i need you but i'm not what you need ❞ (jemmaelicya)

Do you spend your days counting the hours you're awake ?

Je ne compris pas sur le coup ce qu'il venait de se passer. Mon coeur m'avait lâché, il avait arrêté de battre l'espace d'un baiser. L'émotion trop forte accumulée à cause de Juliette et de la révélation des sentiments d'Aelicya me concernant avaient été comme un choc électrique. Blackout total.

J'entendis une voix, familière même. Douce et chaude, comme si elle m'enveloppait dans des draps doux et me dorlotait. Je ressentis enfin la sensation d'avoir le contrôle de mon corps et ouvrit doucement les paupières. Ma vue d'abord floue redevint nette en l'espace de quelques secondes et je pus apercevoir le visage d'Aelicya illuminé par son sourire. Un « hey... » sortit de sa bouche.

Aelicya ▬ Euh... Tu te sens mieux ?

Ma réponse avant un long silence fut plusieurs clignements de yeux vers le plafond. J'essayais de comprendre ce qu'il s'était passé, ce qu'il se passait et où j'étais. Mon regard balayait lentement la salle qui m'était étrangement familière. Des dessins étaient accrochés à un tableau en liège en face du lit où j'étais allongé. Sur le côté droit, côté fenêtre, des fleurs dans un pot, un peu fanées. J'étais dans ma chambre d'hôpital. Oui dans ma chambre. Je passais tellement de temps ici u'on m'en avait attribuée une personnelle. Ou presque.

Je tournai la tête vers Aelicya. Avec plus de concentration, on pouvait remarquer ses yeux rougis par des pleurs récents. Et merde. En plus d'être un tombeur, tu fais pleurer les filles. Sale type. Sales émotions. Sales sentiments. Fuck. Des fois, j'avais l'impression d'être une catastrophe ambulante. Je soupirai avant d'essayer de prononcer un mot. Une voix un peu rauque sortit de ma bouche.

James ▬ Aelicya... Ouais... Ouais ça va. Il s'est passé quoi ?

Écoutant le début de ses explications en essayant de me concentrer sur ce qu'elle me disait plutôt que sur son visage, ils furent coupés par la porte qui s'ouvrit soudainement. Ce n'était pas brusque, c'était assez discret. Ma vue encore un peu brouillée ne voyait pas très bien de loin et j'aperçus une masse rousse. Tout m'était familier dis donc. et j'entendis mon nom : « James Jack O'Malley ». Ok. Je connaissais cette voix par coeur, j'allais me faire salement disputer.

James ▬ Emma. Je suis pas mourut, je suis pas mourut ! Je vais bien, argh. Ça va. Accumulation d'émotions fortes c'est tout.

J'étais encore un peu sonné alors je me déclarai déjà vaincu. Secoue moi comme tu le faisais à chaque fois. Sermonne moi encore une fois. Dis moi encore que j'ai ait encore le con et que c'est de ma faute que je suis à l'hôpital. Je sais que c'est ta manière de me montrer que tu t’inquiétais pour moi le temps où tu as su qu'il m'était arrivé quelque chose.
Mes yeux se tournèrent vers Aelicya envers qui j'envoyais des regards de détresse qui disaient clairement "au secours elle va me frapper !". Bien évidemment, Emma n'était pas comme ça. Oui my darling n'était pas comme ça.

crackle bones

Depuis qu'elle était entrée dans la BMW de sa mère qui lui avait gentiment proposé les services de son chauffeur, Emma n'avait cessé de vérifier son téléphone chaque fois que l'écran se mettait en veille, réajustant entre temps les plis imaginaires de l'ensemble qu'elle avait vêtu deux heures plus tôt pour un déjeuner avec sa mère. Elle attendait cet événement depuis des mois, étant donné qu'elle lui avait organisé une entrevue avec l'un de ses associés, lequel était un élément majeur dans l'une de ses enquêtes en cours, une affaire de fraude fiscale qui lui prenait une majeure partie de son temps. Ils venaient tout juste de finir leur entrée quand elle avait reçu un message de Klaus qui lui disait que leur meilleur ami avait été hospitalisé d'urgence.

