Amazing Night {Jasper Matthew Walker}

Lilyanne & Jasper

Des tremblements. La colère dans la tête. La rage dans les veines. Et l’indescriptible envie de taper sur ce tout ce qui bouge. Voilà de quoi décrire de manière plus ou moins brève l’état dans lequel je me trouvais. J’avais beau m’être déjà battu aujourd’hui que j’en redemandai. Tout ce que je voulais, c’était satisfaire cette fureur qui croissait aux creux de mon ventre. Elle était coriace celle-là. À mesure que je progressais à travers la ville, ma démarche se faisait de plus en plus crispée. Je bousculai de nombreux passants que je croisais sur mon chemin. Quelques injures résonnèrent à mes oreilles et je renversai même un des habitants de Skyworld. Tant pis pour lui. Il n’avait qu’à ne pas être là. J’inspirai rageusement, tentant piètrement de me calmer. Shadow me suivait de près. Une chance pour lui qu’il était une bestiole volante. Il aurait eu du mal à me suivre convenablement sinon. Cette bête noire me suivait en essayant de me résonner. Sans succès. J’entendais dans sa voix des échos de ma propre colère. Il était n’était cependant pas concerné, mais ça reste mon affilié, non? Je me contentai de maugréé des paroles quasi incompréhensibles en guise de réponse. Rien d’autre ne comptait que de me défouler. Des flashbacks de cette soirée merdique revenaient à mon esprit et m’obstruaient presque la vue, tel un voile recouvrant mes pupilles.

FLASHBACK

Il ne devait pas être loin de dix-sept heures et je sillonnais les rues sans me préoccuper réellement où j’allais. Je me laissais porter où bon me semblait. C’était une journée agréable qui touchait presque à sa fin. Je pouvais voir le ciel se colorer dans les teintes de roses et d’orangés. L’air était frais et la brise caressait ma peau. Je me sentais bien et calme. Un peu de répit ne faisait pas de mal à personne, moi le premier. Je me concentrai sur le ciel et ses couleurs chatoyantes jusqu’au moment où j’entendis quelqu’un qui hurlait mon nom. D’où il me connaissait celui-là? Je baissai presque aussitôt ma tête pour prendre conscience du lieu où je me trouvais et en l’occurrence mettre un visage à cette voix d’enragé qui me hurlait à pleine figure.

« T’AS DU CULOT DE DÉBARQUER ICI ! »

Je pris alors conscience du visage qui était à quelques centimètres du mien. Je me retrouvais nez à nez avec Ethan, mon frère aîné. Je déglutis et nous restâmes là, à nous fixer du regard pendant des secondes qui me semblaient interminables. Le temps semblait s’être figé. Ce devait faire des années que je n’avais pas vu cette gueule de près. D’ailleurs, je ne l’avais jamais vu à cette proximité et sous cet angle. C’était fou à quel point ses yeux m’apparaissaient comme deux trucs énormes et globuleux. Ethan et moi, n’avons jamais été en bon terme. Maintenant, c’était encore pire. Allez savoir pourquoi… Je réalisai graduellement où je me trouvais. J’étais donc rendu face à la demeure qui fut mienne toute mon enfance. Cela me faisait étrange d’être en ces lieux que je fuyais comme la peste. Je scrutai les yeux bleus d’Ethan avant d’avoir enfin la sensation de pouvoir reprendre usage de chacun de mes membres. Un sourire arrogant se dessina sur mes lèvres, allant jusqu’à dévoiler mes dents.

« Hé ! Ça fait longtemps il me semble ! Je commençais à m’ennuyer de ta tronche ! Il fallait bien que je me résigne à venir voir ta gueule de connard ! Je ne t’ai pas trop manqué ? » Déclarai-je sarcastiquement.
« T’as aucun mérites à venir ici ! Je te dirais bien d’aller te faire damné, mais… C’est presque ce que tu es, non ? » Argumenta-t-il.
« Presque. Ç’a été la plus belle délivrance de toute ma vie. » Répliquai-je.
« Allez, dégage. C’est de ta faute si on en est là ! »
« Oh, oh, oh ! Ça suffit les accusations ! Je n’ai fait que… Revigorer notre longue lignée ennuyante. Tu vois, je m’amuse comme un petit fou, maintenant ! »
« Je suis malheureux de l’apprendre. »
« En parlant de malheur… Comme ça va avec ta petite amie que tu as en secret? Elle est de quelle race déjà? Une hybride ? Tu crois que je ne suis pas au courant ? »
« Comment tu… »
« Oh ! Ne t’en fais pas ! Je ne révèlerai pas ton secret à qui que ce soit ! Au fait, qu’est-ce qu’elle était un bon coup ! Une vraie tigresse! Sans mauvais jeux de mots ! » Je ponctuai cette réplique d’un sourire plus qu’arrogant.
« VA TE FAIRE FOUTRE ! »

