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 Larmes salvatrices ♦ (Cheshire)

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Anonymous
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Larmes salvatrices ♦ (Cheshire) | Lun 11 Avr 2016, 19:47



Larmes salvatrices





La Terre, planète des êtres humains déchirée par la cupidité et l'égoïsme de certains. Elle leur offrait tellement de jour en jour mais ils désiraient toujours plus, sans se soucier de l'épuiser. Elle souffre pourtant tellement. Les glaciers s'effritent, les espèces animalières s'éteignent tour à tour, la végétation peine à renaître ... L'Homme ne se rend malheureusement pas compte de tout le mal qu'il lui inflige malgré tous les signaux qu'elle leur envoie. Il s'évertue à demeurer aveugle, fermer les yeux sur la dégénérescence de sa planète. Mais combien de temps encore allait-elle tenir avant que ce ne soit le chaos et la désolation ? Tu avais peur qu'elle finisse par les abandonner à leur perte. Les humains ne pouvaient-ils donc pas ouvrir les yeux ne serait-ce qu'une seule fois au cours de leur existence ? Ton impuissance face à la lente et douloureuse chute de la Terre suscitait ta culpabilité. Il y devait pourtant y avoir un moyen pour sauver cette planète et ses habitants ...

Tu parcourais une grande forêt souffrant du réchauffement climatique. Le douloureux crissement des branches d'arbre sous l'effet d'une petite brise te rendit davantage compatissant. Tes pas t'enfonçaient toujours plus loin dans cette vaste végétation meurtrie par égoïsme. Tu finis par t'arrêter dans ses profondeurs. Ta paume fut levée dans les airs pour aller se poser tendrement sur un des nombreux troncs d'arbres affaiblis. Elle se voulait réconfortante et rassurante. Il était glacial comme s'il s'essoufflait de sa vie si tourmenté. Tu le réchauffas d'une longue caresse puis le quittas en douceur pour pouvoir continuer ta route, toujours plus loin. Peut-être traverserais-tu la forêt dans toute sa longueur qui sait ? Tu ne savais pas trop où aller exactement. Tu te laissais simplement porté par ton instinct et le mouvement de tes membres inférieurs. Ton regard observait le paysage dans ses moindres recoins. Sombre et mélancolique, tu semblas y apporter un zeste de lumière, petit être éthéré que tu étais.

Tu parvins au bord d'une grande rivière. Ton visage fut coloré de tristesse en apercevant des dépouilles de poissons en son sein. Ils furent victime de la pollution. Elle ne cessait de faire des ravages de plus en plus dégradants au fil du temps. Particulièrement attaché au animaux marins, une larme, une seule, s'échappa du coin de ton oeil gauche pour traverser le long de ta joue. Elle s'écrasa au sol tandis qu'un amoncellement de nuages grisés envahit la toile étoilée durant la nuit. Le tonnerre annonça rapidement sa venue par ses puissants grondements. Une goutte finit par se décrocher du ciel pour retentir sur le sol terrien entraînant la venue d'une autre et encore une autre avant que la pluie ne finisse par se déverser sur la forêt. Tu n'allas pas t'abriter, demeurant sur place, les yeux rivés sur les pauvres cadavres gisant sur les rives. La pluie gagna en puissance et tu te dirigeas vers ce gros rocher enfoncé dans la terre, non loin de la rivière. Ton corps s'allongea en douceur contre lui. Ta joue vint s'appuyer délicatement contre son flanc rocailleux et humide tandis que ta paume s'y posa calmement. Tu la fis glisser lentement sur le côté en fermant les yeux.

La pluie ne s'arrêta pas, continuant de se déverser sur la forêt et sa voisine la ville. Tes habits étaient entièrement trempés mais tu ne fis aucun mouvement, presque immobile contre ce gros rocher solitaire. Il te faisait penser à toi, à être aussi à part. T'en voudrait-il si tu lui tenais un peu compagnie ? ...


