❝ JEMMA ❞ Ω Little Talks

Because I have a girl best friend that I am close with and I will never let her.

 

Devais je lui dire, devais-je me taire ?
C'était pesant, totalement. J'avais l'impression que j'allais droit dans la gueule du loup. Je ne savais pas qu'elle trouverait Anna aussi rapidement et...Facilement. Je devais savoir qu'elle aimait venir chez moi à l'improviste même pour me rappeler que j'avais quelques médoc à prendre. J'angoissais un peu, j'avais l'impression d'aller à l'abattoir. Je m'approchai de l'habituel café où l'on se retrouvait elle et moi. Elle devait savoir que je n'avais pas pu le lui dire, pas pu à cause de mon coeur. Ce dernier a failli répondre à Anna par une crise cardiaque. Flûte, j'apercevais déjà sa chevelure rousse. Décidément, elle sera toujours plus ponctuelle que moi. Sachant qu'elle pouvait parfois être un peu impatiente, surtout après un événement pareil, je pressai le pas et m'installai à sa table en lui offrant un de mes sourires colgate de beau gosse.

▬ Hey darling.

Voix grave, hyper sensuelle avec un accent british parfait. Bon j'avoue que venant de moi, charmer Emma pouvait se révéler très difficile. Elle me connait depuis que je suis gosse c'est limite si on n'a pas pris des bains ensemble - non d'accord j'exagère on était déjà bien assez grands pour ça. Elle leva les yeux vers moi, regard que je pouvais reconnaître entre mille tant il fallait avouer qu'elle était vraiment belle. Trop même. Mais bon ne pensez pas que j'ai des arrières pensées pas nettes, Emma c'est my darling sans plus. On a toujours eu cette relation, proche et sans tabou. Emma était ma meilleure amie, mon meilleur pote au féminin.

▬ Comment ça va depuis...hier.

J'avais légèrement sourcil, bien qu'on sentait une petite pointe d'irone dans ma voix. Nous avions été tous les deux choqués par le retour d'Anna. Elle s'était suicidée, cela était sûr et certain, Klaus avait  vu sa tombe, son corps s'y trouvait. Après tout ce qui s'était passé, Après Lisbeth, Oliver, Anna, que sera la nouvelle tragédie ? Oh Lisbeth, j'aurai aimé que tu sois là pour me dire quoi faire.
Je commandai un café gourmand puis posai mes coudes sur la table tout en joignant les mains. Mon regard se perdit dans le vide. Il fallait que je lui explique, que je lui dise, que je lui fasse par de ce qui m'angoissait.

▬ Pardonne moi Emma. Je ne savais pas quoi faire. Je comptais te le dire mais...Je m'attendais à tout sauf à ça.

Mes mains se remirent à trembler. Mon coeur battait de plus en plus vite. Je n'avais pas encore digéré le choc émotionnel que le retour d'Anna m'avait causé.

▬ Je sais pas quoi faire. Oliver ne nous écoutera jamais. Klaus n'est même pas au courant ni même Roddy. Je voulais pas que tu l'apprennes de cette manière.

Emma aimait beaucoup Anna et je pouvais comprendre qu'elle m'en veuille de ne pas l'avoir averti de suite. Mais je sais qu'elle ne m'en voudra pas si longtemps ou pas du tout car elle connait mieux que quiconque que mes problèmes cardiaques font ma faiblesse et qu'à cause de ça, je suis émotionnellement limité. Quand bien même, ayant peur qu'elle m'engueule une nouvelle fois, je lui lançai un de mes regards de chien battu auxquels - et me fera toujours autant rire - elle ne pouvait résister.

Emma fit pianoter ses doigts manucurés sur la surface de la table. D'après la montre-bracelet Chanel qui ornait son poignet, elle était arrivée pile à l'heure ; c'était donc James qui était en retard. Elle avait pourtant pris un peu de retard en essayant de se débarrasser des cernes sous ses yeux, résultat d'une nuit agitée pendant laquelle elle s'était ressassé encore et encore l'entrevue qu'elle avait eue avec Anna. Anna, la même qui était morte il y avait de cela presque trois ans, et qui réapparaissait comme par magie dans l'appartement de James. Emma leva les yeux et regarda autour d'elle, remettant en place les plis imaginaires de sa jupe parfaitement repassée. Elle était habituée à ce que James n'arrive pas toujours avec autant de ponctualité qu'elle, ça n'allaient pas être deux minutes qui allaient la tuer. S'il mettait plus que deux minutes en revanche, il allait entendre parler d'elle...