Et il se jeta sur moi, nous renversant tous les deux au sol au passage. Je ne pus m’empêcher d’éclater de rire. J’avais réussis à obtenir la réaction que je voulais. Le voir sortir de ses gongs était ce que j’appréhendais. Maintenant, j’étais plus que servis. Ce qui était drôle dans tout ça, c’est que je n’avais jamais touché à sa petite amie. Je ne faisais que la connaître. Rien de plus. Quoi que ça avait bien pu être tentant… J’avais cependant fait mouche pour qu’Ethan me donne cette satisfaction d’arriver à le foutre en rogne. J’avais du mal à croire qu’il soit aussi crédule. Nous commençâmes à nous battre comme deux enragés. Je venais de le corrompre dans sa nature d’ange parfait qui ne sème que le bien autour de lui. Alors là, j’étais plus que fier. Durant la bagarre, nous nous criâmes des tas d’insultes en essayant toujours de frapper plus fort que l’autre. À la fin, nous étions salement amochés et j’étais étendu sur le dos, le visage crispé et la main au niveau de mes côtes du côté droit. Je crois que l’une d’elle était fêlée. Ça faisait un mal de chien. En prime, j’avais même eut droit à un saignement de nez. Ethan, lui aussi avait le corps endommagé et il aurait sans doute un tas ecchymoses demain. Un filet de sang coulait de ses lèvres et il aurait certainement un œil au beurre noir. Il était par contre moins amoché que moi. Mon frangin venait de remporter cette bataille, mais je n’étais pas près d’en rester-là. Je finirais bien par me venger. J’étais assez imaginatif pour ça. Je me redressai en position assise avec précaution. La douleur me décrocha une grimace de douleur. J’enfouis mes mains dans mes cheveux et fermai mes yeux, laissant mon don de guérison opérer. Je ne pris même pas la peine d’aider mon frère. Il l’avait cherché. C’était de sa faute si je l’avais blessé.

« Fous le camp, Jasper! Tu as beau dire ce que tu voudras et continuer à agir comme le parfait petit emmerdeur que tu es, tu ne pourras jamais te défaire de ce que tu as fait. C’est toi qui a tué Ana ! Ne vas pas croire qu’on t’accueillera à bras ouverts ! Ana est morte et c’est entièrement TA FAUTE ! »

Cette fois, mon moral venait de chuter considérablement. Sans réfléchir, mon poing s’abattit violemment sur visage d’Ethan. Il s’étala de tout son long par terre, sonné. Bien fait pour lui. Je me levai et quittai cette maison maudite qui ramenait trop de mauvais souvenirs à mon esprit.

FIN DU FLASHBACK

La guérison continuait son travail alors que je marchais rageusement. Il n’avait aucun droit de me cracher ça à la figure. Je lui en voulais, j’en voulais à la terre entière. Par-dessus tout, je m’en voulais. Dire que je rageais était un euphémisme. Il me fallait trouver un défouloir. Je n’en avais pas sous la main et à mesure que je progressais à travers l’île, je croisais de moins en moins de gens. J’arrivai finalement face à cette forêt. Ce lieu où je venais une fois de temps en temps. Cependant, je ne passais jamais par ici. Je ne me trouvais pas loin d’où Ana s’était éteinte. Ma douleur et ma colère ne faisaient que décupler en ces lieux maudits. J’avais envie de hurler toute la colère, la haine que j’éprouvais à l’intérieur. Je préférais oublier ma tristesse. La transformer en colère était plus facile. Beaucoup plus facile et moins inutile.

Je pénétrai finalement dans la forêt. J’inspirai profondément en portant une main à mes côtes. Elles n’étaient pas tout à fait guéries. Elles étaient encore sensibles, mais je n’avais pas la tête à les soigner rapidement. J’allais laisser la nature opérer d’elle-même. À mesure que je m’enfonçais entre les arbres, la forêt devenait de plus en plus dense. Être ici était à la fois apaisant et enrageant. Je ne pouvais rien changer au fait que les bois avaient une espèce de propriétés étranges capable de détendre. Je m’arrêtai près d’un arbre et me mit à frapper sur son tronc. Bon sang que ça pouvait défouler ! Cependant, je retins le plus possible tout bruit pouvant s’échapper de ma bouche. J’avais l’étrange sensation que je n’étais pas seul si on oubliait Shadow. Je n’avais pas particulièrement envie de me faire remarquer. Pas maintenant en tout cas. Vous savez… Cette sensation étrange lorsque quelqu’un vous fixe sans arrêt. Ça donne une sensation désagréable. C’était exactement ce que je ressentais.. Je me retournai lentement dans le but de continuer mon chemin alors que je me figeai aussitôt. Devant moi, se trouvait une panthère noire qui grognait de manière menaçante. Qu’elle approche pour voir… On dit de rester calmer lorsqu’on animal nous regarde d’une telle façon. Chose que j’avais du mal à faire. Si elle attaquait la première, je me défendrais au risque de la tuer, même si ce n’était qu’un animal.

« Laisses-le, Lex' » S’éleva une voix sortit de nulle-part.