Le problème avec James était que ses rechutes pouvaient être bénignes comme elles pouvaient être fatales. Personne ne savait jamais avant que le verdict des médecins ne tombe, et le trajet qui séparait les membres du JOKER de l'hôpital était toujours une source d'anxiété profonde pour chacun d'entre eux. Emma était la plus proche de l'hôpital à cette heure-ci, et allait sûrement être la première arrivée au Castle of Heart. Elle réfléchit à toutes les situations possibles qui se présentaient à elle, et cela ne fit qu'empirer son état, si bien qu'elle coupa rapidement court à ses pensées avant de risquer de faire une crise de panique à l'arrière de la voiture.

— Serait-ce trop demandé que d'aller un peu plus vite ?

Elle remercia distraitement le chauffeur lorsqu'il lui ouvrit la porte et entra dans l'hôpital d'un pas hâtif. Le bruit de ses escarpins résonnant contre le carrelage du hall attira l'attention plus que le cardigan crème qu'elle portait sur les épaules de manière plus décorative que réellement utile. Elle traversa le hall jusqu'à atteindre la secrétaire, qui avait regardé la tornade rousse s'approcher d'elle comme si elle allait lui mettre une claque dans la figure.

— Bonjour, je cherche la chambre de James O'Malley.

On était presque surpris de savoir que les gens savaient encore dire "bonjour" aujourd'hui. La pauvre petite resta un moment à regarder Emma droit dans les yeux, jusqu'à ce qu'elle ne finisse par hausser des sourcils pour lui faire comprendre qu'elle n'avait pas de temps à perdre. Finalement, elle pianota rapidement sur son clavier et lui proposa de l'accompagner jusqu'à la fameuse chambre. Sur le chemin qui la mena jusqu'au deuxième étage, Emma se mit à réfléchir sur ce qu'elle ferait si le pire arrivait, et comme chaque fois que cela arrivait, elle arriva devant la porte sans avoir trouvé de réponse à sa question. L'infirmière ouvrit la porte pour elle, et Emma n'attendit pas pour faire savoir qu'elle était arrivée.

— James Jack O'Malley...

Elle laissa tomber son sac à main sur la chaise disposée près de la porte et ferma derrière d'un mouvement sec de la main. Elle s'avança ensuite jusqu'au lit sur lequel se trouvait James, en compagnie d'une fille qu'Emma remarqua sans réellement prêter attention à son apparence. Elle avait une autre priorité pour le moment qu'était celle de faire comprendre à James à quel point elle s'était inquiétée.

— Emma. Je suis pas mourut, je suis pas mourut ! Je vais bien, argh. Ça va. Accumulation d'émotions fortes c'est tout.

Emma leva les yeux au ciel et attrapa James par le col de sa chemise d'hôpital. Elle se montrait rarement violente, mais lorsqu'il était question d'un des membres du JOKER, la question de l'image à garder était vite réglée.

— Je viens de rater un rendez-vous important rien que pour toi, tu avais plutôt intérêt à rester en vie car il était hors de question que je me déplace pour voir ton cadavre ! s'écria-t-elle. Tu sais à quel point on était inquiets, Klaus et moi ? Bon sang mais tu veux pas te ménager un peu, pour nous, au moins ?

On ne connaissait pas Emma pour sa habilité à montrer ce qu'elle ressentait. Elle se mit à secouer son meilleur ami tout en lui hurlant qu'il n'était qu'un sale égoïste et qu'il ne pensait qu'à lui. Bien sûr qu'elle était gonflée de dire des choses pareilles, mais s'il ne voulait pas faire attention à sa santé pour lui-même alors il devait comprendre qu'il fallait le faire pour ceux à qui il tenait. Elle finit par le lâcher, et prit une grande inspiration avant de se laisser tomber sur le lit. Elle prit la main de James dans la sienne et la pressa doucement, avant de reporter son attention sur la personne qui lui tenait compagnie.
Et quand elle réalisa enfin de qui il s'agissait, la colère qui était retombée en une minute remonta en cinq secondes.

— Je... il faut que j'appelle Klaus.

Elle se leva doucement, sans quitter Aelicya du regard tandis que la main de James glissait dans la sienne. Elle sortit son téléphone de son sac et regagna le couloir en fermant la porte derrière elle. Au final, appeler son ami ne prendrait pas bien longtemps. La chose était qu'il fallait absolument qu'elle digère la nouvelle qu'annonçait la présence d'Aelicya au chevet de James. Parce que s'il s'était retrouvé à l'hôpital, ce n'était pas simplement parce qu'il l'avait vue.

