{ Until dawn. - Noansel

I love it when you are nasty

l avait commencé les festivités sans toi. L'enfoiré, il avait osé le faire. Il savait que tu allais t'en mordre les doigts, et il n'avait même pas pensé à toi. C'était la seule explication plausible: tu lui étais tout simplement sorti de l'esprit. Il t'avait juste oublié.
Mais toi, tu ne l'avais jamais oublié quand tu sortais jouer. Tu lui passais toujours un coup de fil, et il déclinait toujours. Mais au moins tu pensais à lui, comme si c'était une évidence, comme s'il était de ce genre. Mais non, c'était juste dans ta tête. Sauf que tu n'étais pas vexé, loin de là. Tu étais même plutôt content qu'il ne l'ait pas fait. Parce que s'il l'avait fait, tu n'aurais pas eu le loisir de le voir tomber, et de te délecter sa chute.

Et quelle chute ! La plus belle de toutes celles auxquelles tu avais pu assister. Celle du pécheur qui jouait les saints. Celui qui mentait si bien qu'il avait fini par croire à ses salades. Celui qui ne dupait plus personne, maintenant qu'il n'avait plus de raison de le faire.
Un rire rauque remonta au fond de ta gorge, et tu ne fis même pas l'effort de retenir ton hilarité. Quelques mètres plus loin, il leva ses yeux écarlates vers toi, sans s'arrêter dans son affaire, tandis que son repas cessait de se débattre entre ses griffes. Tu sortis de l'ombre, un rictus scotché sur les lèvres, et tu te mis à applaudir. Autour de vous, ça empestait le sang frais, et même si tu avais toujours détesté cette odeur, elle te mettait ce soir dans un étrange état d'euphorie.

▬ Il semblerait que le chevalier blanc ait enfin décidé de salir son armure scintillante.

Ce qui ressemblait à un grognement te parvint aux oreilles, et cela eut pour seul effet d'accentuer ton hilarité. Tu baissas les yeux vers les morceaux de corps qui jonchaient le sol, sans t'étonner que pas une seule goutte de sang ne s'en écoulait. Il savait faire propre dans ce qui était sale. Pour un peu, il serait presque meilleur que toi.
Enfin, il l'était. Et de loin.

▬ Admirons-le pour sa bravoure, je vous prie, un grand pas en avant a été fait ce soir. Bravo !

Tu ouvris les bras en tournant sur toi même, en t'adressant à un public qui n'existait pas. Un bruit de succion émana de derrière toi, et tu te retournas pour observer ton meilleur ami, dont la pointe des cheveux était couverte de sang plus ou moins séché. Ton regard écarlate parcourut les alentours, et tu finis par lever les yeux vers lui, en plongeant tes pupilles de loup excité par l'odeur du sang dans les siennes, rassasiées mais pas satisfaites.

▬ Mon cher, je dois admettre que tu m'épates.

(C) WILLOU

YOU KNOW WHERE MY DEMONS HIDE

euf jours qu'il n'avait vu personne. Que personne ne savait où il était, ce qu'il faisait, pourquoi il le faisait, ni comment il le faisait. L'existence de Noah était devenu un grand flou, même pour lui. Que faisait-il de ses journées ? Avait-il fermé l'oeil ? S'était-il seulement réveillé ? Ses gestes étaient devenus automatismes, sa raison avait laissé place à son instinct et sa capacité à penser correctement s'était envolée, tout simplement. Et pourquoi ?
Parce que tout était plus facile quand on n'avait plus besoin de rien ressentir.
Ne plus faire de distinction entre ce qui était rationnel et ce qui ne l'était pas. Ce qui était raisonnable n'avait plus de raison de l'être, et l'excès devenait une notion totalement abstraite. Il n'y avait plus besoin de mettre de morale sur rien, les gestes qu'on se forçait à faire n'avaient plus lieu d'être, et on vivait mieux. Tout était tellement plus simple maintenant.

Il ramassa le corps tremblant de peur qui traînait à ses pieds, et ne cilla pas face aux supplications de la pauvre âme qui n'avait rien fait de plus que se retrouver sur le chemin d'un vampire qui avait mis son humanité de côté.

Ce n'était pas tout à fait juste. Il n'avait pas réellement mis son humanité de côté.
Elle l'avait juste emportée lorsqu'elle s'était envolée.