Je tournai la tête de chaque côté à la recherche de la propriétaire de cette voix. Le sentiment que je n’étais pas seul dans cette forêt venait d’être confirmé. Je ne trouvais pas la demoiselle qui venait tout juste de prendre la parole. Elle était cachée sans doute. J’allai même jusqu’à regarder dans les arbres. Sans succès. Je me contentai alors de reporter mon attention sur la panthère que je vis reculer. Cette bête semblait obéir aux doigts et à l’œil à cette fille. Bon, maintenant je savais que la panthère ne lèverait pas la patte et les crocs sur moi. Enfin… Peut-être pas tout de suite. Garder une part de méfiance peut toujours aider lorsqu’on n’est pas certain de ce qui se passe. Malheureusement, la méfiance n’avait jamais le temps de durer longtemps. J’avais toujours tendance à foncer tête première pour à peu près tout.

« Je te conseilles gentiment de retourner d'où tu viens. »

Le ton employé pour cette simple phrase me paraissait un peu trop froid. Elle se prenait pour qui celle-là? La forêt n’était quand même pas son antre. Je pivotai sur moi-même à la recherche de cette fille. Je serai ma mâchoire. Saleté de côtes ! Je ne devais pas le laisser paraître. Il ne le fallait surtout pas. Je me déplaçai légèrement toujours à la recherche de l’inconnue. Je finis par l’apercevoir derrière un arbre. Une voix avec un tel ton qui venait avec une telle apparence. Un joli contraste. Elle me conseillait de partir. Le seul problème, ce que je n’avais jamais été doué pour suivre les conseils. Dommage. De plus que je n’allais pas me laisser mener par le bout du nez.

« Sinon quoi ? Tu me forceras à jouer à la poupée avec toi ? On se fera les ongles aussi ? Ah et pourquoi ne pas s’épiler tous les deux tant qu’à y être!? » Répliquai-je sur un ton arrogant et très direct. J’étais un maître dans l’art de l’arrogance. « Désolée, chérie, mais j’ai mieux à faire que d’écouter tes petits conseils ! Donc ce que, toi, tu vas faire, c’est de partir avec ta petite panthère et pleurer lorsque tu te perdras dans cette forêt de merde. » Enchaînais-je.

J’attendis quelques secondes, puis laissai tomber. Je m’en fichais qu’elle me réponde ou non. Je la contournai en serrant mes dents. Fous-toi en colère, fous-toi en colère. C’est le seul moyen. Pensai-je. Il fallait que je camoufle la douleur. Ne pas la laisser paraître. Bordel qu’Ethan n’avait pas manqué son coup. Utilisé mon don de guérison pour me soigner complètement reviendrait à user de mon énergie. Et j’avais besoin de toute l’énergie que je pouvais avoir. On ne sait jamais quand on en a de besoin. Surtout en ces lieux. Je jetai un coup d’œil par-dessus mon épaule afin de voir si l’inconnue et sa panthère venait de quitter les lieux. Elle restait-là à me fixer. Ça ne semblait pas du tout lui plaire. Je m’arrêtai net en me retournant face à elle. Pourquoi ne dégageait-elle pas? Pourquoi elle ne me laissait pas tranquille ?

« Quoi ?! Pourquoi tu ne dégages pas ? Ça te fais chier que je reste? Eh alors ? Petite file à papa ne peut pas toujours avoir ce qu’elle veut ! »

Pour finir, un sourire malicieux et provoquant se grava sur mes lèvres. J’avais beau être en colère, mais qu’est-ce que ça faisait du bien de lancer des vannes !

Lilyanne & Jasper

Je me délectai de ces paroles que je venais de lancer. Cette fille-là ne me prenait dans un bon moment. D’ailleurs, je n’avais pas la moindre envie de me montrer amical avec elle. Un autre jour, peut-être, mais pas aujourd’hui. Faire du transfert d’émotions et abattre ma colère sur ceux qui n’étaient pas concernés ? Moi ? Jamais, voyons ! J’eus à peine de temps de prendre un souffle qu’elle était déjà rendue face à moi et qu’elle venait de me plaquer durement contre un tronc d’arbre. Mais c’est qu’elle est rapide, la poupée ! J’avais néanmoins les côtes qui me faisaient atrocement souffrir. Elle venait peut-être bien d’empirer leur médiocre état. Ce qui me donna la soudaine envie de la frapper, elle, cette inconnue venue de nulle part. Je n’étais pas prêt à me laisser faire. Elle allait voir de quel bois je me chauffe, celle-là. Même si sa poigne était plus ferme que je l’avais cru précédemment.

« Tu veux savoir ce que la petite princesse vas te faire si tu n'arrêtes pas d'être arrogant et de la faire chier ? »

Touché. J’avais réussis à la mettre hors de ses gongs. Ça, ça me plaisait. Je ne voulais pas bouger maintenant. Je préférais la laisser faire son petit numéro. Elle se prenait pour qui celle-là ? La reine de ces lieux ? Elle se comportait d’une manière prétentieuse. J’adorais ça, car ce type de personnes est celui qui me plais le plus à embêter. Elles sont tellement imbues d’elles-mêmes qu’on ne peut s’empêcher de vouloir les ramener sur terre et les prouver qu’elles ne sont pas toutes puissantes. Le plus drôle encore était de les blesser dans leur orgueil. Avec moi, la princesse allait très bien voir que son règne n’était que dérisoire. Le seul truc qui me plaisait un peu moins était la force avec laquelle, elle martyrisait ma gorge. Là aussi j’avais mal, mais je n’allais pas lui donner cette joie de me voir souffrir plus que je ne l’étais déjà. Je remuais légèrement, essayant de me défaire plus ou moins de son empire. J’avais un peu mal à respirer et bordel que c’était désagréable.

