Entre deux fées [PV Zélia]

Cela faisait un moment que nous étions là. Avec Ketra, nous étions capables de passer des heures ensemble. C’était toujours agréable. Midi approchait. Nous parlions trahison de couple et fausses relations.

"Comment ne pas être d'accord avec toi, à part être l'un de ces traîtres? Depuis un moment, je préviens toujours de ce que j'ai et de la nature du couple, et à chaque fois que j'apprends cette trahison, je n'hésite pas à dire au traître: "Le jour où tout le Sanctuaire connaîtra ta réputation, plus personne ne voudra de toi. Alors c'est changer ou être rejeté." avant de prendre ma forme de Dragon Argent et de partir."

Malheureusement, avec ce genre de personnes, il n’y avait rien d’autre à faire que de partir. Rester alors que la relation n’était pas réelle, c’était juste se blesser soi-même, se rabaisser. Il fallait du courage pour partir… Ou plutôt de l’amour propre. Après tout, personne n’aimait être trainé dans la boue. Pourquoi s’entêter à rester à terre alors qu’on pouvait se relever ? Ketra était réfléchie, aussi faisait-elle le meilleur choix possible pour elle dans ce genre de situation. Après tout, elle ne pouvait que trouver quelqu’un de mieux par la suite.

J’avais déjà vu sa forme de Dragon Argent. Pour moi, c’était une transformation majestueuse. La première fois, ça m’avait beaucoup impressionné, à tel point que je n’avais pas osé bouger… presque tétanisée par une sorte de peur stupide et enfantine. Cela continuait de m’impressionner, mais désormais je n’étais plus tétanisée ! J’avais l’impression qu’en prenant cette forme, elle cherchait un refuge, une solution à ses problèmes. Peut-être me trompais-je. Mais en tout cas, je trouvais qu’il y avait une certaine symbolique lorsqu’elle se transformait après une trahison amoureuse.

Lorsque je lui parlais de ce qu’elle considérait comme de la trahison, nous fûmes sur la même longueur d’ondes :

”C'est pareil. Et aussi, si au bout d'un instant, elle me quitte juste pour mes défauts, je considère aussi comme de la trahison, car je m'adapte toujours aux défauts de ma partenaire grâce à mon immortalité, donc si elle refuse d'encaisser mes défauts, alors pourquoi est-ce qu'elle est en couple avec moi? Et il faut savoir qui si la personne me trahit, elle ne recevra plus aucune parole de ma part. Tout ce qu'elle aura, c'est mon chant et rien d'autre."

Oh oui, le chant, c’était quelque chose qui lui collait à la peau. C’était inné, elle chantait du matin au soir, peut-être même qu’elle ne s’en apercevait pas parfois. Elle avait une si jolie voix, d’ailleurs lorsque j’entendais chanter, je savais que c’était elle. Comme ce matin, je l’avais entendu chanter avant de la voir, je savais qu’elle n’était pas loin à sa voix.

”- Oh oui, tu chantes trop bien d’ailleurs ! C’est naturel chez toi, tu as toujours une chanson aux lèvres. Comment tu as appris à chanter ? Tu as toujours su chanter avec cette voix ? Tu ne voudrais pas m’apprendre par hasard ? Je rêverai de savoir au moins chanter juste, parce que c’est carrément la honte ! Je chante tellement mal que je pourrais faire fuir un sourd !”

Et je ne plaisantais pas, je n’avais aucun talent musical, alors que j’adorais la musique ! Certaines personnes naissent avec un talent et d’autres pas. J’étais dans la catégorie des gens normaux, qui n’avait aucun don particulier, les gens lambdas. Au fond, je ne m’en plaignais pas, j’aimais la normalité. Mais chantonner sans provoquer une crise d’épilepsie aux gens autour de soi, c’était quand même cool !

Je n’eus pas le temps d’ajouter quoi que ce soit que mon téléphone portable sonna. Je m’excusai auprès de mon amie et répondis à l’appel. C’était un des parents des enfants dont je m’occupais. Ils avaient besoin que je puisse venir garder leur enfant à leur domicile cette après-midi si j’étais disponible à cause d’une urgence. C’était ça le boulot. L’été, mon travail variait et demandait de s’adapter à des horaires changeants. Avec un air désolé, je m’expliquai à mon amie :

”- Ketra, je suis désolée, c’est pas que je veux te chasser mais… on vient de m’appeler pour du boulot en urgence, je dois aller chez les parents du petit Nolan. Je vais devoir te laisser, j’espère que tu ne m’en veux pas. On se revoit vite de toute façon, peut-être pour me donner des cours de chant ?”

J’attendis qu’on se soit dit au revoir chaleureusement avant de filer me changer en vitesse et de foncer au domicile du petit que je devais garder. Ketra était vraiment une bonne amie, aussi je savais qu’elle me pardonnerait de lui avoir fait faux-bond. De toute façon, on se reverrait très vite !