Deeply in the forest » Hunter

Deeply in the forest

Aujourd’hui, je n’avais absolument rien à faire. C’était HO-RI-BLE. Je te le jure ! T’as pas idée à quel point j’avais passé une grosse partie de ma journée à me demander ce que je pouvais bien faire. On dit que ce sont les gens ennuyeux qui s’ennuient… Eh ben ! Faut croire que je dois plaindre mon entourage pour ça ! Les pauvres ! Ils devaient être habitués de toute façon. Ethan ne se gênait pas pour le dire en plus. Mon frère était sans aucun doute le mec le plus déplaisant que ce monde aie jamais porté. J’exagère à peine, tu peux me croire. Son petit plaisir personnel dans la vie, c’est d’emmerder quiconque qui croise son chemin. Il s’y prend plutôt bien. J’ai beau dire ce que je veux sur ce crétin d’emmerdeur, je l’adore. C’est mon frère après tout et Ethan c’est… Ethan. C’est de la famille et ça, c’est tout ce qui comptait. La famille c’est sacré. Et avec tout ce qu’on avait traversé tous ensemble, j’aurais été débile de les renier.

Maïwenn avait quitté la maison bien avant moi ce matin. Je n’avais pas la moindre idée de ce qu’elle était allée faire et ce n’était pas de mes oignons. De toute façon, elle devait sûrement être allée à la chasse aux elfes. Ça ne m’étonnerait en aucun cas. Cependant, j’aurais aimé ça, moi, y aller avec elle ! À la place, je me retrouvais coincée dans notre maison à me tourner les pouces. Je détestais ça, mais en fait, qui aimait vraiment ça s’emmerder ? Personne, c’est évident. Je venais de prendre mon petit dej’ et j’étais couchée sur le divan dans le salon à fixer le plafond en pyjama lorsque ma tante apparut dans mon champ de vision. « Il fait beau dehors, tu devrais en profiter et prendre l’air. » Elle n’avait pas tort là-dessus. Qui sait, je finirais peut-être par croiser Maïwenn et nous pourrions ensembles emmerder les elfes comme on savait si bien le faire. Si c’était pas génial comme idée ça ! « Tu as raison ! Je ne dois pas rester ici à m’apitoyer sur mon ennui ! » C’est avec un large sourire aux lèvres que je me levais du canapé et je remontais à ma chambre afin de revêtir des vêtements. J’avais opté pour de collants rayé noir et violet, des shorts en jeans ainsi qu’un chandail ample noir donc le col très large, prenait fin sur le côté, laissant à découvert mon épaule gauche.

Une fois descendue, j’ai filé aussitôt dehors et j’ai couru en direction d’Amaryllis. Maïwen et moi, nous avions des affiliés beaucoup trop gros pour les faire entrer dans la maison. Ils passaient donc la nuit dans le petit enclos que mon oncle avait bâti afin qu’Amaryllis et Philip puissent se reposer sans danger de casser quoi que ce soit dans notre demeure et d’avoir quand même une semi-liberté.  Une fois près de l’enclos, j’ai escaladé la clôture et j’ai couru en direction d’Amaryllis. Dès qu’elle m’aperçut, elle replia ses pattes avant afin de me permettre de compter sur elle sans me casser la gueule. Elle me connaissait plutôt bien cette licorne ! Je l’adorais et elle savait toujours quoi faire pour éviter que je tombe à quelque part. Ça marchait pas toujours, mais elle arrivait quand même à faire une différence. Amaryllis s’était redressée et c’est au galop qu’elle fonça vers la barrière de l’enclos. Elle bondit par-dessus celle-ci. C’est en riant que je m’agrippais à elle. Y’avait rien de semblable à ça.