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La furie venait de pénétrer dans ma chambre d'hôpital, sans dédaigner un regard vers la seconde personne qui se trouvait à un mètre de moi. Elle avait empoigné ma chemise, comme à son habitude, avec son regard exaspéré qui témoignait néanmoins d'une certaine attention particulière, voire affective. Il fallait vraiment le déceler chez elle. Il fallait préciser qu'il n'y avait que pour moi qu'elle s'énervait de la sorte, à me secouer comme si j'étais un demeuré en me hurlant parfois que j'étais un pur imbécile égoïste. Oui je l'étais, unfortunetely. Un mélange d'inquiétude et de soulagement se lisaient dans ses yeux. J'étais vivant. Encore une fois. Encore heureux. Emma. Elle avait raté un rendez-vous qu'elle me réprimanda comme à son habitude, m'accusant encore une fois de l'avoir fait se déplacer exceptionnellement pour moi, me traitant d'égoïste. Mais je savais qu'au fond, elle se précipitait à chaque fois dans l'espoir de ne pas me voir sur mon lit de mort, elle savait que ce n'était pas de ma faute, j'ai toujours eu une coeur dysfonctionnel. Elle le savait bien. Elle était la première à l'avoir remarqué. Klaus fut le premier à me dire de faire attention.

Elle me secoua violemment, comme pour me hurler de vivre. J'avais malheureusement  la tête qui tournait, d'autant plus que je venais à peine de retrouver mes esprits. Je fus une nouvelle fois sur le point de me reévanouir qu'elle s'arrêta net, dégainant son smartphone dernier cri qu'elle ne quittait jamais et s'en allait rassurer Klaus qui lui, m'aurait encore traité de "lopette sans cervelle".
D'un coup d'oeil, j'avais remarqué le regard mauvais qu'avait lancé Emma à Aelicya. La reine jalouse allait encore frapper.
Malheureusement pour moi, j'étais bien trop épuisé pour dire quoi que ce soit à la pauvre Aelicya qui restait là, muette, par respect et par politesse, non vraiment par peur. C'était noble de sa part, elle que j'aurai vu s'exclamer un peu, elle n'était pas dans son état habituel. Je lui offris tout de même un sourire, très mince, pour tenter de la rassurer.

Aelicya ▬ Je... crois que ma présence ne va t'attirer que des ennuis supplémentaires.
James ▬ Mais...non. Emma à l'air d'une pile électrique vu comme ça, mais elle est très sympa.

La vampire ne m'écoutait plus, elle s'était rapproché de mon lit mais ne fit rien. J'en avais marre de ressentir plusieurs choses à la fois. J'avoue qu'avoir Aelicya et Emma dans la même pièce me mettait mal à l'aise. Lisbeth, aide moi, dis moi ce que je dois faire... Dire que tu étais la seule à tout savoir. Tu me disais qu'on avait qu'une vie. Mais malheureusement, ma vie ne valait même pas la moitié des autres. Comment choisir entre mon bonheur et celui des autres ?

Aecliya ▬ Je ne vais pas m'attarder. Le fait que tu ailles mieux me suffit... On s'est embrassés...
James ▬ Je..

Je la regardais, interloqué. Pourtant dans ce rêve, c'était bien volontaire, c'était bien de moi que cet amour venait. Dire que je pensais que c'était à sens unique. Bizarrement sur le coup, je fus brouillé, je ne savais plus qui avait fait quoi. Dans ses yeux on pouvait clairement lire de la culpabilité, j'en conclus qu'elle m'avait effectivement embrassé et qu'elle sen voulait de m'avoir donné un coup d'émotion trop fort que mon coeur n'avait pas su supporter. Quel con de coeur. Devais-je lui dire ou non ? Ce que j'éprouvai ? Je me sentais comme un ado dans ces films à l'eau de rose pour faire pleurer les gamines de 13 ans. Je ne savais pas quoi dire.

Aecliya ▬ En fait c'est moi qui t'ai embrassé... Je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Cela n'arrivera plus, je te le promets.

Emma était de retour dans la chambre. Mon coeur sursauta. J'étais perdu. Il battait de plus en plus vite. Toi que j'essayais de rayer de mon coeur. Pourquoi fallait-il toujours que tu refasses surface comme cela ?