Derrière ses longs cils, elle aperçut James faire le tour de la table et s'installer en face d'elle pour commander son habituel café gourmand, arrachant comme une habitude une grimace à Emma qui se contenta de son English Breakfast Tea à 90 degrés. Elle n'adressa pas une seule parole à James ; que pouvait-elle dire de toute manière ? Elle avait une boule dans la gorge qui l'empêchait d'émettre le moindre son depuis la veille au soir.



Elle hocha la tête délicatement, fermant les yeux pour reprendre de la contenance. Pourquoi en voudrait-elle à James ? Il était dans la même situation qu'elle, seulement c'était vers lui que s'était tournée Anna en premier et c'était ce qui le mettait dans cette situation. Il n'avait pas choisi d'être celui sur qui tout tomberait en premier, et si ç'avait été à refaire Emma aurait certainement choisi de jouer ce rôle à sa place, si cela pouvait éviter à son meilleur ami d'endurer autant de peine.



Mademoiselle tendit son bras au-dessus de la table et James glissa sa main dans la sienne. Elle avait beau donner l'air de lui faire un reproche, elle ne pouvait se résoudre à le laisser endurer sa peine tout seul. Un léger sourire amusé fleurit sur les délicates lèvres d'Emma, tandis qu'elle pressait les doigts autour de ceux du mage. Même si contrairement à lui, Emma ne possédait pas le don d'empathie, elle se rendait compte qu'il allait mal, mais il ne fallait pas être un magicien pour le savoir, il suffisait simplement de le connaître.



Il leva ses yeux bleus vers elle, et les traits de la fée reprirent l'air arrogant qu'elle arborait en permanence. Ce qu'elle disait n'était pas tout à fait vrai, mais maintenant qu'ils étaient deux à porter le poids de cette histoire, Emma se sentait mieux. Pas bien, mais mieux. James eut un petit rire qui suffit à faire réapparaître la lueur amusée dans les yeux d'Emma ; sa garde était tellement faible devant lui qu'il y avait longtemps qu'elle avait cessé de lutter.



C'était le surnom que lui avait donné la voisine des O'Malley lorsqu'elle l'avait surprise en train d'espionner son fils pour prouver aux garçons qu'il avait des vues sur Lisbeth. Le souvenir de leur "grande sœur" provoqua une petite bouffée de nostalgie qu'elle chassa rapidement de sa pensée avant d'être submergée par les émotions et ne plus parvenir à songer correctement.



Après tout, ce qui avait fait défaut à James comme à Emma étaient qu'ils n'avaient personne sur qui s'appuyer au moment de leur rencontre avec Anna. « Tous pour un et un pour tous » aurait pu être la devise de JOKER si elle n'avait pas déjà été popularisée par les Trois Mousquetaires, et leur force avait toujours été la cohésion de groupe. La veille, lorsqu'elle avait croisé Anna dans ce couloir, Emma s'était sentie si vulnérable qu'elle avait réalisé immédiatement à quel point elle pouvait être faible sans les garçons autour d'elle pour la rattraper en cas de chute.



Elle eut un sourire qui n'atteignit pas ses yeux, tandis que sa main se pressait autour de celle de James. Le serveur arriva à ce moment, et elle rompit tout contact avec son meilleur ami pour laisser la place de poser leurs tasses.

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▬ Je sais, James. Tu veux toujours me préserver, c'est plus fort que toi.

▬ Entre nous. Je n'ai pas besoin de te préserver de ça, te connaissant je sais bien que tu n'aurais pas mal réagis. Mais c'est que...

Je devais paraître pitoyable. Elle savait pourquoi je ne lui avais pas dit tout de suite. Les heures qui avaient suivi son retour m'avait mis dans un état déplorable. Rien qu'en lisant dans mon regard elle avait compris pourquoi. Elle avait comprit que mon coeur m'avait toalement empêcher de le lui dire. Le choc émotionnel n'était pas digérable. Elle avait entouré mes épaules de son petit bras et par réflexe j'attrapai sa main. On avait toujours procédé ainsi, soit c'était elle, soit c'était moi. Dans ce geste, James ressenti la compassion qu'éprouvait Emma.