 
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M. S. «Cheshire» Nikolaï
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Re: Larmes salvatrices ♦ (Cheshire) | Sam 16 Avr 2016, 17:35

Larmes salvatrices


Il y avait des nuits plus dures que les autres. Des nuits hantées par des souvenirs plus vifs, plus durs, plus réels, qui prennent la place des rêves. Après tout, des souvenirs, elle en avait assez pour remplir plusieurs vies, et certains avait été bien plus violent que les autres. Le souffle court, les membres agités, elle revoyait défiler devant ces yeux sa toute première vie, ses plus anciens souvenirs, ses origines. Et la mort qui mit fin à tout cela. Des noms, des lieux, des visages, des cris. Un cri. Puis le rêve se déchira, et elle ouvrit grand les yeux sur la réalité.
Et ce matin là, pour la première fois depuis bien trop longtemps, Ariana s'éveilla. Pleinement consciente de qui elle était, de ce qu'elle voulait, et de ce qu'elle avait vécut. L'esprit clair, la folie rejetée au loin par ses convictions, tremblant encore sous la force de ses souvenirs. Cela faisait des années qu'elle n'avait pas réussit à s'extraire ainsi du brouillard ambiant qu'elle avait elle même créée, pour se protéger. Encore sous le choc, elle sortit du lit, et marcha silencieusement à travers la pièce pour se poster devant le grand miroir, et contempler le visage qu'elle arborait depuis presque un siècle. En y regardant bien, elle y retrouvait un peu de son vrai visage, et un peu de son identité en Pologne. Mais pour le reste …. Elle avait l'impression de s'être étalée un pot de peinture sur le visage. Sans hésitation, elle fit disparaître ce masque ridicule, laissant ses cheveux roux et ondulés cascader jusque ses hanches, et ses yeux retrouver leur bleu naturel. Elle caressa du bout des doigts ce visage qui était le siens, puis s'arracha du miroir pour se changer et sortir au plus vite de cette caravane étouffante et silencieuse.
Au moment de sortir, elle entendit le bruit des draps bougeant derrière elle.
« Chess' ? »
Elle ignora l'appel inquiet du serpent et se réfugia dans la lumière du jour naissant.



Elle glissait sans bruit entre les troncs endormis de cette forêt inconnue, tel un fantôme aux reflets argentés, venu tout droit d'un conte oublié. Elle voulait voir la mer. La vrai mer. Celle qui l'avait vu naître, grandir, et qui gardait précieusement le secret qu'elle était censé protéger. Elle savait qu'elle avait peu de temps. Le prochain numéro la ferait revenir. Le prochain sommeil pourrait l'empêcher de se réveiller, à nouveau. Elle était prisonnière de sa propre tête, et bientôt, cette clarté d'esprit allait disparaître, pour une période dont elle ignorait l'importance. Alors elle avait traversé le premier portail qu'on lui avait proposé, en espérant au moins apercevoir l'océan. Mais à la place, elle était arrivée ici.
Sans savoir où « ici » se trouvait exactement.

Le paysage qu'elle avait découvert avait quelque chose de mélancolique, un forêt froide et brumeuse, éclairée uniquement par la lueur des étoiles. Rien à voir avec les forêts d'il y a deux milles ans, pourtant il restait une certaine fierté à ces grands arbres. Son corps de cervidé ailé se fondait dans l'ombre, les serres plantées dans la terre et les feuilles. Silencieusement, elle s'était avancé entre les arbres, le museau levé dans l'espoir de voir suffisamment d'étoiles pour parvenir à se repérer. Mais son attention fut captée par un son, un son plein de promesse : L'eau. Une eau vive, bien que calme, proche. Sûrement une rivière, ou un fleuve. Un endroit qui lui permettrait de voir de le ciel, et mieux encore de voler, en suivant cette route naturellement jusqu'à la côte.

Pleine d'espoir, elle se dirigea vers la source du bruit d'un pas prudent, baissant la tête pour éviter de heurter les branches basses de ses bois. Elle n'avait jamais compris pourquoi ils avaient poussé, mais c'était un fait. Elle se savait proche, et commençait même à distinguer le sombre reflet du sillon, lorsque le tonnerre gronda, et que les premières gouttent se mirent à pleuvoir. Étonnée, elle releva la tête en direction des étoiles qui avaient disparues. Aucun ciel ne peut changer si vite. La pluie est polie, elle s'annonce toujours. Cela n'était pas naturel … Plus prudente encore, elle rejoignit la rive, ignorant son pelage trempé où glissait les gouttes de pluies. Un spectacle autrement plus triste s'offrit à elle. La rivière, sans doute autrefois splendide, était maintenant un symbole de mort comme on en croisait parfois. Elle ferma les yeux un instant, et se détourna bien vite.
Elle savait qui était responsable, cela avait toujours été, et cela serait toujours.

