Inspiration VS ennui ✘ Feat. - Nemo E. Lockheart.

« L'attente. Un moment interminable, un moment que l'on déteste tous, un moment qu'on souhaiterait bannir à jamais de notre vie. Attendre. Pourquoi attendre ? Ce n'est pas la meilleur des solutions pour parvenir à nos fins, alors, à quoi sert ce moment haït de tous ? La véritable question est cependant de se demander si ce « rien » dont il est sujet est »

Scott resta bloqué pendant un instant sur ce qu'il allait pouvoir écrire par la suite, le stylo en main. Ce manque d'inspiration si soudain, il aurait dû s'y attendre. Que pouvait-il y avoir de pire pour un artiste, alors que celui-ci était lancé à fond sur ce qu'il faisait ? Quoi qu'on en dise, le manque d'idées et d'imagination est le plus fatal.
Après quelques minutes de réflexion sans succès, le blond se leva de sa chaise et se dirigea vers la douche. C'était, pour lui, le meilleur moyen de trouver l'inspiration manquante et il peinait bien à comprendre comment certaines personnes y parvenaient en écoutant de la musique à fond. Bien sûr, il n'avait pas les mêmes goûts et les mêmes avis que les autres, mais il préférait le calme.

Et le calme complet.

Ce qui était loin d'être le cas. Même après être sorti de la douche, Scott n'avait toujours pas d'idées. Le bruit de l'eau ne l'avait pas dérangé, loin de là, c'est comme le bruit que fait la pluie battant contre les vitres de son chez-lui... et ça avait l'étrange pouvoir de le calmer et de l’apaiser, dans les moments de tension ou de stresse.
En ce moment précis, il était question du « tic-tac » de sa pendule. Elle avait beau être au rez-de-chaussée, il pouvait toujours l'entendre depuis le premier étage, et ce, même avec la porte fermée. En réalité, même si ce bruit incessant l'énervait, il était plus concentré à l'écouter qu'à chercher son inspiration. Même s'il voulait s'en détacher, il n-y parvenait pas, comme si ce son le projetait dans une autre dimension, comme s'il faisait fuir son esprit.

D'un geste vif, la chaise sur laquelle Scott s'était assis se retrouva par-terre, renversée, après que celui-ci se soit soudainement levé. Un bruit assourdissant avait accompagné la chute, puis ce fût le calme à nouveau. Calme perturbé par ce fameux « tic-tac » qui résonnait à travers la résidence.

Le blond en avait assez de rester assis devant son texte sans même pouvoir le continuer. En l'espace de quelques secondes, la pièce qui lui servait de lieu de travail s'était retrouvé en champ de bataille. Ciseaux, stylos, crayons et gommes, tout traînait par-terre et plus rien n'était à sa place.
Se soulager. Il avait besoin de se soulager. Sur n'importe qui de sexe masculin. Un homme. Un objet. N'importe quoi qui pourrait être susceptible de calmer ses soudaines ardeurs sexuelles. Oui, en effet, l'énervement avait d'étranges effets sur lui et il avait sa manière bien à lui d'arranger les choses.

Effectivement, il s'était rendu dans les rues, tenue décontractée sur le corps et cigarette entre les lèvres. Non pas pour glander, loin de là, il avait un but bien précis : séduire la gente masculine, attirer des hommes dans son lit, tout ça en se faisant payer.
Évidemment, vendre son corps à des inconnus n'était pas sans risques, mais tomber sur des tueurs en série ou des meurtriers ne lui était encore jamais arrivé, du moins, pour le moment, et il ne semblait cependant pas s'en soucier réellement.

Mais vous vous demandez sûrement comment il procède, non ?

Eh bien, pour commencer, Scott met un bout de temps pour se préparer, vérifiant longuement s'il n'a pas oublié ses boucles d'oreilles ou ses bracelets, si ses cheveux -ou plutôt une mèche de cheveux- sont bien attachés, si les différents éléments qui composent sa tenue sont tous assortis, bref, un tas de trucs que lui-seul peut acquiescer ou non, étant donné qu'il a des goûts très... spéciaux.
Le « prédateur sexuel » se rend ensuite dans les rues les moins fréquentées afin d'avoir le plus de chances de ne pas se faire prendre. Puis il attend. Il attend qu'un sauvageon en manque passe devant lui.