Il balança le corps sur les rochers qui bordaient la plage. Le craquement des os qui se brisent contre la paroi rocailleuse se fit entendre, et bientôt les vagues vinrent recouvrir le morceau de chair lacéré. Toutes les nuits, c'était la même chose. Toutes les nuits, il s'enfonçait encore et encore dans une bestialité monstrueuse dont il croyait s'être sorti. Dont son ange gardien l'avait extirpé. Jusqu'à ce qu'elle disparaisse, du jour au lendemain. Elle le laissait seul, et alors il n'y avait plus aucune raison de se battre.

« Va te faire foutre. »

Le vampire planta son regard dans celui du pirate. La joie qu'il éprouvait pouvait aisément se lire dans l'expression de son visage, et rien que ça donnait à Noah l'envie de vomir. Il cracha par terre et s'essuya la bouche, dans un geste affreusement vulgaire, qui ne le surpris même pas.

« J'espère que tu tenais pas trop à tes prisonniers. » Il retourna l'un des corps avec son pied, et l'observa sans réellement le voir. « Non. En fait j'en ai rien à branler. »

Noah ne prêta même pas attention à la réaction de son interlocuteur. Ils n'avaient jamais été spécialement tendres l'un avec l'autre, et étrangement c'était l'une des raisons pour lesquelles ils se supportaient aussi bien.

« Dommage que tu ne sois pas arrivé plus tôt, tu te serais plutôt bien amusé. »

Ce n'était pas à ça qu'il ressemblait.
Rien de ça ne lui ressemblait. Même pas à l'époque où il avait perdu son chemin, où plus personne n'était là pour lui dire ce qui était bon ou ce qui ne l'était pas. Jamais il ne s'était conduit de cette manière, même dans ses pires cauchemars ; et pourtant il se dressait là comme toutes les nuits depuis neuf jours, debout au milieu de corps démembrés, vidés de leur sang avec une propreté qui frôlait le paradoxe.
Personne ne savait ce que faisait Noah. Pas même lui.
À quoi bon de toute manière ? Il n'y avait plus de raison de jouer les chevaliers, parce qu'il n'y avait plus de princesse à sauver.

« Qu'est ce que tu veux que je te dises ? »

Hänsel s'avança,  et bientôt il n'y eut plus qu'un corps par terre pour séparer les deux hommes. Ils se toisèrent longuement, avant que Noah n'éclate d'un rire nerveux.

« Je ne suis pas comme toi, Hänsel. Arrête de prendre tes désirs pour des réalités. »

Il claqua des doigts, et le corps sous leurs pieds pris feu, forçant le fils de Poséidon à faire un pas en arrière.

(C) WILLOU

I love it when you are nasty

e débit de paroles de Noah Nevenscheinder n'avait jamais été foncièrement élevé, et c'esct la principale raison pour laquelle tu te délectais de chaque mot qui sortait de sa bouche. Un sourire étira tes lèvres alors qu'il te lançait une remarque qui se voulait désobligeante. Cela te fit plus rire qu'autre chose, et tu n'hésitas pas une seconde avant de lui faicre partager la source de ton hilarité.

▬ Encore un peu plus de sarcasme et on jurerait entendre parler Judith.

Tu ne te départis pas de ton sourire, et avanças vers lui en jetant un regard admiratif au chaos qui tapissait le sol. Tu t'arrêtas à un petit mètre de lui, gêné par le corps qu'il venait de laisser tomber pour te faire la discussion. Tu observas avec attention la façon dont il avait séparé la tête du corps, comme il le faisait chaque fois qu'il ne mesurait pas l'étendue de la force qu'il avait dans la mâchoire. Le corps s'enflamma de façon théâtrale, alors que vous ne vous quittiez pas du regard.

▬ Dommage. Je trouvais ça plutôt propre.

Ce fut ton seul commentaire. Et qu'il le prenne comme un compliment, car c'était comme ça que tu l'entendais. Les flammes ne se propagèrent pas autour du corps, stoppées par le sable de la plage sur laquelle vous posiez les pieds. Tu fis le tour du cadavre, sans quitter Noah des yeux. C'était trop bon que de le regarder se perdre.

▬ C'est vrai, je te l'accorde. Tu n'es pas comme moi.

Arrête de me regarder comme ça. Comme si c'était moi qui te poussait à faire ça. Noah savait très bien ce que tu allais lui répondre, c'est pour ça que lorsqu'il te menaça de t'arracher la gorge à travers ses pupilles rubis, tu ne pus t'empêcher d'éclater de rire.

▬ Admets-le, que tu es mille fois pire que moi. Que t'as pas tué ces gars parce que t'avais faim. Il te pensait complètement naïf, et il se trompait sur toute la ligne. T'en as plus besoin, suffit de demander à ton ange et elle te tend le poignet pour que tu croques dedans.