Alors qu'elle observait les alentours, à la recherche d'un indice sur la direction à prendre, son attention s'est portée sur tout autre chose : Lui.
Il était là, debout sur la rive, immobile, les yeux fixés sur l'eau. Elle ne chercha pas à dissimuler sa présence, à la fois curieuse et méfiante. Il dégageait le genre d'aura que ceux de son genre peuvent exprimer, mais rien ne prouvait qu'il n'était pas juste un humain perdu. Elle s'avança calmement, tout en le regardant s'allonger contre un rocher, le caressant avec douceur. Même pour elle, cela lui semblait étrange. Elle aimait l'extérieur, et respectait ce que la terre avait à offrir, mais elle n'avait jamais considéré les arbres ou les pierres comme des êtres pensant, alors de là à leur faire des câlins ...

A mesure qu'elle progressait, se pas se firent plus bruyant sur la berge rocailleuse, au point qu'elle fut sûre qu'il l'avait entendu venir. Les oreilles pointées en avant, elle s'arrêta à quelque mètres de l'homme, dont le visage ne lui disait rien, mais dont elle était pourtant certaine qu'il n'était pas simplement humain. Sans se donner la peine de se retransformer (pour rester debout sous une forme bien moins adapté à ce temps, non merci), elle resta là, débout, fixant cet être étrange, donc la pâleur tranchait avec le paysage. Ce ne fut qu'au bout d'un long silence, elle s'adressa finalement à l'inconnu face à elle, sa voix se perdant dans le chant de l'averse.

« C'est un endroit bien étrange pour se décider à passer la nuit, surtout par un tel temps. »




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Re: Larmes salvatrices ♦ (Cheshire) | Mar 19 Avr 2016, 01:08



Larmes salvatrices





Le temps déjà attristé de toute cette souffrance s'était brusquement assombri sous le poids de ta tristesse. La vue de ces pauvres petites dépouilles avait serré ton coeur si sensible. Les habitants de la rivière connurent l'amertume du trépas amené par les effluves de la pollution. L'Homme rejetait aveuglément ses déchets dans la nature en particulier au sein des rivières, fleuves et océans de la planète, origines de la vie elle-même. Tu ne pus contenir ton bouleversement, le déversant à coups de torrents de pluie comme-ci les cieux eux-mêmes pleuraient la perte des animaux de cette rivière contaminée. Tu t'étais allongé contre un rocher à demi enlisé dans la terre devenue boueuse par la pluie. Ta paume tentait de le réchauffer de la froideur des larmes tombantes. Tu profitais de sa texture si dure et rocailleuse. Il semblait puissant face à la rudesses des aléas naturels et industriels. Tes prunelles s'étaient entre-temps closes. Tu tentais de calmer ta profonde mélancolie. C'était si difficile ... Une perle lacrymale s'échappa du coin de ta paupière droite, masquée par les pleurs du ciel.

Une présence te fit ouvrir les yeux. Tu la vis, étrange créature mi-cervidé mi-oiseau qui s'approcha avec lenteur. Être dont tu n'aurais jamais soupçonné l'existence de part son originalité marquante. Tu n'avais jamais croisé une telle créature au cours de ton existence. Sa nature t'était certes inconnue mais tu pouvais deviner qu'elle était un mythologique d'une grande rareté. Un fin sourire vint étirer tes lèvres tandis que l'averse diminua légèrement d'intensité. Son rapprochement à ton encontre avait soulagé cette plaie qui s'était ouverte en toi. Ses paroles égayèrent l'étirement de tes lèvres.

L'eau est mon élément. Je ne fais plus qu'un avec elle. Elle apaise mes inquiétudes. Qu'en est-il de vous ? Le froid vous gagne peut-être. Ne vaudrait-il mieux pas vous abriter ?