▬ C'est toi la tapette dans cette histoire, j'aurais pu m'en remettre. Tu vois ? Je vais bien.

▬ Tais toi je suis pas une tapette.

J'avais relâché ma main et lui avait donné un léger coup d'épaule en signe de mécontentement tout en souriant. Elle savait que je détestais qu'on me charriait sur cette faiblesse. bien que c'était amical, ça ne m'empêchait pas de me défendre un peu. Sans lâcher mon sourire, je me perdis dans un instant de nostalgie lorsqu'elle avoua qu'elle aurait fini par tout découvrir d'elle même car elle était la « sale fouineuse », surnom assez péjoratif que lui avait donné ma voisine. Qu'est-ce que c'était drôle lorsqu'elle l'avait hurlé dans toute la rue tant elle ne s'attendait pas à voir Emma jouer les espionnes de la sorte. C'était limite du voyeurisme parfois. Haha d'accord j'exagère. Bref, je hochai la tête


▬ Je pensais appeler Rodrick ce soir, je pense qu'il va encore se ramener chez moi ce week-end. Quant à Klaus, je pense que je peux te laisser le faire. Tu le connais bien et puis, c'est un dur à cuire ce mec, pas besoin de prendre des pincettes avec lui.

Je repris la main d'Emma au moment où il fallut parler du cas d'Oliver. Sujet sensible à mon goût. Dire que j'avais essayé de le persuader de ne pas lâcher Anna comme il l'avait fait, de ne pas la rendre malheureuse, d'essayer de faire une exception sur elle. Il ne m'avait pas écouté, je me rappelle encore de la fois où il m'avait lancé froidement qu'il ne voulait plus jamais entendre parler d'elle. Comment allions nous aborder le sujet avec lui ? Dans tous les cas, j'étais sûr qu'il me frapperait. Oui Oliver frappe désormais, sans retenir ses coups, même contre un ami. Cela faisait une journée et demie qu'Anna était apparue sur mon portillon. Un jour et demi qui m'avait paru tellement long.
Je sentis la main d'Emma glisser et se retirer lorsque le serveur s'approcha de nous pour servir ce que l'on avait commandé. Je déposai délicatement les deux morceaux de sucre disposés sur la coupelle dans ma tasse de café et en but une gorgée avant de reprendre :


▬ Je lui dirai. Je pense que tu  ne devrais pas être dans les parages, il risquerait de péter un câble et je préfère que ce soit sur moi que sur toi.

Pas seulement pour la préserver, mais vraiment dans le but de la protéger. Je rebus une autre gorgée, prenant le temps de savourer le liquide qui se déversait dans ma gorge afin de penser à autre chose le temps d'un instant, sa chaleur descendant dans votre poitrine était juste agréable. A vrai dire, je crois que j'avais clairement besoin de changer d'air, de me changer les idées, de penser à autre chose. J'avais ce sentiment de culpabilité envers Oliver qui me rongeait de l'intérieur.

▬ Tout cela me fatigue. Hier j'étais dans un état lamentable si tu savais. M'enfin bon, je suis encore vivant c'est déjà ça... J'imagine que tu as eu la même réaction que moi sans les 40 degrés de fièvre.

Je me mis à rire puis enchaînai :


▬ Damn it, j'ai vraiment besoin de me changer les idées darling.  

Klaus n'en voudrait jamais à James de toute manière, et il était certainement celui qui était le plus enclin à comprendre les raisons pour lesquelles James n'avait parlé à personne du retour d'Anna. Pour ce qui était de Rodrick, il était plus judicieux de laisser les O'Malley régler ça entre eux ; même si elle aimait beaucoup Rodrick, le laisser seul avec son frère était la meilleure chose qu'elle pouvait faire pour lui.



Il y avait une teinte amère dans sa voix, dirigée non pas vers Oliver mais contre la responsable de cette histoire, qui avait torturé psychologiquement et physiquement leur meilleur ami. Elle prit le lait et en versa dans son thé, avant d'y ajouter une petite cuillère de sucre.