« Tu as de la chance que ma panthère se sente d'humeur aujourd'hui, où je t'aurais massacré. »

Me voilà donc chanceux, pensai-je sarcastiquement. Elle finit par me lâcher et je me laissai glisser par terre en toussant assez profondément. Je reprenais graduellement mon souffle. Je me sentais comme une vulgaire animal et je détestais ça. Je lui en voulais de me faire sentir ainsi. Mes yeux se fermèrent alors que je portais une main à mon cou. J’évaluai mon taux de douleur. Le cou me chauffait terriblement et j’avais encore la sensation que les doigts de cette poupée étaient estampés dans ma gorge. Le dos aussi ne me faisait pas le plus grand bien. Les côtes, j’aimais mieux ne pas en parler. Au moins, je savais qu’elles n’étaient pas sectionnées en deux et que mon poumon était encore en état. Sinon, je ne serais pas ici pour en parler. J’ouvris lentement mes prunelles violettes et aperçu sa panthère qui approchait. La poupée avait beau avoir dit que sa panthère était d’humeur clémente et que je n’avais donc pas le risque de me faire dévorer, je me méfiais. C’est quand on baisse sa garde que l’adversaire frappe. C’est toujours comme ça que ça fonctionne. J’agissais comme ça quand je me retrouver dans le rôle du dominateur.


« As-tu autre chose à dire sur mon défunt père ? »

Oups. Un sourire arrogant se forma sur mes lèvres. Si j’avais d’autres choses à dire? Des tas. Je me débrouillais très bien pour insulter tant les vivants que les morts. On raconte qu’on doit avoir du respect pour les morts. En quoi cela pouvait-il bien servir ? Is sont… Morts. Rien de plus. La seule personne que je respectais dans la mort, c’était Ana. Ana… Ma chère Ana… Une vague de colère se déversa à travers mon esprit. Je levai mes yeux vers l’inconnue et déglutit lentement. De nombreuses répliques cinglantes me vinrent à l’esprit.

« Jasper, je crois que c’en est assez comme ça. »

Voilà Shadow qui rappliquait et qui venait de se poser dans une branche de l’arbre contre lequel j’étais adossé. Ce n’était pas trop tôt. Je ne m’attendais pas à ce qu’il m’aide à combattre, mais c’était toujours bien d’avoir quelqu’un pour vous épauler quand vous êtes dans la merde. Shadow c’était un peu comme le support nécessaire pour faire un tas de trucs débiles. Ses conseils je préférais la plus part du temps de pas les écouter. Je ne l’écoutais que lorsque je voyais réellement que ses propositions restaient ma seule issue. Présentement, je sentais que j’arriverais quand même à m’en sortir. Enfin… Pas totalement certain, mais je pouvais toujours essayer.

« Tu te reprendras lorsque tu seras dans un état plus convenable. Ça t’évitera de te faire tuer. Tu pourras frapper encore plus fort lorsque tu seras au summum de ta force. »
« Mais c’est maintenant que je veux lui faire mal, tu comprends ? Plus tard, je ne crois pas que l’envie me reprendra de la blesser. Quoi que… Je ne sais pas. »
« Écoute-moi et cesse de faire l’imbécile. Je sais que t’es en colère, mais tu ne pas te permettre un geste idiot. »
« Mais non. T’as qu’à me regarder. »

Je levai mes yeux vers la poupée en souriant avec espièglerie. Je me relevai lentement en ne détachant pas mon regard d’elle. Elle méritait bien que je réponde à sa question.

« Si j’ai d’autres choses à dire à son sujet ? Ouais, sa fille est une sacrée demeurée ! »

Je décidai d’aller vers quelque chose de pas si insultant, d’après moi. Quoi que la petite princesse semblait être un tant soit peu très irritable. Un peu comme une femme durant la semaine maudite. Je m’avançai vers elle en n’aillant qu’une seule idée en tête. Impulsivité, quand tu nous tiens ! Je n’avais jamais été du genre à réfléchir avant d’agir. Je commettais les actes et ensuite je pensais. C’était mes pulsions qui dictaient mes actes et rien d’autres. J’inspirai longuement. Qu’est-ce qu’une poussée d’adrénaline n’aurait pas été de refus. Je m’avançai vers elle du plus vite que je pouvais et m’arrêtai une fois assez près d’elle. Je plantai mon regard dans le sien en souriant malicieusement, dévoilant mes dents. Qu’est-ce que je m’amusais. Cette fois, on allait jouer. Et pas qu’un peu. Ensuite, tout se passa très rapide comme un accélérer d’événement que l’on peut observer pendant un film. Sans plus attendre, je franchis la distance restante et posai mes lèvres sur les siennes. Quoi de mieux pour distraire quelqu’un. Elle voudrait sans doute me tuer, mais ce n’était qu’un détail. Je notai au passage que les siennes étaient douces et pas si désagréables au fait. Je profitai de cette occasion pour lui donner un coup à la tête du plus fort que je pouvais. Je me reculai par la suite en la fixant.