Tes habits te collaient à la peau, engorgés des pleurs de ta tristesse. Leur chaleur avait laissé place à un froid presque glacial qui ne te dérangea pas, habitué aux brusques changements de températures lorsque tu changeais d'océans. Ta chevelure avait perdu de sa légèreté, alourdie par la pluie. Ton corps n'était pas victime aux flots de frissons, demeurant parfaitement calme et reposé malgré un esprit tourmenté par les méfaits de l'Homme. Tes prunelles ne se détachèrent pas de cette étrange créature. Étrange certes mais profondément agréable à contempler. Son pelage et son plumage subissant les sévices de ta pluie te firent lever ta paume dans les airs pour l'inviter à te rejoindre. Qu'elle n'aie crainte, la violence ne faisant pas partie de ta personnalité. Tu désirais simplement soulager son doux pelage et plumage de toute cette accumulation d'eau.

Venez ...

Ton timbre de voix était doux et rassurant. Cette créature t'intriguait à venir s'aventurer dans cette boréale forêt du Canada à cette heure aussi tardive. Qu'y recherchait-elle, à demeurer immobile sous ce torrent de larmes ?


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Re: Larmes salvatrices ♦ (Cheshire) | Lun 20 Nov 2017, 23:50

Larmes salvatrices


Une à une les perles d'eau venues du ciel s'écrasaient sur sa robe lisse et glissaient sur ses plumes délicates sans parvenir à pénétrer le duvet qui la tenait relativement au sec. Elle était une créature insulaire après tout, elle était faite pour servir le seigneur des océans au plus proche de sa demeure ouverte aux hommes, avant qu'il ne décide de les priver de ce droit. Cette forme était faite pour survoler les navires, planer au dessus des vagues, et vivre aux bords des falaises, au contact presque permanent de l’embrun. Cela n'empêchait pourtant pas la pluie d'être glaciale, en plus d'être drue. Malgré tout, au milieu de ce rideau compact et continu, elle réussit à percevoir le changement, discret, qui accompagna le sourire de l'inconnu. Plus de doute possible désormais, il était bien responsable de l'averse, et de ses conséquences.

L'eau est mon élément. Je ne fais plus qu'un avec elle. Elle apaise mes inquiétudes. Qu'en est-il de vous ? Le froid vous gagne peut-être. Ne vaudrait-il mieux pas vous abriter ?

Il pouvait bien parler, alors que ses vêtements lui collaient déjà à la peau, faisant vaguement ressortir les reliefs de son corps élégamment dessiné. La demoiselle avait beau de plus être attirée par qui que ce soit en générale, elle ne pouvait pas non plus contredire les fait. Néanmoins, il était évident que ses vêtements mouillés ne gardaient plus aucune chaleur, là où elle avait l'avantage de la forme. Pour sûr, s'il était normal, il aurait froid bien avant elle.

Mais elle avait beau ne pas craindre la pluie, ce n'était pas pour autant qu'elle trouvait la situation agréable. Par réflexe, elle étendit vaguement ses ailes afin de les secouer, faisant s'écraser au sol l'eau qui s'y accrochait, secouant également sa tête afin de faire tomber les gouttes qui parlaient sur ses bois. Réaction futile s'il en est, du moins tant qu'elle n'allais pas s'abriter comme le proposait l'étranger, puisque la pluie revenait prendre sa place aussitôt qu'elle s'en était débarrassée. Tant qu'elle ne s'attaquera pas à la source, il reviendra toujours, ennuyeuse personnalité qui ne voulait pas rendre sa place

Sans lui laisser le temps de se perdre dans ses noires pensées, il tendit la main vers elle. Nulle violence dans ce geste, nulle attente, rien que douceur et invitation. Tragique que cela ne soit que si rarement le cas.

Venez ...