Pourtant, ce soir, Scott en avait décidé autrement. Ça sera lui, le dominant. Pas son futur invité. Tout ça pour la simple et bonne raison qu'il n'était plus du tout d'humeur à se laisser écarter les cuisses.
Sa mauvaise humeur s'envola cependant bien vite lorsqu'il aperçut son ami, ce BON AMI, Nemo. Nemo. Ce nom lui faisait penser à un poisson clown... ou a des nems, allez savoir pourquoi. Nemo, il l'avait connu... il ne savait plus trop comment, mais en tout cas, ils n'arrêtent pas de se marcher sur les pieds sans pour autant se détester. Voilà qui allait le distraire et lui changer les idées, et qui sait, lui redonner de l'inspiration.

« Nemoooooooo. Aide-moiiiii, mon inspiration fait encore des sieeeeennes. »

Scott avait un ton faussement paniqué et désespéré, et ça pouvait s'entendre à la manière qu'il avait de le parler. Si une chose était clair, c'est que si la voie de l'écriture et des mots s'ouvrait à lui, celle du théâtre et du jeu d'acteur, en revanche, était encore à revoir et laissait à désirer.

Le blond ne s'attendait pas à ce que Nemo lui faisait croire qu'il allait l'embrasser. Bien que cette action, il aurait pu la prévoir, son esprit était encore trop faible que pour le comprendre pourquoi son ami avait soudainement décidé de lui donner de faux espoirs. Il avait beau se creuser la tête autant qu'il le pouvait, il n'arrivait pas à comprendre, il n'arrivait pas à trouver la raison de ce geste inattendu.
Et pourtant, il fût bien vite ramené à la réalité par la pichenette que son ami lui avait donnée, pas violente, mais suffisamment forte pour lui faire mal sur le coup, ce qui lui arracha un « aïe ! » pas pour autant plus crédible ; il n'avait pas réellement souffert, mais c'était un réflexe qu'il avait adopté quand une légère douleur commençait à se manifester.

Il resta un moment bouche bée. Une telle violence, il ne s'y attendait pas. Le voilà maintenant en train de s'imaginer autre chose, il se voyait déjà avec Nemo en train de fricoter avec dans les draps de son lit. Cette pensée le fit rougir et frissonner à la fois, mais il s'était empressé de la chasser en hâte.

« Nemo... je suis juste venu pour de l'inspiration pas pour te demander de m'offrir tes fesses ! Bon, remarque... j'suis pas spécialement contre, si j'trouve pas mon bonheur, j'me tournerais vers toi. En attendant, dis moi comment trouver de bonnes idées pour continuer mes écrits ! »

Scott sautillait sur place, comme un gamin le ferait pour avoir des bonbons. Il savait que Nemo allait continuer à le taquiner, mais il n'était pas prêt de le laisser tomber pour autant, du moins, pas avant d'avoir trouvé comment continuer son histoire. D'abord, il l'empêcherait de s'en aller, si ça ne marche pas, il le suivra chez lui en lui tournant autour comme un chiot surexcité le ferait, et si les deux possibilités précédentes venaient à ne pas marcher, il insisterait pour passer la nuit chez lui.
Et par passer la nuit chez un ami, pour Scott, ça signifiait tout autre chose qu'un film, une douche et huit heures de sommeil. Ses « soirées » sont bien plus différentes, avec les caresses, les baiser, les cris et les gémissements.

« Allez, soit un gentil garçon et aide moi ! Sinon je... je... je te lâcherais pas pendant vingt-quatre heures ! »

Le vampire s'y connaissait mal en menaces et en combat. Il pouvait distinguer les points sensibles des points fort d'un être vivant, mais il n'est qu'un moins que rien, une crevette qu'on pourrait facilement écraser. Jamais il n'avait riposté aux coups et son œil de verre en était bien la preuve. Le chat qui l'avait privé de son globe oculaire droit l'avait attaqué, mais Scott n'avait pas riposté. Dans ses souvenirs, il avait juste lâché l'animal qui s'était enfui.
Et la situation qui s'offrait actuellement à lui était exactement pareille : si Nemo -ou une autre personne- s'en prenait physiquement à lui, il ne serait pas en mesures de renvoyer les coups portés.