« On est meilleurs amis n'est-ce pas ? » « Oui nous sommes meilleurs amis ! »

Aecliya ▬ Je suis désolée. Mais ne blâme pas James, il n'a pris aucun risque. C'est moi qui l'ai cherché. C'est ma faute si James est à l'hôpital.  

Dis quelque chose non de dieu. Remue toi.

James ▬ Arrête Aelicya, tu sais bien que ce n'est pas de ta faute. Je t'ai... Forcé la main. Et puis je suis à l'hôpital quasiment le tiers de l'année donc c'est normal. Je n'allais pas très bien ces temps ci, mon coeur a lâché au mauvais moment mais CA VA. Je suis alive.

Je parlais trop, j'en disais trop. Je ne savais même pas si le début de ma phrase était vrai, mais c'était pour ne pas qu'Aelicya rejette entièrement la faute sur elle-même. J'étais habitué à tomber dans les pommes comme ça, pour x raisons. Je jouais avec la vie, avec ma propre vie. Même si je semblais m'en contre foutre de mourir à chaque instant, c'était faux. J'avais peur de mourir, je ne voulais pas mourir, j'avais encore tant de choses à faire.

James ▬ Et puis, c'est toi qui m'a emmené à l'hôpital, c'est déjà ça. fis-je en souriant d'un air bêta.

Je lui tendis un sourire pour la rassurer puis tournai ma tête en direction d'Emma qui semblait calmée après avoir parlé à Klaus. Il fallait que j'aille prévenir Rodrick...Ou non. Il y avait des choses dont j'hésitais à lui parler, pour éviter qu'il ne s'inquiète pour rien. Pour éviter qu'il ne panique.

James ▬ Merci Emma, d'avoir prévenu Klaus. Ne dis rien à Rodrick, je préfère le laisser tranquille, ces temps-ci il passe des examens alors... Et merci d'être venue, d'avoir loupé un de tes rendez vous bien ennuyants je suppose.

Je lui tirai la langue, Emma était une bosseuse, elle aimait ce qu'elle faisait. Parfois je lui en voulais de se consacrer plus à son travail qu'à...moi. Mais moi aussi j'avais des choses à faire de mon côté. C'était ça d'avoir grandi avec les mêmes personnes et de les voir, chacun, emprunter des routes différentes.

Il s'avère que j'étais d'autant plus mal à l'aise de me retrouver avec mon crush et ma meilleure amie dans la même pièce. Fallait-il préciser que sur mon front pouvait parfois être écrit "propriété d'Emma" ? En tout cas, je ne voulais en aucun cas congédier l'une ou l'autre.
Je n'avais pas tout de suite remarqué mais, la tension était tendue... Vraiment tendue. Une atmosphère froide s'était glissée dans la pièce lorsqu'Aelicya et Emma avaient un nouvelle fois croisé leurs regards.

James ▬ Euh. Vous vous connaissez ? lançai-je perplexe.

Je me sentais faible et inutile. Le comble pour un homme comme moi qui ne voulait jamais transparaître ces faiblesses à cause de ma maladie.

crackle bones

« ... tant mieux s'il va bien. Pense à lui mettre une baffe de ma part, il l'a méritée. » Au moins Klaus n'allait pas avoir besoin de le répéter. Emma allait se faire un plaisir de faire comprendre à son ami d'enfance à quel point il lui avait fait du mal.
Pardon. À quel point il leur avait fait du mal.
Ce n'était pas que d'elle dont il était question. Ça n'avait jamais été le cas, ils avaient toujours été le « JOKER » : tous pour un, un pour tous. Quand les parents d'Emma avaient divorcé. Quand James avait appris qu'il était malade. Quand Lisbeth était morte. Ils avaient toujours tout partagé. Ce n'était pas juste elle qui était blessée. Ce n'était pas comme si c'était juste le fait qu'il ait embrassé Aelicya. C'était parce que tout le monde s'était fait un sang d'encre, encore.

— Em ? Elle cligna des yeux plusieurs fois et regarda le couloir vide autour d'elle. Depuis combien de temps l'appelait-il sans recevoir de réponse ? Ça va, tu tiens le coup ?
— Comment ça ? Je... ça va, je pense. Elle sentait sa voix qui tremblait. Pas mieux que toi, je suppose... Mais ça va, je pense que l'on commence à avoir l'habitude.

