Un calme plat, ou presque régnait sur Skyworld. Chaque nuit, en même temps que le soleil mourrait à l'Occident, la magnifique ville en faisait de même pour revivre le lendemain matin. Un silence quasiment complet prenait alors possession de la cité, berçant les honnêtes petites gens. La lune avait déjà pris place sur la toile d'encre des cieux, entourés d'autant de petits points de lumières qu'il y avait d'étoiles, lorsque le reste pointa le nez dehors.
Le reste, c'était tous les oiseaux de nuit qui profitaient de la couverture d'obscurité pour vivre cachés. Bien sûr, toutes personnes qui sortaient sous le regard de la lune n'étaient pas de mauvaises fréquentations, bien sûr que non. Le fait était juste que la majorité des mauvaises fréquentations sortaient la nuit. Dans ce lot, un peu restreint tout de même, on pouvait compter Dimitri Ly-Stark. Le blondin adorait passer la nuit dehors à observer les gens, à les effrayer aussi. En effet, le garçonnet s'était inventé un jeu qu'il jugeait très amusant. Les règles étaient simples : faire peur au plus de monde possible. C'était facile quand on était un enfant fantôme. Ainsi, quand Morphée refusait de tendre ses bras, le jeune russe s'adonnait à ce jeu.
Cette nuit là, comme pour beaucoup d'autres auparavant, le mage n'avait pu trouver le sommeil. Les insomnies étaient fréquentes ces derniers temps. Aussi, s'était-il aventuré au clair de lune en quête d'un peu de distraction. La plupart des enfants de quatorze ans auraient été effrayés ou au moins un peu retissant à l'idée de sortir en pleine nuit, mais Dimitri se sentait absolument dans son élément. En même temps, pour lui qui était l'auteur de trois homicides, dont deux parricides, le règne de la lune n'était que bien peu de choses. Les ténèbres lui seyaient parfaitement. N'étant ni démon ni vampire, plus qu'un grand nombre, le russe était une créature de la nuit.
Petit à petit, une très légère rumeur s'élevait jusqu'au dessus des étoiles. Le monde nocturne commençait à s'activer. Les bars se remplissaient, les discothèques aussi. Les cœurs et les corps s'échauffaient, la nuit prenait vie. Dimitri, pour son petit jeux, choisit une première cible de choix : un garçon avec sa belle se dirigeant vers un bar des Ruelles Sombres qu'il ne connaissait que trop bien. Se frottant les mains d'avance, le garçon prit en filature le couple le long de la petite rue. Il attendit qu'ils entrent dans une taverne avant de les y suivre. En public, ce serait encore plus drôle.
L'homme s'assit à une table avec la demoiselle qui l'accompagnait. Ils commencèrent alors à discuter de choses et d'autres. Pendant ce temps, le mage dématérialisa sa personne et grâce à sa télékinésie fit tomber une bouteille de bière par terre. Cette dernière, en touchant le sol, explosa en un grand fracas. Le bruit, surprenant tous les personne présentes, eut pour effet de les toutes les faire taire. Tous les visages étaient maintenant tournés vers l'homme et sa copine tandis que Dimitri riait à s'en tenir les côtes, invisible.
Ensuite, le petit garçon entreprit de faire voler diverses objets dans la salle. Au début, tout le monde était choqué, mais très vite, les gens se désintéressèrent. Ils étaient parfaitement conscients qu'il existait sur cette île céleste remplie de mystères et de magie des gens capables de télékinésie. Aussi, bien vite, la clameur précédemment disparue reprit sa place dans l'étroit habitacle. Plus personne ne prêtait attention à Dimitri. Plus personne ne jouait avec lui.
Déçu, le russe sortit de la taverne. La lune était toujours si haute dans le ciel. Elle était pleine aujourd'hui, elle était belle aujourd'hui. Sa grosse face ronde et lumineuse semblait rire du sort de blondin, esseulé dans la nuit. Seul. Il était tellement seul, à tel point que cela le frappa avec autant de violence qu'un coup au visage. Jamais Lyl-Stark n'avait été très sociable et entouré de monde, pourtant sa solitude lui semblait cent fois plus grande en cet instant précis. Était-ce à cause de la nuit qui amplifiait tout ? La nuit qui effraie. La nuit qui rassure. La nuit qui guérit. La nuit qui tue. La nuit... Avait-elle autant de pouvoir que cela ? Dimitri ne le savait pas, et pour dire vrai, il n'en avait que faire. Il se sentait juste seul. Même si bien sûr, il aurait préféré baigné dans le l'acide plutôt que de l'avouer.