C'était presque trop facile de le déconcerter, de mettre ses nerfs à l'épreuve. Cela ne te dérangeait pas de le ramasser à la petite cuillère, tant qu'il te laissait l'occasion d'enfoncer un peu plus le couteau dans la plaie.

▬ Tu sais, j'aurais mis ma main à couper que tu ne résisterais pas à la tentation de demander ça à la gamine qui t'as repêché le jour où je t'ai oublié derrière moi... Où c'était déjà ?

Tu n'éprouvais aucun remords quant au fait que tu avais laissé tomber ton meilleur ami parce qu'il te ralentissait plus qu'autre chose. Tu n'étais pas dénué de sens moral, mais presque. On t'avait toujours dit de se serrer les coudes en famille, mais Noah, c'était autre chose. Votre petite escapade avait mal tourné, on vous avez injecté dans les veines un poison qui vous avait rendus dingues tous les deux. Mais pour toi, ça avait été plus facile, car tu étais habitué à répandre la misère autour de toi ; Noah quant à lui, refoulait cette partie de lui-même depuis si longtemps que tu n'avais eu d'autre choix que de l'abandonner derrière toi.

▬ C'est pas important. J'ai cru comprendre que t'avais passé une bonne soirée cette fois-là, vu la tête que tu faisais quand t'es revenu me voir.

Tu arborais ce sourire qui en disait long sur tes pensées. Tu n'allais pas te priver de le titiller un peu, tu savais tellement bien à quel point elle comptait pour lui.

(C) WILLOU

YOU KNOW WHERE MY DEMONS HIDE

i un regard pouvait tuer, Judas serait tombé raide mort sur le sable. Si Noah était aussi en colère contre le loup-garou, c'était parce que malgré le ton insupportable qu'il employait, malgré le nombre de conneries qu'il pouvait dire, tout ce qui sortait de sa bouche ne pouvait être plus véridique. On n'avait jamais été aussi honnête avec Noah, et maintenant il lui semblait que toutes les paroles rassurantes qu'Elle avaient été un mensonge du début à la fin.

« [color=#400000]C'était dans les bas fonds de Skyworld. Tu m'as laissé tomber espèce d'enfoiré.[/b] »

Il le savait qu'il ne pouvait pas compter sur ce traître de demi-dieu. Il le savait depuis longtemps et pourtant il s'acharnait et continuait à s'accrocher à lui. Judas finissait toujours par revenir et Noah par accepter de lui pardonner ses erreurs, en pensant que peut-être il ne recommencerait pas. Mais chaque fois il lui avait prouvé qu'il avait eu tort de lui accorder sa confiance. Et là, aujourd'hui, il te montrait encore quelle genre d'enflure il pouvait être.

« C'est pas important. J'ai cru comprendre que t'avais passé une bonne soirée cette fois-là, vu la tête que tu faisais quand t'es revenu me voir. »

Hänsel avait à peine commencé sa phrase que déjà la vue de Noah avait commencé à se brouiller. À la fin, il vit rouge et le temps de s'en rendre compte, il avait déjà sauté à la gorge de son pseudo-ami pour le frapper de toutes ses forces. Il n'eut pas le temps d'intercepter le premier coup qui le cogna au visage, et Noah sentit les os de la mâchoire du fils de Poséidon se briser sous le choc. Peu importe, il guérissait plus vite que n'importe qui. Et même si ça n'avait pas été le cas, alors il aurait mérité qu'on lui brise quelques os. Il le frappa, encore et encore, jusqu'à ce qu'il ne réalise que le loup-garou ne ripostait pas, et qu'il ne comptait pas le faire.

« Tu peux pas t'empêcher de dire des conneries, c'est plus fort que toi. » cria-t-il pour couvrir les rires déments d'Hänsel. Il l'attrapa par le col et le souleva de terre. « Je ne veux pas que tu la mêles à cette histoire, ça ne concerne que moi. »

Qu'il s'en prenne à lui était une chose. Noah savait qu'il méritait qu'on le traite de cette façon, c'était pour ça qu'il n'avait jamais bronché lorsqu'on lui reprochait de jouer les chevaliers blancs alors que ses mains étaient plus sales que celles de n'importe qui d'autre. Il était presque reconnaissant qu'il existait encore des gens conscients de ce détail qu'il avait tendance à oublier depuis qu'Elle était entrée dans sa vie.

(C) WILLOU