Non, pas vraiment, en réalité. Elle savait qu'ils ne prendraient jamais l'habitude d'être interrompus dans leurs occupations respectives en apprenant que leur meilleur ami était hospitalisé. Qu'ils allaient peut-être le retrouver mort parce qu'ils mettraient trop de temps à arriver. Qu'ils n'auraient peut-être pas l'occasion de lui dire « au revoir », et quel la dernière chose qu'ils lui diraient serait plutôt « pourquoi est ce que tu es aussi égoïste, espèce d'idiot ? »
Klaus raccrocha après un très bref échange, Emma étant incapable de formuler des pensées cohérentes. Emma se laissa glisser contre le mur et pris son visage entre ses mains. Elle ne se mit pas à pleurer, mais un frisson glacé lui parcourut le dos, tandis que son rythme cardiaque se mettait à accélérer. Elle voulut se mettre à hurler, mais son cri resta coincé dans sa gorge tandis que sa respiration se coupait, comme si l'on enserrait sa gorge pour l'empêcher de reprendre son souffle. Si son corps s'emballait de la sorte, son esprit resta intact, et elle put très vite identifier la source de ses angoisses. Une voix –qui était en fait la sienne– répéta en boucle dans son esprit une série de phrases qui lui permit, au terme d'une minute qui sembla durer une éternité, de reprendre le contrôle.


Emma poussa la porte de la chambre sans se donner la peine d'être invitée à entrée. Sa chevelure maltraitée par sa crise de panique avait retrouvé de l'ordre, et son tailleur était aussi parfaitement porté que lorsqu'elle l'avait enfilé dans la matinée.

— En fait c'est moi qui t'ai embrassé... Je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Cela n'arrivera plus, je te le promets.

Cet aveu ne lui fit quasiment rien. C'était plus le contrecoup de la réalité qu'autre chose ; les voix semblaient lui venir de lien, pourtant ils étaient bien tous les trois dans la même pièce, qui n'était pas si grande en comparaison avec tout ce auquel elle était habituée. La fée regarda ses vis-à-vis s'échanger des regards comme si elle n'existait pas. Lui, reconnaissant et elle, coupable. Elle haussa les sourcils avec un air dédaigneux et inspecta ses ongles parfaitement manucurés d'un air désabusé.

— Pourquoi est-ce que tu prends sa défense ? Si  elle est prête à assumer sa faute c'est peut-être pour une bonne raison... lâcha-t-elle d'un ton acerbe.

Elle sembla plus se faire entendre par Aelicya que par James, qui depuis son lit d'hôpital, posa sur elle un regard qui la détendit presque immédiatement. Elle se décrispa au fur et à mesure de ses paroles et s'autorisa même à s'avancer vers lui, comme lorsqu'ils étaient petits et qu'elle lui montrait qu'elle arrêtait de bouder. Ses lèvres ne cillèrent pas, mais lorsqu'il lui tira puérilement la langue, les yeux d'Emma se mirent à rire à leur place. Elle arriva à son chevet, se fraya un chemin entre lui et la vampire, puis tendit une main vers son meilleur ami.

— Connaître, c'est un bien grand mot.

Elle fixa un moment leurs doigts entrelacés les uns dans les autres avant de lever les yeux vers la fenêtre, réfléchissant à ce qu'elle pourrait bien dire sans se montrer odieuse. Elle ne faisait pas ça pour Aelicya, c'était juste pour préserver James de la partie de sa vie sur laquelle elle n'avait pas encore de contrôle.

— Disons que l'on s'est entre-aperçues à une occasion. Mais une seule, c'est bien cela ?

Et elle s'adressait cette fois à Aelicya, feignant l'intérêt et ne la sollicitant que pour lui dire de se contenter d'être d'accord avec elle. Le regard trop innocent qu'elle lui lançait voulait seulement lui rappeler que James n'avait –et n'aurait jamais– aucun rapport avec les divers différents qu'elles avaient eus l'une avec l'autre. Elle n'attendit pas de réponse et baissa les yeux vers James, qui les observait avec un curiosité.

— Cela dit, si j'avais su que vous étiez aussi... intimes –c'était presque une corvée que de le dire à voix haute– peut-être aurions-nous pu faire plus ample connaissance à ce moment.

