Ballade méditative [PV Yukina]

Cette rencontre avait débuté par une collision entre deux personnes aux races totalement opposées ; deux personnes très différentes, l'une étant une habituée de l'île, et l'autre une petite nouvelle. Et pourtant, à présent nous discutions comme deux copines, si j'ose dire. Bien que chacune utilisait le vouvoiement, car après tout nous venions de nous rencontrer, un courant passait entre nous. Peut-être aussi parce que nous avions vécu la même chose ; du moins, j'étais persuadée que Yukina avait côtoyé les rues pendant longtemps. Elle affirmait avoir une peur bleue des hommes. Avait-elle été victime d'abus ? J'espérais pour elle que non, mais ça expliquerait beaucoup de choses. Pour ma part, dans les rues, personnes n'avait jamais pu me toucher sans mon accord, car j'activais alors mon pouvoir, qui brûlait méchamment les agresseurs. Je ne dirais pas dans mon cas que j'avais vraiment confiance en les hommes. Mais je n'en avais pas peur ; j'ai toujours su me défendre.

Je retournai au présent lorsque Yukina me relata sa rencontre avec mon demi-frère. Je ne pus m'empêcher de sourire. En effet, cette rencontre avait été des plus particulières. Était-ce le genre de Liam, de sauter sur la moindre occasion, sans même prendre le temps de faire la part des choses ? Aucune idée, je ne le connaissais pas assez. Je ne l'avais vu qu'une fois -en somme, comme notre père- et cela ne suffisait absolument pas, même avaec toute la bonne volonté du monde, pour connaître une personne. Mais c'est vrai, maintenant que je m'étais découvert une nouvelle famille, je ne voulais plus la lâcher. Curieusement, j'avais été seule presque toute ma vie, et maintenant que Liam était là, je n'en avais plus envie. "Hé, tu n'étais pas toute seule ces huit dernière années !" protesta mon affilié par la pensée. Je le caressai pour le rassurer. C'est vrai, il avait été là, tout ce temps, à mes côtés. pour me faire rire, faire des bêtises, et, plus rarement, me faire la morale. Enfin...

- Je vois, une rencontre intéressante en effet, me contentai-je de dire avec un sourire en coin.

J'étais tout de même étonnée du profond dégoût que Yukina semblait nourrir pour les hommes. Moi, je ne les aimais pas particulièrement, comme les femmes somme toute. Il y en avait à qui on pouvait faire confiance, et d'autres pas. Comme pour les femmes. Mais si dans votre vie, vous êtes toujours tombé sur des vicieux, pervers, manipulateurs, cruels, et j'en passe, nécessairement, vous finissez par les détester. en fait, une fois encore, c'était le hasard qui décidait pour nous. Bref. Je sentais une profonde fatigue gagner mon interlocutrice. Je lui demandai alors si tout allait bien, et si je ne l'ennuyais pas. Elle me rassura en affirmant que non. Si elle m'avait dit oui, pas de soucis, je serais partie. J'aurais compris qu'une asociale comme moi puisse être ennuyante. Mais ce n'était pas le cas, et tant mieux. Elle se leva et me fit face, pour me faire une proposition des plus intéressantes. Tout comme moi, elle trouvait dommage d'en rester là. Car malgré les différents de nos races, nous nous entendions plutôt bien. Et puis, faire une quête, ça me changerait les idées. J'attrapai alors sa main tendue pour me relever, puis je la lui serrai, pour confirmer notre accord.

- Ma foi oui, c'est une bonne idée, dis-je en me relevant. Ça fait un moment que je n'ai pas fait de quêtes, et ça changerait un peu de mon quotidien. Je vous propose dans ce cas de nous retrouver devant le panneau d'affichage du château, dans deux jours, vers 14h.

Je lâchai alors sa main, sachant qu'elle accepterait la date et l'heure du rendez-vous. Deux jours, ça nous laissait le temps de nous organiser. On évitait ainsi de précipiter les choses. Ce n'était jamais bon, de se précipiter dans une telle entreprise.

- Bon, et bien je vais vous laisser alors. Reposez-vous bien d'ici là. Il faudra être en forme. Passez une bonne journée ! terminai-je en faisant un signe de la main, tandis que je m'éloignais.

Blaze se frotta aux jambes de l'ange, pour lui témoigner son amitié, puis il vint me rejoindre en galopant. Nous reprîmes alors notre petite ballade méditative. Ah, quelle belle journée ! C'était curieux, car en huit ans, je n'avais jamais lié d'amitié avec quiconque. Et en quelques jours, j'avais fait la rencontre de mon demi-frère et d'une ange. Comme quoi, parfois, le hasard fait bien les choses.