Sa voix était douce, une caresse, une invitation, rien de plus. Nulle malveillance, nulle crainte, elle hésite à peine à faire confiance à cet étranger. Elle sent son lien à ce monde, en un sens.
Elle n'a pas tant peur de lui, elle se sait plus forte, mais elle ne veut pas donner sa confiance à n'importe qui, pas après tous ces siècles à apprendre ce que les autres peuvent vous faire. Pourtant, cette fois, elle n'arrive pas à se méfier. Il est trop doux, trop candide, et rien en lui ne lui cri de faire attention. Et elle s'avance. Un pas d'abord, hésitant, suivit d'un autre, bien plus franc, pour finalement rejoindre le jeune homme, laissant à peine deux pas entre eux.Juste de quoi le forcer à faire un pas à son tour, et tendre la main pour la toucher.

« La pluie ne me dérange pas vraiment sous cette forme, et puis je ne compte pas rester ... »

Elle le laisse faire, attentive sans être nerveuse pour autant. Ses yeux se perdent dans les siens, ils ont une couleur plutôt agréable bien qu’inhabituel. Des yeux couleur de nuage. Des yeux qui donnent confiance et qui la pousses à lui parler sans se cacher derrière le silence ou les mensonges.

« A dire vrai, j'espérais pouvoir rejoindre la côte et voir la mer … Tant que je le peux encore »


[HRP: Vraiment désolé pour les mois de retard >.<]




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Re: Larmes salvatrices ♦ (Cheshire) | Jeu 05 Avr 2018, 01:26

La douce amertume de nos retrouvailles
Le cerf légendaire s'était gracieusement débarrassé de ce manteau pluvieux ayant enrobé ses arabesques de quelques véhéments tressaillements. L'affliction du firmament qui s'abattait incessamment sur vos deux silhouettes ne semblait point éveiller la sensation d'inconfort chez lui mais ta paume lui fut pourtant tendue, suintante d'une attentionnée indolence. Aucun pas de ta part ne cadença tes jambes car tu préféras lui octroyer un choix optimal face à ton aide généreusement offerte. La demoiselle entama finalement un rapprochement de quelques enjambées de ses sabots et tu gangrénas finalement doucereusement le reste de distance écartelant vos existences. Le creux de ta main s'affala tendrement contre son museau pour s'y promener en de délicates caresses et ta pommette s'appuya finalement tendrement contre son flanc tandis que tes paupières recouvrirent tes prunelles l'espace de quelques secondes. Affection presque lénifiante qui flagella doucereusement la créature mythologique.

Sa truculente voix carillonna dans les airs et ton visage délaissa son museau, le creux de ta paume continuant son sillage pour parcourir sa longue encolure, la galvanisant de quelques pressions relaxantes pour revigorer sa musculature peut-être essoufflée. Lorsqu'elle évoqua le désir de contempler l'étendue océanique presque infinie, le visage d'Arwenn vint subtilement s'insinuer au creux de ton esprit et fit tressaillir ton palpitant. La mer était symbolisme de votre première rencontre qui avait bouleversé à jamais ton quotidien monotone. Tu avais à cause de lui goûté à l'amertume des réminiscences et de la culpabilité. Aigreur qui ne t'avait jamais quitté depuis le rejet qui s'était écoulé d'entre les lippes du dragon. Retourner à l'orée du rivage ferait rejaillir les plus merveilleux instants de ta si longue existence mais la douleur émergerait également pour sournoisement agrémenter cette fleurissante plénitude car l'autre mythologique des eaux déchaînées ne serait peut-être jamais le joyau qui se loverait contre tes courbes.

Nous pouvons nous y rendre ensemble si vous le désirez. Je ne peux malheureusement pas me transformer en légendaire terrestre pour vous épauler mais je vous aiderai du mieux que je peux pour atteindre la mer.

Les perles pluvieuses qui s'abattaient incessamment sur vos deux silhouettes se mirent finalement à les éviter, déviées par ta pensée pour s'écraser à vos côtés. Myriades d'éclaboussures qui ne parvinrent ainsi à ne plus consteller chacune de vos arabesques. Les accoutrements engorgés d'eau te collant désormais à la pulpe auraient ainsi peut-être le temps de se débarrasser de leur ineffable humidité et la pétulance s'enticherait sans doute de tes esquisses. Ta paume ayant quitté le pelage du cervidé ailé, tes jambes te portèrent au loin, sillage dénué de cette averse qui se dressa alors au gré de tes pas, face à l'autre mythologique pour lui indiquer le chemin à emprunter. Ta silhouette pivota finalement sur le côté et tes iris ruisselèrent le long de son museau, silencieuse et enjôleuse invitation à te rejoindre au coeur de ce voyage.


