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 » Imperium || Natence

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Anonymous
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» Imperium || Natence | Lun 21 Mar 2016, 20:04



ImpeRium
Prue;Nate ;

Tu sers la main de ton invitée avec un resplendissant sourire collé aux lèvres. Le son des discussions autour de vous augmente peu à peu tandis que ta voix se fait clairement entendre au dessus de toutes celles qui vous entourent.

▬ C’est un plaisir de vous avoir parmi nous ce soir. Vous êtes resplendissante. Dior? Excellent choix. J’espère que vous passerez une agréable soirée. N’hésitez pas si vous avez besoin de quoi que ce soit.

Même discours que tu as répété des centaines de fois récité. Elle te répète, comme tous les autres, à quel point la soirée est réussie. Te félicite pour ton succès. Te complimente sur ta robe émeraude Balmain qui a été le sujet de la majorité des discussions. La pierre noire qui règne à ton cou attire son attention, un réflexe qui te fait esquisser un sourire amusé. Ces personnes, aussi influentes soient-elles, sont toutes attirées par les choses qui brillent. Les belles choses. Les choses qui ont l’air de coûter cher. Peu importe l’intérêt de la soirée, pourquoi ils y sont invités, tant qu’il s’agit d’une occasion de se pavaner avec leurs robes haute couture et leurs bijoux qui valent dix fois le salaire minimum, c’est une bonne chose. Tu la remercies pour toutes ces belles paroles, sert la main à son mari dont le regard s’attarde sur toi plus que ce que le convenable permet. Tu te racles la gorge, tente de te défaire de son regard insistant puis te re-concentres sur sa femme qui est partie dans un discours aussi long qu’hypocrite sur ses dernières vacances sur Terre. Tu hoches la tête d’un air intéressé aussi longtemps que tu peux, riant à certaines de ses blagues de bourgeoise et essayant de la mettre aussi à l’aise que possible.

Les lustres en cristal scintillent de milles feu  lorsque tu lèves les yeux pour les regarder, après qu’elle t’ait fait la remarque. Tu as passé des semaines à organiser cette soirée pour la sortie du nouveau numéro. Ca t’a pris du temps, de la patience, beaucoup de force, mais comme à chaque fois le résultat est remarquable. Tu prends possession d’une coupe de champagne lorsque l’un des serveurs passe près de toi. Toutes ces discussions t’ont donné soif, mais elles t’ont aussi rappelé le manque de nicotine dans ton sang. La pression retombe peu à peu, le besoin d’une pause augmente. Tu t’excuses auprès de la femme pour aller accueillir les nouveaux invités. Elle te laisse partir avec un sourire, déjà sous ton charme. Tu sais qu’à la minute même où tu seras quelques mètres plus loin, elle va dire à son mari à quel point tu es ravissante, ce qu’il confirmera d’un hochement de tête. C’est toujours la même chose. Aucun des deux ne fera référence à ton travail qui est néanmoins le sujet principal de la soirée. C’est dommage mais pas grave. Quelques personnes auront au moins relevé tous les efforts que tu faisais pour que ton magazine soit et reste au top.

Tu disparais, t’apprêtant à aller rejoindre l’entrée où le flot d’invité augmente peu à peu. Prudence y mène la garde, chef de la sécurité prévue pour la nuit, avec tout le sérieux qui la caractérise. Tu t’approches d’elle pour lui demander comment tout se déroule mais tu n’as pas le temps, tu entends ton prénom prononcé par une voix familière. Les semelles rouges de tes escarpins se figent sur le sol tandis que tu te retournes pour faire face à ton assistante à laquelle tu fais signe d’approcher pour entendre ce qu’elle a à te dire. Elle se racle la gorge plusieurs fois de suite comme si le sujet qu’elle va aborder est délicat. Tu la rassures avec un sourire, tentant de lui faire comprendre que tu ne vas pas lui sauter à la gorge à la première mauvaise nouvelle. Tu es hors du bureau, tu n’es donc plus la boss perfectionniste et stricte. Enfin, tu l’es encore mais seulement en partie.

▬ Que se passe t’il? Ne me dit pas que c’est encore Krystian qui s’éclate dans les bacs à glace s’il te plaît, tu murmures sur un ton amusé.
▬ Non, il n’est pas encore arrivé et les bacs à glace sont en sécurité, te rassure ton assistante. Il s’agit de la liste des invités, un léger détail : tu n’as pas précisé de quel Phoenix tu parlais, plus tôt. Lequel est invité?

Tu arques un sourcil, faisant en sorte que ton sourire ne disparaisse pas de tes lèvres. Les choses sont légèrement compliquées depuis la dernière fois que tu as parlée au CEO. Tu ne prends pas longtemps pour répondre, aucune trace d’hésitation ne vient gâcher ton humeur rayonnante.

▬ Les deux, évidement. Néanmoins, Law n’est pas du genre à se montrer à ce genre d’évènement même s’il sait qu’il y sera toujours convié. Quant à Stelian, disons que nous avons eu quelques différends et je n’ai pas encore eu l’occasion de lui parler depuis, je doute donc fort de sa présence ici ce soir. Il est sûrement très occupé.