Peut-être que j'ai été un peu trop gentille avec toi, ce jour-là.

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Sans le savoir, je m'étais retrouvé en plein imbroglio, sans issue et totalement dépourvu face à la situation. J'étais planté là comme un con sans pouvoir faire quoi que ce soit. Surtout que le temps que cela monte au cerveau et que je comprenne enfin qu'elles étaient loin d'être amies, Aelicya avait déjà claqué la porte, à mon grand désarroi...

A ce moment là, l'attitude totalement désobligeante d'Emma envers Aelicya commençai à m'agacer. Emma se voulait être en position dominante pour écraser Aelicya qui ne répliquait pas pour ne pas contre attaquer et que cela finisse en champ de bataille. Dire qu'habituellement j'essayais de passer outre les défauts de mon amie, pour le coup j'étais ennuyé.

(Emma) ▬ Cela dit, si j'avais su que vous étiez aussi... intimes. Peut-être aurions-nous pu faire plus ample connaissance à ce moment.

(Aelicya) ▬ Je ne crois pas que c'est nécessaire, tout compte fait. Je ne jouerai pas à ce jeu-là avec toi aujourd'hui. Pas dans ces circonstances.

Je les regardais s'affronter sans rien dire, elles ne voulaient pas faire de dégâts tout de suite vue la subtilité de leurs réponses. Cela viendra par la suite sans doute sans ma présence. Au fur et à mesure qu'elles se répondaient mutuellement, je compris que l'une et l'autre ne s'appréciait absolument pas. Je ne savais pas quoi penser, j'appréciais Emma pour ce qu'elle était, ma meilleure amie, elle n'était jamais très agressive. Quant à Aelicya, étrangement, je devais avouer que j'ignorai beaucoup de choses sur elle, mais préférant me consacrer aux choses présentes, ce qu'elle avait pu m'offrir jusqu'à aujourd'hui était une Aelicya à l'âme généreuse et attentionnée qui fut là quand j'en avais besoin. Non sans dire que ces deux là ne me laissaient pas indifférent. Je les aimais toutes les deux à ma façon.

Alors que j'étais totalement plongé dans mes pensées, je fus rattrapé par le son des talons d'Aelicya, indiquant qu'elle s'apprêtait à quitter la pièce. Je la vis prendre son sac et se diriger vers la porte, bien qu'exaspérée, elle restait belle et élégante, c'était Aelicya après tout. Elle lança une dernière tirade à Emma qui ne la laissera sans doute pas impassible, mentionnant un certain Hydra dont le nom me fit lever les yeux au ciel. Pour être clair, ce mec, je le haïssais. Savoir qu'il connaissait à la fois Emma et Aelicya m'horripilait au plus haut point. Que leur avait-il fait encore celui là ? Je ne comprenais pas vraiment tout cet engouement autour d'un tel personnage alors qu'il ne prêta aucune attention aux gens, il les traitait totalement comme des moins que rien. Enfin, je tenais ces informations d'Emma qui venait se plaindre de cet énergumène dont je souhaite ne jamais rencontrer dans les peu de jours qu'il me reste.

J'avais levé les yeux vers Aelicya, comme un chien battu, lui disant du regard de rester, mais elle était décidée à partir et tout comme Emma, lorsqu'elle était déterminée, rien ne pouvait la faire changer d'avis. Cette situation en position inférieure m'exaspérait de plus en plus surtout que je devais contrôler ma colère qui pouvait m'entraîner de graves problèmes cardiaques. Je ne voulais plus être faible.
Avant de quitter la pièce, Aelicya me lança un regard attendri que je répondis par un regard ahuri, perturbé par ce qu'il venait de se dérouler sous mes yeux.

(Aelicya) ▬ Je te l'ai dit. Respecte ta promesse.

Elle claqua la porte. Je ne pus répondre. J'étais là, comme un con, assis sur mon lit d'hôpital à cogiter sur ce qu'il venait de se passer en un éclair. Finalement, après un moment de réflexion, je me levai en trombe et me dirigeai vers la porte de ma chambre, emportant les tuyaux avec moi, rouvris la porte tout en regardant à droite et à gauche :

(James) ▬ AELICYA ! Avais-je hurler comme un demeuré.