« Maintenant on est quitte, petite poupée! » M’exclamais-je.

J’allais très certainement le regretter, mais tant pis. Tant que je pouvais jouer avec elle, je prenais mon pied. Je ne pouvais m'empêcher de sourire, totalement amusé.

Lilyanne & Jasper

Honnêtement, j’étais franchement fier de mon coup. Pour la déstabiliser j’avais sortis le grand jeu. Néanmoins, ma petite victoire personnelle n’eut pas le temps de durer trop longtemps. Un coup de poing à la mâchoire venant de cette fille m’envoya valser contre le sol de la forêt. Maintenant, une vive douleur s’ajoutait à mon accumulation de souffrance. Hé merde. C’était vraiment pas ma journée. J’allais avoir du sacré boulot pour tout guérir ça plus tard. Ensuite, tout semblait se dérouler à une vitesse trop rapide pour que j’arrive à suivre complètement tout ce qui se passait. Un poids venait de me tomber dessus. Je réalisais aussitôt que je sentis une douleur aiguë à l’épaule droite. La panthère de la putain de poupée se retrouvait sur moi et me dévorait l’épaule. On eut dit qu’elle jouait avec. Un hurlement me déchira la gorge. J’avais peine à le contenir. Sans oublier qu’elle appuyait sur mes côtes par la même occasion. Ç’en était insupportable. Je me tortillais en essayant en vain de me dégager. Je me mis alors à lui donner des coups avec mon poing gauche. Ce fut une peine perdue. Elle restait-là à charcuter mon épaule alors que tout ce qu’il m’était possible de faire était de gueuler la souffrance que j’éprouvais. C’était atrocement douloureux et cette bête était vraiment en train de drainer toute l’énergie qui me restait. J’essayai même d’aller chercher mon briquet, mais il était, malgré moi, dans ma poche droite et mon bras de ce côté-là était absolument hors-service. Je m’étais sacrément foutu dans la merde. Je crois avoir entendu la voix de la fille que j’avais frappée, mais je n’étais pas certain. Si elle avait véritablement dit quoi que ce soit, je fus incapable d’en saisir le sens. Soudain, je l’entendis crier. C’était si inattendu que j’en sursautai, donnant pour effet de renforcer la douleur qui meurtrissait mon épaule. Le sang devait sans doute couler à flot… Soudainement, le poids qui me compressait contre le sol s’enleva. Mes yeux s’ouvrirent lentement alors que j’essayais de respirer à travers ces gémissements qui sortaient d’eux même de ma bouche.

Mes yeux observaient le ciel et les quelques branches d’arbres qui m’étaient possible à observer. Je n’osais pas bouger. En fait, je n’arrivais pas à le faire non plus. Je vis alors un masse noire quitter une branche et planer en ma direction. Shadow…

« Je t’avais prévenu, Jasper. Tu… »
« Oui, je sais… J’aurais… dû… t’écouter. »
« Un j… »

Et je ne su pas vraiment ce qu’il venait de dire. Je venais de perdre le fil. C’est alors que je le vis se poser près de mon épaule. Un peu trop près à mon goût. Une crainte naquit brusquement au niveau mon estomac. Panique, quand tu nous tiens.

« NOOOOON. VAS-T-EN ! DÉGAGE ! FOUS-MOI LA PAIX !!!! »

S’il m’avait été possible de bouger davantage, je me serais certainement débattu comme un fauve captif. Vu les circonstances, ça ressemblait surtout à un poisson qu’on a sorti de son bocal et qui saute sur lui-même à la recherche d’une quelconque source d’eau. Je remuais donc mon épaule blessée ce qui m’arracha une longue plainte d’agonie. Shadow s’éloigna en un battement d’ailes. Je ne sais pas où il était allé se poser, mais pas loin sans doute. J’avais réagis assez férocement, mais il était hors de question qu’il me touche. Je n’étais pas vraiment dans un état où j’avais envie d’être tripoté.

Le manque de sang commençait graduellement à se faire sentir. Des étourdissements m’envahissaient et on eut dit que je perdais de plus en plus le fil avec ce qui se passait dans la réalité. Je voulais fermer mes yeux et m’endormir. Je devais cependant resté éveiller. J’avais peur de ne plus jamais les ouvrir si jamais je faisais ça. Ne pas sombrer dans le sommeil fut une tâche ardue. Déjà que j’avais également l’impression que ma respiration se faisait lente, plus lente que la normale. Sans parler de la faiblesse que j’éprouvais. Saleté de panthère de mes deux ! Si ça n’était que de moi, je l’égorgerais vivante. Enfin… Quand je serais en état de faire quoi que ce soit.