Emma jeta un regard en coin à James et lui fit un sourire derrière la porcelaine. En reposant la tasse sur la table, elle tendit le bras pour la passer dans les cheveux de James. Elle avait toujours aimé la texture des cheveux de la famille O'Malley, et ne ratait aucune occasion pour mettre la main dedans, ou parfois y enfouir le visage –elle le faisait plus à Rodrick cela dit, étant donné qu'il était plus petit qu'elle, leur arrachant des grognements mécontents.



La fée pianota nerveusement sur la surface de la table, tandis que son autre main faisait tourner la cuillère dans sa tasse d'un air absent. Cinq ans auparavant, personne ne se serait doutés qu'ils se retrouveraient un jour dans un café, à parler d'un ami qu'ils avaient presque perdu et sa petite amie qui s'était suicidée.



Elle fixa l'intérieur de sa tasse et n'osa pas lever les yeux vers son ami. Au fond, elle ne savait pas trop quoi penser de toute cette histoire ; si elle avait eu le choix, elle aurait changé bien des choses, à commencer par cette fameuse expédition qui avait totalement renversé la vie d'Oliver, et qui avait domino sur toutes celles du JOKER.



Réfléchir sérieusement la question devenait presque compliqué. James et Emma n'avaient pas le droit de se plaindre et pourtant il y avait tellement de choses qu'elle aurait voulu voir changer. Ça ne semblait pas légitime de se morfondre alors qu'ils n'étaient que des dommages collatéraux.



Elle pensait à Anna, à Oliver, à Lisbeth. Elle pensait aussi à Rodrick et Klaus qui, comme elle et James, devaient subir ce qui arrivait à leur entourage, et qui ne pouvaient rien y faire.

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▬ Dire qu'il n'y a pas si longtemps, tout allait bien.

Oui tout allait bien, à quelques détails près. Il y avait toujours ces hordes de sans-coeurs que l'ont combattait ensemble qui pouvaient poser problèmes, ou le fait que mon coeur paraissait être celui d'un homme âgé de quatre-vingt-dix ans. Il m'était déjà arrivé de penser que j'allais devenir un fardeau pour les autres. Au lieu de cela, ça a été plutôt une sorte de défi à relever chaque jour. Allais-je vivre un jour de plus ? Oui car j'avais une sorte de cancer du coeur. Dans le sens où j'étais condamné à mourir jeune en plus du fait que mon coeur supportait mal les émotions fortes. Personne n'était au courant, seulement Rodrick et moi-même. Je l'avais su récemment, à la mort de Lisbeth. Ce jour là j'avais fait un crise, mon coeur n'avait pas supporté mon chagrin et ce fut à partir de cet incident qu'on me le diagnostiqua. Toujours aussi chanceux leader.
Tout allait bien. Elle n'avait pas tort. On avait jamais eu autant de problème depuis Lisbeth. Tout allait pour le mieux, on était bien entouré, heureux, on passait notre temps à nous amuser ou à nous battre ensemble. Une vraie team.

▬ J'estime que nous sommes assez chanceux oui. Rodrick devrait être la personne la moins soucieuse d'entre nous, pourtant il me semble encore plus affecté que nous par les événements. En même temps, il a hérité de l'empathie de ma mère.

Je fixai le fond de ma tasse de café sans vraiment regarder. Je réfléchissais à tous les choses qui se sont en passées en l'espace de 3 ans. La mort de Lisbeth, le changement brutal d'Oliver, la mort de Juliette. Depuis la mort de ma golden girl, Lisbeth telle que je la nommais, la team JOKER continuait à se voir régulièrement, afin de se soutenir les uns et autres. La disparition d'Oliver fut vraiment l'événement qui chamboula un peu notre harmonie. Je ne m'étais jamais senti aussi impuissant face à quelque chose, je ne savais même pas comment aider mon propre ami.  Pourquoi cela arrivait-il à nous ? A notre entourage, nos amis, des êtres importants. J'avoue m'être posé plusieurs la question mais je restais souvent sans réelle réponse. Finalement, on pouvait se dire que c'était la vie. On n'y pouvait rien. Rien que cette idée me mettait en colère.


▬ Le monde peut être un réel enfoiré.

