Such a lonely day shouldn't exist

« 'Cause I need, I need a hand to hold 
To hold me from the edge
The edge I'm sliding over slow 
'Cause I need, I need Your hand to hold 
To hold me from the edge 
The edge I'm sliding past 
Hold on to me »

L'histoire avait commencée simplement, entre les deux murs de maisons imposantes. Un simple espace d'un mètre de large éclairé par la lumière du jour. Rien de vraiment négatif, rien de vraiment positif. Pourquoi est-ce qu'il s'était arrêté devant cette rue ? Il n'avait pas vraiment d'explication. Peut-être le hasard. Peut-être que quelque chose l'avait guidé là. Peut-être que quelque chose avait capté son attention ou sa curiosité. Le fait qu'il n'avait pas simplement passé son chemin.

Il avait quitté l'appartement d'Adèle pour une raison dont il ne se souvenait plus. Quelque chose d'insignifiant sans doute. Sans doute pour aller acheter quelques trucs, parce qu'il se souvenait d'avoir eut des sacs de courses dans les mains. Des sacs encombrants qui le gênaient quand il marchait. Oui, il était sans doute sortit pour acheter de la nourriture et quelques autres choses sans importances. Il avait arpenté les rayons de différentes boutiques, il avait arpenté différentes rues.

Jusqu'à s'arrêter devant celle-là.

Elle n'avait rien de spéciale pourtant. Une simple ruelle étroite entre deux habitations que le soleil éclairait comme il en éclairait des millions d'autres au fil des jours qui passaient. Les murs comme les pavés étaient banals. Pas spécialement propres, pas spécialement sales. Mais ses yeux s'étaient posés sur le tissu bleu d'une robe ou d'une jupe. Pas vraiment le genre de chose que l'on pourrait trouver dans ce genre d'endroit.

Il aurait put passer son chemin. Simplement l'ignorer et continuer sa marche. Il ne l'avait pas fait. Il avait été curieux. Il avait disparu de l'artère principale, engloutit par la ruelle. Avec cette malchance qui lui collait à la peau depuis sa naissance, il avait songé que l'histoire finirait mal. Il n'avait pas vraiment eut de raison de se tromper.

Il avait fait quatre pas et avait atteint le vêtement féminin de couleur bleu. Celui d'une adolescente blonde, simplement assise par terre contre le mur. Il s'était posé des questions bien sûr. Qu'est-ce qu'une fille de cet âge foutait par terre seule dans une ruelle ? Normalement elle aurait dut être chez elle, en train de se promener, avec des amies ou que savait-il. Pas là, comme une poupée qu'on a jeté.

Feofan l'avait juste regardé un moment. Il n'avait rien demandé. Personne ne demandait aux SDF pourquoi ils étaient SDF. Sauf les bénévoles des associations d'aides. Mais il n'en n'était pas un. Alors il n'avait rien demandé. En tout cas au début. Il l'avait juste regardé comme on regarde dans un musée un tableau auquel on ne comprend rien.

Il avait hésité quelque chose comme deux secondes. Il n'avait pas l'habitude, mais peut-être parce qu'elle avait l'air d'avoir son âge. Il avait prit un paquet de gâteaux dans ses sacs et il le lui avait tendu.

« T'en veux ? »

« 'Cause I need, I need a hand to hold
To hold me from the edge
The edge I'm sliding over slow
'Cause I need, I need Your hand to hold
To hold me from the edge
The edge I'm sliding past
Hold on to me »

Elle restait là, assise contre ce mur. Seul le soleil éclairait cette fine ruelle entre deux murs. Il était vrai qu'elle avait fuit et qu'elle ne remettrait jamais les pieds dans son ancienne demeure. Elle sentait son corps, si frêle, n'ayant pas fermer l'oeil une seule fois depuis sa fugue, commencer à fatiguer. C'était logique, après tout, encore plus lorsque l'on savait qu'elle était affamée et que son ventre le lui rappeler à chaque fois qu'il décidait de se la ramener. Il était bruyant, celui-ci.