Je tournai lentement la tête vers le côté, ce qui me donna encore plus de vertige et je fermai les yeux quelques secondes, du moins je crois que ce n’était que quelque secondes, et les rouvrit. Je vis la poupée qui me fixait sans rien dire avec cet air grave. Même avec cet air-là, elle n’en restait pas moins jolie. Si je mourrais, j’emporterai avec moi le souvenir de ses douces lèvres. C’était plutôt une belle pensée vers laquelle se…

Aie. Quelqu’un qui criait. Et ce quelqu’un n’était nul autre que moi. Mon poing gauche se leva en l’air et percuta la terre ferme de la forêt. Merde, merde, merde, merde, merde ! Ça faisait un mal de ch… Wôw. Sensation bizarre. Déconnexion… Vertige. Étourdissement. Envie de vomir. Mal. Douleur. Souffrance. Atroce. Les ombres. Je les vois. Tout près. Une d’elle qui s’approche. Qui se rapproche encore. Pour… Me soigner ? Le sang. Qui coule. Que je sens couler. Pense aux lèvres. Douces. Ag… Un murmure. Un cri. L’endormissement. Je sombre.

Lilyanne & Jasper

Le délire. C’était exactement là que je m’engouffrais plus les minutes défilaient. Peut-être que ce n’était qu’un seul rêve que j’étais en train de faire ? J’avais l’étrange sensation d’être complètement déconnecté de mon corps, mais je ne voyais rien. Seul un voile noir couvrait ma vue. C’en était déconcertant. D’ailleurs, je n’ai pas un moindre souvenir de ce qui a bien pu se passer entre temps. C’était comme si je venais de me saouler et que j’avais un trou noir en pleine mémoire. Un peu du genre : Vous avez fait des tas de choses ou on vous a fait des tas de choses et vous n’en avez pas le moindre souvenir. Le lendemain, tout le monde vous en parle, mais vous n’en avez pas le moindre souvenir. C’était à peu près comme ça que je me sentais. Sauf que le lendemain n’était pas encore arrivé pour moi. J’étais encore dans la phase “trou noir”. Ou peut-être étais-je mort ? La poupée l’aurait donc remportée… Elle devait être heureuse. Je ne voulais pas abandonner le tout juste comme ça et encore moins de cette façon. Au moins j’aurai emporté quelque dernier bons moments dans la tombe. M’enfin, si on oubliait la douleur.

Graduellement, je me mis à entendre quelques résonnements autour de moi. Au bout de je ne sais combien de temps, je commençais à distinguer des voix, enfin. Ça s’en rapprochait drôlement. Je n’étais cependant pas en mesure d’arriver à déchiffrer leur charabia. Mes paupières restaient lourdes. Tenter de les ouvrir me semblait être un effort considérable et beaucoup trop énorme pour que je tente le coup. Une vive douleur à l’épaule me prouva que j’étais bel et bien vivant. Bonne nouvelle. Ensuite, je replongeai dans les ténèbres. Voilà le dernier et seul moment de lucidité que j’eus jusqu’à je ne sais trop quand. J’avais complètement perdu la notion du temps et je détestais ça.

Au bout d’un moment, je me sentis prendre peu à peu conscience de mon corps. Bordel. J’avais encore mal. Selon moi, j’allais passer quelque temps comme ça avant de pouvoir mettre un terme à ces douleurs-là. Ç’avait été une sacré nuit mouvementée. J’en garderais très certainement des marques. J’allais sûrement me réveiller dans mon appartement au courant de la journée. Finalement, je me décidai à faire l’effort ultime. Après quelques tentatives, je réussis enfin à ouvrir mes yeux. Je les clignai plusieurs fois. Je ne reconnaissais pas l’endroit. C’en était presque flippant.

« Bon matin, belle au bois dormant. »

Cette voix, je la reconnaissais. C’était bel et bien celle de la poupée. Bon. Ok. Elle était-là. Je clignai encore plusieurs fois les yeux en essayant de replacer l’endroit où je me trouvais. Ensuite, je pris conscience que je ne portais aucuns vêtements. Merde. Elle avait fait quoi ?! On avait fait quoi de moi pendant ce temps-là ? Au fait, je n’étais pas certain de vouloir savoir. Quoi que… Peut-être bien, oui. J’essayai de me redresser. Mauvaise idée. Très mauvaise idée même. La douleur au niveau de mon épaule, qui était déjà aiguë, empirait au moindre mouvement. Ce qui me lâcha une plainte.

« Je t'avertis maintenant, avant que la panique s'empare de toi, ne bouges pas trop ou tu souffriras. Les coutures de Charlotte sont très faibles. »
« Ouais, ça je l’ai compris. Où est-ce que je suis ? » Rétorquai-je en guise de réponse.

Cette question-là me trottait en tête depuis que j’avais ouverts les yeux. Pour ce qui est de la souffrance lorsque je bougeais, je m’en étais rendu compte tout seul. Ce que je pouvais avoir hâte d’en avoir fini avec tout ça. Je ne me rappelais pas la dernière fois que je m’étais foutu autant dans la merde. Cette fille-là, ce n’était pas le genre de personne qu’il était préférable d' emmerder. Néanmoins, cela avait été plus que divertissant. Seule sa panthère… Elle, elle faisait franchement chier. Je l’emmerdais même. Elle était chanceuse que je n’arrivais pas à bouger convenablement celle-là. À cette pensée, je sentis un coup à la main pas très fort, mais juste assez pour détourné mon attention. Je levai légèrement la tête pour observer ce qui m’avait donné un coup. Shadow. Il était-là près de moi.