Lisa ouvre les lèvres pour te demander des précisions mais se retient à la dernière seconde lorsqu’elle voit ton air qui lui dit clairement de s’arrêter là. C’est mieux ainsi ; avoir les deux frères dans une seule et même pièce après ce qui s’est passé n’est sûrement pas la meilleure chose pour une soirée telle que celle-ci. Tu l’informes de ton absence durant les quelques prochaines minutes, ayant vraiment besoin d’une pause. Tu croises le regard de ton garde du corps lorsque tu lui tournes le dos. Tu sais déjà qu’elle va te suivre au moment même où tu auras fais un pied en dehors de la salle et c’est tant mieux, tu n’as pas spécialement envie de rester seule. Tu traverses l’énorme pièce en serrant quelques mains au passage jusqu’à la salle de bain. Tu pousses un long soupire de soulagement que tu as retenu toute la soirée : tout se passe bien pour l’instant, tu espères que cela continuera ainsi. Tu retires tes escarpins avant de monter sur l’espace vide en marbre près des lavabos. Tu poses ton sac près de toi avant d’en sortir ton paquet de clope et ton briquet. Interdit de fumer. Tu paies la salle, tu fais ce que tu veux. Tu coinces le poison entre tes lèvres, l’allume en quelques secondes. La première bouffée est une bouffée de liberté. Au même moment, la porte s’ouvre. Tu relèves la tête vers elle avant de lui tendre le paquet entrouvert avec un sourire. Tu es heureuse qu’elle soit là.

▬ Ferme la porte à clé, on sait jamais. T’en veux une?



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Re: » Imperium || Natence | Ven 22 Avr 2016, 10:41


imperium

Un goût amer demeurait au fond de ma gorge, collée à mon palais et ma langue. Mes dernières rencontres n'avaient pas été des plus agréables et j'en gardais un souvenir.. tranchant. J'avais été bien incapable de prendre les risques que j'aurais voulu prendre ; si seulement tu n'avais pas existé. Mais une voix en moi me suppliait de respirer, de te conserver. Alors j'avais obéi, un peu aveuglément, comme j'avais toujours fait confiance à l'instinct que je n'avais jamais considéré comme étant mien. Celle qui m'avait extirpée à mon état de peste se tenait là, avec sa secrétaire, à longer du regard la longue et ennuyeuse liste d'invités. En vérité, comme ça, aucun d'entre eux n'avait l'air bien dangereux. Ma présence semblait plus décorative que véritablement utile, mais elle avait insisté, et j'étais venue. Après tout, elle me payait pour ça. Et si elle jugeait que le danger pouvait survenir, je me devais d'être là. Quoique j'étais probablement plus efficace dans l'ombre qu'à l'entrée d'une porte.

Je m'égare à écouter les conversations autour de moi et quand j'entends leurs noms à tous les deux, mon sang se glace et un courant électrique me passe dans tout le corps. Je tourne la tête, prudemment, à la recherche d'un visage familier, mais aucun d'eux ne daigne se montrer. Comment connaissait-elle ces types ? Autant le policier ne me gênait pas plus que ça, autant qu'elle ait une relation -quelle qu'elle soit- avec l'autre psychopathe me faisait la sentir tout à coup effectivement en danger. Mon visage se ferme et mes pieds se plantent sur ma place, le regard sombre détaillant chacune des personnes qui entraient. Si mon ventre avait eu le malheur de se mettre à gonfler, les pauvres idiots qui s'imaginaient que je n'étais pas à la hauteur de mon poste se ravisait vite en voyant mon visage et la lame qui restait accrochée à ma ceinture.

D'un coup, je comprenais tout l'intérêt de ma présence. Tous ces gens s'étaient comportés correctement jusqu'à présent, mais combien de temps cela allait-il durer ? Lorsque l'alcool aura noyé leur sang, qu'est-ce que pouvaient cacher leurs sourires. Si elle avait eu le malheur de l'inviter lui, combien d'entre ces gens étaient aussi tordus ? Lorsqu'elle quitte la pièce je me mords la joue et glisse un mot à sa secrétaire avant de la suivre.

En ouvrant la porte, je la retrouve, à me proposer une cigarette. Pour la première fois de mon existence, je la refusas d'un mouvement de la tête. Ce n'était pas véritablement le besoin qui manquait ; mais l'envie. Je colle mon dos au mur et regarde au sol, d'un air froid, pensif. Au fond je n'avais rien à lui dire, mais si mon travail était de la protéger, alors j'avais trouvé important de mentionner que ses fréquentations étaient composées de psychopathes et de dealers de drogue. On ne pouvait pas dire qu'elle ne t'avait pas prévenue. Je finis par tout de même sortir une clope et la passer à mes lèvres. La flamme au bord des lèvres et la fumée ensuite.

« J'avais remarqué une ressemblance entre eux, mais je ne m'imaginais pas qu'ils aient été frères. »

Je souffle la fumée avant de relever les yeux vers elle, mon regard embrumé. Elle devait savoir que l'un des deux n'était pas tellement recommandable, elle devait déjà l'avoir entendu plus d'un milliard de fois, et je n'avais pas l'intention de faire le perroquet moralisateur. En fait, en toute honnêteté, elle pouvait avoir les relations qu'elle voulait. Mais lui. Pourquoi fallait-il que ce soit lui ? Je lève ma tête, l'appuyant contre le mur, le regard haut.

« L'un des deux m'a sauvé la vie et l'autre a essayé de me la prendre. Inutile de mentionner lequel, je suppose.. »

Je marque une pause. Il n'avait aucun mots qui pouvaient décrire la douleur qui avait rongé ma fierté à détaler devant un type aussi répugnant. Je grimace un instant avant de me raviser. Je me lève, attrape la clope entre mes doigts et la baisse à ma hanche, un de mes doigts tiquant contre celle-ci.
Ma fierté. La bonne blague. Un ricanement sourd, presque imperceptible, m'échappa.