Dans la longue ruelle qui s'étalait à l'infinie devant lui, les ombres formaient des monstres mouvants. Les grands arbres bordant les pavés prenaient l'allure de créatures aux multiples bras. Tout se déformait. Le règne de la lune atteignait son apogée, à l'heure où les monstres de cauchemars prenaient vies dans les yeux fatigués.
Et en parlant de yeux fatigués, le garçonnet crut que les siens lui jouaient un tour lorsqu'il la vit. Elle. À quelques mètres devant lui, une petite créature, vraiment petite qui marchait. Dimitri ne reconnut pas tout de suite ce que c'était. Mais en avançant toujours plus près d'elle (il marchait plus rapidement), le russe put se rendre compte que c'était bel et bien une personne. Une petite fille même. Il lui donnait entre dix et douze ans. Pas beaucoup plus. Elle était vêtue d'une étrange robe ou alors était-ce un manteau ? Il ne le sut jamais avec certitude. Mais peu importait, il allait de nouveau pouvoir s'amuser !
Dématérialisant son corps, Dimitri passa devant la petite fille. Une fois en face d'elle, il ne matérialisa que ses yeux et sa bouche, un tout assez compliqué qu'il était fier d'avoir appris. Aussi, devant elle, la fillette ne pouvait voir qu'un regard d'un bleu éclatant et un sourire à faire pâlir un mort. Le reste du télékinésiste n'était qu'une brume informe et transparente.
« –– Bonsoir petite chose. On ne t'a jamais dit que c'était dangereux de sortir la nuit ? Tu n'as donc pas peur du grand méchant Loup? »
Un rire sortant du fond de ses entrailles emplit la nuit. Tout la-haut dans le ciel, la lune observait.
Re: The reign of the moon | Lun 06 Avr 2015, 15:38
The Reign of the Moon
On dit parfois les enfants téméraires... Alors qu'en était-il de toi ? Drôle de question... Il était rare que tu t'aventures trop loin dans Skyworld. Par crainte, sans doute. Par peur de l'inconnu. Tu te souvenais des mises en garde de ta mère, autrefois, contre tous les dangers qui rôdaient au dehors.
Ne va pas dehors la nuit, chérie. Il y a des démons. Des pervers, des assassins ! Tu voudrais te retrouver toute seule face à l'un d'entre eux ?
Comme quoi, même bien plus tard, les parents ont une plus ou moins bonne influence sur leurs enfants.
Enfin tout dépend de la personne.
Toi en tout cas, tu continuais encore aujourd'hui à suivre ces conseils, cultivant ainsi une grande défiance du monde extérieur.
Mais visiblement, ce soir avait été différent des autres. Par la fenêtre, tu avais regardé la pleine lune d'un œil admiratif, avec l'impression d'assister au plus beau des spectacles – sa belle face ronde ornait le ciel de sa divine présence, comme un œil qui scruterait le monde depuis les cieux. Aucun nuage ne venait gâcher la scène, tandis que les étoiles semblaient briller d'un éclat plus vif encore. Et toi, tout en bas, tu te mis à envier tous les gens qui n'avaient pas peur de sortir à la pleine lune. Tu leur jalousais presque ce sentiment de liberté qu'ils devaient ressentir à chaque escapade nocturne, tandis que ta main se posait machinalement sur la poignée de la porte.
Et pourquoi pas toi ?
Sous ton manteau -que tu portais même en intérieur, oui-, tu te mis à trembler. D'excitation ? De peur ? D'appréhension ? Toi-même tu n'en étais pas sûre. Certains diront que ce n'était rien d'autre qu'une petite ballade au clair de lune - et c'était bien vrai. Mais dans ton esprit, la simple promenade devenait une aventure palpitante, tandis que tu t'engageais à petits pas dans les rues de Skyworld, illuminées seulement par l'astre lunaire.