« Tu te vengeras plus tard. Profites du fait d’être encore en vie. »
« T’as raison. Au fait… Désolé de t’avoir traité comme une merde. »
« Ça va. J’ai appris à faire avec ton caractère merdique avec le temps. »

Cette fois, je fronçai mes sourcils et ce fut plus fort que moi, je lui donnai une pichenette, pas très fort, mais assez pour le surprendre et qu’il s’envole pour ensuite aller se poser par terre.

« La prochaine fois, je te croque les doigts. »

Un sourire se forma au coin de mes lèvres. Je le trouvait assez drôle par moment. Bref, le compagnon idéal. Je tournai la tête sur le côté en serrant les dents. Difficile ne pas bouger quand vous voulez regarder quelqu’un. Mais je tenais à la voir. Mon regard violet se posa sur la poupée. Pourquoi, elle ne m’avait pas laissé mourir ? Ce n’était donc pas ce qu’elle voulait au début ? Je ne la comprenais pas celle-là. Ça dépassait la raison, je crois. Mais, j’étais heureux de ne pas être encore mort. Il me fallait poser LA question qui me brûlait les lèvres. Même si je doutais réellement avoir une réponse.

« Pourquoi tu m’as gardé en vie, petite poupée ? Ce n'était pas ce que tu voulais, que je meurres ? » Demandai-je en l'observant. Il me fallait savoir, car je n'y comprenait plus rien. « J’étais trop irrésistible pour toi, finalement ? » Déconnai-je avec un ton ou la plaisanterie était à l’honneur.

Je ponctuai cette réplique d’un clin d’œil et d’un sourire amusé. J’arrivai encore à lancer des conneries. C’était bon signe. Mon état était peut-être moins pire que je le croyais. Enfin, je pouvais l’espérer.

Lilyanne & Jasper

Je la fixais avec un air amusé lorsque j’aperçus l’ombre d’un sourire sur ses lèvres. J’avais réussis à avoir une plutôt bonne réaction de sa part, tant mieux. Ça me rendait plutôt fier, je dois avouer. Pour une fois que je voyais une expression autre que dure sur ce joli visage.

« En fait, je ne sais plus ce que je voulais. Je ne voulais simplement pas que tu approches de chez moi. Je voulais te faire dégager, tu m'as fais enragée et je t'ai sauté dessus pour te faire du mal. Mais non, je n'ai jamais voulu te tuer. »

Mon sourire resta accroché à mes lèvres à mesure que je pesais ses paroles tout en l’observant. Elle ne savait plus ce qu’elle voulait ? Eh bien… Étrange. Mais bon, ça arrive, je crois. Sur le coup de l’émotion ou en mode survie, tout ce passe rapidement, difficile de savoir exactement ce qui nous passe par la tête, j’imagine. Ce qui était bon de savoir, c’est que son intention n’était pas de me tuer. Au final, je m’en sortais plutôt bien. J’aurais probablement fais la même chose si je n’avais pas voulu que quelqu’un vienne chez moi. La seule différence était que presque personne ne débarquaient chez moi à l’improviste. C’est vrai, qui voudrait débarquer dans un appartement miteux ? Pas grand monde, en effet. Je la vis se relever et s’approcher de moi lentement cette fois. Ensuite, elle alla s’asseoir près de moi et posa sa main sur le bandage. Je serai mes dents. Ça m’élançait et ça risquerait de continuer à l’être pendant un bout de temps encore. Je n’étais pas sorti de l’auberge. Au moins, le poing positif était que ma vie était hors de danger.

« Les femmes te trouveront très courageux lorsque tu diras que tu t'es battu contre une panthère. »

Cette fois, un léger rire sortit de ma bouche. Je m’arrêtais presque aussitôt. La douleur venait de s’amplifier avec ce simple mouvement qu’occasionnait le rire. Néanmoins, elle me faisait bien marrer. Il était évident que je l’aurais certainement sortit tôt ou tard celle-là. Quoi que ça se sortirait très mal dans une conversation ou en pleine technique de drague. Non, j’attendrais que quelqu’un voit la cicatrice et me demande d’où elle vient. Comme les gens le faisaient avec celles qui se trouvaient dans mon dos. Quoi que… Je pourrais essayer un jour si ça marche vraiment.

J’avais pu, en même temps de penser tout ça, voir le sourire qui avait pris place sur ses lèvres. Il avait été bref, mais ça lui allait bien. Très bien. Elle était même assez jolie avec cette expression. Un jour, j’allais en voir un de sa part, un qui durerait plus longtemps, un vrai. Ce pourrait être mon prochain objectif la concernant. Bon, il y en avait d’autres, mais j’allais me pencher sur celui-là en particulier.

« Laisse-moi regarder ça. »

Ensuite, elle m’arracha la couverture qui me recouvrait. Elle foutait quoi-là ? Si elle voulait quoi que ce soit, elle avait qu’à le dire. Je n’allais pas m’opposer. Quoi que vu mon état… Ouais. Non, en fait je n’aimais pas avoir tout facilement. Aucun challenge, c’est ennuyant. Elle avait finalement arrêté le drap au niveau de mon bassin et se contentait d’observer mes blessures. J’allais avoir de belles cicatrices de guerre. Je commençais à les collectionner celles-là justement. Un jour, je ne serais fait que de cicatrices, c’était le cas de le dire.

