I want a cake [Pv Aimée]

Ce matin là, elle avait dévalé les marches avec un sourire rayonnant. Pimpante, elle avait sautillé jusqu'au salon qu'elle avait trouvé sans difficulté, et ce même s'il s'était – comme à l'accoutumée – déplacé pendant la nuit, jusqu'à la cuisine. Maxime n'était pas là, mais Aimée ne s'en était pas plus soucié – elle était grande. Néanmoins, elle n'était pas seule pour autant. Et alors qu'elle avait frôlé la catastrophe en sauvant de peu son bol de lait d'une chute vertigineuse du haut de la table jusqu'au tendre carrelage, prouvant là qu'elle avait l'esprit à milles lieux de la cuisine, où reposait son pauvre corps qui faisait n'importe quoi. Un petit râlement rauque, discret mais signe de cette autre présence évoquée plus tôt, fit légèrement sursauter la brune qui se retourna vivement – elle faisait décidément tout vivement, ce matin-ci – vers son affiliée. La tigresse la regardait avec ce qu'elle avait appris à reconnaître comme étant une espèce d'air blasé, ou soupçonneux. Aimée pencha la tête, un immense sourire aux lèvres, avant de s'asseoir pour déjeuner, faisant comme si de rien n'était.

« — Aimée... Que t'arrive-t-il ?
— je mange.
— … Merci je m'en était rendue compte. Mais tu m'expliques cet... élan ? De joie ? »

Aimée leva les yeux aux ciel tout en mâchant avec énergie et entrain. Elle faisait tout avec énergie et entrain depuis ce matin. C'était extraordinaire. Surtout si l'on soulevait le fait qu'elle n'était véritablement pas du matin et pouvait facilement prendre une heure à se lever. Ou du moins, restait un moment à l'état larvaire sur son doux matelas, même or de sa douce couette. Alors qu'avait-elle, aujourd'hui ?

Opium écarta immédiatement la possibilité d'une romance qui aurait pu la mettre dans cet état, Aimée était un véritable cœur de glace ; ou plutôt, semblait craindre tout ce qui touchait au domaine du sentimental. Même inconsciemment, elle semblait rejeter tout ce qui pourrait trop la toucher, trop la blesser. Elle avait du mal à s'attacher. Et cela, cela attristait profondément son affiliée, mais elle n'y pouvait pas grand chose. Alors quoi... ?

« Tu as un rendez-vous galant ? »

Elle avait essayé, à tout hasard. Subitement, la brune avait cessé tout mouvement, alors qu'elle s'apprêtait à croquer dans sa – vraisemblablement – délicieuse tartine de nutella. Un battement de cils, elle avait doucement penché la tête, alors qu'une moue attendrissante respirant l'incompréhension se dessinait sur ses traits. « Un quoi ? » La tigresse ne sut immédiatement si elle était sérieuse, ou si c'était une façon de parler. Alors, elle la vit lever les yeux au ciel, avant d'exploser de rire. « Si tu considères que des macarons peuvent faire un bon parti, alors ouais, j'ai un rendez-vous galant ! » Puis elle éclata de rire, sous le regard plein d'incompréhension de sa tigresse. Elle la vit finir de déjeuner, se relever. Puis se pencher pour câliner sa tête.

« J'ai eu ma paie, alors j'ai trooop envie d'aller essayer un petit salon qui avait l'air trop mignon ! Les affiliés sont autorisés, tu viendras ? ♥ »

Comme si Opium était capable de lui refuser quoi que ce soit. Elle envoya une mèche de cheveux derrière son oreille, distraitement, se redressa, repartit. Cette nana était un estomac sur pattes. Sa joie était subitement compréhensible. Mais elle ne savait pas si elle devait en être désespérée ou soulagée...


Aimée avançait, toujours aussi joyeuse, dans les rues de Skyworld. Son estomac était son réel cerveau, en cet instant plus que jamais. Pour l'occasion, elle s'était même habillée en robe, d'un rouge sombre, avec un très léger décolleté et qui tombait jusqu'au dessus des genoux, légèrement plissée. Son nœud écarlate trônait comme toujours, relevant ses cheveux en queue de cheval, et elle s'était légèrement maquillée – c'est à dire, mascara et trait d'eye-liner, mais concrètement, elle ne se mettait quasiment que ça. Elle était rayonnante, jolie, et quelques têtes se tournèrent sans doute sur son passage – têtes qui firent vite volte-face en croisant le regard du félin qui l'accompagnait. Puis elle arriva enfin à la pâtisserie, et son regard d'enfant émerveillé survola les lieux, avant qu'une jeune fille ne vienne lui parler.

Deux minutes plus tard, elle approchait enfin du comptoir, mais plus en panique qu'autre chose ; Opium semblait très désireuse de manger une espèce de... mangouste ? Que lui prenait-il ?? Elle allait la gronder, lui disant qu'on ne mangeait pas les animaux dans des lieux publics – puisque sa présence ici devait certainement engendrer la présence d'un lié – mais n'en eut pas vraiment le temps. Celui qu'elle identifia immédiatement comme le lié de la mangouste – sinon, le fait qu'elle venait de lui sauter dessus aurait été surprenant – envoya sa part de gâteau dans la tronche de Opium, avant de s'en... Amuser ouvertement, lui sembla-t-il. Respirer. Il fallait qu'elle respire.

Bien sûr, c'était normal de défendre son affilié. Pour elle aussi, alors, hein ? De toute manière, elle s'en foutait, d'être dans son droit ou non. Elle approcha calmement, commanda, tout en délicatesse, une part de tarte au citron meringué, avant de... La mettre dans la tronche de l'individu. Elle s'en foutait, elle aimait pas la tarte au citron meringué.