hrp • Désolée pour ma lenteur TT ♥
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Re: Larmes salvatrices ♦ (Cheshire) | Lun 30 Avr 2018, 21:28

Larmes salvatrices


Un contact. Une caresse. Sa paume froide paraissait presque brûlante comparée à l’air nocturne qui se mêlait à la l’ondée glaciale. Un effleurement, auquel s’ajoute celui de sa joue qui se pose contre le pelage de l’être séculaire, dans un instant qui semble s’étirer sur des heures. Une pause dans le temps, alors que celui-ci s’écoule sans eux, indifférent, comme il l’a toujours fait. Elle n’en a cure, elle pourrait tout aussi bien rester ici une centaine d’année que cela n’y changerai rien. Elle apprécie simplement la douceur et la poésie de l’instant, dans le silence relatif d’une nature en pleure, bercée par la pluie qui heurte la végétation et le courant qui murmure à leur côté.
Elle apprécie cette sensation. Elle ne le craint pas. Lui non plus. Il plane entre eux deux une confiance mutuelle établie sans raison ni preuve, une confiance candide basée sur rien d’autre que leur envie réciproque d’aller l’un vers l’autre. Comme s’ils se connaissaient depuis des années. Comme si c’était normal. Toi qui est si rapide à juger et à te méfier, tu m’étonnes ! Comme si elle souhait son avis.

Cette intervention non désirée fit repartir le monde autour d’eux, et la main de l’inconnu se remit en mouvent, suivant les lignes de son corps de cervidé.

Nous pouvons nous y rendre ensemble si vous le désirez. Je ne peux malheureusement pas me transformer en légendaire terrestre pour vous épauler mais je vous aiderai du mieux que je peux pour atteindre la mer.

« J’accepte avec plaisir, j’apprécie votre compagnie »

Et alors que le contact se brisait tandis que sa main s’éloignait, la pluie se mit à les éviter, formant autour de leur silhouettes un écrin étanche qui s’ouvrit face à eux, chemin tracé entre les arbres et la berge. Elle le laissa s’avancer de quelques pas puis en profita pour s’ébrouer un dernière fois, débarrassant aussi bien ses plumes que sa robe de leur manteau brillant, le faisant voler elle tel une myriade d’étoiles furtives.

Puis, sans aucune hésitation, elle rejoignit l’être dont le regard l’invitait à le suivre, cheminant à ses côtés au coeur de la sylve, ses longs membres graciles suivant aisément le rythme. Ainsi avançaient-ils, ces deux êtres étranges et discordants, tels des spectres, au milieu de la brume et de la pluie sans que l’une ou l’autre ne semble des effleurer. Marchant en rythme, goûtant la nuit, écoutant le silence, entre les troncs d’une forêt anonyme.

Elle aurait pu passer l’éternité comme ça, en paix, que cela ne l’aurait pas déranger. Mais ses instants lui étaient rares et comptés, elle le savait. Et déjà Sa présence se faisait sentir, à la bordure de son esprit, comme un fauve attendant la moindre occasion pour briser les faibles liens qu’elle avait si difficilement mis en place.
Et alors qu’elle sent que son objectif est proche, que l’océan murmure, paisible, à quelques lieux seulement, un obstacle se dresse face à eux. Une ville, brillante, bruyante malgré l’heure. Une ville qu’il faudrait soit traverser, soit contourner. Et elle n’en avait ni l’envie, ni le temps. Son choix se fait vite, elle n’hésite pas longtemps : les nuages les cacheront de toute manière.

Elle s’immobilise, pose un regard confiant sur l’étranger. La suivrait-il ? Peut être préférait-il marcher au milieu des grandes avenues plutôt que d’affronter les hauteurs, qui sait.
Là, à la lisière des arbres, où elle aurait la place d’étendre ses ailes pour prendre son envol, elle se tourna vers lui avant de replier ses membres pour descendre à terre, invitation à peine voiler de la rejoindre.

« Venez, ce sera plus simple »




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