« Je te le dirai une seule fois, après quoi je te laisserai tranquille. Ce mec-là n'est pas paralysé par la peur, elle le rend plus fort. Je ne pourrai pas te protéger de lui avant au moins quelques mois.. Le temps d'accoucher ; et de m'en remettre. Alors d'ici-là, je t'en prie, ne fais pas de conneries ; pas avec lui. N'importe qui d'autre, mais pas lui. »





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Re: » Imperium || Natence | Mer 04 Mai 2016, 22:51



ImpeRium
Prue;Nate ;

Un refus qui te laisse perplexe. Tu ne l’as encore jamais vu refusé une clope. Les iris détaillent les muscles de son visage à la recherche d’une réponse à ta question silencieuse : qu’est-ce qui se passe ? Ce n’est pas les hormones. Alors là sûrement pas. La fumée glissent d’entre tes lèvres et tu prends une nouvelle taffe avant même de respirer. Un geste qui reste en suspend lorsque tu entends l’annonce qu’elle te fait. Les paupières se ferment quelques secondes le temps de pousser un long soupire. Evidemment. Elle aussi. Tu penches la tête en arrière jusqu’à sentir le miroir derrière toi contre ton crâne. Les lèvres tremblent mais tu empêche le sourire de les atteindre. Toi non plus tu n’avais pas imaginé qu’ils pouvaient être frères. C’est ce qui a conduit à l’une des pires nuits de ta vie et à la perte des deux, d’un seul coup. One Stone, Two Phoenix. Bien joué. Une amitié qui a pris des années à se construire détruite en quelques mots. En quelques minutes. Tellement éphémère que ça te faisait encore mal. Tellement que tu ne voulais plus y repenser. A aucun des deux.

Mais elle te l’impose. Alors tu te redresses en te demandant dans quelles circonstances Prue a bien pu les croiser. Tu te demandes s’ils vont revenir dans ta vie sans arrêt et sans jamais cesser de te hanter. Tes yeux se plissent et les sourcils se froncent : elle a tort. Tu ne sais pas duquel elle parle. Quelques semaines auparavant tu aurais instinctivement déduit que le premier est Law, que le second est Stelian. Mais face aux derniers événements, tu réalises que tu ne connais aucun des deux. Elle aurait pu t’annoncer que Law est celui qui a tenté de mettre fin à ses jours, tu n’aurais pas hurlé de surprise. Peut-être grimacé. Mais malgré tout, tu la connais la vérité. Tu sais qui l’a sauvé et qui a fait le contraire. Et ca crée une putain de boule dans ta gorge que tu fais disparaître avec une nouvelle bouffée de fumée. Mais là t’as besoin de bien plus qu’une clope.

Si seulement elle savait.
Mais elle ignore.

Et tu sens que la discussion se remet à tourner autour du seul sujet que tu as voulu éviter. En boucle et toujours. Elle aurait put croiser Rhéa et te dire qu’elle est adorable. Krystian et te dire qu’il est charmant. Mais il avait fallu qu’elle croise Law pour te dire qu’il lui a sauvé la vie et Stelian pour te dire qu’il comptait la lui prendre. Alors tu as une seule envie en ce moment : finir ta cigarette et sortir pour mettre fin à cette discussion que tu évites depuis trop longtemps déjà. Parce que tu n’apprécies pas qu’on te dise quoi faire, toi et ton foutu esprit rebelle qui gâche ta vie. Mais tu sais que tu es en tort. Alors tu gardes ton cul posé et tu mets tes caprices de côté parce qu’il serait peut-être temps de l’avoir, cette discussion. Tu l’as quasiment eu avec tout le monde, alors pourquoi pas avec Prue.

▬ Si tu avais été une simple employée, je crois que je t’aurais viré pour ce genre de remarque, tu déclares tandis que la cendre tombe dans le levier. Mais le fait est que tu ne l’es pas.

Elle ne le sera jamais. Parce qu’à tes yeux elle est avant tout une amie à qui tu dois la vie plus qu’autre chose. Et que si une femme telle que Prue te dit qu’il faut te tenir à l’écart de quelqu’un, ce n’est pas un conseil à prendre à la légère. Alors pour une fois, tu prends cela au sérieux. Même si on te l’a répété des dizaines de fois auparavant mais que tu ressentais toujours cette envie de retomber, cette fois elle t’attrape avant la chute. Et ne te lâche plus.

▬ Ma relation avec les deux frères a été plus que compliquée mais je ne connais pas assez Stelian pour t’assurer que je ne cours aucun danger avec lui.

Tu ne parles pas de Law. Tu ne prononces même pas son prénom tellement ça coince. Parce que tu donnes ta confiance. Une fois. Et que pour la récupérer après, c’est galère. Alors que Stelian, il ne l’a jamais vraiment eu. Alors ça passe mieux. Ca fait moins mal. Mais ça fait toujours mal. Et c’est ce qui te change. Parce que tu entends ses mots qui te traversent et qui se gravent dans ton esprit. Parce que tu sais de quoi elle parle. Cette peur, c’est elle qui t’a attiré. Elle qui a fait en sorte que tu restes. C’est cette force qui t’avait tenu en place alors que tu prenais un plaisir dangereux à jouer à un jeu dont les dangers t’étaient et te sont encore inconnus.

▬ J’assume toutes mes conneries;  on a couché ensemble. Avec Stelian j’entends. Mais tu as tout intérêt à m’expliquer ce qu’il s’est passé pour que tu ais autant de respect pour l’un et tant de mépris pour l’autre.

Ce n’est pas une menace. Jamais. Tu n’oserais pas. Mais les dés sont jetés et tu ne comptes pas lâcher l’affaire avant de savoir ce qu’il s’est passé. Elle n’a pas renoncé face à tous les risques que tu lui as énoncé avant qu’elle ne devienne ton garde du corps. Mais elle recule face à Stelian. Elle aurait dû l’écraser en un battement de cils si tout était clair. Mais comme d’habitude, s’il y a le CEO c’est qu’il y a du brouillard. Alors, nouvelle partie lancée.

