ORION&ARIEL ✿ « PS : I (h)ate you. »

PS : I (h)ate you

Il m'attrapa par la taille et me hissa sur ses épaules avec une facilité qui me parut quelque peu déconcertante. Moi qui croyais qu'il avait que de la gueule, il avait finalement de quoi faire avec ses bras, ce qui était dans un sens rassurant. Ou pas. Mais bon, me retrouve en hauteur fut très plaisant, mais je ne tardai pas à saisir la clé, sinon quoi Monsieur allait encore piquer une crise... oui, à force de côtoyer des gens on finit par anticiper un peu leurs réactions. Quand bien même on venait de se rencontrer et restions ensemble par nécessité. Du moins c'était ce que je pensais... je crois. Il coupa court à mon instant de gloire en me faisant redescendre, geste auprès du quel je protestai vivement en agitant frénétiquement les jambes.

« Tu fais quoi ? Laisse moi en haut ! »
« Tu resteras pas la plus grande longtemps. »
« Pff, méchant va... »

Comment ça, ma répartie c'est de la merde ? On vous a pas sonné de toute manière ! Je m'attendais à ce qu'il me balance par terre pour récupérer la clé... mais à ma grande surprise, j'atterris tout en douceur, les deux pieds au sol et sans aucun dommage collatéral. Avant que je ne puisse lui faire part de mon observation, il me prit la clé des mains et ouvrit la grosse porte qui donnait sur... un couloir. Comme si on ne s'y attendait pas, tiens. Batman prit de nouveau possession de mon poignet – maintenant j'ai compris pourquoi les mecs prennent les filles par la main : c'est que le poignet ça commence à faire mal à un moment – et m'entraîna derrière lui dans le couloir sombre où régnait une atmosphère on ne peut plus oppressante. Je manquai de trébucher quand on tomba devant un escalier. Il aurait pas pu m'prévenir, WESH ? Je laissai échapper un petit cri étonné auquel il ne prêta aucune attention et suivit tant bien que mal ses pas qui nous conduisirent bientôt tout en haut. À cause de sa silhouette, je ne distinguai pas bien ce qu'on y trouva, mais ne tardai pas à le découvrir lorsqu'il me traina pour que j'arrive plus vite.

« In fine, on est dehors et on sait pas où est ta bestiole. »
« Waw, ton sens de l'observation est É-PA-TANT ! »

Il fit mine de m'ignorer. En même temps, on a pas trop le choix dans ce genre de situation... j'en avais moi-même fait l'expérience un bon nombre de fois ce soir. On se tut un moment le temps de repérer l'endroit dans lequel nous avions débarqué et, à en juger par les rires que nous entendions en fond sonore, la taverne ne se trouvait pas si loin que ça. Batman tenait fermement mon poignet dans sa main, ce qui ne me laissait guère d'autre choix que de rester avec lui... de toute manière je ne voyais pas d'autre option que celle là alors bon. Surtout qu'habillée comme je l'étais, je ne ferai pas long feu toute seule.

« On fait quoi maintenant ? »
« On essaye de... je sais pas moi ! P'têt que- OH ! »

Ne jamais terminer mes phrases et hurler, c'est fréquent chez moi. Laissez-moi vous expliquer : tout en parlant, j'avais jeté un petit coup d'œil vers ma tenue pour finalement constater qu'elle avait disparu. OK OK, j'étais pas à poil – encore heureux tiens – mais bon, se retrouver en soutif dans une ruelle sombre c'est pas super commode quoi. Ça m'apprendra à faire aveuglément confiance à Haylei, j'étais certaine que ça m'apporterait des merdes un jour. Pour ceux qui n'auraient pas compris : mes vêtements venaient du carnet à dessins de ma cousine, qui me les avait gribouillés en vitesse avant de partir, plus tôt dans la soirée, croyant qu'on la passerait ensemble. Seulement un pouvoir, c'est pas permanent, et quelque chose me disait que si ma tenue avait disparu, c'était que la demoiselle aux yeux dorés avait dessiné autre chose en parallèle. Je me regardai du mieux que je pouvais pour finalement lever des yeux presque larmoyants – PRESQUE, j'ai dit – vers le faux super-héros qui m'accompagnait.

« Au secours, j'ai plus de vêtements ! »

Non, sans blague. Mais merde quoi, je vais me faire violer et je vais rien comprendre à ma life ! Ma main libre serrait désormais la manche de la chemise de Batman et je commençais sérieusement à paniquer. Lorsque je me retrouvais toute seule, ça n'était pas bien rare. Et une Ariel en pleine crise de panique, c'est jamais beau à voir. Je me mordillai la lèvre inférieure pour éviter de tomber dans une nouvelle crise et regardai autour de moi. Soudain, le bruit d'un vibreur se fit entendre, et je me baissai soudainement en me rendant compte qu'il s'agissait de mon téléphone qui sonnait. Je l'empressement de décrocher, secouée de légers tremblements, et faillis hurler de joie lorsque la voix de ma cousine résonna au bout du fil.

« KAORI ? »
« 'LEI ! Oh, ça fait trop plaisir de t'entendre ! »

Et pour couronner le tout, de grosses larmes vinrent perler le long de mes joues. Oui, je suis super sensible comme fille, et quand on est à bout de nerfs, entendre une voix familière ça fait du bien. Mes sanglots m'empêchèrent de lui dire tout ce que j'avais à lui demander – à savoir où elle était, et si elle allait bien déjà – si bien que je dus me faire violence pour tendre mon portable à Batman qui devait se demander ce qui m'arrivait... parce que voir la fille qui vous a fait chier pendant une heure se mettre à pleurer en décrochant le téléphone ça fout les jetons, un peu

« Dis lui où on est, j'arrive pas à parler... »

La panique ça me réussit fichtrement pas. C'est pathétique, et si j'avais eu le pouvoir de lui faire oublier la pauvre nana en sous-vêtements qui chiale à côté de lui, je vous jure que je le ferai. Donc je note dans un coin de ma tête : « trouver la recette d'une potion qui efface la mémoire » et attend qu'il communique toutes les infos qui nous permettront peut être de rentrer chez nous ce soir.