« Ça t'emmerde si je te dis que tu dois rester ici, encore au moins pour la journée ? »

Je détournai le regard vers le plafond et l’observai quelque secondes en pesant le pour et le contre. À vrai dire, je ne savais pas si ça me plaisait au non. En d’autres circonstances peut-être bien oui, mais en ce moment j’aurais préféré me trouver dans mon lit. J’aurais aussi de loin préféré ne pas avoir à être clouer au lit. J’allais devoir passer toute la journée ici à regarder le plafond sinon dormir. Si la poupée restait là ça pourrait très bien aider à passer le temps. Encore faut-il trouver quelque chose à se dire. Je n’avais pas vraiment ma langue dans ma poche, mais il y avait toujours des limites. Je repensais alors au fait que je ne pouvais pas bouger sous peine de voir les coutures se défaire et me faire souffrir encore plus qu’elles ne le faisaient déjà. Il valait mieux ne pas tenter le Diable. Je fronçai les sourcils. Depuis quand je prenais des décisions sages ? C’était nouveau ça. Normalement, je m’en serais foutu et je serais parti. Je me serais soigné tout seul. Peut-être qu’au fond je voulais rester ici un peu. Je n’en savais rien au fait. Elle m’avait quand même sauver la vie. Je lui devais bien ça. Je reportai mes yeux vers elle et aperçu ce beau sourire. Ça, ça pouvait être convainquant. Elle tourna par la suite la tête vers la porte pour regarder je sais pas quoi. Je relevai légèrement la tête et mon regard si riva aussitôt sur la panthère. Celle-là, je ne la portais pas dans mon cœur et ce devait être réciproque. Je n’avais jamais pensé qu’un jour j’aurais plus ou moins un animal comme ennemi ou plutôt comme étant “un truc vivant servant d’affilié” que j’aurais du mal à sentir. Le problème, c’était que cette bête se retrouvait à être l’affilié de cette fille. La poupée était sympa et m’avait quand même empêché de rendre l’âme. J’allais devoir prendre mon mal en patience. Il faut savoir faire des compromis des fois.

« J’ai du mal à bouger, donc je n’ai pas vraiment le choix de rester. Donc je crois que je pourrai faire avec pour cette fois. »

Je souris en tournant mon regarde vers l’inconnue. Bon, j’allais maintenant devoir entamer cette journée en relaxant le plus possible. J’inspirai longuement en silence. Il me fallait trouver quelque chose à dire. Étonnement, rien ne me venait à l’esprit. Merde.

« Depuis quand tu veux absolument causer avec quelqu’un, Jasper ? »
« C’est pas comme si c’était la première fois. »
« Non, je veux dire… Tu ne te forces pas tant normalement. »
« La ferme, tu veux. C’est ça ou contempler le plafond et dormir pour le reste de ma journée. »

Je sentais cependant la fatigue me gagnait à nouveau. Je ne voulais pas m’enfoncer dans un sommeil profond là tout de suite. À bien y penser, j’arriverais certainement à combattre la fatigue encore un peu. Je regardai la poupée et une idée me passa aussitôt à l’esprit.

« Jasp, non. T’es stupide. T’as envie de te faire tuer cette fois ou quoi ? »
« Laisse-moi faire. »

Il était difficile à suivre celui-là. Autant que Shadow pouvait m’encourager dans mes conneries que d’autres fois, il jouait les rabat-joie. C’était à ne rien y comprendre. Il était un peu comme ma bonne conscience, vous savez celle qu’on ne veut pas toujours écouter. Car c’est moins drôle sinon. Comment bien profiter pleinement de toute les opportunités possible que la vie offre quand on se plit au doigt et à l’œil à cette conscience ? Heureusement pour Shadow qu’il était de bonne compagnie. Un sourire en coin se forma sur mes lèvres alors que je décidai à me lancer.

« Cette nuit a été assez mouvementée et tout les deux on est très certainement gagnés par la fatigue. Le mieux serait qu’on aille dormir. Tu voudrais dormir avec moi ? Tu sais, je suis blessé et puis bon, on ne sait jamais ce qui pourrait arriver et avoir quelqu’un en cas qu’il arriverait quelque chose vu l’état dans lequel je suis, ça pourrait être la meilleure des choses. Je t’assure, c’est pas sexuel. Mon corps ne me le permettrait même pas aujourd’hui de toute façon. C’est juste que normalement, faut pas laisser un blessé gravement seul ! » Déclarai-je innocemment en me montrant le plus convainquant possible.

« Jasper. Franchement. T’es un imbécile. »

Je pris l’initiative d’ignorer mon affilié en concentrant mon attention sur la poupée. Je lui adressai un clin d’œil en souriant avec espièglerie. Le sens de la parole et des arguments ? Moi ? Exactement. Elle pouvait très bien refuser, mais j’avais au moins essayé.