Le seul objet qu'elle avait gardé était son violon -et sa dague, évidement. Il était comme un porte-bonheur, pour elle. Malgré le fait que ses quinze années n'avaient été qu'insupportable. Le seul fait de rester là lui faisait peur, elle allait sûrement mourir de faim. Ça l'effrayait plus que tout mais elle préférait être libre. La liberté était quelque chose qui l'attirait. Peu importait de tout ça, maintenant. Elle allait juste rester, là, à regarder le temps passer et finir par être considérée comme "disparue". Triste vision des choses, pour une jeune demoiselle.

Son regard tombait sur son instrument de bois. Tandis que des bruits de pas résonnaient dans cette ruelle. Son regard se posant, par curiosité, sur ce qui avait approché. De quatre pas. Elle n'avait même pas fait attention à la présence de quelqu'un et s'en fichait un peu. Enfin, la question était surtout "qu'est-ce qu'il pouvait bien vouloir ?". Après tout, on allait pas s'arrêter devant des gens comme ça, sans aucune raison valable. Quoi que… Rien est impossible. Ce n'était pas tous les jours qu'on pouvait croiser une demoiselle, à la tenue si étrange, à la rue.

Vu qu'il avait décidé de l'observer quelques instants, elle fit de-même. Sa couleur de cheveux étaient assez… Étrange mais beaucoup en avait des particulières. Blanc, comme la neige. Il devait sûrement être sorti pour faire des courses, vu les sacs qui pouvaient l'accompagner. Il devait sûrement avoir de la chance qu'elle était une gentille fille sans défense, sinon, elle l'aurait bien attaquer pour pouvoir manger. Elle ne penserait jamais à une telle éventualité. Elle était trop bonne, vraiment trop.
Elle fit surprise.
Surprise quand il sortit un paquet de gâteau devant elle pour lui tendre et… Lui en proposer ? Elle lui répondit par un "non" de la tête, bien que son ventre avait décidé de se liguer contre elle et de se montrer bavard. Elle ne paraissait pas crédible, au contraire ! Elle fixait le paquet, hésitante à en demander. Elle était habituée à de l'égoïsme, après tout.

« Puis-je vraiment… ? »

Elle attrapa le paquet dans ses mains. Affichant un sourire sur ses lèvres. « Merci. » était la seule réponse qu'elle sortit. Elle hésitait un peu à l'ouvrir, elle ne savait pas vraiment si elle avait le droit. Elle préférait attendre avant de commettre une erreur. Elle restait assise, tentant de contrôler sa faim. La dernière fois qu'elle avait mangé des gâteaux remontait à tellement longtemps qu'elle en avait oublié le gout.

« Si c'est sérieux, je n'ai pas vraiment de quoi te rembourser en dehors d'un morceau de musique. »

Parce que les actes généreux, pour elle, c'était forcément qu'il fallait faire quelque chose en retour. Et… Elle n'avait rien pour payer un paquet de biscuit. Elle pouvait juste jouer de la musique et malgré son sourire, elle était sérieuse là-dessus.

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To hold me from the edge
The edge I'm sliding over slow 
'Cause I need, I need Your hand to hold 
To hold me from the edge 
The edge I'm sliding past 
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Elle a secoué la tête, comme si elle n'en voulait pas. Et son ventre avait fait raisonner un bruit dans la rue, en totale contradiction. Un minuscule sourire apparut sur ses lèvres un instant avant qu'il ne disparaisse. Il agita légèrement le paquet devant elle, pour l’inciter à le prendre. Il n'y avait pas à avoir peur. Il n'y avait pas à avoir honte. Il ne pensait pas à mal.

« Puis-je vraiment... ? »

Question stupide. S'il le lui tendait c'était bien pour qu'elle le prenne, par pour qu'elle l'admire. Il savait qu'il pouvait parfois être méchant, sans doute. Mais il ne pensait pas être cruel.

« Oui. »
« Merci. »

Elle prit finalement le paquet mais hésita un moment à l'ouvrir. Quoi ? Était-ce si étrange que ça ? Ou alors ça ne lui plaisait pas ? Il souffla. Les SDF devenaient compliqués dis donc.