La descente des montagnes se fit sans accrochages importants, heureusement pour nous deux. Dis donc, j’avais de la chance aujourd’hui. Je ne m’étais pas encore cassée la gueule. Voilà qui s’annonçait très bien. Bon, fallait pas que je parle trop vite, car la journée était encore jeune et quand t’es un empotée, toute les raisons et les situations sont bonnes pour s’enfoncer les pieds dans les plats très profondément. Mes yeux bleus se posèrent sur les arbres qui venaient d’attirer mon regard. Voilà ! Je venais de trouver où Maïwenn pouvait se cacher ! J’envoyai Amaryllis au galop alors que je songeai précisément au lieu où ma cousine pouvait bien se retrouver. Si elle était réellement partit où je croyais, elle serait dans la forêt sans la moindre hésitation. C’était là le repère de ces maudits elfes de mes deux. Nos précieuses forêts qui nous revenaient de droits. Un jour, ils vont le payer et on va les éradiquer de la surface du monde, c’est moi qui te le dis ! Depuis des générations, c’était comme ça qu’on pensait chez moi. Nous n’étions pas prêts d’arrêter. La fin, ce serait lorsque les elfes se seraient transformés en pâté. C’est une image délicieuse, je sais. Non, mais t’as vu comme ils se croient supérieurs avec leur oreilles pointues, leur appropriation de nos forêts ?! C’est DÉ-GUEU-LASSE. Ils sont tous pourris. C’est l’invasion ! Les fées, nous devions mettre un terme à leur règne qui durait depuis trop longtemps ! En plus, les elfes, ça pue. Carrément.

Arrivées devant la forêt, je pris une profonde inspiration. Je n’avais pas la moindre armes avec moi, mais… Je pourrais me débrouiller avec mes dons si jamais il venait à se passer quoi que ce soit. J’ordonnai mentalement à Amaryllis de s’avancer à travers les arbres. J’étais toujours sur son dos et je me laissais guider par elle. Je prêtais attention à tout ce qui se présentait à nous. Je ne devais en aucun cas baisser ma garde. Prévoir une attaque de crétins des bois aux oreilles pointues était difficile. Ils frappaient sans crier gare ces petits cons. Soudain, je vis une tête blonde passer juste devant moi à environ trois mètres. C’était un mec aux cheveux plutôt courts avec un arc à flèches et un carquois dans le dos. Le détail marquant était ses membres auditifs qui me semblaient être pointus. « Vas-y, Amaryllis. » La licorne ne se le fit pas dire deux fois et elle fila à vive allure entre les arbres à la poursuite du soi-disant elfe.  J’étais certaine qu’il l’était. Je mettrais presque ma main au feu tellement j’en étais persuadée. J’essayais de le garder à l’œil, mais ce n’étais pas évident tout ça. Bordel qu’il allait vite ce débile ! Les arbres semblaient se mouvoir autour de nous, Je fronçai mes sourcils. Ah non ! Pas un autre qui contrôlait la nature ! Ça devenait lassant à la fin. On a beau essayer d’être original avec le contrôle de ça, mais y’avait un tas de gens qui le contrôlait. C’était chiant à la fin. C’est alors qu’un gros tronc d’arbre tomba à un peu plus d’un mètre de nous. La licorne freina sa course assez brusquement, m’envoyant valser par-dessus elle et le tronc d’arbre. Je fis une roulade avant de m’étaler de tout mon long sur le sol terreux de la forêt. Merdouille !

Je levai mes yeux vers la personne qui se trouvait juste là à côté de moi. Avec ses cheveux longs et sombres, ses yeux violets et ses vêtements noirs, elle me faisait penser à un gothique. Oh merde. Je m’étais encore mise dans une position de vulnérabilité. Je me redressai assez rapidement en prenant appui sur le tronc d’arbre. Je la fixais les sens en alertes et avec l’air excédée. Je fronçai mes sourcils en la regardant et j’essayais de voir si elle avait les oreilles pointues. Malheureusement, j’arrivais pas à voir correctement. Hé chewing-gum en papier ! « Tu fois quoi, là ?! J’ai perdu sa trace-là ! » Ces mots sortirent de ma bouche assez rapidement et j’avais pris un ton assez brusque. On ne prend pas de chance lorsqu’on est en présence d’un elfe ! Si c’était le cas, je lui ferais ça fête. Je poussai un profond soupire en la regardant. J’avais l’air d’une conne désagréable, mais j’avais les nerfs à vif lorsqu’un crétin d’elfe était dans les parages. C’était plaisant d’être désagréable avec eux. C’était une de mes activités favorites. Je toisais l’inconnue en gardant mes distances et j’accotai mon dos contre le tronc d’arbres. Si jamais elle avait l’intention d’adresser un geste hostile à mon égard, j’arrivais probablement à m’en sortir. Je l’espérais. « T’es pas une elfe, j’espère ! » Crachai-je sèchement. Pas de quartier avec eux. Non mais ! Ils le méritent pas de toute façon.