Code - Kuru




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Re: » Imperium || Natence | Sam 07 Mai 2016, 14:55


imperium

Elle avait raison. Je n'étais probablement pas une simple employée, et même si je l'étais, me virer aurait été une erreur ; surtout si la décision avait été prise sur un coup de susceptibilité puérile à propos de deux garçons à qui elle semblait donner plus d'importance qu'elle ne voulait se le persuader. Si ces deux-là étaient aussi proches d'elle, alors mon travail prenait une importance d'autant plus grande. Stelian. Son nom, seul, me laissait un goût amer dans la bouche. Un mauvais souvenir. Ou un bon, allez savoir. Je me mords la langue. Je n'étais pas sa mère et encore moins son père -je n'avais pas vraiment les atouts pour ça-, et je n'avais aucune intention de lui faire la morale. Ses réactions me rappelaient une enfant capricieuse en pleine crise d'adolescence. Je retins un sourire.

Je laisse ma tête tomber contre le mur lorsqu'elle parle de mépris ; ou de respect. Les deux mots étaient assez réducteurs pour le sentiment que j'avais vis-à-vis des deux frères. En fait, c'était sûrement tout le contraire. Je hausse les épaules. Si Stelian était quelqu'un de particulièrement répugnant, détestable, et tous les autres adjectifs un peu ragoûtant de mon vocabulaire, il était également doté d'une force d'esprit et d'une prestance que je n'avais reconnue en personne jusqu'alors -si ce n'est celui que j'avais considéré comme mon premier amour, il y a des siècles de cela. Je baisse les yeux.

« En vérité, et je le déplore, j'ai une certaine forme de respect pour Stelian. »

J'inspire, expire. La respiration passait mal. Je me mords l'intérieur de la joue. Comment pouvait-elle l'avoir rencontré, et l'avoir aimé ? Puisque oui, qu'elle l'ait aimé de cœur ou de corps, elle l'avait nécessairement aimé, d'une quelconque manière. Ou peut-être des deux. Je passe ma langue sur mes lèvres. L'idée d'amour m'avait alors semblé totalement inconnue, comme si elle n'était plus qu'une chimère apparue une fois ou l'autre dans ma vie ; oubliée. Un mythe qu'on associe à une légende, une histoire qu'on nous raconte le soir. J'avais oublié. Et je ne comptais pas me rappeler. Je ferme les yeux, quelques secondes, et les rouvre sur elle.

« Tu fais ce que tu veux, avec l'un comme avec l'autre, je n'ai rien à te dire à ce propos. Tu m'as engagée pour abattre tes ennemis, et je le ferai. Mais j'ai bien peur que tu sois ta propre menace, dans le cas présent. Alors je te le demande, devrais-je m'inquiéter pour toi en tant que garde du corps ? .. »

Je marque une pause, reprends mon souffle. Je cligne des yeux, trois fois. Bah.

« Ou en tant qu'amie ? »

Parce que si j'avais été engagée au détour d'une ruelle trop sombre parce que j'avais assassiné des pauvres hommes qui la coursaient, je n'en restais pas moins attachée à elle. Non pas par contrat ou quoi que ce soit d'autre ; si j'avais accepté, c'était avant tout pour elle. Pour sa démarche comme son indifférence ; pour ses yeux ou sa voix ; pour tout ce qui faisait d'elle ce qu'elle était.

Une lumière dans une rue sombre.





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Re: » Imperium || Natence | Dim 12 Juin 2016, 15:15



ImpeRium
Prue;Nate ;

▬ Ouais, il sait se faire respecter. C’est un talent qu’on nous apprend dès l’enfance.

Une banalité. Tu te dégoûtes. Une ville que tu as cru être tienne avec des nuits passées dans les endroits les plus bruyants dans les bras des plus  beaux avec l’illusion que tu pouvais échapper à la réalité. Tu sais très bien le genre de personne que tu es. Tu l’as toujours su. Et pourtant à chaque fois c’est la même chose, tu crois que ça va finir différemment. Elevée sur un piédestal qui te donnait l’illusion de pouvoir t’échapper de toute circonstance. Mais pas de tout sentiment. Malgré des séances de tortures et des heures d’interrogatoire durant une vie construite pour être détruite par toi et tu es toujours aussi faible. Tu t’étais braquée face à ses remarques. Tu ne t’y étais pas attendue. Tu descends de ta tour de glace avant qu’elle ne fonde parce que tu sais qu’elle a raison. Toujours. Depuis le premier jour. Comme ton bras droit. Ta conseillère. Celle qui t’a évité une mort quasi-certaine et une chute qui ne va probablement pas tarder.

Un étirement de tes lèvres qui ne montre aucune joie. Tu l’as entendu tellement de fois, ce discours. Et pourtant maintenant que c’est elle qui te parle de ta tendance à l’auto destruction, tu vois ton empire de cartes s’écrouler devant tes yeux. Fatiguée d’être utilisée. Trahie. Jetée. Corrompue. Reine d’un monde dont t’avais voulu faire partie et où tu t’es retrouvée coincée sans aucune voie royale pour en sortir. Mais tu veux en sortir, ou pas ? Tu as fais tellement de choses dont tu ne peux pas parler et dont tu ne veux pas te souvenir que tu es persuadée qu’il n’y a aucune sortie. Juste un long, infini couloir sombre que tu vas suivre jusqu’à finir. Mal finir.

▬ Tu ne peux t’imaginer le nombre de fois où j’ai entendu ces mots et pourtant ce n’est que venant de ta part que ça me fait réagir le plus.

Sa question reste en suspend tandis que tu regardes ta cigarette qui crame sans même que tu fumes ce qui te reste. C’est elle dont tu as toujours eu besoin. Ce soutient infini et impérissable auprès duquel tu perds toute la carrure de la femme d’affaire et de l’agent secret pour redevenir la femme de 23 ans qui a grandit trop vite, avec trop d’ambition et une santé qui se déglingue à chaque nouvelle bouffée de fumée venant d’un produit dont tu ignores parfois même la nature tant que ça te déglingue. Tu te sens plus légère, parce que tu portes plus tout toute seule. Parce qu’elle est là. Et que tu réalises qu’elle aurait peut-être dû être la première personne à laquelle tu aurais dû parler de tout cela. Mais tu n’avais pas besoin d’une nouvelle personne qui allait te regarder avec pitié. Putain, t’en as marre de voir à quoi t’en es réduite. C’est pas toi ça. Brûlure. Tu sursautes légèrement quand tu réalises que ta clope a cramé seule. Tu la jette dans le levier sans réfléchir avant de regarder ton garde du corps.