« Si c'est sérieux, je n'ai pas vraiment de quoi te rembourser en dehors d'un morceau de musique. »

Il cligna des yeux, comme si l'information avait du mal à atteindre son cerveau. Le rembourser ? De quoi est-ce qu'elle parlait ? Pour le paquet de gâteaux, sérieusement ? Il trouva ça bizarre. C'était de la générosité, pourquoi chercher à rembourser ? Certes, il savait que certaines personnes exigeaient des choses en échange d'autres. Mais ça devait rester une minorité. Puis qui donnerait quelque chose à une personne de la rue en espérant recevoir de l'argent ? C'était stupide.

Et puis, est-ce qu'il avait vraiment l'air de quelqu'un qui attendait quelque chose en retour ? Si c'était le cas c'était grave.

« J'aime pas la musique. »

Ce n'était pas totalement vrai. Pas totalement faux non plus. Disons que la seule musique qui avait grâce à ses oreilles était celle de Felix. Ça devait être la seule qu'il appréciait vraiment d'écouter. Sans doute parce qu'il appréciait surtout de regarder son jumeau jouer. Mais les autres musiques ne l'intéressaient pas. Il ne les trouvait pas spécialement moche, mais le laissait de marbre. Ce devait être un peu étrange.

« J'attends rien. Je te les ais donné parce que j'avais envie. De toute façon ce n'est pas moi qui ai payé, mais ma tante. »

Lui n'était encore qu'un adolescent à l'école. Il n'avait pas de quoi gagner de l'argent. Alors il parasitait le porte-monnaie de sa tante et de son père. Comme à peu près tous les adolescents.

« 'Cause I need, I need a hand to hold
To hold me from the edge
The edge I'm sliding over slow
'Cause I need, I need Your hand to hold
To hold me from the edge
The edge I'm sliding past
Hold on to me »

Ses questions étaient idiotes. Elle le savait mais… Elle était beaucoup trop inconsciente et naïve. Elle voyait beaucoup trop noir, pas assez positivement. À sa réponse, elle décida d'ouvrir le paquet. Ça sentait plutôt bon, et ça en avait l'air aussi. Elle se sentait un peu soulagée de savoir sa mort pour une autre fois. Elle avait faim à ce point, en effet.

« J'aime pas la musique. »
« Je vois. »

Ça l'arrangeait, de ne pas avoir à se couper du monde. Il n'y avait pas de raison à vouloir se couper l'ouïe, en cet instant. Elle attrapa un biscuit, du paquet, pour le fourrer dans sa bouche et l'avaler. Ils avaient bon gout. Elle continuait de sourire mais pour de vrai. Ça lui faisait plaisir d'avaler quelque chose de sucré, d'avaler tout court en fait.

« J'attends rien. Je te les ais donné parce que j'avais envie. De toute façon ce n'est pas moi qui ai payé, mais ma tante. »

Ce genre de personnes existaient. Tout le monde ne faisait pas ça dans un but particulier, tout le monde n'ignorait pas. Il semblait avoir son âge, c'était plutôt logique à vrai dire. Il parait qu'il faut toujours tourner sept fois sa langue dans la bouche avant de parler, et elle ne le faisait pas toujours. Elle se leva, dépoussiérant sa robe avec sa main libre, l'autre tenant le paquet de gâteaux. Elle n'était pas trop salie, et heureusement. C'était l'une de ses préférées. Elle soupira un coup. Elle s'était juste levée parce que regarder de si bas la dérangeait légèrement et que ce serait sûrement plus poli d'être réellement en face de quelqu'un lorsqu'on lui adresse la parole.

Elle lui tendit la main, comme pour des présentations, on ne sait jamais. Même si, bon, c'était juste un passant qui allait sûrement retourner à ses préoccupations. Cependant, elle avait bien envie de savoir le nom de la personne l'ayant nourri, et gratuitement en plus de cela. C'était aussi une question de politesse. Oui, elle aimait beaucoup la politesse, parce qu'elle avait été élevée ainsi.