Tout en soupirant, je passai une main dans mes cheveux afin de les ébouriffer, chose que je faisais quand quelque chose me gênait. Une vieille habitude. Ce qui me mettait le plus en rogne c'était qu'on aurait pu empêcher cela. On aurait pu empêcher qu'Oliver tombe entre ces mains. Elle. Pour essayer de me calmer, je tournai ma tête en direction d'Emma qui leva les yeux vers moi. Je devais avouer que j'avais de la chance d'avoir une meilleure amie aussi canon qu'elle. On devait paraître so marvelous devant les autres. Merde, était-ce normal d'avoir les mêmes hormones que les adolescents atteints de puberté à vingt ans ? Il semblerait que oui. Elle était trop belle ma Emma, my darling. Même si elle était méchante, chiante, dure à vivre, on s'est toujours bien entendu. On a toujours été sur la même longueur d'onde bizarrement. Ah, je commençais à être épuisé de toutes ces histoires.


▬ Ça me fatigue, physiquement et émotionnellement... Je dis ça comme ça mais, si mon coeur lâche d'un coup, ne panique pas, ce sera sûrement la fatigue. Je compte sur toi pour me réanimer.

Je lui lançai un regard langoureux, accompagné d'un sourire et je haussai les sourcils. L'expression de mon visage sous-entendait quelque chose, je vous laisse deviner ce que c'est. Bien entendu je plaisantais. Of course. Sans plus attendre, je plissai rapidement les yeux et braquai mon bras en signe de protection au cas où elle me frapperait. Je faisais toujours des blagues comme ça, c'était drôle. Drôle au point de me faire rire.


▬ Ok ok, je rigole je rigole. Ah la... Ca fait longtemps que je n'ai pas ri autant. Bon à part ça, quoi de beau ? Excepté ta personne, darling.

C'était fou, comme ils avaient tous changé.
Même sans le tournant radical qu'avait pris la personnalité d'Oliver, il y avait tout de même beaucoup de choses qui avaient changé au sein du JOKER. Pas seulement dans les relations qui liaient les uns aux autres, mais comme un tout qui faisait qu'ils s'éloignaient petit à petit. Emma ne voulait rien perdre, mais elle avait déjà perdu Oliver ; et si elle avait perdu Oliver, alors il ne lui restait plus qu'à se demander qui serait le prochain.



Au fond, c'étaient des souvenirs comme ceux-là qui lui rappelaient que, avant toutes les horreurs qui leur étaient tombées dessus, ils avaient été heureux. Juste heureux, sans fausses notes, sans cheveu dans la soupe. Sans compromis, sans prix à payer. Juste eux contre la cruauté du monde. C'était plus facile d'être un enfant, il suffisait d'un bisou magique pour que la douleur passe, car l'espoir était le seul mot d'ordre dans leur monde. Mais quand la vie finit par prendre tout ce qu'on aime, a-t-on seulement droit de croire qu'avoir de l'espoir est encore permis ? À force, on finit par avoir peur d'espérer. Peur que le prix soit trop élevé, et qu'il finisse par nous briser jusqu'à ne plus rien nous laisser si ce n'est nos yeux pour pleurer.



En général, il était difficile de savoir si James était réellement en train de flirter ou pas. S'il n'avait pas été son meilleur ami, peut-être aurait elle pu tomber sous le charme. Mais elle l'avait vu lui lancer des crottes de nez, elle avait pris des milliards de bains avec lui et l'avait même vu boire du jus de poubelle pour un stupide pari avec Oliver, alors elle était aujourd'hui immunisée contre le charme inconditionnel du mage. Enfin presque, puisqu'il était de notoriété publique que la mine de chien battu de James O'Malley était irrésistible.



Elle lui envoya une tape sur la tête, de laquelle il se protégea en levant les bras pour se couvrir le visage. Emma éclata de rire en se réinstallant correctement dans son siège et pique l'une des scones disposées dans une petite boîte à biscuits pendant qu'ils discutaient. Elle s'accorda une petite pause pendant laquelle elle tenta de se rappeler les derniers événements qui s'étaient passés pendant les dernières semaines. Elle reposa finalement sa tasse et la moitié du biscuits sur sa soucoupe, et se tourna vers James pour mieux voir sa réaction.