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A mesure que tu avançais dans les ruelles sombres de la ville, tu te dis que les mises en gardes de ta mère n'étaient peut-être pas méritées, tout compte fait. Tu n'avais rencontré que peu de gens, et ceux dont tu avais croisé le regard n'étaient que les fêtards de Skyworld qui sortaient à la nuit tombée pour se rendre dans les nombreuses discothèques de la ville. Tu les observais, curieuse - la perspective d'aller à chaque fois au même endroit, la nuit, pour simplement danser avec des inconnus sur de la musique electro te paraissait vraiment étrange, mais tu n'allais pas les juger. C'était vraiment malpoli de juger quelqu'un de cette façon. Plongée dans tes pensées, tu relevas la tête pour observer les étoiles, l'air rêveur. Sans avoir la moindre idée d'où tes pas te conduisaient... Derrière toi, les ténèbres grandissaient, et les chimères de la nuit renaissaient sous la lune.
Le Petit Chaperon s'écartait du chemin, attiré par les étoiles... Et quand il se disait qu'il ferait mieux de retourner sur le chemin, il se disait plutôt : Plus loin - j'en vois une plus belle.
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C'est ainsi qu'en remettant ta tête correctement, tu n'avais plus aucune idée de l'endroit où tu étais.
De-De quoi ?
Un sentiment de crainte profond te submergea, tandis que tes traits se déformaient sous l'effet de la peur. Tu regardas prudemment derrière toi, mais ne vit rien d'autre qu'une pauvre ruelle semblable à toutes les autres.
Où je suis ?
Prise d'un élan de panique, tu te mis à trembler de toutes tes forces. Te perdre, ça t'arrivait souvent. Très souvent. Mais la nuit, ça prenait un tournant vraiment sinistre à tes yeux - d'autant plus que tu semblais t'être enfoncée beaucoup trop loin dans la cité, et que retrouver ton chemin toute seule serait difficile, voire impossible.
Mais oui ! Il te fallait de l'aide !
Tu regardes autour de toi, soudain prise d'un vif espoir - tu ne vois personne mais il y a forcément quelqu'un, c'est impossible. Au pire tu irais voir à l'intérieur.
Et quand, en face de toi, se matérialise un regard sans visage et un sourire des plus sinistres, tu sursautes certes mais ne te poses pas de questions - fuck the logic, on est à Sanctuary oui ou non ? La magie c'est normal. Tu es juste heureuse, puisque cette drôle de chose -que tu considérais comme un esprit nocturne, ou quelque chose comme ça- pourrait sans doute t'aider à retrouver ton chemin...
La lune déverse sa lumière pâle sur toi, faisant rayonner tout ton être d'un halo blanchâtre - tandis que tu t'adresses à la créature dans un joli sourire.
- Bonsoir monsieur l'Esprit ! commences-tu, esquissant une rapide révérence. Oh si, croyez-moi qu'on me l'a dit, redit et redit ! Mais voyez-vous, le clair de lune était si beau ce soir que je n'ai pu résister à l'envie de faire une petite promenade - et me voilà, égarée dans les tréfonds de la ville ! Je ne puis retrouver mon chemin seule, aussi je vous implore de m'aider. D'autant plus que le grand méchant loup ne quitte jamais sa forêt !
Tu termines ta tirade, radieuse sous la lune. Dans le peu de films que tu as pu voir, certains personnages parlaient de cette façon - alors tu leur empruntais parfois ce dialecte, que tu trouvais, personnellement, fort amusant !
HRP :
Voilà, en espérant que ça ne te posera pas de soucis !
Et oui elle parle très bizarrement des fois, mais ça m'éclatait de la faire parler comme ça. *okjesors*
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Re: The reign of the moon | Sam 11 Avr 2015, 21:57
THE REIGN OF THE MOON
La lune éclaira de sa pâlotte lumière le gnome féminin en face de Dimitri. Elle semblait entourée d'un halo blanchâtre qui faisait rayonner sa petite personne. Sur son visage, il n'y avait pas de peur. Il n'y avait même pas de surprise. La gamine souriait d'un air niais à en crever. Complètement ingénue ou téméraire ? Lyl-Stark penchait bien plus pour la première option.