« Aurais-je le droit de savoir ton nom ? »

Elle préférait savoir, et puis, elle lui donnerait le sien que si il le demande. De toute façon, il était bien trop étrange pour qu'on s'en souvienne ou veuille le dire en entier. Ashleigh, c'était Ash', tout simplement. C'était aussi des adjectifs comme "bizarre" ou encore quelques expressions assez violentes comme "celle qui n'aurait jamais du exister" mais elle préférait les ignorer et ne plus y faire attention. Ça en devenait une habitude lassante.

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Elle avait accepté son refus simplement. Pas qu'il y est la moindre raison de refuser ou d'insister. Il le regarda ouvrir le paquet et manger un gâteau. Il se demanda vaguement ce qu'il faisait encore là maintenant. Il lui avait donné le paquet. Il aurait put se retourner, refaire les quatre pas qui l'avaient menés là, et rentrer à l'appartement de sa tante. Felix devait sans doute attendre les pâtes. Encore. Ils changeraient de régime alimentaire. Un jour.

Pourtant il ne fit rien. Il resta dans la ruelle en face de l'adolescente à attendre il ne savait trop quoi. Quelque chose le gênait dans le fait de simplement tourner le dos et repartir. Quand il la vit se relever et dépoussiérer un peu sa robe, il se dit qu'il avait peut-être une réponse. Elle lui tendit la main. Cela ne lui prit qu'une minuscule seconde pour comprendre et tendre la sienne en retour. Il la serra. Une petite main fine dans la sienne qui n'était pas vraiment grande non plus. Le contact dura quelques secondes, sans qu'il ne sache exactement à quel moment il était supposé rompre la poignée de mains.

« Aurais-je le droit de savoir ton nom ? »

Il restait étonné de l'extrême politesse dont elle faisait preuve. De sa façon de s'exprimer. Ça ne sonnait pas, dans son esprit, de la façon dont parlerait habituellement un sans-abri. Raison de son étonnement.

« C'est Feofan. Feofan Yona-Siemen Jagger, si jamais la version longue t'intéresses. Et toi ? »

Il était curieux maintenant. Quoiqu'il l'était depuis un petit moment. C'était d'ailleurs pour ça qu'il était entré dans cette ruelle. Par curiosité. Il continuait simplement sur sa lancée. Qu'est-ce qu'une fille comme elle faisait là ? Elle lui semblait trop bien élevée, trop bien habillée, trop propre sur elle pour quelqu'un de la rue. Alors...est-ce qu'elle s'était perdue ? Ça ne l'étonnerait pas. Lui-même s'était perdu dans ce dédale de ruelles. En pleine nuit certes, mais perdu tout de même. Ça ne devrait pas recommencer cette fois. La rue principale n'était qu'à quatre pas derrière lui. Pas de quoi se perdre.

Pour lui en tout cas. Mais pour elle ? Pourquoi elle serait là sinon ? Il hésita quelques secondes, se demandant si c'était 'bien' de demander ce genre de choses. Mais, si elle était perdue, alors qu'y aurait-il de mal à le faire ? S'il pouvait l'aider à retrouver son chemin, même si guide n'était définitivement pas sa vocation.

« Excuse-moi de demander ça, mais qu'est-ce que tu fais ici ? Tu t'es perdu ? »

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Il lui tendit la main pour y serrer la sienne pour quelques secondes. Elle lâcha sa main, c'était amplement suffisant pour se saluer. Les règles de politesses, tout ça. Encore heureux qu'on était pas dans un siècles différent où il fallait se courber, ça aurait été particulier. Elle l'écoutait déballer son nom, la version longue comprise. En effet, c'était long mais facile à retenir ! C'était tout aussi original, aussi. C'était pas aussi commun qu'Edward ou Eric. Bon, point positif : facile à retenir et ça lui allait bien. Il lui demanda d'ailleurs son nom, c'était évidant et poli aussi. Enfin, normalement, on donne le sien avant de demander celui de quelqu'un d'autre mais, Ashleigh c'était Ashleigh, elle préférait attendre qu'on lui demande.