Un grand sourire fier se dessina sur ses lèvres, et l'on pouvait voir ses yeux pétiller d'excitation alors qu'elle rappelait à James qu'en plus d'avoir sauté le CP -ce n'était pas grand chose mais elle aimait le préciser- il y a de cela quelques années, elle avait également été promue en deuxième année de journalisme alors qu'elle n'avait passé qu'un mois en première. Emma n'était pas une surdouée pourtant, son intellect n'était pas plus développé que celui d'un autre ; elle était seulement plus méticuleuse, plus acharnée et surtout plus travailleuse. Elle avait pris tellement d'avance par elle-même qu'elle avait finit par s'intéresser au plan juridique plus que celui du réel journalisme ; et finalement c'était ce qui lui avait permis de demander un stage spécial dans la police.

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▬ Arrête de me draguer, espèce de profiteur !

▬ Allez un ptit bisou ça te tuera pas pour me sauver la vie !  

Je savais qu'elle allait me frapper pour la bêtise que je venais de dire et continuai de rire comme un enfant. L'énerver était l'un de mes passes temps préféré si vous saviez. En même temps, j'ai toujours été le clown du groupe, à faire sans cesse des blagues aux autres et parfois de mauvais goût depuis mon plus jeune âge. Un mince sourire s'afficha ensuite sur mon visage, le regard se perdant dans le vide, la nostalgie s'emparait de mes pensées. On se chamaillait sans cesse comme cela à l'époque. Tu t'en souviens toi ? Tu nous tirais tous par l'oreille quand on chahutait. Bizarrement tout le monde n'écoutait que toi. Je me rappelle de Klaus qui me disait que tu avais bien plus l'âme d'un leader que moi pour me taquiner. Tu étais certainement celle que tous respectaient.

▬ Figure toi que your darling arrive bientôt à la fin de son stage et ne va pas tarder à rentrer dans la police, avec un an d'avance.  

Haussant des sourcils accompagné d'un grand sourire, je hochai la tête et joignis mes deux mains pour l'applaudir. Emma quand elle le voulait, pouvait se montrer très ambitieuse et déterminée, je savais qu'elle irait jusqu'au bout, je le savais, c'est limite si je ne l'avais pas conçu moi-même haha. Après son intervention plus ou moins narcissique sur le fait qu'elle était une enfant douée ce qui ne me gêna pas pour autant, elle m'annonça également que grâce à ses études et son travail, cela lui avait permis une place pour entrer dans la police, à l'avance. Pas mal. J'en aurais été presque jaloux.

▬ J'ai déjà fait ma demande pour le poste de consultante. Et je pense que je vais compléter mon diplôme, en faisant du droit. Qu'est ce que tu en penses ?

▬ Bravo darling ! Tout se complète à vrai dire. Quoique dans la police  honnêtement, le droit te sera bien plus utile que le journalisme. M'enfin, un profil polyvalent est toujours requis. Continue comme ça, t'es la meilleure !  

Emma voulait aller loin. Moi de même. Bizarrement, même si je pouvais passer pour le glandeur de service j'étudiais assez pour pouvoir me faire une place dans le principal service fédéral de police judiciaire et service de renseignement afin de pouvoir continuer ce qui avait depuis toujours éveillé mon ambition, la protection des civils et l'extermination des sans-coeurs. Ce n'était pas loin de la voie prise par Emma. Du moins pour l'instant nous n'étions pas encore titulaires et nous avions encore quelques années devant nous.

▬ Moi ça va, j'ai terminé à temps ma formation pour les forces spéciales. Je te dis pas à quel point c'était fatiguant... J'ai du perdre 10 kilos pour en regagner par la musculature après. Je suis plus sexy maintenant hein ?  

Mon corps avait changé, j'étais resté mince mais j'étais plus tonique et j'avais plus de formes. A vrai dire, j'avais toujours été un poil maigrichon depuis mon enfance... Avec les couches de vêtements que je portais sur moi, on ne voyait pratiquement pas la différence.

▬ Là on ne voit pas grand chose, mais en maillot, je pense qu'elles vont toutes tomber haha !

Je ris encore une fois puis terminai rapidement le fond de ma tasse à café. Cette année de césure dans mes études pour me consacrer à une formation dans l'armée spéciale m'avait permis de faire le point sur certaines choses et de me rendre compte d'autres...
Je jetai un regard sur le côté opposé à Emma pour regarder les passant d'un air distrait. J'avais fait longtemps une croix sur Juliette, sur toi et... Sur elle.

▬ Bon alors, depuis le temps, tu as conservé ton titre de célibataire ou non ? Et ton coloc' là, le gars chiant dont tu me parlais, ça se passe mieux ou non ?