Elle s'était déjà envolée. Je m'adossais au mur tout en passant une main sur mon visage puis jetai un regard accusateur à Emma.

(James) ▬ Est-ce que j'aurais pu savoir que vous vous connaissez et que vous ne vous entendez absolument pas ?... Ah c'est trop akward..  Aelicya n'est pas méchante, sans elle je serai peut-être en train de gésir dans les rues de Skyworld.

Finalement je me rassis sur mon lit, sentant que mes jambes ne pouvaient pas porter mon poids plus longtemps. Je soupirai. Je ne voulais pas vivre des scènes pareilles encore une fois, ce n'était vraiment pas bon pour le moral. Surtout que physiquement, j'étais affaibli par mon geste irréfléchi envers Aelicya. Oui je l'avais embrassé, oui je m'en souviens, oui je suis con.

(James) ▬ Bon je vois que tu la connais à peine et elle aussi ne te connait pas tant que ça. Je suis sûr que vous pourriez bien vous entendre.

Je levai mes bras et les passai derrière ma tête, m'adossant au mur qui touchait mon lit puis tournai la tête vers la fenêtre qui donnait vers l'extérieur.

(James) ▬ Merci d'être venue aussi vite, avais-je marmonné dans ma barbe.

J'en avais assez d'être un pauvre type faiblard comme cela. Je ne maîtrisais rien.
« Premièrement ne touche pas à tes aiguilles, celle de ton coeur. Deuxièment ta colère tu devras maitriser. Et surtout ne jamais oublier quoi qu'il arrive, ne jamais se laisser tomber amoureux, car alors pour toujours, à l'horloge de ton coeur la grande aiguille des heures transpercera ta peau, explosera l'horloge, imploseront tes os, la mécanique du coeur
sera brisée de nouveau. »

Super.

Faisant la moue et regardant Emma avec mon air de chien battu, je pris une voix suave accompagné d'un petit sourire malicieux.

(James) ▬ Je me sens mieux. Tu ne veux pas qu'on sorte de là ? J'étouffe déjà.

Je n'oubliais pas Aelicya. Je l'appellerai sans doute le soir. Mais pour l'instant, j'avais une princesse dont il fallait combler l'ennui.

crackle bones

Emma voulut s'élancer sur elle et lui arracher les yeux. Pour qui se prenait-elle ? Elle ne savait rien de James, et encore moins d'Emma. Elle débarquait comme une fleur et osait se faire passer pour une sainte alors que ses intentions n'étaient pas meilleures que celles d'Emma. Elles ne le seraient jamais, pas quand il s'agissait de James.
Emma Emma connaissait ses défauts, elle savait qu'elle était dure dans le choix de ses mots, des moments où elle les balançait à la figure des gens. Elle savait que ce n'était pas correct, que le moment n'était pas approprié. Mais elle ne pouvait pas s’en empêcher parce qu’elle était faite comme ça. Aelicya avait déjà claqué la porte quand Emma reprit ses esprits, encore sonnée de s’être pris une correction comme jamais personne ne l’avait fait avant.

— Non, James, je ne crois pas.

Emma Elle tourna la tête vers James, la colère dans ses yeux verts. Ce n’était pas contre lui, et c’était encore moins contre elle-même car elle n’estimait pas avoir eu tort. C’était contre l’autre, celle qui lui volait sa place. Ce n’était pas grâce à Aelicya que James devait être en vie. Ça ne devait pas l’être.
C’était moche, d’être jalouse.

— Je me sens mieux. Tu ne veux pas qu'on sorte de là ? J'étouffe déjà.

Son regard s'adoucit considérablement devant la moue de James -son point faible, et il le savait parfaitement. Il était difficile de résister à James O'Malley quand il s'y mettait, et c'était sûrement l'une des seules personnes capables de rappeler à Emma qu'elle possédait un coeur et qu'il n'était pas fait totalement de pierre. Elle soupira baissa les yeux vers James qui continuait de la fixer jusqu'à ce qu'il parvienne enfin à lui décrocher un sourire léger. C'était presque trop facile de calmer Emma-Serah quand on s'appelait James O'Malley. Un jour, ce garçon allait finir par la tuer, à force de mettre ses nerfs à l'épreuve comme il le faisait depuis près de vingt ans.

— Ils ont laissé ton fauteuil roulant dans le couloir, grand-père.

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