La fillette esquissa une révérence alors qu'elle commençait à parler. Son geste, pas très maîtrisé et assez maladroit élargit encore plus l'affreux sourire du blondin. Il aimait qu'on se prosterne devant lui, qu'on reconnaisse sa puissance alors une parfaite inconnue qui faisait des courbettes, il n'y avait rien de mieux pour flatter l'ego déjà démesuré de l'enfant.
Des mots sortirent de la bouche de la naine. Le mage n'écouta pas tout mais de ce qu'il avait compris, elle s'était perdue et demandait de l'aide. C'était sûr maintenant, cette petite idiote était complètement naïve. De plus, pourquoi une créature si enfantine parlait-elle de la sorte ? Le russe fronça ses sourcils encore invisible. Lentement, la lune commença à agrandir son rayon de lumière afin que Dimitri, ou du moins la partie visible de lui, soit elle aussi baignée de clarté. Petit à petit, le mage redonna à son corps son apparence initiale. Entièrement matériel. Bien qu'il ne fut pas très grand, le blondinet dominait largement en taille la fillette, et c'était encore plus ostentatoire maintenant qu'il apparaissait dans sa totalité. Autour d'eux, l’obscurité était totale. Ou presque. Il n'y avait pas un bruit, pas un mouvement, pas un battement de cils. Rien, le silence et au milieu de ce silence, la mignonnette et le vilain sous l’œil blanc de l'Astre.
« — Tu es perdue petite chose ? répéta l'héritier en prenant son ton le plus compatissant. Quel dommage ! Tu sais, je vais te raconter une histoire sur les enfants comme toi qui ne font pas attention et qui se perdent. Je te préviens, elle finit très, très mal. Surtout, ne perds pas le fil, d'accord? »
Sans bruit, il se déplaça derrière la gamine. Il fit disparaître son corps (à lui, hein, pas celui d'Aisling) avant de réapparaître un peu plus loin. Parfois seuls ses yeux brillaient dans la nuit, parfois c'était ses dents. Parfois on n'entendait que sa voix emplir l’obscurité et parfois il n'y avait plus rien pendant de très longues secondes. Pendant tout le temps qu'il racontait son histoire, il joua ce petit manège, se voulant sans doute effrayant.
« — Alors, c'est l'histoire d'une petite chose. Vraiment toute, toute petite. On l'appellera comme toi. Euh comment tu t'appelles ? Peu importe. Bref. Donc cette petite chose se promenait toute seule un soir de pleine lune exactement comme celui-ci. Alors qu'elle était perdue et affolée, la minuscule créature croisa un être divinement terrifiant. Exactement comme moi. »
Avant sa dernière phrase, Dimitri avait marqué une légère pause pour créer un peu de.. suspense, m'voyez. Puis en la prononçant, il avait brusquement haussé la voix en parlant gravement, puis dans un grand bruit, il avait disparu. Maintenant invisible aux yeux de la gamine, il entrait dans la partie la plus drôle de son jeu. Dans la nuit, un grand fracas retentit. Une benne à ordure s'était renversée. Presque simultanément et beaucoup plus loin, une fenêtre vola en éclat, traversée par une grosse pierre. Un peu partout, de chaque côté de la ruelle, des choses se cassaient, des objets se déplaçaient sans que rien ne semble les mouvoir. Un immense boucan montait maintenant jusqu'à la lune. Et par dessus, comme une entité omniprésente, il y avait le rire de Lyl-Stark, fort et sombre (si vous voyez ce qu'est un rire sombre).
« — Petite, tu aurais du écouter ce qu'on t'as dit. Car si le Loup ne quitte sa forêt, c'est parce que l'enfant vient de se jeter dans sa gueule. Ici, c'est mon territoire microbe, bienvenue chez moi. »
Sous le règne de la lune, Dimitri s'apprêtait à sévir. Son but n'était pas de faire du mal à cette gamine, non. Ce qu'il voulait c'était lui faire peur ou moins qu'elle se pisse dessus et qu'elle ne revienne jamais. Pourquoi elle ? Mauvais endroit au mauvais moment. Le sadisme de l'enfant n'avait pas de limite qu'il s'agisse d'un microbe d'un mètre ou pas.
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