« Ashleigh Ivy Adamson. Ravi de faire ta connaissance, Feofan. »

Elle avala un autre des gâteaux. Définitivement, elle les aimait bien. C'était une enfant, en même temps, alors les gâteaux… Elle aimait, forcément. Puis, c'était la première fois qu'on avait été généreux avec elle sans avoir de dette à payer. Elle le fixait, comme ça, juste parce qu'elle aimait bien observer les autres. C'était une passion comme une autre, et c'était mieux que de regarder le sol ou le ciel, parce que garder la tête baisser ou lever, ça peut facilement donner mal au cou à force.

« Excuse-moi de demander ça, mais qu'est-ce que tu fais ici ? Tu t'es perdu ? »

Et puis à cette question, elle perdit son sourire. C'était normal de penser ça, elle ne semblait pas du tout dans une pauvreté totale et sans aucun abris. C'était même le contraire, en fait. Alors penser qu'elle était perdue, c'était plus que logique et n'importe qui de censé l'aurait dit. Sauf que c'était une mauvaise réponse mais toujours sympathique à entendre ça. La curiosité, après tout. Au moins, si c'était le cas, elle aurait pu lui demander son chemin. Elle rit nerveusement, sans raison particulière. Juste, comme ça. Parce qu'elle était bizarre et que c'était bizarre qu'elle était ici, seule, dans une ruelle. C'était limite l'endroit, où si quelqu'un de louche passait, idéal pour se faire violer. Sauf que personne de louche n'était passer et heureusement. Elle soupira.

« Non, malheureusement, j'ai juste fuit de chez moi. Je n'étais pas à ma place, je servais juste à me faire enfermer et frappé, après tout. Mourir de faim ou de froid serait beaucoup plus appréciable que y retourner. »

Elle racontait sa vie à un inconnu, mais, il lui avait demander alors elle y répondait. Ce n'était pas vraiment son genre de parler de ça mais il n'y avait plus de quoi en faire tout un plat. C'était terminé, après tout. Jamais, ô grand jamais, elle n'y retournerait.

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Elle lui donna son nom à son tour. Ashleigh. Il n'était pas sûr d'avoir déjà entendu ce prénom avant. Il trouva ça un peu étrange, mais joli. L'adolescent hocha la tête.

« Enchanté... »

Le silence se réinstalla, brisé seulement par le bruit de fond de la rue derrière eux et le froissement de la boite de gâteau. Il garda le silence quelques secondes, hésitant à satisfaire sa curiosité. Puis finalement, il lui demanda ce qu'elle faisait dans cette ruelle, si elle s'était perdue. Il put voir son visage se faner brusquement. Le sourire qu'elle avait jusque là disparu. Ah. Il avait posé une mauvaise question ? Elle fut secouée d'un rire pas vraiment naturel, sans doute nerveux, qui le conforta dans son impression qu'il avait foiré avec sa question.

« Non, malheureusement, j'ai juste fuit de chez moi. Je n'étais pas à ma place, je servais juste à me faire enfermer et frappé, après tout. Mourir de faim ou de froid serait beaucoup plus appréciable que y retourner. »

Ah. Merde. Il avait effectivement foiré avec sa question. Il se mordit la lèvre du bas. Si elle préférait vraiment mourir dans une ruelle comme celle-là plutôt que de retourner chez elle, il n'osait pas trop imaginer ce qu'elle avait fuit.

« Ah...désolé. »

De quoi donc ? De lui avoir rappeler ça ? D'avoir plombé l'ambiance avec de, visiblement, merveilleux souvenirs ? Il ne savait pas trop. Sans doute avait-il dit ça un peu par réflexe. On s'excusait toujours dans ce genre de situation non ? Quand on gaffe. Il resta silencieux un moment, mal à l'aise. Alors cette fille, Ashleigh, était vraiment une SDF. Elle avait une maison où elle pourrait rentrer, mais où elle se refusait à retourner. Donc elle n'avait réellement aucun endroit où se rendre.