Tu n’as rien à craindre. Pas physiquement.

▬ En tant qu’amie.  Mais j’en ai déjà assez qui s’inquiètent pour moi. Pour le moment j’ai surtout besoin de comprendre ce qui te fait tellement peur chez Stelian.

Craquement de cou, geste qui montre ta lassitude malgré le fait que la lueur dans tes yeux exprime toutes les émotions que tu es en train de ressentir. Tu veux que ça s’arrête, les discussions qui tournent juste autour de ça, les journées passées à te dire que tu as été débile et les regrets qui te prennent à la gorge à chaque inspiration.

▬ J’ai besoin d’une nouvelle raison pour me tenir à l’écart et j’ai la sensation que tu as l’argument qui va faire me couper toute envie de les recroiser.

Mais c’est pas seulement pour ça. Parce que tu les as quasiment listées, les raisons pour ne plus jamais avoir à même leur adresser la parole. Mais pour l’instant, y en a qu’un sur deux qui te manque. Et à peine. Pas assez pour pas que tu poses la question qui révèle avec facilité le genre de personne que tu es.

▬ Et parce que j’ai besoin de savoir : si je te demande de les abattre tous les deux, tu le fais?

Loyauté.

Code - Kuru




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Re: » Imperium || Natence | Ven 24 Juin 2016, 15:47


imperium

Ses paroles s'enchaînent et mes pensées se bousculent. Son regard brillait et je ne pouvais rien y voir de plus que ce qu'elle disait déjà, de ce qu'elle montrait déjà par sa tenue, son allure. Chacun de ses gestes accompagnait un peu plus le sentiment qui l'habitait. Les sentiments. Ceux qui semblaient la torturer bien plus que les mots qu'on lui avait maintes et maintes fois adressés. Je baisse les yeux, l'oreille attentive, me demandant si elle estimait que je l'empêcherais de construire la vie qu'elle avait décidé de construire. Un maigre sourire se dessine sur mes lèvres mais il s'efface aussitôt lorsqu'elle pose sa question. Je relève la tête, le regard sûr, dur. Pas envers elle, envers eux. Je me questionne. Pourquoi devrais-je les éliminer ? Que leur ont-ils fait, à elle ? Je ne laisse pas une seule seconde de plus passer, je me redresse, le regard clair, le regard droit. Le dos rigide et une allure certaine. Comme un appel à la personne que j'avais été. Un chevalier. Une femme d'honneur.

« Oui. »

Aucune hésitation ne s'était faite sentir et j'avais pris très au sérieux la question qu'elle m'avait posée comme si elle symbolisait toute la loyauté dont je pouvais faire preuve. Elle était hautement plus importante que la vie des deux frères, que la vie de quiconque d'ailleurs. Aucun de ses ennemis, aucune de ses proies, personne ne survivrait si elle en ressentait le besoin. Elle méritait de vivre. Plus que ceux qui l'avaient écorchée. Mais pourquoi devaient-ils mourir ? Je plisse les yeux, les lèvres entre-ouvertes et je me détends.

Je n'avais rien à lui proposer. Rien à lui dire pour fuir un homme que je connaissais à peine. Je ne savais que ce qu'il faisait, que ce qu'il disait. Je ne le connaissais pas lui, ni lui avec elle. Mais si elle savait, elle aussi, qu'il était mauvais, c'est qu'il le lui avait prouvé. Je reste immobile, le regard fendu et un maigre sourire au bout des lèvres, sans la moindre once de moquerie. Je ne savais rien. Rien de plus qu'elle, peut-être moins. Elle me demandait de savoir un détail qui m'échappait. Qu'est-ce qui serait dangereux pour elle, si elle ne prenait pas ses distances ? Mon souffle se perd et un frisson me parcourt. Il ne faisait pas si froid, pourtant. Je me mords la joue, comme pour m'empêcher de parler. Ce n'était pas mon travail, de savoir. Mon travail, c'était de taper.

« Penses-tu qu'il t'aime ? »

La question s'était perdue dans le silence comme si elle n'avait jamais existé. Je reprends appui contre le mur et rallume ma clope qui s'était éteinte à force de ne rien en tirer. Le regard vide, pensif. Le mouvement de mes mâchoires m'occupe l'esprit, empêche mes pensées de s'évader. Un vide s'installe et je peux enfin y voir clair.

« Je ne sais rien que tu ne saches déjà... Toutes les bonnes raisons du monde ne suffiraient pas à te convaincre si tu ne veux pas qu'il disparaisse de ta vie. »

Qu'elle soit en sécurité ou pas n'avait aucune importance si elle était malheureuse. Et si le fait que Stelian ne fasse pas partie de son existence la rende malheureuse, alors je pouvais accepter qu'elle ne soit pas en sécurité. Mais le fait qu'il soit là, dans son esprit, semblait la torturer plus encore que son absence..