« Bon appétit. »

Elle réfléchissait rarement. Jamais. Rarement. Faudrait qu'elle apprenne, un jour... C'est ce qu'aurait sûrement songé Opium, si cela n'avait pas été de sa faute.

« Bah tu l'as eu, ton gâteau. dans la poire, mais tu l'as eu. »

Aimée avait ses règles h24, 7 jours/7. Quoi qu'il lui arrivait d'être plus calme et douce, cela tenait tout de même du miracle. Elle était déjà impulsive, violente et prenait vite la mouche, en plus de facilement juger ; elle était humaine, en soit. Et donc, elle avait vite associé l'individu à qui elle avait enfoncé une tarte dans la poire comme un abruti fini. En même temps, il n'avait rien fait, par la suite, pour lui faire changer d'avis. Il aurait pu juste défendre son affilié, pour lequel elle finirait par éprouver plus de sympathie que vis-à-vis du brun ; après tout, Opium semblait vouloir en faire son casse-croûte. Mais non, sa tête ne lui revenait pas, et ce qu'il allait faire, encore moins.

Il la remercia dans un premier temps, cet horrible sourire débile aux lèvres, alors qu'il savourait le sucre. Elle pencha légèrement la tête, sceptique. Il est vrai que ce genre de réactions, plutôt que de s'énerver comme elle l'aurait fait, été plus troublant et aussi et sûrement plus efficace. Tellement qu'elle ne réalisa ce qu'il allait faire que lorsqu'un autre gâteau atterrit dans sa propre poire. C'était petit. Et tellement évident. Bien sûr qu'il allait lui rendre l'appareil, enfin... Le gâteau glissa, salissant au passage tout le reste de sa tenue, alors qu'elle le fusillait du regard. Genre. Regard de gros psychopathe. Ou de prédateur. Elle allait le nomnom. Le nomnomnomnomnom.

« Je vous pris de bien accepter ce remerciement bien crémeux ! »

Opium gronda, sur le point de bondir sur le jeune homme, mais d'un mouvement de la main, la fée calma son affilié. Sa colère tellement énorme, elle n'avait même pas remarqué la pauvre jeune femme bleue à qui il avait piqué son gâteau, ni même l'affilié qui s'inclinait comme un abruti pour la 542e fois, en signe d'excuses. La mangouste était plus civilisée que son maître. Ce mec volait vraiment pas haut. La tension était forte alors qu'elle sentait son corps bouillir, se retenant difficilement – très difficilement – de lui sauter à la gorge... Jusqu'à ce que la bleue ne devienne une flaque d'eau. Aimée remarqua enfin quelque chose et écarquilla les yeux, alors qu'une vague de culpabilité la submergeait – alors même qu'elle n'y était pour rien, concrètement. Elle amorça un mouvement pour se baisser, mais entendit subitement l'autre abruti fini exploser de rire. Attendez... What ???

« Voilà de l’eau pour le nettoyage ! A poil a poil ! »

Elle faillit s’étouffer, se redressa subitement et se tourna vers lui en mode terminator (EXTERMINATION) alors qu'il applaudissait comme un gamin de trois ans en hôpital psychiatrique. Elle allait le buter. Sérieusement, elle avait des envies de meurtres. Maiiis noooon Aimée, nooon ! C'était encore BEAUCOUP TROP mignon, ça ! Il fallait qu'il signe DEFINITIVEMENT son arrêt de mort, enfin ! Alors, en mode ninja, il... Souleva sa jupe pour regarder en dessous. Son visage prît une couleur similaire à celle du nœud qui trônait dans sa chevelure chocolatée, alors qu'elle sentit son sang ne faire qu'un tour.

« Ouha, c’est pas si remplis que ça, j’ai cru que t’étais un travelo ! »

Il était mort. Même si quelque chose dans cette phrase était troublant. Juste assez pour qu'il ait un peu – un tout petit peu – de répit. Il recula, s'essuya à nouveau du gâteau sur la joue et regarda son affilié alors qu'elle songeait à comment elle allait l'étriper... Enfin non, elle était pas en état pour ça.

« Arrête un peu Andy ! Tu fais grave pitié ! »

Et elle envoya son poing dans le nez du brun.

Aimée 1 – 0 Light

Elle n'avait pas remarqué que l'affilié de sa présentement victime était parti déprimer dans un coin, ni même qu'il en riait. Elle avait juste pensé « moi taper lui », comme la femme de cro magnon qu'elle était. Elle voulait le fracasser, elle allait le fracasser. Le travelo allait le dégommer il allait comprendre sa douleur ce pauvre abruti de tgtrerthjuy.

« – JE VAIS TE DEFONC-
– ON SE CALME ICI ! »

Aimée sursauta, poussant au passage un petit cri parfaitement ridicule pour lequel ses joues prirent de nouvelles couleurs. Un grand blonds aux yeux assortis arriva, visiblement furieux – et ça se comprenait. Et toute la colère de la brunette s'évanouit au moment où leurs regards se croisèrent. Il devait avoir autant envie de la manger qu'elle vis-à-vis de l'autre gland quelques instants plus tôt.

« Je, désolée... »

L'adulte sembla se calmer alors qu'elle baissait la tête, réellement désolée. Se calmer un peu. Assez pour ne pas la déboîter supposa-t-il. Ni pour la bannir, d'ailleurs.

« Vous réglez vos différends DEHORS ! TOUT DE SUITE ! »

Et il s'approcha pour chopper le brun par le col et le tirer vers la porte, alors qu'elle s'y dirigeait bien sagement. Et elle était maintenant là, du gâteau plein la tronche et la robe, les bras ballants à côté de sa... Ah oui, sa future victime. Elle lui mit un second pain.

Aimée 2 – 0 Light

« Bah tu l'as eu, ton gâteau. dans la poire, mais tu l'as eu. »