Il observa la jeune fille en silence, en réfléchissant. Une vague idée lui traversa l'esprit. Il se demanda vaguement si c'était une bonne chose, si même si c'était simplement possible. Peut-être... Mais même si ça ne l'était pas vraiment et que ça risquait de râler en rentrant, il ne se sentait pas l'âme de quelqu'un qui laisserait simplement l'adolescente ici. Pas après ce qu'elle lui avait raconté. Ah...les états d'âme.

« Si tu n'as nul part où aller...tu veux venir chez moi ? Au moins le temps que tu te trouves un endroit où vivre. A part une ruelle. »

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Elle n’aimait pas vraiment parler d’elle, elle détestait ça pour tout dire. Il y avait un silence oppressant qui s’était installé tandis qu’elle le rompit pour répondre à sa question. C’était sûrement bizarre… D’entendre quelqu’un dire ça ? De préférer mourir à supporter des petites histoires –qui n’en étaient pas. Enfin, bon, elle soupira, encore une fois. Avoir des mauvais souvenirs ne rimerait à rien, il fallait tourner la page après tout. Même si cette page restait légèrement collée à l’autre. Il s’excusa, elle ne comprit pas vraiment pourquoi. Pour sa question ? Ce n’était pas si grave que ça. Personne ne peut connaître une réponse sans en poser la question.

Encore une fois, il y avait un silence. C’était une ambiance assez dérangeante. Elle reprit son faux-sourire. Après tout, c’était le meilleur des masques pour y cacher sa peine. Elle était à la rue, n’avait nul part se contentait de répondre aux questions d’un inconnu qui avait été bien trop généreux, d’après elle. Il rompit le silence.

« Si tu n'as nul part où aller...tu veux venir chez moi ? Au moins le temps que tu te trouves un endroit où vivre. A part une ruelle. »

C’était sûrement la proposition la plus étrange qu’on avait pu lui faire. La plus sympathique aussi. Elle resta assez surprise, elle ne s’y attendait vraiment pas à celle-là. Déjà qu’il lui avait gentiment donné un paquet de gâteaux. Et puis… Il devait sûrement vivre dans sa famille, ils accepteraient vraiment une inconnue vivant à la rue d’un coup, même pour un petit temps ? Ce serait bien trop juste. Déjà qu’être généreux devient de plus en plus rare, vouloir aider quelqu’un dans le besoin, encore plus. C’était beaucoup trop gentil.

« C’est assez étrange comme proposition… Je ne sais pas trop quoi dire. Si ça ne dérange pas, ce serait génial. »

Elle n’osait pas vraiment parler. Ça restait malgré tout assez étrange comme proposition. En tout cas, elle aimerait bien pleurer, juste de joie, comme ça. Parce qu’on avait été gentil avec elle mais elle garderait le sourire. Alors elle regardait le sol, gonflant les joues pour une raison qui lui échappait, attendant une quelconques réponse. Enfin, si il lui demandait, c’était sûrement que ça ne le dérangerait pas.  Il ne le demanderait pas, si ce n’était pas le cas. Aaah, les paroles idiotes mais totalement humaines, lorsqu’elles nous tiennent…

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Sa proposition sortait un peu de nul part, il devait bien l'avouer. Il y avait un peu penser, avant de la prononcer. Même si ça pouvait paraître irréfléchi, comme proposition. A y repenser, était-ce une bonne idée ? L'adolescent vivait dans l'appartement de sa tante. Un petit appartement qu'elle avait d'abord prit pour elle seule. Puis s'était ajouté Felix, en pleine fugue adolescente. Puis lui-même. Et ils y étaient déjà un peu à l'étroit.

Est-ce que ça irait dans ce cas ? Même si ce n'est que temporairement, est-ce que ça irait s'il ramenait à la maison une quatrième personne ? Il était un peu tard maintenant pour se poser ce genre de question. Il ne pouvait pas retirer sa proposition. Ce serait aussi ridicule qu'irrespectueux. Ah ah. Et bien autrement, ils iraient squatter l'appartement de son père. Même si Felix risquait de venir s'accrocher à lui en lui disant de ne pas partir avec des larmes de crocodiles. Le sale manipulateur.