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Re: » Imperium || Natence | Mar 19 Juil 2016, 18:07



ImpeRium
Prue;Nate ;

Affirmatif. Le sourire vif que tu avais perdu depuis bien trop longtemps déjà refait surface pour éclairer ton visage. Un manque d’hésitation qui t’assure que tu as pris la bonne décision en la gardant à tes côtés. Une question drastique et une demande qui ne sera peut-être jamais formulée. Ta réponse se limite à un simple hochement de tête, l’air de dire que tu avais bien pris en compte ce que cela implique. Un briquet sortit du sac pour se mettre à tourner autour de tes doigts le temps de sortir une nouvelle cigarette. Une cigarette qui reste éteinte mais coincée entre tes lèvres lorsque la question qui suit s’échappe d’entre les siennes comme un serpent venant empoisonné chacune des pensées claires que tu avais pu formuler jusque là. Alors tu sais pas comment réagir face à la simplicité de la question qui te met pratiquement mal à l’aise. Un sourire qui atteint tes iris pour les faire briller le temps de détacher ton chignon qui provoque un mal de tête qui te déconcentre. Ou peut-être que c’est la question, qui te fait cet effet. Tu retires la cigarette éteinte d’entre tes lèvres pour adresser un regard plein de sympathie à ton garde du corps.

▬ Je ne crois pas en l’amour, Prue.

Un sentiment qui fait perdre tout control sur la vie qu’on mène, qui nous fait remettre en question nos choix, qui détruit la moitié des certitudes qu’on avait mit des années à construire. Tu ne pourrais pas te le permettre. Tu ne te pourras pas te permettre de mettre quelqu’un sur un piédestal et de partager avec lui tout ce que tu possèdes. Lui donner le moyen de te blesser, de te rendre heureuse. Tu veux être la seule à avoir ce pouvoir. Mais ce qui te frustre le plus est le fait que tu as pensé à ce que ça ferait, de céder. Même durant moins d’une journée. Juste tout lâcher, tout abandonner. Comme avec la drogue, mais avec un être vivant. Dormir tout le temps avec la même personne ? N’est-ce pas ennuyeux ? Tu clignes lentement des yeux pour sortir du tourbillon qui saccage tes pensées et te rappelle que tu n’as pas répondu à sa question. Tes doigts se serrent autour de la plaque en marbre sur laquelle tu es assise.

▬ Non, bien sûr que non. Il n’a jamais été question de sentiments, avec lui. C’est moi qui aie choisi d’y mettre fin, d’une certaine façon. Il devenait une certaine dépendance et je suis déjà accroc à beaucoup trop de choses pour le rajouter à la liste. Mais peut-être que j’ai eu tort, je l’ai jugé sans le connaitre.

Souvenir de cette nuit catastrophique où un évènement avait détruit deux de tes cartes préférées. Tes dents grincent lorsque tu repenses à ton meilleur ami. Le coup n’est toujours pas passé. Tu ignores s’il passera un jour. Aucun mot échangé depuis ce soir là. Tu ne lui avais même pas accordé un regard parce qu’il ne représentait déjà plus rien. Tout faisait moins mal que le silence. Silence que tu lui as imposé depuis. Il l’a mérité. Ta confiance était à tes yeux la chose la plus précieuse qui soit. Tu l’avais vu éclatée devant tes yeux et tu avais été incapable de recoller les morceaux. Tu n’as pas ressenti le courage de retenter le coup. Parce que ça t’avait fait mal. Tellement mal que tu t’es refermée pour recouler. Tu n’as jamais aimé parler de tes sentiments pour ne pas exposer tes faiblesses, mais il s’agissait de Prue, face à toi. Celle qui était prête à tuer parce que tu l’avais demandé. Celle qui était prête à mettre deux vies en danger pour sauver la tienne. Alors tu fais un effort.

▬Et le pire c’est que limite je lui en veux moins qu’à Law. Tu t’es déjà sentie trahie au point de vouloir tuer la personne concernée? Parce que c’est ce ressens. J’en veux tellement à Law que j’arrive pas à passer à autre chose. Du coup je sais plus quoi faire.

Haussement d’épaules désespéré. Tu cesse de regarder tes escarpins pour relever les yeux vers Prue et lever les sourcils comme si tu allais faire un arrêt cardiaque. Juste pour alléger un peu l’atmosphère pesante et grave qui s’est installée suite à des mots et des émotions trop longtemps retenus.

▬ J’ai besoin d’un verre.


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Re: » Imperium || Natence | Ven 22 Juil 2016, 16:36


imperium

──Prudence n'aimait pas quand elle sentait qu'une situation lui échappait. De toutes évidences, elle n'avait aucune prise sur les relations que pouvait entretenir Nathanaël. Mais pour une fois, elle en éprouvait une grande satisfaction. Elle ne voulait pas avoir ce pouvoir sur elle ; cette influence. Elle était payée pour la protéger, pas pour lui dire quoi faire. Elle avait déjà une conscience, pour ça. Alors elle l'avait écoutée en silence, même si elle n'approuvait pas nécessairement. Prudence estimait que l'amour existait, quoi qu'en disent les pauvres écorchés qui s'étaient heurtés à la triste réalité que l'amour laissait derrière lui lorsqu'il s'en allait. Elle avait une notion bien sombre de l'amour ; peut-être estimait-elle qu'il fallait être fidèle pour aimer et aimer être fidèle. Prudence haussa les épaules. Ce qu'elle pensait ne la concernait pas.

──Elle n'avait pas répondu à sa question, parce qu'elle estimait que la réponse ne lui apporterait rien. Prudence n'avait jamais été trahie, par quiconque. Et elle ne s'était pas sentie traître non plus. Mais elle pouvait concevoir l'idée.

──Elle sortit de la pièce, récupérant un verre qu'elle servit elle-même, trop peu confiante en ce que pouvait contenir les autres, et revint face à Nate à qui elle tendit le verre. Elle n'avait pas prononcé un mot depuis qu'elle avait pris la parole, comme pour lui laisser tout le temps de s'exprimer. Prudence avait attendu quelques minutes - déjà pour qu'elle boive sans être dérangée, ensuite pour être sûre qu'elle n'avait rien de plus à dire. Un maigre sourire se dessine au bord de ses lèvres, une pointe de tristesse restée coincée dans ses yeux.

