« Need help ? {Dimitrik}

Dimitri garda le silence un long moment, comme s'il assimilait les paroles de la jeune fée. Cependant, Cédrik savait que ça n'était pas vraiment le cas. Il observait un silence presque entendu avec le violet. Celui-ci ne savait pas ce que le blond avait vécu, mais il pouvait affirmer que ça se rapprochait de ce qu'il avait lui-même vécu durent ces cinq longues années. C'est pourquoi il ne dit rien face au silence de l'autre adolescent. Lorsque le vent se leva doucement sur la clairière, Cédrik le laissa faire voler ses mèches violettes en fermant les yeux et en affichant un petit sourire. Il n'y avait rien de plus efficace au monde que les bruits naturels de la nature pour apaiser le garçon. La liberté que le vent semblait lui procurer en crassant sa peau lui faisait le plus grand bien. Étant une créature des bois, le violet ne pouvait qu'apprécier la nature à sa juste valeur. Après un moment, il ouvrit les yeux pour poser ses prunelles violettes sur le blondinet.

« On est d'accord sur un point. T'es vraiment nul comme conteur. » Le garçon sourit de toutes ses dents depuis leur rencontre. Le fait que Dimitri le lui affirme ne le vexait pas du tout. En fait, s'il ne le lui avait pas dit, la fée aurait trouvé ça bizarre. L'autre posa son regard bleu sur le ciel avant de s'étirer et de tendre la main pour attraper une bouteille d'eau dans son sac. Il en but quelques gorgées avant de tendre la bouteille à son interlocuteur. « Tiens. » Sentant qu'il n'avait pas à discuter, le petit empoigna la bouteille d'eau en faisant bien attention de ne pas toucher les doigts du blond avant de porter celle-ci à sa bouche afin d'en boire une ou deux gorgées. « Tu sais, quand j'étais petit, moi aussi, j'ai été enfermé dans une petite pièce par des connards. » Cédrik reporta son attention sur celui qui parlait et son regard s'assombrit. Il avait visé juste en disant qu'il avait vécu quelque chose de semblable à lui. « La différence entre toi & moi, c'est que ces connards, c'était mes parents et que je les ai tués. J'ai tué mon précepteur aussi, mais ça c'est autre chose. C'était un menteur. J'ai horreur du mensonge. » Le garçon de quinze ans déglutit, car il n'avait même jamais pensé à tuer qui que ce soit. Il avait été traumatisé par l'égorgement qu'il avait fait subir à un lapin, alors imaginer tuer un humain... C'était tout bonnement au-dessus de ses forces.

Cédrik ne sentait rien d'autre que de la haine en regardant les yeux bleus de celui qui lui faisait face. Il avait un tel détachement pour la mort que ça en effrayait presque la jeune fée. « Tu as déjà tué quelqu'un, morveux ? Je veux dire, volontairement. De sang-froid. Tu as déjà pensé à te venger pour ce qu'on t'a fait ? La vengeance et la haine, c'est ce qu'il y a de mieux pour forger un esprit faible. » Le violet cligna plusieurs fois des yeux, tentant d'assimiler les paroles de Dimitri. Sa question le prenait vraiment au dépourvu. Certes, la vengeance et la haine pouvait aider à forger un esprit faible, mais c'était une erreur. La vengeance détruit une vie. Quand on est aveuglé par celle-ci, tant de belles choses nous passent sous le nez et on finit par mourir avec seulement des regrets. Des regrets de ne pas avoir pu pardonner à ceux qui nous ont fait souffrir. Cédrik n'avait jamais pensé à se venger. Premièrement, parce que son bourreau était déjà mort et deuxièmement, parce qu'il n'avait pas un corps le lui permettant. Et il faut dire que le violet est la gentillesse incarnée. Lui faire commettre un meurtre serait le détruire totalement mentalement.

Le garçon déglutit avant de boire une nouvelle gorgée de la bouteille d'eau du blond. Puis il posa son regard sombre dans celui, clair, de Dimitri. « Je n'ai jamais tué personne. La seule chose que j'ai tué, c'est un lapin... Je n'ai jamais songé à me venger et de toute façon, celui qui m'a fait subir ça est déjà mort depuis un bon moment. Et... la vengeance ne serait pas une bonne chose pour moi... Tu peux me croire. » Il faisait en effet allusion à sa folie grandissante. Ses yeux étaient écarquillés, justement. C'était la chose qui lui faisait le plus peur. Sa folie. Mais pour le moment, elle était bien enfouie au fond de lui. Il en était très heureux.