karma is a b*tch ❞ (sumnoah) ✘

Summer vivait en plein milieu du centre battant et bruyant de la ville, parce qu'il n'y avait rien qu'elle détestait plus que la campagne. Rien qu'elle n'avait plus en horreur que le calme, l'odeur de la terre, l'isolation, les routes boueuses, l'isolation, le vide, le silence.

Et encore l'isolation.

Summer était comme un poisson dans l'eau ici, comme une goutte de sang frais dans ce cœur battant à toute vitesse qu'était la ville, se plaisait à se perdre dans le dédale veineux de rues plus ou moins larges, plus ou moins recommandées. Elle savait que sa mère avait parfois du mal avec la pollution, mais ce n'était pas son cas. Probablement que son sang de mage était une bonne aide dans le processus.

Du sang. L'hémoglobine était une matière dont l'échange était souvent sujet à controverse, probablement par son caractère profondément nécessaire à la vie, mais la controverse était un concept plus qu'abstrait dans cette partie de la ville. On la disait peu recommandable. On la disait mal famée. Dangereuse. Et, à vrai dire, la part de vérité dans ces dires était aussi visible que le nez en milieu du visage.  

Mais Summer se fichait complètement de tout ça, et avait un sens du danger plus que particulier.

Il est à vrai dire parfois difficile de savoir comment elle est encore parmi nous, pour dire la niveau presque négatif de son instinct en matière de survie. Après tout, qu'est-ce qui pourrait mal se passer ? La jeune femme avait cette conviction égocentrique d'être bien trop intelligente et parfaite pour que les choses puissent se passer autrement qu'elle ne le voulait, peu importe combien de fois le monde lui prouverait le contraire.

Il faut reconnaître un point logique dans son raisonnement, c'est que si jamais les choses s'envenimaient et que l'on commençait à s'énerver sur elle, elle n'aurait qu'à utiliser son pouvoir pour calmer le jeu instantanément. Un pouvoir dont elle faisait pourtant plutôt rarement l'usage, amusée par les conflits enflammés du quotidien, tellement plus utiles pour pimenter sa vie que si elle plongeait tout le monde dans un état constant d'ataraxie.

Cette envie d'adrénaline était ce qui avait mené ses pas dans les ruelles sombres de cette partie moins fréquentée de la ville, à l'heure où Nyx l'habillait de son manteau, avec rien de plus qu'une petite robe noire, une paire de talons aiguilles et une longue veste écarlate. Cette même envie qui avait poussé ses mains contre la porte d'un bar, le premier qu'elle trouva, et laissé un grand brun lui offrir un verre. Summer connaissait par cœur cette parade nuptiale.

Du moins le pensait-elle.

Plus difficile, quand tout est paradoxal. Quand un grand brun porte bel et bien un intérêt à votre corps, mais pas pour son usage personnel.

Curieux éphèbe, à tous les sens de tous ces termes, qui l'abreuvait de questions après l'avoir abreuvée d'éthanol, tirait son corps frêle à l'extérieur pour lui rendre les pensées un peu claires à nouveau. S'éloigner de la frénésie du bar. Des questions plutôt indiscrètes, qui ne dérangeaient pas la rouquine, mais si nombreuses qu'elles commençaient à venir à bout de ses nerfs. Summer s'ennuyait, et détestait s'ennuyer, alors lorsqu'elle repéra un changement dans le regard de son interlocuteur et une voix familière dans son dos, c'est en un sourire malicieux que ses lèvres s'ourlèrent.

Elle se tourna un peu, pour s'adosser au mur, et observer le nouvel arrivant. Son interlocuteur. L'un après l'autre, amusée. Le brun fronça les sourcils, laissant claquer sa langue contre son palais.

— Tu le connais ? Écoute, c'est pas mon problème si t'as un copain, mais qu'il se pointe pas si tu-

Un rire franc t'échappa. Copain. Tu n'avais jamais utilisé ce mot qu'à son sens amical, et jamais depuis que tu étais passée à l'adolescence. Secouant la tête avec un grand sourire, tu haussas les épaules en secouant la tête, l'insolence suintant de tous les pores de ta peau.

— Oui je le connais.
Non c'est pas mon copain.
Mais il va pouvoir expliquer ce qu'il fait là, pas vrai ?

Tu continues, Summer, en te tournant vers Noah avec une mine joyeuse.

— Quelle bonne surprise !
Belle soirée, n'est-ce pas ?
Que me vaut l'honneur de ta présence ici ?
Fatigué des plantes ?