement qu'elle « a pensé directement à moi quand elle l'a vu » ce que je pense complètement impossible. Elle a surement dut penser que je ne mettrais jamais de fringues dans ce style là, mais semblerait qu'elle soit incapable de s'empêcher de m'acheter des robes. Comme si en remplissant ma garde robe, elle espérait que miraculeusement, je change mes vêtements ; ça finiras peut-être par fonctionné.
« D'accord, grand-maman. » J'entre presque dans mon placard pour en sortir une magnifique robe couleur raisin, une que mon père a particulièrement apprécié. Je l'enfile rapidement, en essayant d'être le plus discrète possible, mais je crois que j'ai pas réussis. J'entends plus les deux hommes de ma vie s'engueuler, c'est signe qu'ils savent que je suis debout, ou bien qu'ils se sont finalement entendu sur quelque chose. Si j'avais à choisir, je pencherais sans doute vers l'option numéro un, parce qu'ils ne s'entendent pratiquement jamais. C'est mauvais signe. TELLEMENT MAUVAIS SIGNE. Je fourre mes pieds dans mes ballerines préférés et me regarde dans le miroir de ma chambre ; oui, parce que bien que j'aimerais bien être née homme, je ne le suis pas et qu'il faut bien les replacer ces cheveux qui me tombent aux genoux. Je me fais rapidement un style de tresse très approprié pour mes cheveux, rendant le tout assez merveilleux. Ça me fais penser que je pourrais presque être une princesse de conte de fée, PRESQUE.
[ ... ]
Mon père est l'homme le plus gentil du monde, mais il ne sait pas être affectueux, c'est sans doute de lui que je retiens mon caractère fougueux. En même temps, je l'aime et il m'aime. Tout le reste peu bien aller se faire foutre. Je devais aller rendre visite à grand-maman, elle ne vit pas très loin du marché, en même temps, je devais prendre quelques trucs pour lui faire plaisir. Je pense que juste le fait de me voir lui ferait plaisir, mais papa a insisté très fort. Il avait trop de boulot pour faire les courses lui-même, alors il m'a envoyé. Je déteste quand il se sert de moi, et même .. je n'ai pas eu le droit de sortir le « mais c'est mon anniversaiiiiire » habituel. C'est à peu près le seul jour de l'année où je peux faire ce que je veux ; dans les limites des principes de mon paternel. En gros, je n'ai même pas assez de liberté pour sortir avec des copains. J'ai décidé de faire un détour par le castle. Ne me demandez pas pourquoi, je ressens ce besoin au plus profond de mon coeur. Il me serre depuis toute la mâtiné et si je ne cède pas, il cèderas pour moi. J'entre dans l'immense bâtiment, je sais exactement où je dois aller. Je dois détruire cette boule d'énergie qui gronde en moi comme un éclair prêt à frappé. C'est le même jour, de cela dix-sept ans qu'une femme invisible m'a foutue dans les bras de mon père avant de s'enfuir vers un monde meilleur, sans doute. Elle n'est jamais réapparus. Maintenant, depuis dix-sept ans, je fais semblant de n'avoir que mon père. Je fais semblant que cette femme est morte, c'est moins difficile que de se dire que sa mère préfère la petite blondinette pimbêche qui se trouve être sa demi-sœur. Ma rencontre avec valentine n'a pas été de tout repos pour mes sentiments et maintenant que c'est mon anniversaire, je ressens le besoin de l'exprimer. Je continue de marcher. Encore et encore, jusqu'à m'arrêter là. Devant cette statue que je reconnaitrais parmi des centaines pour l'avoir regardé à tous mes anniversaires depuis que j'en ai conscience. Mon père me guidait jusqu'ici, jusqu'à ce que j’aie l'âge de m'y rendre moi-même.
Maintenant, j'ai l'âge.
Il n'y a personne dans la pièce, je ressens un profond vide, comme une fissure qui avec les années a fini par créer un plaie béante dans laquelle tombe la majorité de mes chagrins. Elle est pleine maintenant, elle menace de déborder à la moindre petite larme qui tomberas. La voilà, la première d'une série interminable. Elle roule sur ma joue, elle s'écrase sur le sol. Je tombe à genoux devant la statue, je ne sais plus quoi dire. Je n'ai plus envie de discuter.
« Maman .. je t'en veux, maintenant. » Je n'avais jamais été fâchée contre elle, contre son absence, mais le manque avait créer un vide que je n'étais jamais arrivé à combler. J'avais mal. Une douleur atroce, imprévisible, incontrôlable, elle me sortirait des triples, elle me ferait regretter d'avoir aimé un fantôme pendant dix-sept années, d'avoir accepté l'insécurité, et de maintenant savoir qu'elle préférait Barbie. C'était difficile, ça avait fait toute la différence. Je serais maintenant comme tous ces enfants de dieux qui ne sont rien, qui ne valent pas mieux que les humains sur terre, je serais de celle qui ne se laisserait plus ... celle qui n'accepterait plus. J'avais mal, elle n'était pas foutue de comprendre que depuis des années déjà, elle me manquait terriblement. Je m'étendis sur le plancher froid de la pièce et fermai les yeux, de désespoir, de fatigue. Je ne pouvais simplement plus me battre contre la douleur qui frappait dans ma poitrine à chaque battement de coeur. Je pliai mes jambes contre mon ventre et restai dans cette position.
J'aurais voulu hurler. J'aurais voulu frapper. J'aurais voulu être forte. Non, j'étais faible.
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