« Je suppose que tu ne veux pas que je les tue ? »

──Sa voix avait claqué, ferme. De toutes façons, si elle les voulait morts, elle devrait attendre qu'elle ait accouché, et un mois pour se remettre en forme après ça. Dans ces conditions seulement, elle se savait capable d'assassiner n'importe qui - le sale flic mis à part. Elle avait effacé la proposition silencieuse en agitant la main comme pour lui indiquer que la remarque n'avait aucune importance. Elle claqua sa langue sur son palais lorsqu'elle entendit un bruit de l'autre côté de la porte ; du verre qui casse, un maladroit était passé par là. Elle sourit - d'un demi-sourire à peine.

« Est-ce que tu lui en as parlé ? Ou tu veux que je le fasse ? »

──Cette pensée avait renforcé son sourire, devenu plus franc. Elle était certaine que ses méthodes de conversation ne plairaient pas tellement à Law - il en avait déjà eu un aperçu. Prudence savait y faire lorsqu'il s'agissait d'être efficace. Mais elle doutait fort de l'utilité d'une conversation.

« Ce sont des choses qui arrivent. Se sentir trahis, détruits, meurtris. Malheureusement, tu peux pas engager quelqu'un pour te réparer le cœur. J'aurais aimé, crois-moi. »

──La situation lui échappait complètement, cette fois.

« Je suis pas la personne idéale, pour ça. Moi je tue des gens et je fracasse des crânes pour que ce soit pas le tien qui explose. »

──Elle s'arrêta de parler. Plus aucun son, plus aucun bruit, seulement son souffle rauque contre sa gorge. Elle avait levé les yeux pour croiser le regard de son employeur, et s'était risqué à esquisser un sourire qu'elle aurait voulu rassurant. Mais elle n'était pas douée, pour ça. Les sentiments.





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Re: » Imperium || Natence | Jeu 04 Aoû 2016, 01:30



ImpeRium
Prue;Nate ;

▬ Certainement pas.

Aucune hésitation ne trahie tes mots prononcés avec une voix faible mais assez claire. Tu sais ce que tu veux. Et une mort précoce de deux hommes –presque- innocents n’est pas une chose que tu souhaites. C’est une rancune présente mais pas assez forte qui fait que tu ne réponds pas par l’affirmatif. C’est un attachement que tu ressens encore pour celui qui a partagé des années de ta vie et des moments d’une intensité surfaite passés avec l’autre qui rendent le tout moins douloureux. La faiblesse qui coule dans tes veines et qui t’a transformé en une personne que tu reconnais à peine ces derniers mois se reflètent dans tes yeux d’une clarté qui ne peut poser aucun doute sur ta sincérité. Le sentiment de trahison n’en fut donc que plus grand. Et ça fait mal. Mal de savoir que tu risques de ne jamais pouvoir lui pardonner, mal de lutter tout le temps contre ce besoin viscéral d’aller vers le danger, de te jeter dedans, peu importe les conséquences qui en découlerons. Mais là, t’en as conscience des conséquences.  Une vraie marionnette. Une poupée avec laquelle on s’est amusée, à laquelle on a raconté des histoires avant de lui faire comprendre à quel point elle a été bête, de s’attacher. Parce que c’est toujours chiant, de s’attacher. Tu le sais. Et pourtant tu le fais. C’est pour ça, que ça fait mal.

▬ Non, je ne lui en ai pas parlé, et je ne vais pas le faire. S’il y a une chose que je ne n’accepte pas, c’est qu’on me trahisse. Et j’aurai déjà trouvé un million de façon de me venger et de lui faire regretter ses secrets, mais il s’agit de Law. Et je ne peux m’y résoudre.

Ca fait mal. Mal, que ce soit lui, eux, vous trois. Mais ça fait déjà moins mal qu’au début. Ce qu’il reste d’une santé fragile et d’une détermination incomparable remonte à la surface. Et c’est comme si tout prend feu alors que chaque mot prononcé, chaque phrase répété, chaque conseil donné te revient en mémoire. Tu vas t’en remettre. Un cœur qui s’alourdit. Une douleur que tu enfouies avec tous les autres sentiments refoulés.  Un self-control qui se fissure, tout comme le verre de champagne qui s’écrase contre un mur. Et tu bouges à peine alors qu’un bout de verre aurait pu te griffer la joue.

▬ Mon cœur est intact, c’est ma fierté qui est touchée.  Des gens à tuer suite à mes ordres, tu vas en avoir, mais ce ne sera pas eux. Si je suis dans cet état, c’est également en partie de ma faute : j’ai baissé la garde, et on ne baisse jamais la garde. Pas vrai, Lady Prudence?

Ton père aurait honte. Son meilleur agent, un potentiel inespéré, une fierté qui brille dans ses yeux à chaque fois qu’il te regarde. A chaque fois que tu retires tes gants en lui annonçant que la mission est finie, que tout est réglé, que c’est terminé. Il aurait détourné les yeux s’il t’avait vu tremblante, en larmes, prête à tout abandonner. Faible. Tu t’es lamentée sur ton sort pendant bien trop longtemps et cela ne fait qu’alimenter ta colère. Une colère froide, qui te brûle de l’intérieur, ronge tes organes vitaux, détruits les neuronnes qui te permettent de tout voir clairement. Si tu devais tuer quelqu’un par pure vengeance, tu n’enverrais pas Prue : tu le ferais toi-même.  Une tache, un honneur sali. C’est une rancune qui coule dans tes veines et qui y a été implanté depuis que tu as officiellement eu le titre de chef de mission. Tes hommes ne t’auraient pas reconnu. C’est une inspiration, puis un souffle. Une libération de toute la tristesse, les regrets, et les remords qui te tailladaient les veines jusque là. C’est une nouvelle lueur plus déterminée que jamais qui s’allume dans des prunelles qui avaient perdu leur éclat.