La jeune fille resta surprise. Ce qui en soi n'était pas étonnant. Qui abordait un SDF pour lui offrir un paquet de gâteau avant de lui proposer de venir habiter, temporairement certes mais tout de même, chez lui ? Il se sentait plutôt ridicule, à y repenser. C'était quoi, l'improbabilité de cette situation ? Sérieusement...

« C’est assez étrange comme proposition… Je ne sais pas trop quoi dire. Si ça ne dérange pas, ce serait génial. »

Il haussa les épaules. S'il proposait, c'était que ça ne posait pas de problème. En théorie. Felix allait sûrement les regarder arriver avec soit un air amusé, soit un regard aussi blasé que le sien. Adèle allait râler quelque chose comme quoi son appartement n'était pas une garderie. Ils allaient sans doute se sentir un peu à l'étroit. Il se sentit très con. Mais il ne regretta pas spécialement. Il se sentirait mal à simplement repartir comme ça en laissant une fille de son âge dans une ruelle. Quelque part, il devait même être capable de revenir ici tous les jours pour lui donner à manger s'il ne l'emmenait pas avec lui.

Ouais. Il avait fait exactement comme un gosse qui trouve un chaton abandonné : il lui donne d'abord à manger puis l’emmène avec lui pour l'adopter sans demander l'avis de ses parents. Il se sentit vraiment très con.

« Ne t'inquiètes pas. Ça ira. »

Sans doute.

« Tu me suis ? »

Et l'adolescent fit quatre pas en arrière.

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Pour être généreux, on ne pouvait pas dire qu'il ne l'était pas. Elle était juste une fille à la rue, c'était tout ce qu'elle était. Quelqu'un d'abandonné. Son raisonnement, à elle, était des plus idiots. Elle devait arrêter de demander si c'était réel ou ce genre de chose, mais la politesse. Trop de politesse. Ça finirait bien par se retourner contre-elle un jour, un jour lointain.

« Ne t'inquiètes pas. Ça ira. »

Elle le croyait. Il avait sa confiance, de toute façon, ça pouvait pas être pire que de retourner chez elle. Si ça ne dérangeait pas, pourquoi pas. Elle hocha la tête, juste pour lui montrer qu'elle avait compris. C'était quelque chose de beaucoup trop gentil. Ça faisait plaisir, de voir ce genre de personnes lorsque nous avons presque perdu tout espoir de retrouver une vie stable. Elle lui aurait bien sauté dans les bras mais elle éviterait bien de faire ça. Ça ne se faisait pas et ce serait un peu étrange, beaucoup trop étrange et inhabituel. Alors se contentait de sourire, comme toujours.

« Tu me suis ? »

Le suivre ? Bien sûr qu'elle le ferait. Attrapant l'étui où était rangé son violon. Elle lui suivrait autant qu'il le voudrait.
« Oui. » lui répondit-elle. Le regardant. C'était surement une sorte de héros dans son genre, d'après elle. En tout cas, elle lui serait longuement reconnaissante, tout le monde ne ferait pas ça. Personne ne serait entré dans cette ruelle, non plus. Comme quoi , la curiosité de certains servaient à beaucoup de nobles choses. Parfois. Ashleigh, elle aurait sûrement passé son chemin parce qu'elle n'aurait jamais pu proposer une telle chose, sûrement à cause de sa "famille", ou tout simplement car elle était quelqu'un de normal de beaucoup trop normal. Même si elle voulait faire passer le bonheur des autres avant le sien, elle était juste égoïste et naïve. Tellement égoïste qu'elle ne savait que se mentir à elle-même.

Elle l'aurait bien remercier encore une fois mais elle le ferait plus tard. Il fallait bien remercier les autres pour leurs gentillesses.

Elle le suivit de quatre pas, donnant vers la sortie de cette ruelle. Il faisait un peu plus lumineux, un peu meilleur.