▬ Les personnes à l’extérieur de cette porte me voient comme une lionne prête à tout pour réussir d’un coup de griffe, et je suis prête à parier qu’aucun d’eux n’oserait abuser de ma confiance. Mes connaissances personnelles, elles, me voient comme une peluche. Je vais tous les mettre sur un pied d’égalité. J’ai été faible, mais ça m’a permis de comprendre  que tout est question de pouvoir. Et je compte bien en avoir au point de faire trembler ceux qui tentent de me trahir.

C’est une voix qui résonne d’un nouveau timbre que l’on n’entend que très rarement chez toi. C’est une toute nouvelle ombre qui se démarque, un nouveau trait de caractère qui s’affirme, un cœur qui se refroidit pour refermer une fissure et ne plus avoir à revivre les cauchemars, les somnifères et les pleurs pour pouvoir dormir. C’est le changement qui se lit dans tes iris lorsque tu te redresses pour écraser les débris de verre et te rapprocher d’elle. Celle qui t’a secoué pour te faire comprendre que le problème ne vient plus que de toi, et qu’un seul mot de ta part serait suffisante pour décider du sort d’une personne. Une prise de décision que tu aurais dû prendre depuis longtemps. Mais maintenant que tu la prends, l’effet n’en ais que moins libérateur. Car ta voix vibre de nouveau comme elle le faisait auparavant, mais avec plus d’intensité. Il serait temps que tu te remettes à vivre. Avec, ou sans eux.

▬ Rajoute Law à la liste des personnes que je ne veux plus revoir, traite le comme n’importe qui, dorénavant nous sommes aussi proches que le sont des inconnus. Et évite de t’approcher trop près de Stelian, Prudence. J’aurai la conscience plus tranquille si je me dis que  je n’aurai pas à aller le supplier de ne pas te blesser. Clair?

Tu changes à peine, révèle une nouvelle facette d’un dé qui a été jeté. Tu avais perdu le contrôle pendant quelques temps. Là, tu le récupères, mais tu le joues plus à la loyale.

Code - Kuru




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Re: » Imperium || Natence | Sam 06 Aoû 2016, 02:15


imperium

──Elle avait souri à sa remarque. C'était un dicton de guerrier, de combattant ; on ne baisse jamais sa garde. Le fait de repenser à sa vie militaire la fit hausser les épaules. Elle se souvenait bien de toutes les recrues à qui elle avait du faire ce genre de discours en hurlant pour les intimider. C'était une sorte d'avertissement - on ne forge pas des rebelles, on forge des soldats. C'était ainsi. Et avec l'aura qu'elle dégageait, ils n'avaient jamais osé s'opposer à elle. Un instant, elle se demanda si Nathanaël avait été formée, elle aussi. Pour être née dans un milieu plutôt hostile, peut-être avait-elle été entraînée, peut-être pas par le même genre d'entraîneur que Prudence avait été - elle aurait détesté. Elle l'écouta, pensive. Elle ne la considérait pas vraiment comme une peluche ou une lionne. En vérité, elle n'avait pas vraiment de considération pour son statut. Elle était employée pour la protéger, et elle ne se posait pas plus de questions. C'était peut-être ça, le problème. Elle avait besoin de quelqu'un pour la protéger ; elle ne pouvait y arriver seule. Elle était une cible trop facile.

──Mais qu'avait-elle en tête ? Que cherchait-elle, à tenter de devenir plus forte ? S'imaginait-elle pouvoir guerroyer contre le monde ? Elle se demandait à quoi pourrait bien lui servir cette lueur cruelle et déterminée qui était née dans ses yeux. Elle pensait bien faire, sûrement, à exiler ses sentiments comme s'ils faisaient d'elle une personne vulnérable. Prudence sourit, d'un sourire à peine perceptible. Et nota intérieurement que, si elle ne pouvait pas éliminer Law, elle pouvait au moins l'éloigner. Puis elle repensa à Stelian. Et elle se mordit la langue. Bientôt, elle accoucherait. Et après ça, elle l'approcherait de près - elle s'en faisait la promesse.

« Bien. »

──Stelian avait été incapable de la tuer. Ou avait simplement déclaré forfait parce qu'il voulait s'amuser. Ou qu'il refusait de se faire avoir par les flics. Mais il ne l'avait pas tuée et elle l'avait bien abîmé. Elle n'avait pas peur de Stelian pour sa propre survie, elle avait peur de Stelian pour la survie de Nate. Sauf que de toutes évidences, elle n'avait pas l'air de le craindre. Alors elle haussa les épaules, comme pour dire qu'elle n'irait pas le voir - une sorte de promesse temporaire, le temps qu'elle récupère sa pleine capacité.

──Elle n'en avait rien à faire, au fond. Mais il était allé trop loin. Et chaque fois qu'elle y pense, c'est comme si elle sentait ses mains souillées effleurer son ventre. A gerber.  

« Je ne jugerai ni ce que tu penses, ni ce que tu fais. Mais est-il juste de mettre des connaissances personnelles - que tu chéris - sur un piédestal avec des minables inconnus ? »

──Prudence ne rejetait pas les sentiments comme s'ils étaient une mauvaise chose. C'étaient ses sentiments qui lui avaient permis de trouver la force de se battre contre Stelian, c'étaient ses sentiments qui lui avaient fait gagner la guerre, c'étaient ses sentiments qui lui avaient valu d'être le plus grand chevalier que l'Angleterre ait connu. Elle croyait en l'amour, en l'amitié, en la haine, la jalousie. Elle croyait en tout parce qu'elle savait que ça existait, elle les avait vécus, chacun d'eux. Alors pourquoi Nate les considérait comme des poids ?

« Ce n'est pas le fait d'aimer quelqu'un qui t'empêche de le tuer, crois-moi. »





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